NOTE D’ORIENTATION POUR L’INTEGRATION DE LA STIMULATION DE LA PETITE ENFANCE DA
NOTE D’ORIENTATION POUR L’INTEGRATION DE LA STIMULATION DE LA PETITE ENFANCE DANS LES PROGRAMMES DE NUTRITION EN SITUATION D’URGENCE INTRODUCTION Selon les estimations, 200 millions d’enfants de moins de 5 ans appartenant aux pays en voie de développement, connaissent de graves troubles de la croissance. Les effets à long terme de cette situation sur le capital humain sont profonds.i A l’heure actuelle, dans la Corne de l’Afrique, plus de 320 000 enfants de moins de cinq ans souffrent de sévère malnutrition et sont exposés à un risque de mort imminente.ii Il s’agit là d’un rappel brutal de la vulnérabilité particulière des enfants en situation de famine. La présente note d’orientation est destinée aux personnels locaux et internationaux chargés de gérer des programmes de nutrition dans ces cas d’urgence ou des cas similaires. La note explique POURQUOI les programmes de nutrition doivent comprendre un volet stimulation de la petite enfance afin d’optimiser le développement de l’enfant. Elle donne des exemples pour expliquer COMMENT de tels programmes intégrés ont été mis en place dans d’autres situations et fait des suggestions pratiques indiquant QUELLES mesures simples sont nécessaires à l’élaboration de programmes intégrés pour faire face à l’urgence en cours ou à d’autres situations d’urgence.iii QUE FAUT-IL AUX JEUNES ENFANTS POUR UNE CROISSANCE ET UN DEVELOPPEMENT SATISFAISANTS ? Les trois premières années de la vie d’un enfant sont les plus importantes. C’est au cours de cette période que le cerveau est le plus souple, connaît la croissance la plus rapide et qu’il a les plus grandes capacités d’adaptation au monde extérieur. La plupart des voies neuronales vectrices de la communication, de la compréhension, du développement social et du bien-être affectif se développent rapidement au cours de ces trois premières années.iv La malnutrition est l’une des causes du retard de croissance du cerveau. Les enfants ayant souffert d’une grave malnutrition pendant leur petite enfance sont moins performants à l’école, ont moins de chance de faire un travail productif et de tisser des relations saines. Ils sont aussi plus vulnérables aux affections physiques et mentales. Cependant, le cerveau n’a pas seulement besoin de nourriture pour assurer sa croissance et bien se développer. La croissance et le développement sont complémentaires, ils ne sont pas semblables : l’enfant dont les muscles ne se développent pas ne peut acquérir les aptitudes physiques lui permettant de courir et de jouer au football. L’enfant dont les muscles se développent mais qui n’a personne avec qui jouer ou pour lui montrer ce qu’il convient de faire, ne pourra pas apprendre le jeu. Les enfants ont aussi besoin de soins, de réactivité et de stimulation pour leur croissance et leur développement. QUELQUES DEFINITIONS Croissance : modification du poids, de la taille et du volume de la tête. Développement : processus de changement dans lequel l’enfant en arrive à maîtriser des niveaux de plus en plus complexes d’activité physique, de pensée, de sentiment, de communication et d’interaction avec les personnes et les objets. Réactivité : Exercice des responsabilités parentales prompt et adapté au comportement, aux besoins et à l’état de développement immédiats de l’enfant. Soins : attention au corps, à la santé, à la nutrition, à l’affectif, au social, au langage, au développement intellectuel. C’est l’environnement dans lequel l’enfant se développe qui façonne pratiquement son cerveau. Lorsqu’un parent répond rapidement à un bébé, en se montrant chaleureux et aimant, ce dernier comprend que ses besoins seront satisfaits. Il se sent donc en sécurité et aimé. Lorsqu’une maman chante pour son bébé ou lui parle, avant même qu’il n’ait acquis l’usage de la parole, le bébé apprend à communiquer. Lorsqu’un père encourage son enfant à avoir de l’intérêt et à être curieux vis-à-vis du monde, cet enfant s’ouvre pour apprendre davantage. Toutes ces activités participent de ce que l’on décrit par la stimulation. Les carences en termes de stimulation et de qualité de la relation affective dont l’enfant a souffert au cours de cette période cruciale de sa vie auront pour effet de retarder son développement affectif, social, physique et intellectuel.v vi Certaines données tendraient aussi à prouver que lorsqu’un jeune enfant est confronté fréquemment ou de manière prolongée à l’adversité, sans le soutien d’un adulte, l’activation prolongée de sa réponse au stress peut perturber le développement de son cerveau.vii Les graves effets de la négligence affective sur le cerveau sont illustrés à la figure 1 : Figure 1: L’image scannée sur la gauche est celle d’un enfant de trois ans en bonne santé avec un cerveau de taille moyenne (50ème percentile). L’image sur la droite appartient à un enfant de trois ans souffrant de grave négligence par privation sensorielle. Le cerveau de cet enfant est beaucoup plus petit que la moyenne (3ème percentile), a de gros ventricules et souffre d’atrophie corticale.viii Lorsqu’un enfant est malnutri et qu’il est aussi privé d’un encadrement parental attentif et stimulant, ces carences interagissent et ont des conséquences profondes et négatives sur l’enfant, comme le montre la Figure 2. COMMENT PEUT-ON FAVORISER LA CROISSANCE ET LE DEVELOPPEMENT EN ASSOCIANT LES PROGRAMMES D’ALIMENTATION ET DE STIMULATION ? Des données de plus en plus nombreuses concernant des milieux à faibles revenus tendent à prouver que les programmes d’amélioration de la stimulation du jeune enfant et de promotion d’éducation parentale ont des effets positifs sur la santé mentale à long terme des enfants.ix Ces interventions ont des effets cumulés lorsqu’elles sont associées à des programmes de nutrition. Elles améliorent la croissance des enfants et l’efficacité du développement à long terme. Par exemple, dans une étude consacrée à l’apport de compléments alimentaires et à la stimulation au profit d’enfants jamaïcains de 9-24 mois ayant une croissance 2 normale ou souffrant d’un retard de croissance, les enfants ayant un retard de croissance et ayant bénéficié des deux interventions une fois par semaine, pendant une période de deux ans, avaient eu un développement plus satisfaisant que ceux qui n’avaient bénéficié d’aucune des deux interventions ou qui n’avaient eu droit qu’à une seule de ces interventions. Il est significatif que le groupe des enfants n’ayant eu droit qu’à la stimulation ou à la stimulation associée à la nourriture, en aient tiré des avantages cognitifs durables, qui étaient toujours apparents à l’âge de dix-sept ans. Ces avantages n’ont pas eu des effets durables pour les enfants ayant seulement bénéficié de la nutrition.x Figure 2: Adapté de l’OMS xi Il existe également des données qui tendent à prouver que les mères déprimées (qu’il s’agisse de dépression clinique ou de symptômes dépressifs) évoluant dans un environnement socialement défavorable sont plus exposés au risque d’avoir des enfants malnutris en mauvaise santé.xii xiii xiv xv Il est possible que les mères manifestant des symptômes dépressifs soient moins engagées et impliquées avec leurs enfants, jouent moins avec eux et soient moins attentives à leurs besoins. Le bébé négligé devient plus apathique et irritable et il est moins en mesure d’échanger avec sa mère. A plus long terme, les enfants malnutris peuvent favoriser l’apparition d’une dépression chez leur mère, ces mères ayant très souvent tendance à culpabiliser et à se sentir incompétentes. On rentre alors dans un engrenage qui génère ou exacerbe la malnutrition et une santé généralement vulnérable.xvi xvii Cette situation peut avoir plusieurs conséquences à long terme pour l’enfant, notamment des troubles du comportement, un retard cognitif, des difficultés scolaires et une dépression infantile. xviii Les parents et les enfants les plus vulnérables sont ceux qui vivent dans les environnements les plus hostiles, en particulier après une catastrophe naturelle, dans des zones de conflit ou des zones post-conflit, dans les régions touchées par la sécheresse et dans les camps de réfugiés ou de personnes déplacées. Dans ces situations d’urgence, les réseaux de prise en charge établis généralement utilisés pour protéger la santé, la sûreté et la sécurité de l’enfant sont perturbés, la nourriture est rare et les parents déplacés et fatigués sont moins outillés pour fournir la stimulation, le soutien affectif et les soins dont leurs enfants ont besoin. Les taux de dépression maternelle sont élevés dans ces zones. Il est probable que les effets interactifs conjugués enregistrés dans ces cadres contribuent aux mauvais résultats des enfants. Ces relations sont illustrées par la Figure 3. Figure 3 : Comment les problèmes de la mère et de l’enfant peuvent interagir 3 Il a également été constaté que les programmes de stimulation de l’enfant conçus pour améliorer les compétences parentales par des visites à domicile et des interventions en groupe améliorent l’humeur et le bien-être des mères. L’évaluation de 23 études démontre que les programmes faisant appel à un soutien en groupe de mère à mère et aux visites à domicile, pour une meilleure interaction mère-enfant, ont également contribué à améliorer l’humeur de la mère, renforcé le bien-être de la mère ainsi que l’état nutritionnel et la courbe de croissance de l’enfant, la mère étant plus sensible aux besoins de l’enfant.xix Selon les conclusions d’une étude comparative randomisée concernant une intervention psychosociale de groupe d’une durée de cinq mois menée auprès de mères et d’enfants un peu plus âgés (5 ans en uploads/Sante/ unicef-ecd-guidance-note-draft-i-fr.pdf
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- Publié le Nov 30, 2022
- Catégorie Health / Santé
- Langue French
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