Résumé et commentaire de "Les Ombres de l'Esprit" de Roger Penrose Extrait du J

Résumé et commentaire de "Les Ombres de l'Esprit" de Roger Penrose Extrait du Jean Staune http://www.staune.fr Science Résumé et commentaire de "Les Ombres de l'Esprit" de Roger Penrose - Jean Staune - Science - Textes et travaux dans différents domaines scientifiques - Mathématiques - Date de mise en ligne : mardi 19 avril 2005 Jean Staune Copyright © Jean Staune Page 1/9 Résumé et commentaire de "Les Ombres de l'Esprit" de Roger Penrose Comment nos sentiments de bonheur, de douleur, d'amour, de sensibilité esthétique, de volonté, de compréhension sont-ils générés ? Peut-on les ramener à un calcul numérisable ? Il semble y avoir quatre grandes catégories de réponses à cette question : A) Toute pensée se réduit à un calcul, y compris le sentiment que nous avons d'exister en tant qu'êtres conscients. B) La conscience est un produit de l'activité physique du cerveau. Mais bien que toute action physique puisse être simulée par un calcul, une telle simulation ne peut, elle-même, créer de la conscience. C) La conscience est suscitée par une action physique du cerveau, mais aucun calcul ne peut simuler, même à la perfection, cette action physique. D) La conscience contient une dimension qui ne peut être expliquée à l'aide d'aucune sorte de disciplines scientifiques. A est la position des tenants de "L'intelligence artificielle forte". Le plus illustre d'entre eux est sans doute Alan Turing, l'un des créateurs de l'informatique. Pour savoir si un ordinateur a atteint le niveau de conscience de l'être humain, il suffit de lui faire passer un "test de Turing" [1]. Puisque, selon eux, le propre de l'homme n'est rien d'autre qu'un calcul, les supporters de A pensent que l'on pourra demain transférer les schémas d'information que nous sommes dans des ordinateurs (je ne sais pas si vous pensez, Marina, tout comme moi que cette phrase est très moyennement française !!!) L'ère des êtres biologiques sera ainsi terminée. Ce transfert sera nécessaire pour que nous ne soyons pas relégués dans un zoo par les ordinateurs qui, non seulement égaleront toutes les capacités humaines, mais les dépasseront. Pour de grands spécialistes de la robotique ou de l'intelligence artificielle du MIT comme Hans Moravec, Marvin Minsky, Edward Fredkin, cet avenir est inéluctable puisque l'ensemble de nos pensées, sentiments, etc. sont, par hypothèse, réductibles à un calcul très complexe, un ordinateur capable de calculs aussi complexes pourra éprouver la joie, la peine, l'amour, ressentir des interrogations métaphysiques etc... Un tel ordinateur devra ainsi ^être pourvu de la citoyenneté et du droit de vote. Certains supporters de l'hypothèse A prédisent même que la lutte pour la reconnaissance des droits des ordinateurs sera l'un des grands combats de la fin du XXIème siècle et sera la source de conflits du même type que la guerre de Sécession, entre partisans de la "libéralisation" des ordinateurs et ceux qui voudront les maintenir en "esclavage". Les partisans de l'hypothèse B ne nient pas non plus qu'un ordinateur puisse réussir un jour le "test de Turing". Mais ils font remarquer que la simulation d'un processus physique est très différente du processus lui-même. Ainsi la simulation, même parfaite, sur un ordinateur, d'un ouragan produit -heureusement !- des effets très différents de l'ouragan lui-même. Ainsi, un ordinateur pourra parfaitement simuler toutes les caractéristiques d'un comportement humain (parler de son désir pour telle actrice, de son désespoir de ne pouvoir nager, de sa quête métaphysique...) sans avoir la moindre idée de ce qu'est l'amour, la peine, etc... Le philosophe John Searle a formalisé cela avec "l'histoire de la chambre chinoise". Un homme est enfermé dans une pièce avec des livres en chinois. L'étude de ces livres durant des années lui permettra de donner par écrit des réponses aux questions qui seront glissées sous la porte. Pour les observateurs extérieurs qui parlent le chinois et glissent les questions sous la porte, il n'y aura pas de doute que l'homme situé dans la chambre comprend le chinois, Copyright © Jean Staune Page 2/9 Résumé et commentaire de "Les Ombres de l'Esprit" de Roger Penrose alors que celui-ci manipule des symboles sans avoir la moindre idée de ce qu'ils signifient ! Ainsi les partisans de B affirment que si l'activité biologique du cerveau peut susciter de la conscience, une simulation électronique précise de cette activité ne le peut pas. Selon l'hypothèse C, aucun ordinateur ne réussira le "test de Turing". Si l'on fait durer le test suffisamment longtemps, on finira par trouver la faille qui permettra de conclure qu'il s'agit d'un ordinateur et non d'un homme. Cela n'implique pas pour les tenants de C que la conscience possède une dimension "mystique" ou non physique. L'esprit est pour eux le produit du comportement de certains objets physiques 'le cerveau mais pas uniquement lui), mais il dépend d'actions physiques qu'aucun ordinateur ne peut parfaitement simuler, car il s'agit d'actions qui ne sont pas réductibles à des calculs. Les partisans de C se divisent entre ceux qui pensent que la physique actuelle, avec la théorie du chaos, le hasard et les discontinuités existant dans la physique de l'infiniment petit (appelée "physique quantique") nous offrent des exemples suffisants de comportements échappant à toute simulation numérique ; et ceux qui, comme Roger Penrose lui-même, pensent qu'une physique fondamentalement nouvelle est nécessaire pour prendre en compte les phénomènes non-calculables dont l'existence ne peut aujourd'hui plus être niée. La position D considère l'esprit comme une entité ne pouvant être expliquée totalement en termes scientifiques. Pour ces supporters, comme le neurologue Sir John Eccles (prix Nobel de Médecine) ou le logicien Kurt Gödel [2], le cerveau est le récepteur de l'esprit et non l'émetteur. Si vous coupez un fil de votre poste radio, vous n'entendrez plus de musique. Mais il serait absurde d'en conclure que la musique est produite par le poste radio et de démonter toutes les pièces du poste pour essayer de comprendre comment s'effectue cette production. De la même façon, si des lésions du cerveau modifient le comportement d'un sujet, cela n'implique pas que les mécanismes de production de la conscience puissent être trouvés, même en analysant de la manière la plus fine possible le fonctionnement du cerveau. Quelle différence existe-il entre l'Homme et l'ordinateur ? Pour critiquer les positions A et B, il faut pouvoir démontrer qu'il existe au moins un cas ou nous pouvons avoir accès à une connaissance à laquelle un ordinateur n'accédera pas. Or il est difficile de faire des démonstrations mathématiques sur les capacités des ordinateurs à acquérir le sens de l'éthique, de l'esthétique, de l'amour, etc... Penrose va donc se tourner vers les mathématiques, l'un des domaines de prédilection des ordinateurs, puisque, par définition, une démonstration mathématique peut être écrite, donc entrée dans un ordinateur. On a d'ailleurs déjà mis au point des ordinateurs pouvant démontrer des théorèmes de mathématiques. Il va utiliser une variante du célèbre théorème de Gödel [3] : le problème de "l'arrêt d'un calcul". Si l'on bâtit un calcul sur la définition suivante : "chercher un nombre pair qui soit la somme de deux nombres pairs", ce calcul va s'arrêter très vite. A peine aura-t-il commencé à passer en revue tous les nombres qu'il va tomber sur 6 = 4 +2 et arrêtera alors sa quête. Mais le calcul "chercher un nombre impair qui soit la somme de deux nombres pais", lui, ne s'arrêtera jamais. Il aura beau examiner les nombres jusqu'à l'infini, il n'en trouvera jamais qui remplieront la condition voulue. On peut alors imaginer une procédure de calcul A dont le rôle va être de déterminer si un calcul donné C s'arrête ou non. Si le calcul A (C) - c'est à dire la procédure de calcul A à laquelle on a soumis le calcul C- s'arrête ; cela indique que le calcul C ne s'arrête jamais. On ne demande bien sûr pas à A d'être parfait, il se peut que le calcul C ne s'arrête jamais et que A ne puisse pas le démontrer. Mais on lui demande d'être fiable. Si A s'arrête, on peut être certain que le calcul C ne s'arrête jamais. Si A ne s'arrête pas (si A "tourne" sur un ordinateur, on dira qu'elle "boude"), on ne peut pas en tirer de conclusion sur C : C peut s'arrêter (auquel cas le plus simple est de chercher empiriquement un exemple), on ne peut s'arrêter, sans que A soit capable de le "voir". Voila donc notre situation de départ : nous avons une procédure A et nous lui soumettons tous les calculs pouvant exister : C0, C1, C2, C3, C4... Mais parmi eux, il y en aura un, appelons le Cx, qui sera... la procédure A elle-même, puisqu'elle est aussi un calcul ! A (Cx) est donc égale à A (A). Il est évident que ce dernier calcul ne s'arrêtera Copyright © Jean Staune Page 3/9 Résumé et commentaire de "Les Ombres de l'Esprit" de Roger Penrose jamais. Car s'il s'arrêtait, cela signifierait que la procédure A ne s'arrête jamais... alors qu'elle vient de s'arrêter. On a bâtit A pour, qu'à défaut qu'elle puisse toujours fournir une réponse, uploads/Sante/ resume-de-les-ombres-de-l-x27-esprit-de-roger-penrose.pdf

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  • Publié le Mar 13, 2021
  • Catégorie Health / Santé
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