TNCD - Chapitre 21 : Prise en charge des cancers digestifs et COVID-19 - 11/05/
TNCD - Chapitre 21 : Prise en charge des cancers digestifs et COVID-19 - 11/05/2020 1 Le Thésaurus est un travail collaboratif sous égide de la Société Nationale Française de Gastroentérologie (SNFGE), de la Fédération Francophone de Cancérologie Digestive (FFCD), du Groupe Coopérateur multidisciplinaire en Oncologie (GERCOR), de la Fédération Nationale des Centres de Lutte Contre le Cancer (UNICANCER), de la Société Française de Chirurgie Digestive (SFCD), de la Société Française d’Endoscopie Digestive (SFED), de la Société Française de Radiothérapie Oncologique (SFRO), l’Association de Chirurgie Hépato-Bilio- Pancréatique & Transplantation (ACHBT) et de la Société Française de Radiologie (SFR) (dont Société d'Imagerie Abdominale et Digestive (SIAD) et Fédération de Radiologie interventionnelle (FRI). Chapitre : 21 Prise en charge des cancers digestifs en fonction de la situation pandémique COVID-19 Date de cette version : 11/05/2020 Date de dernière mise à jour à vérifier sur www.tncd.org ou www.snfge.org Mise en garde Du fait de l'amélioration de la situation sanitaire COVID-19, il n’y aura pas de nouvelles mises à jour. TNCD - Chapitre 21 : Prise en charge des cancers digestifs et COVID-19 - 11/05/2020 2 Chapitre initié par la FFCD et le CHU de Rouen GROUPE DE TRAVAIL : P. Michel (Rouen), coordonnateur, F. Di Fiore (Rouen), D. Sefrioui (Rouen), A Gangloff (Rouen), L. Schwarz (Rouen), J.-J. Tuech (Rouen), T. Aparicio (Paris), L. Dahan (Marseille), R. Faroux (La Roche- sur-Yon), C. Girault (Dijon), P. Laurent Puig (Paris), T. Lecomte (Tours), C. Lepage (Dijon), A. Lièvre (Rennes), S. Manfredi (Dijon), J.-M. Phelip (Saint-Etienne), J.-F. Seitz (Marseille), J. Taïeb (Paris), O. Bouché (Reims). RELECTEURS : A. Adenis (Montpellier), E. Baudin (Villejuif), N. Benech (Lyon), J.-F. Blanc (Bordeaux), J.Y. Blay (Lyon), K. Boudjema (Rennes), C. Boulagnon- Rombi (Reims), M. Brugel (Reims), G. Cadiot (Reims), C. Carlier (Reims), E. Cotte (Lyon), J.-B. Delhorme (Strasbourg), L. de Mestier (Paris), M. Ducreux (Villejuif), A. Ferru (Poitiers), S Gaujoux (Paris), B. Guiu (Montpellier), O. Glehen (Lyon), D Goere (Paris), F. Huguet (Paris), V. Kepenekian (Lyon), R. Kianmanesh (Reims), B. Landi (Paris), M. Lesurtel (Lyon), C. Lombard-Bohas (Lyon), C. Louvet (Paris), A. Marchal (Reims), D. Malka (Villejuif), P Mariani (Paris), O. Mir (Villejuif), L. Moureau (Marseille), C. Neuzillet (Saint-Cloud), G. Piessen (Lille), B. Rammaert (Poitiers), J.-C. Saurin (Lyon), JF Seitz (Marseille), D. Tougeron (Poitiers), L. Villeneuve (Lyon), T. Walter (Lyon), A. Zaanan (Paris). Comment citer ce chapitre ? Di Fiore F, Bouché O, Lepage C, Sefriou D, Gangloff A, Schwarz L, Tuech JJ, Aparicio T, Lecomte T, Boulagnon-Rombi C, Lièvre A, Manfredi S, Phelip JM, Michel P on behalf of the Thésaurus National de Cancérologie Digestive (TNCD). COVID-19 epidemic: proposed alternatives in the management of digestive cancers : A French Intergroup clinical point of view (SNFGE, FFCD, GERCOR, UNICANCER, SFCD, SFED, SFRO, ACHBT, SFR). Dig Liver Dis. 2020;52(6):597-603. 21.1. INTRODUCTION L’infection actuelle par le Coronarovirus SARS-CoV-2 (COVID-19) est une situation pandémique exceptionnelle qui nécessite une réflexion sur la pratique de l’oncologie digestive et qui suscite de nombreuses questions. TNCD - Chapitre 21 : Prise en charge des cancers digestifs et COVID-19 - 11/05/2020 3 21.1.1. L’infection COVID-19 est-elle différente des autres infections virales à tropisme pulmonaire ? La réponse scientifique à ces questions ne sont pas encore parfaitement connues. Cependant, une étude publiée en 2019, avant l’apparition du COVID-19, a évalué rétrospectivement 1503 cas de pneumopathie virale admis au département de médecine d’urgence d’un hôpital coréen entre 2010 et 2015 (Kim 2019). Parmi les agents viraux, dans 9,4% des cas il s’agissait de Coronavirus. Les patients avec une pathologie cancéreuse n’avaient pas plus souvent d’infection à Coronavirus que les autres patients. La répartition des différents types de virus n’était pas influencée par la présence ou non d’un cancer. En revanche, chez les patients infectés par un Coronavirus, le taux de mortalité à 30 jours était significativement supérieure en cas de cancer (24,4% versus 3,0%, p<0,001) (Kim 2019). Dans cette étude les facteurs de risque de mortalité à 30 jours en analyse multiparamétriques étaient, l’âge supérieur à 65 ans (OR 1,661 IC 95% 1,062-2,598, p=0,026), la co-infection virale et bactérienne (OR 1,609 IC05% 1,045- 2,478, p=0,031), la présence d’un cancer (OR 2,257 IC95% 1,499-3,400, p=0,001) et un état de choc initial (OR 2,121 IC95% 1,028-4,373, p=0,042). L’infection pulmonaire à Coronavirus était un évènement grave chez les patients atteints de cancer avec en cas de forme sévère un risque de décès à 30 jours de 25%. 21.1.2. Quels sont les risques d’une infection à COVID-19 chez les patients atteints de cancer et selon les différents traitements oncologiques ? Dans deux grandes séries publiées de 99 et 201 cas de pneumopathies avec preuve biologique d’infection COVID-19, il n’y avait que 2 patients atteints de cancer (Chen N 2020, Wu 2020). Dans la base prospective chinoise de 2007 patients atteints d’infection prouvée COVID-19, provenant de 31 provinces, 417 ont été exclus en raison de données cliniques insuffisantes concernant les antécédents médicaux (Liang 2020). Parmi les 1590 cas analysables, 1 % soit 18 patients avaient un antécédent personnel de cancer. Ce chiffre était supérieur au nombre attendu dans la population chinoise (0,29%) suggérant que l’infection est plus fréquente chez les sujets avec une histoire personnelle de cancer. Les patients avec antécédent de cancer avaient une forme grave plus fréquemment que les patients sans cancer (7/18 soit 39% versus 124/1572 soit 8%, p=0,0003). Les patients avec une chirurgie ou une chimiothérapie dans le mois précédent l’infection avaient une forme grave dans 3 cas sur 4 (75%), représentant un risque relatif en analyse multiparamétrique de 5,34 (IC95% 1,80- 16,18, p=0,0026) (Liang 2020). Les auteurs de cette publication concluaient par 3 mesures à proposer aux patients suivis pour cancer : 1/ considérer le report d'une chimiothérapie adjuvante ou d'une chirurgie dans le cas d'un cancer localisé et stable, 2/ renforcer les mesures de protection de ces patients et 3/ surveiller très étroitement et traiter de façon plus intensive ces patients lorsqu'ils ont une infection COVID-19. TNCD - Chapitre 21 : Prise en charge des cancers digestifs et COVID-19 - 11/05/2020 4 Cependant, l'augmentation du risque d'infection à SARS-CoV-2 et de forme grave de COVID-19 chez les patients atteints de cancer suggérée par cette première étude reste à démontrer compte tenu de ses limites, d'ores et déjà soulignées par d'autres auteurs (Wang H 2020, Xia 2020). En effet, l'effectif était faible et la population de patients atteints de cancer très hétérogène, avec notamment 12 patients sur 16 en surveillance et à distance du traitement initial de leur cancer (donc sans immunodépression), dont la moitié avait un antécédent de cancer datant de plus de 4 ans, 5 patients avaient un cancer pulmonaire, 4 étaient fumeurs et 4 avaient d’autres comorbidités (Wang 2020, Xia 2020). Par conséquent il est très difficile de conclure que les formes sévères rapportées soient directement liées au cancer et à la chimiothérapie. Néanmoins, une deuxième étude chinoise a tout récemment été publiée, rapportant les données de COVID-19 chez les 1524 patients atteints de cancer et admis entre le 30 décembre 2019 et le 17 février 2020 dans le département de radiothérapie et d’oncologie médicale de l'hôpital universitaire de Wuhan, ville source de l'épidémie COVID-19 (Yu 2020). Le taux d'infection à SARS-CoV-2, bien qu'inférieur à celui rapporté dans la première étude, était tout de même de 0,79% (n=12), c'est-à-dire bien supérieur au taux d'infection COVID-19 diagnostiquée au sein de la ville de Wuhan durant cette même période (0,37%, 41 152/11 081 000). Les cancers du poumon étaient également la localisation tumorale principale observée chez 7 patients (58%), parmi lesquels 5 (42%) étaient en cours de traitement par chimiothérapie + immunothérapie. Trois décès (25%) ont été rapportés. Les patients âgés de plus de 60 ans et atteints de cancer du poumon avaient une incidence plus élevée de COVID- 19 (4,3% versus 1,8%). Il semble donc que le risque COVID-19 soit réellement augmenté chez les patients atteints de cancer, même si, là encore, moins de la moitié des patients infectés avaient un traitement anti-cancéreux en cours. Une dernière étude chinoise apporte des données un peu plus précises sur 28 cas (2,2%) de cancers identifiés parmi 1276 patients admis pour prise en charge d'un COVID-19 dans 3 hôpitaux de Wuhan entre le 13 janvier et le 26 février 2020 (Zhang L 2020). Un tiers des cancers était digestif (4 cancers œsophagiens, 2 CHC, 1 cancer gastrique et 2 cancers colorectaux), et 25% bronchiques. Dix patients (36%) avaient une maladie métastatique et 40% avaient une comorbidité (HTA, maladie cardio- ou cérébro-vasculaire, diabète, BPCO, cirrhose ou hépatite B chronique). Tous avaient reçu un traitement anti-tumoral, dont 75% une chirurgie et 89% une chimiothérapie, thérapie ciblée, immunothérapie et/ou radiothérapie. Un seul de ces traitements médicaux avait été réalisé dans les 14 jours précédant le diagnostic de COVID-19 chez 6 patients (21%), dont 5 formes sévères de COVID-19 nécessitant une admission en réanimation et/ou une ventilation. Au total, plus de la moitié des patients a présenté une forme sévère ayant conduit au décès chez 29% d'entre eux. L'administration d'un traitement anti-tumoral dans les 14 derniers jours était un facteur de risque indépendant de forme grave uploads/Sante/ tncd-chap-21-covid-19-cancers-digestifs-2020-05-11.pdf
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Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Apv 04, 2021
- Catégorie Health / Santé
- Langue French
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