Abraham MASLOW Psychologie humaniste... à redécouvrir octobre 2008 - © copyrigh
Abraham MASLOW Psychologie humaniste... à redécouvrir octobre 2008 - © copyright Thierry TOURNEBISE Je vous propose de découvrir l’approche particulièrement humaniste d’Abraham Maslow. Docteur en psychologie, il est surtout connu pour la « pyramide des besoins » dans laquelle ses successeurs, par indélicatesse ou par incompétence, l'ont indûment enfermé. Cette représentation architecturale n'a jamais été évoquée par Maslow lui-même. Elle est hélas si réductrice qu’elle nous éloigne de la profondeur de qu’il a souhaité nous transmettre. Maslow nous invite plutôt à considérer l’humain du point de vue de son humanité, de son potentiel et non de ce qui pourrait être mauvais en lui. Il propose un regard très innovant sur la façon de considérer la psychopathologie. Il nous offre une subtile observation du fonctionnement social (synergie), de la façon que les individus ont de vivre entre eux, de la façon qu’ils ont aussi de vivre avec eux-mêmes, dans la reconnaissance ou dans l’oubli de leur propre nature. Sommaire 1-Une certaine affirmation de soi Une approche particulèrement humaniste 2-Notions de carences Des causes non traumatiques - Carences et développement - Un être humain en devenir- Du côté psychosomatique 3-Les besoins fondamentaux Les besoins physiologiques (survie physique) - Besoins de sécurité (survie sociale) - Besoins d’appartenance ou « d’amour » (encore survie sociale) - Besoin d’estime (survie intérieure)- Besoin d’accomplissement de soi (vie intérieure) 4-Les besoins ontiques (Vie dans le monde) Une certaine fragilité - Quelques besoins ontiques - Concernant la créativité - Difficulté à parler de l’ontique 5-Représentation pyramidale Maslow n'a jamais parlé de pyramide! 6-Métapathologies Implications pathologiques - Notion de menace et de beauté de l’être - Un mot sur le besoins névrotique - Notions de pulsions instinctoïdes 7-Notion de synergie Sociétés et synergies (Ruth Benedict) - Idée d’ensemble dynamique - Ne pas réitérer le paradoxe de Zénon d'Élée 8-Rapports avec la validation existentielle Biblliographie Abraham Maslow nous propose une vision de la psychologie humaniste insuffisamment connue. Il cherche plutôt ce qui est noble en l’humain afin d’en accompagner le développement, que ce qui est mauvais afin de l’en « purger ». En ce sens, il a consacré plus de temps à l’étude de la santé mentale qu’a celle de la psychopathologie. Il dénonce le « courant dominé par la tradition médico-thérapeutique d’éradication de la maladie. » (2008, p.68). Il voit en l’être humain un individu en développement, souffrant parfois de carences, mais pas un être à épurer, à tronquer, à saigner, à nettoyer du mauvais en lui. Pareillement à Frans Veldman, il insiste sur le fait de voir en l’autre « le bon en lui », présent, et à venir (Veldman, 1989, p.45). Il lui semble essentiel de faire ressortir la noblesse que contient l’humain sans le savoir, et non d’insister sur les bassesses qu’on lui attribue depuis toujours afin de, soi-disant, l’en libérer. Il se démarque avec une approche emplie de délicatesse et d’humanisme, mais aussi de rigueur et de précisions. Il ose une différence importante par rapport à de nombreuses autres approches de la psyché qui laissent malheureusement entendre « que les profondeurs de la nature humaine sont dangereuses, maléfiques, prédatrices et voraces ». Il dénonce courageusement de telles dérives (Maslow, 2008, p.202). Il va même jusqu’à pointer que « Toute croyance qui incite les hommes à se méfier d’eux-mêmes et des autres sans nécessité et à douter sans fondement des possibilités humaines, doit être considérée partiellement responsable des guerres, des rivalités entre les races et des massacres perpétrés au nom de la religion » (ibid. p.107). Pour lui, les besoins de l’être (ces besoins qu’il nomme « métabesoins » ou « besoins ontiques » et qui sont au delà des besoins fondamentaux) sont des clés pour comprendre l’être humain dans ses motivations les plus nobles et les plus porteuses, dans ce qui est aussi une forme d’instinct, mais un instinct propre à l’homme, le portant vers un accomplissement de soi qui débouche aussi sur un grand respect d’autrui. Retour 1 Une certaine affirmation de soi Abraham Maslow est connu pour la « pyramide des besoins »… alors qu’il n’a jamais parlé de « pyramide » ! Il a parlé de « hiérarchie » des besoins, et ce n’est pas tout à fait la même chose. Nous pouvons même remarquer que Maslow prend une certaine distance avec la dimension pyramidale, en ce sens où, même s’il y a une hiérarchie, tous les besoins sont toujours un peu là en même temps, mais dans des proportions et des natures qui varient au cours du développement d’un être (nous y reviendrons plus loin). Il a même insisté sur la difficulté qu’il y a à extraire des données et de les mettre à part concernant un concept, un groupe de personnes ou des personnalités, puis de les chiffrer et de les classer. La volonté de créer des catégories puis de les dénombrer est, selon lui une aberration dans le domaine humain. En effet, pour créer des catégories, il convient de séparer des éléments en décidant qu’ils sont distincts les uns des autres en fixant certains critères. Pour réaliser cela on est alors obligé de négliger un grand nombre de détails, car un individu n’est jamais « totalement ceci » ou « totalement cela ». Les chiffres, qui dénombrent les individus ainsi « réduits », ne sont alors que des approximations arbitraires d’où il peut être dangereux de déduire ce qu’on croit être la réalité (et encore plus d’en déduire des théories). « Il est possible d’ajouter une pomme à une autre pomme parce que la nature des pommes le permet. Le cas est différent lorsqu’il s’agit de personnalité »(Maslow, 2006, p.251). Remettant en cause le côté statique (immobiliste où tout est fixe) et atomiste (tout découper en parties plus fines) afin de dénombrer et de calculer, il remet en cause certaines études pseudo scientifiques, sans toutefois en nier la valeur… tant qu’elles restent à leur place et ne prétendent pas révéler une vérité du monde. « Il est dangereux de voir dans le monde ce que nous y avons mis au lieu de ce qui s’y trouve réellement » nous dit-il (ibid p.353). Il ajoute même que les mathématiques méritent d’être récusées par le psychologue parce qu’elles ne répondent pas à ses objectifs. Peut-être aurait il eu l’idée d’explorer le champ des fractales qui est un concept mathématique nouveau où le général contient le particulier et inversement. Mais les fractales n’ont été découvertes qu’en 1975 (Le monde des fractales, Jacques Dubois, jean Chaline –Ellipse, 2006) alors que Maslow nous a quitté en 1970, à l’âge de 62 ans. Cependant il ne s’est pas privé de faire allusion à la théorie des ensembles en évoquant l’idée d’ensembles plus vastes contenant des ensembles plus restreints. Maurice Merleau- Ponty avait une opinion analogue sur le fait de ne pas prendre ce qu'on projette dans le monde pour le monde lui-même, expliquant que ce qu'on observe et qu'on prend pour vérité du monde, n'est que « phénomènes hautement "travaillés", et que nos appareils produisent plutôt qu'ils ne les enregistrent » (Merleau-Ponty, 2006, p.8) On ne peut identifier ces critiques envers les mathématiques à celles du renard de Jean de Lafontaine, pour qui les raisins qu’il ne peut attraper sont « trop verts », car en ce qui concerne Abraham Maslow, il a une solide formation scientifique, est docteur en psychologie et a réalisé de nombreux entretiens avec des centaines de personnes dans différentes cultures. Il est rompu aux relevés de données, à leur classement et à leur utilisation. Il parle donc bien en connaissance de cause. Doit-on ses réflexions hors du commun à son QI exceptionnel de 195 (2006, p.10) ? Nous pouvons lire ce que Maslow pense du QI : il ne le relie pas à l’intelligence réelle et montre même que des êtres malfaisants et stupides peuvent avoir un QI élevé, et manquer du plus simple bon sens humain (2008, p.270). Nous devons plutôt la richesse de sa réflexion à une sensibilité différente, à un mode de pensée permettant d’explorer ce qui est nouveau, sans s’enliser dans les anciennes données... et cela n’est pas seulement une affaire de QI ! Il dit par exemple : « Je me suis choisi comme tâche de ˝spéculer en toute liberté˝, de théoriser, de jouer avec les intuitions et les pressentiments et, en général, de tenter d’extrapoler vers l’avenir » (2006, p.24). Il n’est pas si loin de René Descartes déclarant : « Mais après que j’eus employé quelques années à étudier ainsi dans le livre du monde, et à tâcher d’acquérir quelque expérience, j’ai pris un jour résolution d’étudier aussi en moi-même… » (2000, p.40) ou « La science de mes voisins ne borne pas la mienne » (1999, p.882) Descartes aurait jubilé face à une telle attitude, disant de celui qui ne fait que remanier les anciennes pensées : « …dès l’enfance il a pris pour la raison ce qui ne reposait que sur l’autorité de ses précepteurs… »(Recherche de la vérité par la lumière naturelle 1999, p.898). « Celui qui est, comme lui, uploads/Sante/ psychologie-humaniste-a-redecouvrir.pdf
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- Publié le Jan 02, 2023
- Catégorie Health / Santé
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