I n s t i t u t d e r e c h e r c h e e t d o c u m e n t a t i o n e n é c o n

I n s t i t u t d e r e c h e r c h e e t d o c u m e n t a t i o n e n é c o n o m i e d e l a s a n t é n° 144 - Juillet 2009 Le temps de travail du médecin est au cœur des transformations en cours dans le système de soins ambulatoire. Il constitue à ce titre un enjeu en termes de mesure et d’évaluation. Les données disponibles rassemblées ici, multiples mais souvent parcellaires ou anciennes, permettent malgré tout d’estimer des ordres de grandeur tant en termes de temps de travail global des généralistes que de décomposition de ce temps par grande catégorie d’activité. Ainsi, les généralistes déclarent travailler en moyenne entre 52 et 60 heures par semaine, réparties de la façon suivante : 61 % de leur temps de travail hebdo- madaire serait consacré aux activités de soins dans le cadre libéral, 19 % aux activités de soins hors cadre libéral et 20 % aux activités autres que celles direc- tement dédiées aux soins. Les sources de données actuelles font néanmoins apparaître un manque d’infor- mations représentatives et non commerciales sur l’emploi du temps des géné- ralistes, sur les modalités de leur organisation et sur le contenu précis de leur pratique en fonction, en particulier, des caractéristiques médicales des patients. L e système de soins ambulatoire est soumis à un ensemble de contraintes, démographiques (Bessière, Breuil-Genier, Darriné, 2004 ; Attal-Toubert, Vanderschelden, 2009), socio-économiques et épidémiologiques qui conduisent à des réorganisations de l’exercice médical concernant tant la permanence des soins, les visites au domicile, la coopération interprofession- nelle que la pratique en groupe. Le temps de travail du médecin, qu’il s’agisse de le réduire ou de l’optimiser, est au cœur de ces transformations et constitue à ce titre un enjeu en termes de mesure et d’éva- luation. L’objectif de ce travail est de constituer, autant que faire se peut, un point de référence en termes de temps médical en médecine générale permettant de dessiner des scenarii ou de suivre les effets des mesures pouvant impacter le temps médical. En l’absence d’étude récente suffisamment fine et complète sur cette question, nous avons procédé par rassemblement et confrontation de sources multiples pour estimer et décomposer les temps du médecin. En effet, si le temps de travail global des médecins généra- listes a fait l’objet d’enquêtes d’envergure, il n’en est pas de même concernant la nature de leurs activités. Pour le moment, seules les activités médicales donnant lieu à rémunération dans le cadre libéral sont dénombrées par l’Assurance maladie, ce qui permet d’estimer le temps qu’y consa- crent les praticiens. Les autres activités, qu’elles soient cliniques (dans le cadre du Le temps de travail des médecins généralistes Une synthèse des données disponibles Philippe Le Fur*, en collaboration avec Yann Bourgueil* et Chantal Cases* *  Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes). Questions d’économie de la santé n° 144 - Juillet 2009 2 Le temps de travail des médecins généralistes. Une synthèse des données disponibles l’enquête du Centre de sociologie et démographie médicale (CSDM) de 2007 (Dang Ha Doan, Lévy, Teitelbaum, Allemand, 2008), les généralistes libéraux déclaraient travailler globalement entre 52 et presque 60 heures en moyenne par semaine. Cette durée moyenne de travail hebdomadaire est plus importante pour les hommes, notamment du fait d’une activité à temps partiel plus fréquente chez les femmes (Fivaz, Le Laidier, 2001). Entre 1990 et 2000, deux évolutions importantes ont été constatées : d’une part, une tendance nette à la convergence des niveaux d’activité moyens des omniprati- ciens quel que soit leur âge ; d’autre part, une augmentation de l’activité moyenne des femmes qui représentait 60 % de celle des hommes en 1990 et plus de 70 % en 2000 (Niel, Perret, 2004). L’organisation du cabinet, et notamment l’exercice en groupe, est susceptible d’influer sur la durée totale de travail des généralistes. Toutefois, les résultats des différentes études ne sont pas concordants sur ce point. D’autres éléments participent à la variabilité des temps de travail comme la zone d’implantation géographique avec, par exemple, des durées de travail déclarées plus élevées en zone rurale ou encore, à certaines périodes, dans les zones touristiques. Mais surtout, une partie de la variabilité des temps et des volumes d’activité des médecins généralistes réside dans la fréquence du temps partiel ou de la multi-activité. 33 heures seraient consacrées aux consultations et aux visites dans le cadre libéral… Avec un temps de consultation moyen de 16 mn (Breuil-Genier, Goffette, 2006) et un temps de visite de 30 mn1, affectés aux volumes de consultations et visites recensées par l’Assurance maladie pour les généralistes2, le HCAAM estime qu’en 2004, un peu plus de 33 heures par semaine de temps libéral auraient été 1 Cf. étude du Haut conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie (HCAAM) sur le temps de travail médical des médecins libéraux : http://www.sante.gouv.fr/htm/ dossiers/hcaam/note_240507.pdf, mai 2007. 2 En moyenne, en 2004, un généraliste a réalisé 4 225 consultations, 737 visites et 107 actes « autres ». Source Cnamts, Logiciel Eco-Santé. salariat, lors de conseils téléphoniques…) ou qu’elles correspondent à d’autres tâches (administration) ont été peu étudiées. Or, dans le contexte de pénurie annoncée de généralistes, en raison de la diminution du numerus clausus dans les années 1990 et de l’augmentation du nombre de médecins partant à la retraite (Bessière, Breuil-Genier, Darriné, 2004 ; Attal- Toubert, Vanderschelden, 2009), cette question prend toute son importance. Au-delà des possibles mesures consistant à améliorer la répartition géographique des médecins (Bourgueil, Mousquès, Marek, Tajahmadi, 2007), à encourager le travail en équipe et à favoriser la coopération entre les différents professionnels de santé (Bourgueil, Le Fur, Mousquès, Yilmaz, 2008), optimiser leur temps de travail pourrait constituer un enjeu de taille. Encore faudrait-il disposer d’informa- tions suffisamment fiables pour pouvoir envisager les mesures à mettre en œuvre. Dans un premier temps, nous présentons brièvement quelques données de cadrage sur le temps de travail global déclaré par les médecins généralistes et le temps qu’ils consacrent aux activités de soins. Nous explorons ensuite l’état des connaissances sur la répartition de leur temps de travail consacré aux activités autres que celles directement en relation avec les soins délivrés aux patients, à travers une synthèse de diverses données administratives ou d’enquêtes dispo- nibles (cf. encadré Sources). Même si cette démarche s’est heurtée au caractère parcellaire, voire ancien, des informations (cf. tableau 1), elle permet de rassembler des premiers éléments chiffrés intéres- sants pour alimenter la réflexion sur les données nécessaires pour améliorer la connaissance. Les généralistes déclarent travailler en moyenne de 52 à 60 heures par semaine Selon trois enquêtes - l’enquête Emploi 2004 de l’Insee (Breuil-Genier, Sicart, 2005), le panel de médecins généralistes libéraux 2007 de la Drees (Aulagnier, Obadia, Paraponaris et al., 2007), Repères consacrées aux visites et consultations, sur la base de 46 semaines d’activité3. Outre que ce temps de travail médical, consacré aux visites et consultations en libéral, apparaît très inférieur aux durées de travail globales déclarées par les médecins, cette évaluation n’épuise pas le temps consacré aux soins. Elle ne prend effectivement pas en compte des pratiques courantes comme la participation aux astreintes et aux gardes, l’exercice d’une activité médicale salariée, les conseils donnés aux patients par téléphone, les contacts avec les correspondants spécia- listes, les visites à des patients hospitalisés, la gestion du cabinet, etc. … 2 heures environ aux activités de soins dans le cadre salarié… À l’activité de soins réalisée en libéral, s’ajoutent les autres activités de soins effectuées dans le cadre du salariat. Selon l’enquête sur la médecine de groupe réalisée conjointement par la Drees et la Cnamts en 2002 (Garry, Bonnet, 2004), un quart des omnipraticiens déclaraient travailler dans une autre structure que le cabinet (centre de soins 12 %, hôpital public 9 %, clinique 5 % et autres lieux [maison de retraite, médecine scolaire…], environ 13 %). 3 Les différentes enquêtes interrogeant sur ce thème situent la durée de vacances des médecins libéraux entre cinq et six semaines par an. En 2007, la Haute autorité de santé (HAS) a été chargée par le ministre de la Santé d’élaborer une recommandation sur les conditions de nouvelles formes de coopération entre professionnels de santé. En collaboration avec l’Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS), la HAS a mobilisé plusieurs sources d’expertise pour élaborer cette recom­ man­ dation. Une première version de la synthèse présentée ici a été préparée dans le cadre de la participation de l’Irdes au groupe de travail sur les « enjeux économiques des coopérations entre professionnels de santé » dont le rapport a été publié par la HAS*. * HAS (2007). Enjeux économiques des coopé- rations entre professionnels de santé, Rapport du groupe présidé par Mireille Elbaum, décembre. Questions d’économie de la santé n° 144 - Juillet 2009 3 Le temps de travail des médecins généralistes. Une synthèse des données disponibles Estimation des temps de travail hebdomadaires des médecins généralistes uploads/Sante/ le-temps-de-travail-des-medecins-generalistes.pdf

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  • Publié le Sep 24, 2022
  • Catégorie Health / Santé
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