Article original Traitement conservateur des cancers du sein : zonectomie vs on

Article original Traitement conservateur des cancers du sein : zonectomie vs oncoplastie. Étude prospective à propos de 99 patientes Lumpectomy vs oncoplastic surgery for breast-conserving therapy of cancer. A prospective study about 99 patients P.-L. Giacalone a,*, P. Roger b, O. Dubon a, N. El Gareh a, J.-P. Daurés c, F. Laffargue a a Service de gynécologie–obstétrique, unité de chirurgie oncologique et mammaire, hôpital Arnaud-de-Villeneuve, 371, rue du Doyen-Gaston-Giraud, 34295 Montpellier cedex 05, France b Service d’anatomopathologie, hôpital Lapeyronie, 371, rue du Doyen-Gaston-Giraud, 34295 Montpellier cedex 05, France c Institut universitaire de recherche clinique, 75, rue de la Cardonille, 34295 Montpellier cedex 05, France Disponible sur internet le 19 janvier 2006 Résumé La chirurgie oncoplastique associe un geste d’exérèse glandulaire à des procédés de mammoplasties, permettant une reconstruction glandu- laire immédiate. But du travail. – Cette étude prospective a été réalisée pour comparer la qualité de l’exérèse glandulaire entre les zonectomies classiques et les techniques d’oncoplastie. Matériel et méthodes. – Quarante-deux patientes ont bénéficié d’une chirurgie oncoplastique (groupe oncoplastie) et 57 d’une zonectomie (groupe zonectomie). Nous avons comparé les tailles tumorales histologiques, l’épaisseur des marges histologiques les plus proches, et les surfa- ces de glande réséquée dans chacun des groupes. Enfin, la fréquence des gestes de chirurgie de rattrapage (réexcision et mastectomie) a été comparée dans chaque groupe. Résultats. – L’exérèse des tumeurs mammaires par techniques d’oncoplastie apporte dans notre étude une plus value oncologique par rapport aux techniques classiques de zonectomie. Elle permet une exérèse plus large des lésions mammaires. Le recours à une mastectomie secondaire est significativement diminué par rapport à la zonectomie classique, argument supplémentaire en faveur de la chirurgie oncoplastique. Conclusions. – Les techniques de chirurgie oncoplastique permettent d’obtenir une exérèse plus large des lésions mammaires que les techni- ques de zonectomie. La fréquence des réexcisions secondaires et des mastectomies est significativement diminuée. © 2006 Elsevier SAS. Tous droits réservés. Abstract The integration of oncoplastic techniques with a concomitant contralateral symmetrization procedure is a novel surgical approach that allows wide excisions and prevents breast deformities. Aim of the study. – This prospective study was undertaken to compare the accuracy of breast resection, between standard narrow lumpectomy and oncoplastic surgery. Patients and methods. – Ninety-nine consecutive women undergoing breast cancer resection were enrolled in a prospective study comparing oncoplastic surgery (42 women) and standard lumpectomy (57 women). The size of the glandular resection, the width of the nearest margins, the ratio of clear margins and the need for further surgery were recorded. Results. – The oncoplastic approach resulted in significantly greater glandular resection and wider free histological margins than did standard lumpectomy. The need for re-exicsional surgery was significantly lower in the oncoplastic group than in the lumpectomy group. Furthermore, a trend towards fewer secondary mastectomies was seen for the oncoplastic approach versus standard lumpectomy. http://france.elsevier.com/direct/ANNCHI/ Annales de chirurgie 131 (2006) 256–261 * Auteur correspondant. Adresse e-mail : pl.giacolone@tiscali.fr (P.-L. Giacalone). 0003-3944/$ - see front matter © 2006 Elsevier SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.anchir.2005.12.011 Conclusions. – The use of oncoplastic techniques and concomitant symmetrization of the contralateral breast allows extensive resections for conservative treatment of breast carcinoma achieves accurate tumour resection and reduces the need for further surgery. © 2006 Elsevier SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Cancer du sein ; Zonectomie ; Oncoplastie ; Étude prospective ; Exérèse Keywords : Breast cancer ; Lumpectomy ; Oncoplasty ; Prospective study La conservation mammaire, associant une exérèse glandu- laire in sano et une radiothérapie mammaire adjuvante est le standard des traitements des tumeurs invasives ou intracanalai- res de moins de 3 cm de diamètre [1,2]. Cette pratique s’est progressivement étendue aux tumeurs de plus grand diamètre [3]. L’Anaes recommande pour la chirurgie conservatrice une exérèse glandulaire en zones saines, associées à un remodelage glandulaire qui permet d’éviter les séquelles esthétiques, au- jourd’hui bien décrites et classifiées [4–6]. L’évolution histo- rique des techniques chirurgicales va ainsi dans le sens d’une exérèse optimale et d’un résultat esthétique le plus satisfaisant possible permettant une amélioration du vécu de la maladie néoplasique. La chirurgie oncoplastique associe un geste d’exérèse glan- dulaire à des procédés de mammoplasties, permettant une re- construction glandulaire immédiate [7]. L’oncoplastie a initia- lement été utilisée dans le traitement conservateur des grosses tumeurs des quadrants inférieurs [5]. Les indications se sont développées pour des tumeurs de plus de 3 cm pour qui un traitement conservateur classique aurait entraîné un préjudice esthétique non acceptable, pour les tumeurs centrales et pour les patientes atteintes d’hypertrophie mammaire [7–12]. Cepen- dant, aucune étude à notre connaissance n’a évalué comparati- vement la qualité de l’exérèse glandulaire respective de la chi- rurgie oncoplastique et de la chirurgie d’exérèse classique (recherche Medline, articles anglo-saxons et francophones pu- bliés entre janvier 1966 et décembre 2004). Nous avons entrepris cette étude prospective dans le but de comparer la qualité d’exérèse entre la chirurgie oncoplastique et la chirurgie d’exérèse classique dans le traitement chirurgical primaire des tumeurs mammaires. 1. Patientes et méthodes Cent cinquante-sept patientes ont été prises en charge pour un cancer mammaire entre septembre 2003 et septembre 2004 dans l’unité de chirurgie gynécologique et mammaire du CHU de Montpellier. Quatre-vingt-dix-neuf ont été inclues dans no- tre étude prospective. Étaient éligible pour cette étude, toutes les patientes atteintes d’un cancer mammaire, et dont la taille des seins et/ou la ptose, permettaient d’envisager indifférem- ment en première intention un traitement chirurgical classique, ou une chirurgie oncoplastique. Les critères de non-inclusion étaient les tumeurs inflammatoires (quatre patientes), les tu- meurs localement avancées pour lesquelles une chimiothérapie néoadjuvante était indiquée (15 patientes), les tumeurs nécessi- tant une mastectomie d’emblée (20 patientes), les patientes pré- sentant une récidive locale après traitement conservateur (dix patientes), et les patientes pour lesquelles la morphologie mam- maire n’autorisait pas de chirurgie oncoplastique (neuf patien- tes). Le bilan préopératoire était standardisé et comportait une mammographie, une échographie mammaire et une IRM mam- maire. En accord avec notre protocole, toutes les patientes ont bénéficié d’un prélèvement histologique préopératoire de leur tumeur par micro- ou macrobiopsies radioguidées. Les patientes éligibles pour notre étude ont reçu les infor- mations médicales sur leur pathologie mammaire, et les expli- cations claires sur les techniques chirurgicales utilisables : zonectomie ou chirurgie oncoplastique. Le groupe d’allocation était ainsi choisi par chaque patiente. Chaque patiente a béné- ficié d’une explication loyale en préopératoire et signée une lettre de consentement éclairé. Quarante-deux patientes ont choisi de bénéficier d’une chirurgie oncoplastique (groupe on- coplastie) et 57 ont préféré une zonectomie (groupe zonecto- mie). L’exploration axillaire a été réalisée en accord avec notre thésaurus. Les traitements adjuvants ont été proposés après réu- nion de concertation pluridisciplinaire, en accord avec les pro- tocoles de notre unité. La technique de zonectomie était superposable à celle rap- portée dans les recommandations publiées par l’Anaes : « l’in- cision doit permettre l’exérèse de la lésion sans morcellement, et permettre un remodelage glandulaire esthétique sans distor- sion des berges cutanées » [4]. Les patientes étaient opérées en décubitus dorsal, et une exploration axillaire (dissection du ganglion sentinelle ou évidement axillaire) pour les tumeurs invasives. Les exérèses utilisant les techniques d’oncoplasties étaient réalisées par les mêmes chirurgiens formés à la chirurgie onco- logique mammaire et à la chirurgie plastique du sein. Le prin- cipe était de réaliser une exérèse large sans se soucier du défect glandulaire et de réaliser dans le même temps un remodelage glandulaire et un redrapage cutané offrant un résultat esthétique optimum. Les dessins préopératoires étaient réalisés sur les pa- tientes en position debout. La ligne intermammaire, les sillons sous-mammaires et les axes de seins étaient marqués. Le bord supérieur de la zone de desépidermisation périaréolaire était marqué sur l’axe du sein, à 19–20 cm du creux sus-sternal. Dans tous les cas les patientes ont été opérées en position de- mi-assises. L’exérèse glandulaire était réalisée dans le but de réséquer la tumeur et une couronne de tissu glandulaire sain d’au moins 10 mm. Le remodelage glandulaire était réalisé par approximation des piliers glandulaires au niveau du site d’exérèse dans le but de combler le défect. Ce rapprochement glandulaire était réalisé, après décollement retroglandulaire pré- pectoral et sous-cutané, à la demande, pour permettre un rap- P.-L. Giacalone et al. / Annales de chirurgie 131 (2006) 256–261 257 prochement sans distorsion cutanée et déviation aréolaire. Le sein controlatéral était traité selon la même technique. En fonc- tion de l’origine de la suppléance vasculaire de la plaque aréo- lomamelonnaire, plusieurs pédicules porte-mamelon ont été utilisés (Tableau 1). Le type de cicatrice utilisé pour assurer une résection cuta- née adaptée et un redrapage cutané optimal dépendait de la forme et de la taille des seins ainsi que du degré de ptose. En cas de seins à base étroite et de ptose modérée nous avons choisi une cicatrice périaréolaire pure (Fig. 1) de type round block [13]. En cas de sein ptosé à base large, nécessitant un remodelage glandulaire, une diminution de la base mammaire et un drapage cutané important, la cicatrice était en T inversé (Fig. 2). Dans notre étude la durée opératoire mesurée uploads/Sante/ traitement-conservateur-des-cancers-du-sein.pdf

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  • Publié le Jul 17, 2021
  • Catégorie Health / Santé
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