Article original Curiethérapie interstitielle des cancers cutanés des zones pér

Article original Curiethérapie interstitielle des cancers cutanés des zones périorificielles de la face Interstitial brachytherapy of peri-orificial skin carcinomas on the face E. Rio a,*, E. Bardet a, C. Ferron b, P. Peuvrel a, S. Supiot a, L. Campion c, C. Beauvillain De Montreuil b, M.-A. Mahe a, B. Dreno d a Service de radiothérapie, CRLCC Nantes-Atlantique, 44000 Nantes, France b Service de chirurgie ORL, CHU Hôtel-Dieu, Nantes, France c Département de biostatistiques, CRLCC Nantes-Atlantique, 44000 Nantes, France d Service de dermatologie, CHU Hôtel-Dieu, Nantes, France Reçu le 6 janvier 2006 ; reçu en forme révisée le 18 janvier 2006 ; accepté le 24 janvier 2006 Disponible sur internet le 10 mars 2006 Résumé Objectif de l’étude. – Analyser les résultats de la curiethérapie interstitielle dans le traitement des carcinomes cutanés des zones périorificielles de la face. Patients et méthodes. – Nous avons analysé rétrospectivement les résultats de la curiethérapie de 88 carcinomes basocellulaires et neuf carcinomes épidermoïdes du revêtement du nez, des zones périorbitaires et des oreilles dans une population de 40 patients n’ayant auparavant reçu aucun traitement (groupe 1) et de 57 patients ayant été initialement opérés (groupe 2). La dose moyenne était de 55 Gy (extrêmes : 50–65) dans le groupe 1 et 52 Gy (extrêmes : 50–60) dans le groupe 2 avec des durées de traitements moyennes respectivement de 79 et 74 heures. Nous avons calculé les taux de survie et évalué les résultats fonctionnels et cosmétiques de visu. Résultats. – L’âge médian était 71 ans (extrêmes : 17–97). Il y avait 29 tumeurs classées T1, huit T2, un T3 et deux Tx dans le groupe 1. Toutes les tumeurs mesuraient moins de deux centimètres dans le groupe 2. La durée médiane de suivi était de 55 mois (extrêmes : 6–132). Le taux de contrôle local était de 92,5 % dans le groupe 1 et de 88 % dans le groupe 2. Le taux de survie sans récidive à cinq ans était meilleur dans le groupe 1 (91 % ; extrêmes : 75–97) que dans le groupe 2 (80 % ; extrêmes : 62–80) (p = 0,23). Parmi les 34 patients qui ont été rééxaminés en consultation, huit décrivaient un prurit ou un larmoiement, un patient du groupe 2 avait un déficit de fermeture palpébrale. Les résultats cosmé- tiques étaient meilleurs dans le groupe 1 que dans le groupe 2, avec respectivement 72 % (8/11) contre 52 % (12/23) de bons résultats et 28 % (3/11) contre 43 % (10/23) de résultats corrects. Conclusion. – La curiethérapie interstitielle permet un excellent contrôle local avec de bons résultats cosmétiques dans des zones faciales périorificielles qui posent le problème de la reconstruction chirurgicale. Les résultats sont meilleurs lorsque la tumeur n’a jamais été traitée que lorsque les tranches de section chirurgicales sont atteintes ou que la tumeur a rechuté après la chirurgie. © 2006 Elsevier SAS. Tous droits réservés. Abstract Purpose. – To analyse outcomes after interstitial brachytherapy of facial periorificial skin carcinomas. Patients and methods. – We performed a retrospective analysis of 97 skin carcinomas (88 basal cell carcinomas (BCCs), 9 squamous cell carcinomas (SCCs)) of the nose, periorbital areas and ears from 40 previously untreated patients (group 1) and 57 patients who had undergone surgery (group 2). The average dose was 55 Gy [50–65] in group 1 and 52 Gy [50–60] in group 2 (mean implantation times: 79 and 74 hours respectively). We calculated survival rates and assessed functional and cosmetic results de visu. http://france.elsevier.com/direct/CANRAD/ Cancer/Radiothérapie 10 (2006) 101–106 * Auteur correspondant. Adresse e-mail : e-rio@nantes.fnclcc.fr (E. Rio). 1278-3218/$ - see front matter © 2006 Elsevier SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.canrad.2006.01.005 Results. – Median age was 71 years [17–97]. There were 29 T1, 8 T2, 1 T3 and 2 Tx tumors in group 1. Tumors were < 2 cm in group 2. Local control was 92.5% in group 1 and 88% in group 2 (median follow-up: 55 months [6–132]). Five-year disease-free survival was better in group 1 (91% [75–97]) than in group 2 (80% [62–90]), P = 0.23. Of the 34 patients whose results were re-assessed, eight presented pruritus or epiphora. One group 2 patient had an impaired eyelid aperture. Cosmetic results were better in group 1 than in group 2, with respectively 72% (8/ 11) vs 52% (12/23) of good results and 28 (3/11) vs. 43% (10/23) of fair results. Conclusion. – Brachytherapy provided a high level of local control and good cosmetic results for facial periorificial skin carcinomas that pose problems of surgical reconstruction. Results were better for untreated tumors than for incompletely excised tumors or tumors recurring after surgery. © 2006 Elsevier SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Curiethérapie interstitielle ; Carcinomes cutanés ; Zones périorificielles de la face Keywords: Facial periorificial carcinoma; Brachytherapy 1. Introduction Les cancers cutanés épithéliaux sont les plus fréquents avec ceux du sein [23]. Leur incidence augmente régulièrement dans les pays occidentaux. Cependant, ils sont souvent curables si le traitement adéquat est instauré précocement. L’importance d’un traitement précoce et l’augmentation régulière de l’espé- rance de vie rendent le dépistage et le traitement fondamen- taux, même pour les patients âgés. L’incidence des cancers épithéliaux cutanés est directement liée à l’intensité et à la durée de l’exposition solaire. Les can- cers cutanés se développent sur les zones corporelles exposées. Dans plus de 75 % des cas, ils touchent le visage [17] et prin- cipalement les zones périorificielles (paupières inférieures, can- thus internes, narines, racine, pointe et faces latérales du nez, et pavillons de l’oreille). Sur le plan carcinologique, ces sites sont remarquables car ils sont issus des zones de fusion des bour- geons embryonnaires de la face [38], qui constituent des zones d’extension privilégiées pour l’infiltration des carcinomes. Par ailleurs, bien que les carcinomes labiaux soient des tumeurs périorificielles, ils sont d’origine muqueuse. La chirurgie est le traitement standard des tumeurs des zo- nes périorificielles de la face [31]. Ces zones complexes cor- respondent aux différentes sous-unités esthétiques faciales (na- sales, sous-orbitaires, masque facial) nécessitant une règle de reconstruction globale [5,18]. Cette reconstruction est délicate car elle doit tenir compte d’une composante statique (esthé- tique) mais aussi dynamique (fonctionnelle). Les résultats cos- métiques et fonctionnels de la chirurgie restent à évaluer objec- tivement. L’alternative est la curiethérapie interstitielle de bas débit de dose par implants d’iridium 192, technique qui pré- serve les structures anatomiques. Une seule étude prospective randomisée a comparé les traitements ionisants à la chirurgie mais n’a distingué ni la curiethérapie interstitielle des rayonne- ments externes ni les zones cutanées périorificielles des zones planes [1]. L’objectif de cette étude était d’analyser rétrospectivement les résultats carcinologiques mais aussi fonctionnels et cosmé- tiques de la curiethérapie interstitielle chez des patients atteints de carcinomes cutanés des zones périorificielles de la face. Nous avons analysé les résultats dans deux groupes de patients : ceux qui n’avaient eu auparavant aucun traitement et ont donc eu une curiethérapie exclusive et ceux pour lesquels la curie- thérapie a été réalisée après une ou plusieurs chirurgies incom- plètes ou après une récidive tumorale. Pour ces patients déjà traités, la curiethérapie était indiquée dans le but de conserver les structures anatomiques du visage. 2. Patients et méthodes De février 1992 à février 2002, 97 carcinomes cutanés des zones périorificielles de la face ont eu au centre régional de lutte contre le cancer (CRLCC) Nantes-Atlantique une curie- thérapie interstitielle de bas débit de dose. Tous les traitements ont eu lieu au bloc opératoire sous anesthésie locale. Nous avons utilisé soit la technique des doubles gaines plastiques [30] avec chargement différé de sources d’iridium 192 (tech- nique A), soit la technique du simple tube plastique [32] avec chargement immédiat des sources d’iridium 192 (technique B), selon le site traité, la morphologie et les caractéristiques physi- ques de chaque tumeur. Les règles d’implantation et les calculs de dose ont eu lieu selon le système de Paris (l’isodose de référence étant l’isodose 85 % du débit de dose de base) [14]. Tous les dossiers cliniques et techniques ont été étudiés rétrospectivement pour analyser la survie et les résultats carci- nologiques. Du fait de leur origine muqueuse, les carcinomes labiaux ont été exclus. Les patients ont été divisés en deux groupes : ceux pour qui la curiethérapie étaient la première ligne thérapeutique (groupe 1) et ceux qui avaient été aupara- vant opérés (groupe 2). La curiethérapie postopératoire était indiquée en cas d’exérèse microscopiquement incomplète après analyse histologique ou en cas de récidive macroscopique. 3. Résultats cosmétiques et fonctionnels Durant la même période, 34 patients dont la survie a été longue ont été revus au centre. Les résultats cosmétiques et fonctionnels ont été évalués par un seul et même praticien qui a utilisé une grille d’évaluation spécifique à quatre items. Ces items étaient : déformation anatomique, télangiectasies, désor- dre pigmentaire (hypo- ou hyperpigmentation) et modification de l’aspect cutané (atrophie, bourrelets). Chaque item était coté de 0 à 2 selon les critères suivants : 0, si aucune anomalie n’était visible de près ; 1, si l’anomalie était visible à distance E. Rio et uploads/Sante/curietherapie-interstitielle-des-cancers.pdf

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  • Publié le Aoû 27, 2022
  • Catégorie Health / Santé
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