Mr. KAHOUACH L, Dr. MILED S, Dr. BEN SALEM F, Pr. NOUAIGUI H- ISST Les risques

Mr. KAHOUACH L, Dr. MILED S, Dr. BEN SALEM F, Pr. NOUAIGUI H- ISST Les risques professionnels liés à l'exposition à des contraintes thermiques sévères sont relativement fréquents dans notre pays. En effet, les contrain- tes climatiques s'additionnent aux contraintes d'origine technologique pour créer des situations de travail intolérables. L'I.S.S.T est souvent solli- cité par les entreprises tunisiennes pour l'évalua- tion de la contrainte thermique et la formulation des recommandations nécessaires pour réduire la nuisance, témoin de l'importance de ce type de risque dans la hiérarchie des risques profession- nels. Le travail à la chaleur n'a pas de définition régle- mentaire. Toutefois, le travail pour des tempéra- tures supérieures à 30° pour une activité séden- taire, et 28° pour un travail nécessitant une acti- vité physique, peut être considéré comme du tra- vail à la chaleur. REACTION DE L'ORGANISME A LA CHA- LEUR Un organisme humain en santé maintient une température corporelle constante d'environ 37°C. Une fluctuation de moins de 1°C selon l'heure de la journée, le niveau d'activité physi- que et l'état émotif est normale. Un écart de plus de 1°C est le signe d'une pathologie ou d'une incapacité des mécanismes physiologiques de thermorégulation à réagir aux conditions thermi- ques ambiantes. Lorsque la température ambiante augmente, la température corporelle a tendance à augmenter. L'organisme réagit pour maintenir sa tempéra- ture interne constante en augmentant le débit sanguin cutané et en activant les glandes sudori- pares. Il augmente ainsi le transfert de chaleur vers l'environnement pour contrebalancer l'ap- port de chaleur ambiante. Dans une ambiance chaude très sévère, le gain de chaleur dépasse la perte et la température corporelle augmente, ce qui pose des risques pour la santé. La température corporelle est maintenue constante à travers des échanges avec l'environ- nement par : La conduction est la transmission de chaleur entre la peau et les vêtements, les chaussures, les points d'appui (siéges, poignées,...), les outils manipulés, etc... En pratique ce flux de chaleur est négligeable. La convection est le transfert de la chaleur entre la peau et l'air qui l'entoure. Si la température de la peau est supérieure à la température de l'air, la peau va se refroidir. Dans le cas contraire, elle va se réchauffer. La convection est fonction de la température de l'air, de la vitesse de l'air et de l'isolement procuré par le vêtement. Le rayonnement : Tout corps émet un rayonne- ment électromagnétique porteur d'énergie dont l'intensité est fonction de la quatrième puissance de sa température absolue. La peau humaine, entre 33 et 36° C, émet un rayonnement infra- rouge ; inversement elle reçoit et absorbe le rayonnement provenant des sources proches ou lointaines. Le flux thermique échangé par rayonnement entre la peau et l'environnement est donc fonc- tion : - de la température de la surface extérieure du corps, qui est influencé par le vêtement ; - de la température moyenne de rayonne- ment de l'environnement, fonction des sur- faces, des températures,... L'évaporation : Si la peau est couverte de sueur, une partie de cette sueur va s'évaporer, la peau se refroidit du fait de cette évaporation et donc cette perte de chaleur est d'autant plus intense que : - L'air ambiant est sec : s'il est très humide, la sueur ne s'évapore pas et reste sur la peau, d'où elle peut ruisseler ; - La vitesse de l'air est importante ; - Le vêtement est perméable à la vapeur Ces mécanismes interviennent pour assurer un bilan thermique correcte. LE TRAVAIL A LA CHALEUR : Pour une ambiance de travail adéquate Dossier Le terme bilan thermique est utilisé pour dési- gner la somme algébrique de gains et des pertes de chaleur au niveau du corps. L'équation du bilan thermique à l'équilibre s'écrit: H = Cres + E resp + K + C + R + E Elle exprime le fait que la production de chaleur interne du corps (H) est “équilibrée” par les échanges de chaleur au niveau des voies respira- toires par convection (Cres) et évaporation (Eresp), ainsi que par les échanges au niveau de la peau, par conduction (K), Convection (C), rayonnement (R), et évaporation (E). Production interne de chaleur : Le fonctionnement des différents organes et l'ac- tivité musculaire requièrent une dépense d'éner- gie qui constitue le métabolisme énergétique. Chez le sujet au repos, la totalité de cette énergie est transformée en chaleur. Par contre, chez le sujet au travail, une fraction, liée à l'activité, peut être transformée en travail mécanique (W). La production interne de chaleur constitue alors la différence entre le métabolisme énergétique et le travail extérieur produit : H = M - W EFFETS PHYSIOLOGIQUES DE L'ORGANISME D'UNE AMBIANCE CHAUDE Dans une ambiance modérément chaude, les mécanismes physiologiques de thermorégulation entrent en action pour dissiper l'excès de chaleur de manière à maintenir la température corporelle à sa valeur normale. Ainsi, le transfert de chaleur vers la périphérie du corps se fait à travers l'accélération de la fré- quence cardiaque qui accroît le débit sanguin, et par l'évaporation de la sueur sécrétée par les glandes sudoripares. Ces réactions exercent une charge supplémen- taire sur l'organisme. Une augmentation du débit sanguin et une transpiration trop abondante réduisent la capa- cité du travailleur à exécuter des tâches mentales et physiques. Le travail physique augmente la production métabolique de chaleur et, par conséquent, la charge calorifique de l'organisme. Lorsque la température ambiante dépasse les 30° C, il peut y avoir altération des performances mentales. Les premiers effets ont un caractère subjectif ils se traduisent par une sensation d'inconfort. Par contre, une augmentation plus importante de la température peut entraîner des effets phy- siologiques affectant la performance des travail- leurs de même que leur santé. Le tableau 1 ci-dessous énumère certains effets associés à une exposition à des températures comprises entre la limite supérieure de la plage de confort (20 à 27° C) et la valeur maximale tolérable par la majorité. Tableau 1 Effets liés à l'exposition à la chaleur Plage de températures (oC) Effets 20 - 27 Plage de confort Efficacité maximale Au fur et à mesure que la température augmente . . . Sensation d'inconfort : -Irritabilité accrue -Baisse de la concentration -Perte d'efficacité dans l'exécution de tâches mentales Altération des performances mentales Accroissement du nombre d'erreurs : -Perte d'efficacité dans l'exécution de tâches spécialisées -Accroissement de la fréquence des incidents Problèmes d'ordre psycho-physiologique Altération des performances dans l'exécution des tâches lourdes : -Perturbation de l'équilibre hydrique et électrolytique -Surcharge du coeur et de l'appareil circulatoire -Fatigue et risque d'épuisement Problèmes d'ordre physiologique 35 - 40 Limite tolérable par la majorité Dossier Dossier PROFESSIONS CONCERNEES En période de forte chaleur tous les salariés sont exposés de façon saisonnière. La pénibilité du travail sera liée aux conditions d'isolation de leur poste par rapport à la température ambiante et sera majoré sur les postes avec production de chaleur et /ou nécessitant une activité physique. Certaines professions sont plus exposées que d'autres aux effets du climat chaud du fait qu'une partie de leur activité se fait directement en exté- rieur tels que les travailleurs du BTP travailleurs agricoles salariés du transport Enfin un certain nombre de professionnels tra- vaillent à la chaleur de façon plus ou moins per- manente par exemple Les métiers du textile, de la teinturerie et de la blanchisserie, certains postes industriels : fondeurs, verriers, soudeurs, certains métiers de l'alimentation (boulangers, cuisiniers) Les mineurs, les pompiers LES EFFETS PATHOLOGIQUES DE LA CHA- LEUR SUR LA SANTE A côté des effets physiologiques du travail en ambiance chaude, il convient de noter le risque accru d'accidents, par exemple brûlures au contact accidentel de surfaces chaudes, accidents liés à la transpiration des mains (mains moites), et accidents attribuables à un obscurcissement momentané de la vision lorsque les verres correc- teurs s'embuent au passage d'une ambiance froide à une ambiance chaude. Les effets sont en rapport avec : -les conditions climatiques : le niveau de température : pas de risque en des- sous de 24° le niveau d'hygrométrie : le risque croit avec le degré d'hygrométrie : pas de risque jusqu'à 30°C pour une hygrométrie égale à 0, début de risque dès 24° C pour une hygrométrie de 100%. La vitesse de l'air (en mètre par seconde) : elle favorise la déperdition de la chaleur par convec- tion. La température moyenne de rayonnement (mesurée en Kelvin) - l'activité physique du sujet (mesuré en watt/m2 de surface corporelle) : les risques augmentent avec l'activité physique car celle-ci produit de la chaleur qui doit être éli- minée. - Le salarié : le manque d'acclimatation, l'état de santé, les médica- ments, l'habillement Les conséquences sur la santé du travail en Dossier ambiance chaude varient d'une personne à l'au- tre. En règle générale, les personnes plus âgées et les personnes obèses sont plus à risque. - le sexe : plusieurs études ont montré que les femmes ont généralement moins de résistance à la chaleur que les hommes. L'écart peut se rétré- cir en fonction de la capacité cardiovasculaire, de la taille et du degré d'acclimatation des sujets, mais si l'on uploads/Sante/ isst-le-travail-a-la-chaleur-pour-une-ambiance-de-travail-adequate.pdf

  • 12
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Sep 17, 2022
  • Catégorie Health / Santé
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.8214MB