Le coût de l’adaptation By Pavel Tsatsouline Posted on 20/01/2017. « Que faire?
Le coût de l’adaptation By Pavel Tsatsouline Posted on 20/01/2017. « Que faire? » est la question qui a servi de titre à plusieurs livres philosophiques russes du 19ème siècle. Dans cet article pointu mais très accessible Pavel vous donne quelques pistes – en tout cas en ce qui concerne vos entraînements… Aujourd’hui je vais revenir sur certains de mes écrits d’il y a quinze ans et ensuite, développer un peu plus le sujet de la santé et de la performance. Selon le Prof. Bayevsky, à n’importe quel moment, une grande partie de la population mondiale, de 50 à 80%, est dans un état donozoologique, ou à mi-chemin entre la santé et la maladie. Selon l’Académicien Nicolaï Amosov ces gens ne sont en bonne santé que de manière « statique » : jusqu’à ce que leur environnement rompt leur fragile statut quo. Même quand ils se sentent bien, la moindre infection peut être pour eux potentiellement dangereuse. Pas l’infection en elle-même mais les complications suite à l’effort qu’elle exige des « systèmes de soutien » de l’organisme (vous connaissiez peut-être quelqu’un mort d’un arrêt cardiaque alors qu’il luttait contre une autre maladie). Disons, par exemple, que les tissus de Bob nécessitent 3,8 litres de sang par minute en état de repos et que son cœur est capable d’en pomper au maximum 5 (ce sont les chiffres moyens) ; on appelle cela le débit cardiaque maximal. Tout va bien jusqu’à ce que notre homme va en Amérique du Sud et attrape la fièvre typhoïde. Ses demandes en énergie s’envolent : de ce point de vue combattre une infection est assez semblable à un intense travail physique. La fièvre typhoïde double la consommation d’oxygène. Le cœur doit maintenant pomper 7,6 litres de sang par minute. Sauf que… sa limite est seulement à 5l. Bingo. Le voyageur revient chez lui dans la soute à bagages, emballé dans un sac mortuaire. L’homme est mort à cause de la défaillance des systèmes qui n’ont même pas été atteints par l’infection. Si Bob s’était donné la peine de travailler à augmenter ses réserves fonctionnelles, il aurait survécu. L’Académicien Amosov a crée le terme « la quantité de santé », définie comme la somme des réserves d’énergie des principaux systèmes fonctionnels. Ces réserves d’énergie sont mesurées avec un coefficient de la réserve de santé, le rapport entre la capacité maximale d’un système et les demandes auxquels il fait face au quotidien. Par exemple, la réserve santé du cœur de Bob est de 1,3 : Naturellement, pour améliorer votre « quantité de santé » vous devez augmenter les réserves de vos systèmes fonctionnels : cardiovasculaire, respiratoire, musculaire etc. Il y a plus d’une centaine de paramètres mesurables. L’adaptation individuelle a été définie comme le développement graduel de résistance à un stimulus particulier de l’environnement qui permet à l’organisme de fonctionner dans les conditions qui auparavant étaient incompatibles avec la vie et relever les défis qui ne pouvaient être relevés jusque là (1). Autrement dit, l’adaptation est une question de survie. Le chemin vers la santé paraît simple : entraînez-vous durement, augmentez votre « quantité de santé » et vivez heureux le reste de vos jours. Si Bob avait progressé jusqu’à être capable de nager non-stop une heure par jour, il aurait sans aucun doute eu suffisamment de capacité cardiaque pour survivre à une fièvre typhoïde ! Certainement – tout en se rendant plus vulnérable à d’autres stresses… Nombreux travaux Russes et Soviétiques, des années 1970 à nos jours, citent une étude sur des jeunes rongeurs soumis à un régime intense de natation, une heure par jour pendant 10 semaines (2). Le poids de leur cœur a augmenté tandis que le poids de leurs reins et de leurs glandes surrénales a perceptiblement diminué, tout comme le nombre de cellules du foie. En d’autres termes, alors que l’entraînement a augmenté la capacité fonctionnelle du cœur, il a en même temps réduit la capacité de plusieurs organes internes ! Si par la suite les « athlètes » de cette étude rencontraient des charges physiques significatives, ils étaient mieux préparés pour les gérer et pour survivre par comparaison à leurs congénères non entraînés. Si, d’un autre côté, l’épreuve était centrée sur le foie ou les reins (à travers un changement de régime alimentaire, augmentation de la consommation du sodium etc.), les rats durement entraînés avaient un désavantage par rapport à leurs frères et sœurs fainéants… Ce phénomène s’appelle le « coût de l’adaptation » (3). Ce coût peut être déterminé en fonction des systèmes directement soumis au stress – ou en fonction des systèmes qui ne sont pas directement impliqués (4). L’objet de cet article est ce deuxième cas. Vous venez de voir l’exemple de malheureux rats dont les reins ont été rendus moins résistants à la vodka par leur assiduité à la natation (une tragédie là d’où je viens). Un autre exemple est le dysfonctionnement de la « machinerie » féminine typique chez les jeunes filles, athlètes de haut niveau dans les disciplines exigeantes sur le plan de la maîtrise du poids du corps, telle que la gymnastique. Encore pire, les muscles des jeunes gymnastes qui s’entraînent dur tout en suivant un régime alimentaire stricte cannibalisent le tissu musculaire du cœur pour s’approvisionner en protéine ! Quand l’alimentation est restreinte et les demandes sont hautes, la compétition pour les ressources est féroce. Il y a des années un Russe du nom de Martyniuk a même proposé un traitement pour le cancer basé sur ce fait. Il a suggéré de mettre les patients au régime très bas en protéines tout en le soumettant à un programme de musculation très intense. Selon sa théorie, le corps irait à la recherche de la protéine pour les muscles et la tumeur serait la première à être cannibalisée. Pour autant que je sache, aucune étude n’a encore été conduite là-dessus mais je garde l’espoir. Si vous connaissez un oncologue, passez-lui cette idée. Revenons au sport. Si vous choisissez d’exceller dans un sport vous devez faire face au fait que votre décision n’a rien à voir avec la santé. Vous allez voler à Pierre (votre résistance aux maladies et votre capacité d’exceller dans d’autres domaines) pour payer Paul (votre discipline). Dans le sport de haut niveau, où le corps fonctionne à la limite de ses capacités et où toutes les réserves doivent être engagées dans la bataille, il n’y a pas d’autre voie. Pour atténuer ces désavantages : 1. Commencez avec une bonne fondation en préparation physique générale (PPG). 2. Evitez une spécialisation prématurée. (L’adaptation négative dans les organes et les systèmes qui ne sont pas directement éprouvés par un entraînement spécifique est particulièrement prononcée dans les organismes immatures (5)). 3. Ne forcez pas le rythme de votre progression. Si vous choisissez la santé, ne cherchez pas de médailles olympiques, évitez une spécialisation trop focalisée et entraînez-vous avec modération. Parce que les coûts les plus hauts d’adaptation sont surtout vécus par des athlètes spécialisés et les gens qui font du travail manuel très dur (6). Les recherches soviétiques nous apprennent que l’entraînement sportif et la culture physique mènent chez les pratiquants à une diminution significative des maladies en général, ainsi que des blessures (7). Un scientifique soviétique de renom, le Prof. Zimkin conclut : « Les expériences sur les animaux et l’observation des sujets humains ont démontré que l’activité musculaire augmente la résistance non spécifique de l’organisme aux plusieurs formes du stress négatif auxquelles on est soumis dans les conditions de vie moderne, telles que l’hypoxie, certains poisons, la radioactivité, certaines infections, surchauffe, refroidissement etc. Une diminution significative des maladies a été observée chez les gens qui s’entraînent pour un sport ou pratiquent la culture physique. » Il continue en ajoutant que l’entraînement « rationnel » est ce qui apporte cette résistance (8). Les charges physiques modérées stimulent le système immunitaire (9). Considérez ces quelques options qui combinent la force et la santé. Entraînez-vous et participez à des compétitions « raw » (sans équipement spécifique) et « drug-free » (sans utiliser les suppléments qui « optimisent » la performance) de Force Athlétique, sans essayer d’augmenter votre masse musculaire. C’est un fait que pour monter au niveau international dans ce sport un homme de 1m80 doit être un super lourd. Or, il est évident que pousser son poids du corps jusqu’à 140kg aura un coût d’adaptation très haut. Faites un cours SFL (StrongFirst Lifter) [ou bien, un Stage d’initiation aux techniques d’exercices avec la barre olympique du système StrongFirst, ndt]. Trouvez des partenaires d’entraînement fiables et en avant ! N’oubliez pas de vous occuper de vos autres qualités athlétiques, telles que l’endurance et la flexibilité. Consacrez deux jours par semaine au programme « Simple & Sinistre ». Faites quelques étirements et exercices de mobilité tous les jours ou presque. Enfin, tout aussi important, ne négligez pas les activités en plein air : faites des randonnées, nagez, jouez du tennis etc. Avec modération ! Le fait de courir d’un bout à l’autre du Grand Canyon se fera « rembourser uploads/Sante/ strong-first-pavel-le-cout-de-l-x27-adaptation.pdf
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- Publié le Fev 22, 2021
- Catégorie Health / Santé
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