Droits du patient migrant : quelles sont les bases légales de la consultation m

Droits du patient migrant : quelles sont les bases légales de la consultation médicale en présence d’un interprète ? Ariane AYER, docteur en droit Muriel GILBERT, docteur en psychologie Projet financé par le Crédit d’intégration de la Confédération (IMES) Décembre 2004 Droits du patient migrant 2 Table des matières Avant-propos................................................................................................................. 4 Introduction................................................................................................................... 6 I. Interprétariat en milieu médical : quelle situation ? ..................................... 8 A. En quoi l’absence de recours à l’interprète est-il préjudiciable pour le droit du patient ?................................................................................................ 8 B. Dans quels cas recourt-on à l’interprète ? .................................................... 12 1. La procédure judiciaire............................................................................... 12 2. La consultation psychiatrique.................................................................... 14 C. Qui est interprète ?........................................................................................... 16 1. Quand la traduction est assurée par un proche du patient................... 16 2. Quand la traduction est assurée par un employé de l’institution non qualifié en matière de soins ....................................................................... 20 3. Quand la traduction est assurée par un autre professionnel de la santé mais non qualifié en matière d'interprétariat ............................... 23 4. Quand la traduction est assurée par un interprète qualifié................... 25 4.1 Au niveau linguistique ....................................................................... 25 4.2 Au niveau culturel............................................................................... 27 4.3 Au niveau psychologique et relationnel .......................................... 29 4.4. Les problèmes d’ordre juridique....................................................... 32 II. Les bases légales en matière d’interprétariat ................................................ 34 A. En droit fédéral................................................................................................. 34 1. En droit constitutionnel .............................................................................. 35 1.1 Langues nationales et langues officielles ......................................... 35 1.2 La liberté de la langue......................................................................... 37 1.3 Les garanties de procédure ................................................................ 39 1.4 L’interdiction de la discrimination à raison de la langue .............. 41 2. Dans le droit des assurances sociales........................................................ 45 B. En droit cantonal.............................................................................................. 52 III. L’accès aux soins dans une langue compréhensible.................................... 53 A. Les droits des patients..................................................................................... 54 1. Généralités .................................................................................................... 54 2. Les principaux droits des patients ............................................................ 57 2.1 Le droit à l’accès aux soins ................................................................. 58 2.2 Le libre choix du professionnel de la santé ou de l’institution ..... 60 2.3 Le droit d’être informé........................................................................ 61 2.4 Le consentement du patient............................................................... 65 2.5 Le droit de formuler des directives anticipées ................................ 68 Droits du patient migrant 3 2.6 L’interdiction des mesures de contrainte......................................... 68 2.7 Le droit d’accès au dossier ................................................................. 69 2.8 Le droit de saisir la Commission de surveillance ........................... 70 2.9 Le respect de la dignité et de la personnalité du patient ............... 71 2.10 Le respect du secret professionnel .................................................... 71 B. La situation particulière du patient migrant................................................ 74 1. En général ..................................................................................................... 74 2. Discussion de vignettes cliniques.............................................................. 75 2.1 La difficulté de recueillir le consentement....................................... 75 2.2 Les indiscrétions des interprètes ....................................................... 77 C. Le droit à l’accès aux soins dans une langue compréhensible.................. 80 1. Le consentement du patient....................................................................... 81 2. Le droit à l’accès aux soins ......................................................................... 82 3. La prise en charge des coûts ...................................................................... 83 4. L’obligation de soigner des établissements publics ............................... 85 IV. Secret médical et interprétariat : problèmes et enjeux................................ 85 A. Vignette clinique : quand l’interprète professionnel accompagne le patient chez différents soignants................................................................... 86 B. Commentaire.................................................................................................... 87 1. Questions relatives au statut juridique de l’interprète........................... 88 2. Respect de la sphère privée du patient : ce que l’interprète n’est pas supposé dire et à qui................................................................................... 92 3. Solliciter le consentement du patient : une règle d’or pour la consultation à trois...................................................................................... 94 4. Quand l’interprète travaille en réseau...................................................... 96 V. La formation des interprètes ............................................................................ 97 Conclusion et recommandations ........................................................................... 100 1. Le droit à la présence d’un interprète qualifié ...................................... 101 2. La définition du rôle de l'interprète........................................................ 101 3. La formation de l'interprète ..................................................................... 101 4. Le devoir de confidentialité de l’interprète ........................................... 102 5. La prise en charge des coûts d’interprétariat ........................................ 102 Abréviations .............................................................................................................. 104 Bibliographie............................................................................................................. 105 Table des dispositions légales relatives aux droits des patients..................... 113 1. Droit aux soins ............................................................................................... 113 2. Le consentement du patient ......................................................................... 115 3. L’information du patient .............................................................................. 119 Droits du patient migrant 4 Avant-propos La présente recherche s’inscrit dans le cadre d’un mandat financé par le Crédit d’intégration de la Confédération (IMES), avec le soutien de l’Office fédéral de la santé publique (projet CFE n° 03-806). Nous tenons à remercier Madame Pascale Steiner, qui, pour la Commission fédérale des étrangers, a assuré le suivi de ce projet avec bienveillance. Notre trajectoire de recherche a été ponctuée de plusieurs rencontres avec elle, ainsi que Monsieur Stefan Enggist et Madame Rahel Gall Azmat, de la Section Migration et santé de l’OFSP. Nous leur sommes reconnaissantes de l’accueil chaleureux qu’ils nous ont réservé et nous les remercions de l’intérêt qu’ils ont tous les trois porté à la problématique traitée dans cette recherche. Nos remerciements vont également à Monsieur Alexandre Bischoff de l’Institute of Nursing Science de l’Université de Bâle, qui, le premier, nous a vivement encouragées à entreprendre nos travaux dans ce domaine. Son expérience de terrain, ainsi que son regard à la fois critique et bienveillant nous ont été précieux. Madame Béatrice Despland, Chargée de cours et Directrice-adjointe de l’Institut de droit de la santé à l’Université de Neuchâtel, et le Dr Ariel Eytan, Médecin Adjoint au Service de Psychiatrie Adulte des Hôpitaux Universitaires de Genève, ont assuré une relecture critique du manuscrit, qu’ils en soient vivement remerciés. Enfin, Monsieur Vincent Tattini, avocat, a assumé la tâche d’effectuer les recherches juridiques préalables à cette étude; nous tenons à le remercier de son engagement dans ce projet. Droits du patient migrant 5 Droits du patient migrant 6 Introduction La présente recherche examine la problématique du recours à l’interprète dans le cadre d’une consultation médicale, dans une perspective qui croise le point de vue psychologique et le point de vue juridique. La perspective choisie est celle du droit des patients allophones, qu’ils soient migrants ou Confédérés. Les considérations relatives à la pratique des professionnels de la santé amenés à travailler avec des interprètes seront évidemment présentes, mais elles ne forment pas l’objet principal de la recherche. Nous avons privilégié cette approche en fonction d’un double constat : dans la pratique les hôpitaux et les professionnels font appel à des interprètes, alors qu’il n’existe aucune norme juridique réglementant précisément ce dispositif. L’intérêt principal de cette recherche réside dans l’originalité de la démarche, qui adopte un point de vue quasi inexistant dans la littérature. En effet de nombreuses publications, avant tout d’ordre médical, explorent les processus communicationnels, relationnels, fonctionnels et thérapeutiques en jeu dans ce dispositif de soins, parfois appelé trialogue. Il nous paraissait alors nécessaire d’examiner et de discuter le point de vue du droit des patients dès lors que celui-ci paraît déterminant dans la mise en place et l’efficacité de ce type de prise en charge. En outre, cette étude vise à renforcer l’accès non discriminatoire aux soins nécessaires pour tous les patients, quelle que soit leur langue. Cette étude se divise en cinq parties. La première partie présente un état des lieux non exhaustif des différentes situations cliniques où l’on fait appel à un interprète, selon qu’il est qualifié ou non (I). L’objectif de ce premier chapitre consiste à montrer les avantages et les limites des dispositifs qui permettent, Droits du patient migrant 7 chacun à leur manière de soigner un patient allophone : traduction assurée par un proche, par un membre du personnel non médical, par un professionnel de la santé non qualifié en matière d’interprétariat et, enfin, par un interprète spécialement formé à intervenir dans un contexte médical. Dans une deuxième partie, nous examinons les bases légales en matière d’interprétariat, notamment la question du droit à l’assistance d’un interprète (II). A cette fin nous passons en revue les normes existantes selon la systématique classique du droit suisse : droit constitutionnel, droit fédéral, puis droit cantonal. Nous discutons dans la troisième partie des fondements du droit du patient allophone à accéder à des soins prodigués dans une langue compréhensible (III). La démarche est alors orientée vers les droits des patients tels qu’ils sont garantis par les différentes législations cantonales. La question de la confidentialité et du secret professionnel dans le cadre de la consultation médicale en présence d’un interprète fait l’objet de la quatrième partie de cette recherche (IV). Nous abordons ici la question du statut de l’interprète d’un point de vue juridique, question centrale pour déterminer ses obligations envers le patient. La complexité des prises en charge médicales où l’interprète est indispensable est ensuite discutée du point de vue psychologique et relationnel. Enfin l’étude se clôt sur une cinquième partie consacrée à la formation des interprètes (V). Les avantages que représente une formation en tandem des interprètes et des professionnels de la santé sont soulignés. Droits du patient migrant 8 En guise de conclusion, nous formulons des recommandations sur le recours à un interprète, sur la définition de son rôle, sa formation, ses obligations en matière de confidentialité et la prise en charge des coûts d’interprétariat. I. Interprétariat en milieu médical : quelle situation ? A. En quoi l’absence de recours à l’interprète est-il préjudiciable pour le droit du patient ? Les récents et importants mouvements migratoires en Suisse1 ont des répercussions sur la pratique des professionnels de la santé. En effet, ces uploads/Sante/ bases-legales-interprete.pdf

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  • Publié le Jui 09, 2021
  • Catégorie Health / Santé
  • Langue French
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