Article original Histoire de l’e ´lectrostimulation en me ´decine et en re ´e ´

Article original Histoire de l’e ´lectrostimulation en me ´decine et en re ´e ´ducation The history of electrostimulation in rehabilitation medicine R. Dolhem Centre re ´gional d’appareillage, cite ´ admistrative, rue de Tournai, 59045 Lille, France Rec ¸u le 20 mars 2008 ; accepte ´ le 10 avril 2008 Re ´sume ´ Dans l’Antiquite ´, les poissons torpilles sont de ´ja ` utilise ´s pour leurs proprie ´te ´s e ´lectriques a ` des fins the ´rapeutiques (ce ´phale ´es, goutte). Au XVIIIe sie `cle, l’usage de la bouteille de Leyde (Musschenbroek, 1746) et des machines e ´lectrostatiques permettent a ` quelques praticiens de traiter des ne ´vralgies, contractures, paralysies. . . L. Galvani (1737–1798) et A. Volta (1745–1827), de ´crivant pour l’un l’e ´lectricite ´ animale et pour l’autre l’e ´lectricite ´ bime ´tallique et la pile voltaı ¨que, suscitent un renouveau pour les vertus curatives du galvanisme. Au milieu du XIXe sie `cle, Duchenne de Boulogne (1806–1875) perfectionne la technique e ´lectrothe ´rapique au moyen d’appareils volta et magne ´to-faradiques. Durant la premie `re moitie ´ du XXe sie `cle, les recherches en e ´lectro-neurophysiologie (chronaxie, rhe ´obase) vont de pair avec celles des e ´lectro-radiologistes tels A. d’Arsonval (1851–1940) et ses courants de haute fre ´quence. A ` partir des anne ´es 1960, les progre `s de l’e ´lectronique couple ´s au traitement informatique et la miniaturisation des dispositifs me ´dicaux ouvrent la voie a ` l’e ´lectrostimulation dans ses diverses applications en me ´decine physique et de re ´adaptation. # 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´serve ´s. Abstract In antiquity, the electrical properties of torpedo fishes were used for therapeutic purposes (in headache and gout). In the 18th century, some practitioners used Leyde jars (Musschenbroek, 1746) and electrostatic devices to treat (notably) neuralgia, contractures and paralysis. L. Galvani’s (1737–1798) description of ‘‘animal electricity’’ and A. Volta’s (1745–1827) discovery of bimetallic electricity and invention of the voltaic battery prompted renewed interest in the therapeutic effects of galvanism. In the mid-19th century, Duchenne de Boulogne (1806–1875) improved electrotherapy procedures with volta and magnetofaradaic apparatuses. During the first half of the 20th century, research in electrophysiology (chronaxia and rheobasis) progressed in parallel with the work of electroradiologists such as A. d’Arsonval (1851–1940) and his high-frequency currents. From the 1960s onwards, the combination of progress in electronics with data processing and the miniaturization of medical devices opened up the way to today’s electrostimulation techniques and their implementations in physical medicine and rehabilitation. # 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´serve ´s. Mots cle ´s : Histoire ; Electrothe ´rapie Keywords: History; Electrotherapy 1. Historique des applications de l’e ´lectricite ´ a ` la me ´decine, de l’Antiquite ´ au XIXe sie `cle C’est au philosophe grec, Thale `s de Milet (624–546 av. J.-.) que nous devons les premie `res recherches sur la matie `re de la foudre, la de ´couverte des proprie ´te ´s de l’ambre jaune ou succin, qui frotte ´ a ` l’aide d’un morceau d’e ´toffe de laine attire les corps le ´gers et des qualite ´s attractives de la pierre de magne ´sie ou d’aimant sur le fer [3,12,13,17,18,22,29]. Les proprie ´te ´s de certains poissons producteurs de chocs e ´lectriques, tels la torpille (raja torpedo) et le gymnote (gymnotus electricus) sont connues depuis l’Antiquite ´. Hippocrate (460–377 av. J.-C.), Aristote (381–322 av. J.-C.) et Pline (23–79 ap. J.-C.) ont indique ´ plusieurs faits se rapportant a ` l’histoire des poissons e ´lectriques et l’on trouve http://france.elsevier.com/direct/ANNRMP/ Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Annales de re ´adaptation et de me ´decine physique 51 (2008) 427–431 Adresse e-mail : rdolhem@voila.fr. 0168-6054/$ – see front matter # 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´serve ´s. doi:10.1016/j.annrmp.2008.04.004 dans certains textes de Scribonius Largus (me ´decin du premier sie `cle ap. J.-C.–Compositiones medicinae, IV, 47), Dioscoride (premier sie `cle ap. J.-C.) et Galien (130–200 ap. J.-C.– Simpl.med, lib XI.) des passages qui te ´moignent de l’emploi de ces poissons comme agent the ´rapeutique, par engourdissement de la re ´gion algique (lors d’attaque de goutte, de ce ´phale ´es. . .). Mais tant que les hommes n’ont pas e ´te ´ a ` me ˆme de produire de l’e ´lectricite ´ en quantite ´ suffisante, il n’a pas pu e ˆtre question de l’utilisation re ´gulie `re de ce reme `de. II faut attendre plus de 15 sie `cles, soit la publication en 1600 par le me ´decin de la reine Elisabeth, William Gilbert (1540– 1603) de l’ouvrage De magnete, magnetisque corporibus, pour que des progre `s soient re ´alise ´s dans ce domaine de la philosophie naturelle : expe ´rimentant sur l’ambre, re ´sine fossile, Gilbert observe que ce corps n’est pas le seul a ` posse ´der une vertu attractive : le soufre, le verre, le cristal frotte ´s pre ´sentent la me ˆme qualite ´ e ´lectrique. Il invente le mot e ´lectrique, a ` partir du grec elektron qui signifie ambre jaune et le distingue du magne ´tisme (il remarque que l’aimant attire seulement le fer, posse `de deux po ˆles. . .). La premie `re machine e ´lectrique est l’œuvre d’Otto von Guericke (1602–1686), physicien allemand, bourgmestre de Magdebourg : constitue ´e d’une boule de soufre que l’on tourne autour d’un axe vertical, cette machine e ´lectrostatique produit des e ´tincelles et attire les corps le ´gers. Au milieu du XVIIIe sie `cle, la de ´couverte de la bouteille e ´lectrique en 1745 par Kleist, chanoine de Pome ´ranie et Cuneus, magistrat de la ville de Leyde, permet l’emploi re ´gulier de l’e ´lectricite ´ en me ´decine. Musschenbroek (1692–1761), professeur de l’universite ´ de Leyde fait connaı ˆtre au monde savant, de `s 1746 la bouteille de Leyde, condensateur stockant l’e ´nergie e ´lectrique. Parmi les nombreux me ´decins qui employe `rent l’e ´lectricite ´ statique au moyen de la machine e ´lectrique a ` frottement et la bouteille de Leyde, nous citerons :  en Allemagne : Kratzenstein, Hae ¨n et Kru ¨ger ; Kratzenstein, professeur de me ´decine a ` Halle ope ´ra la premie `re cure par l’e ´lectricite ´, en gue ´rissant, en un quart d’heure une femme qui avait un doigt contracture ´ (Abhandlung von die kraft der Electricitat der Arzeneiwissenschaft–1744) ;  Jallabert (1712–1768), professeur de philosophie expe ´rimen- tale a ` Gene `ve (Expe ´riences sur l’e ´lectricite ´–1748) ;  en France : Sigaud-Lafond, l’abbe ´ Bertholon, Mauduyt de la Varenne (charge ´ en 1778 par le roi Louis XVI d’expe ´rimenter les traitements e ´lectriques), J.-P Marat (1743–1793, re ´volu- tionnaire et e ´lectrothe ´rapeute), Boissier de Sauvages (qui fit soutenir par Deshays, la premie `re the `se d’e ´lectrothe ´rapie–De he ´miplegia per electricitatem curanda–1749). Les proce ´de ´s d’application de l’e ´lectricite ´ statique (Fran- klinisation) comportaient le bain e ´lectrique, l’e ´lectrisation par e ´tincelles, par secousses, par aigrettes. Gra ˆce aux de ´couvertes de Galvani et de Volta, datant de la fin du XVIIIe sie `cle, commence une e `re nouvelle dans le domaine de l’e ´lectricite ´ me ´dicinale, qui se prolongera jusqu’ aux anne ´es 1820–1830. La de ´couverte du Galvanisme (L. Galvani 1737–1798, professeur d’anatomie a ` Bologne) fut l’effet d’un pur hasard, dont nous relatons les circonstances selon les propos de Bayle [6]: La femme de Galvani prenait des bouillons de grenouille, juge ´s ne ´cessaires au re ´tablissement de sa sante ´ languissante, et notre physicien, qui aimait son e ´pouse avec passion, prenait plaisir a ` pre ´parer lui-me ˆme cette boisson. Quelques grenouilles e ´corche ´es ayant e ´te ´ place ´es sur une table qui portait une machine e ´lectrique, un e ´le `ve approcha machinalement la pointe d’un scalpel des nerfs cruraux internes de l’un de ces reptiles : aussito ˆt de fortes convulsions se manifeste `rent dans tous les muscles du membre. L’e ´pouse de Galvani, qui e ´tait pre ´sente, fut frappe ´e de ce phe ´nome `ne, et en avertit aussito ˆt son mari : celui ci se ha ˆta de re ´pe ´ter l’expe ´rience. Galvani met ainsi en e ´vidence, en 1786 l’existence d’une e ´lectricite ´ animale sie ´geant dans les tissus (De vinbus electricitatis in motu musculari–1791). En publiant l’ouvrage Sur l’excitation de la fibre musculaire et nerveuse, en 1797, Alexandre de Humboldt (1769–1859), fraye la voie, avec Galvani pour l’e ´tude physiologique de l’action des courants e ´lectriques. Alessandro Volta (1745–1827), professeur de philosophie naturelle a ` Pavie, soutient de son co ˆte ´ que les contractions des muscles de grenouille sont produites par la mise en contact de deux me ´taux diffe ´rents, ge ´ne ´rateurs d’un courant d’e ´lectricite ´ bime ´tallique. En 1800, Volta met au point la pile a ` colonne qu’il pre ´sente a ` l’Acade ´mie des sciences en 1801, en pre ´sence de Napole ´on. L’invention de la pile de Volta permet d’utiliser le fluide e ´lectrique d’une manie `re plus pratique, sans avoir besoin uploads/Sante/ histoire-de-l-x27-e-lectrostimulation-en-me-decine-et-en-re-e-ducation-pdf.pdf

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  • Publié le Jui 10, 2022
  • Catégorie Health / Santé
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