specificite du travail de l'infirmiere en psychiatrie témoignage, courrier n°
specificite du travail de l'infirmiere en psychiatrie témoignage, courrier n° 149 avis de soignants sur la "competence infirmiere en psychiatrie" accès aux cours pour "infirmier" accès au dossier "l'hospitalisation psychiatrique" SPECIFICITE DES SOINS INFIRMIERS EN HOPITAL PSYCHIATRIQUE Quelles sont les caractéristiques des soins infirmiers dans les services de psychiatrie... Dossier témoignage, courrier n° 149 (dossier réalisé à partir d'extraits de la revue "soins psychiatrie" n° 194, parue en février 1998: "les soins infirmiers en intra-hospitalier". Voir la bibliographie en bas de page) Introduction Penser le soin infirmier en psychiatrie revient à réfléchir sur l'articulation de ces trois notions essentielles: 1. soins infirmiers et travail singulier , 2. soins infirmiers et travail en équipe , 3. soins infirmiers et cadre institutionnel . Le soin se situe dans une équation symbolique à trois éléments, dont aucun ne peut exister sans les autres. Il revient à s'inscrire dans un ordre névrotique où ce qui se joue entre le soignant et le soigné est à différencier de la pratique elle-même. Ne seront pas abordés ici les aspects codifiés du soin infirmier tels qu'ils ont été développés et formalisés par les anglo-saxons: leur approche concerne le soin en hôpital général. Il n'a que peu de pertinence dans les services de psychiatrie (accès au dossier "politique française de santé mentale"). Retour haut de page Soins infirmiers et travail singulier Il est admis que dans la répartition des activités du soin infirmier, le soin technique codifié représente environ 25% du temps infirmier intra hospitalier. Qu'en est-il des 75% restant, ces soins qui ne sont pas réglementés ou encadrés? Que fait-on qui n'est pas le "faire"? Que fait-on qu'une pratique "nomenclaturée et informatisée" ne saurait réduire? C'est justement ces points, dégagés et repérés, que nous allons évoquer maintenant. En ce qui concerne le rapport entre soin infirmier et travail singulier, ces points sont au nombre de 10. Fonction d'observation dynamique et clinique: elle va de l'observation du patient sur un plan clinique (dépression, délire, repli...) au repérage des mécanismes de défense (accès au dossier "mécanismes de défense"). Comment le patient se manifeste dans le lieu de soin et vis-à-vis de sa prise en charge? Quels sont les effets qu'il produit sur nous, soignants, et comment pouvons-nous nommer cela et le partager avec l'équipe? Il faudra prendre en compte ce qui se joue dans les oppositions avec les autres membres, faisant apparaître des représentations différentes de ce même patient. Quelle est la réaction du cadre institutionnel face à ce malade hospitalisé, et comment y répond-il? Toutes ces observations devront faire le tour de ce qui ressort des relations duelles patient/soignant, patient/institution et soignant/institution. Ces observations repèreront enfin les capacités cognitives pour évaluer le degré d'autonomie (toilette, écriture, repérage spatial et temporel, gestes du quotidien... etc.), ainsi que les capacités d'adaptation à la vie communautaire (liens familiaux, amicaux, sociaux, institutionnels... etc.); Fonction de permanence: une des fonctions de base de l'intra hospitalier est d'assurer la permanence du soin, et l'infirmier est le dépositaire de cette continuité soignante grâce à une présence régulière et continue. En étant présent et disponible à tout moment de la journée et de la nuit, l'infirmier acquiert auprès des patients une fonction "d'isotropie" très spécifique. C'est une fonction de pare-excitation, rassurante et étayante. Cela se traduira dans la réponse que l'infirmier pourra donner devant une situation urgente, nouvelle, ou devant un comportement très habituel et quotidien, ou encore en respectant un silence, une intimité. Fonction de répétiteur: à tous les instants de la vie de l'unité de soins, l'infirmier est amené à répéter, en scandant le déroulement régulier de l'institution, en donnant un sens au temps qui passe. Il pourra s'agir de répéter les éléments évoqués lors d'un entretien (accès au dossier "entretien infirmier"), des points précis du cadre institutionnel, toutes paroles sur la loi, le sens ou le cadre qui inviteront le patient psychotique (accès au dossier "psychose") à se repérer dans l'espace et le temps. Fonction d'improvisation: le quotidien dans l'unité est autant fait de répétition que d'imprévu. Une tension, une détresse ou une admission inopinée obligent l'infirmier à s'adapter, quand le recours au cadre institutionnel n'est plus opérant. Il est ici question de créativité, de réponse personnelle, de ressenti et d'adaptation. Fonction "clown": il ne s'agit pas de faire le pitre, mais d'opérer des ruptures dans le système représentatif. En agissant de façon humoristique, l'infirmier déplace la scène, change la mise en scène, propose une autre vision au patient de ce qui pouvait l'angoisser. Cela permet à la personne de se figurer autrement ce qu'elle perçoit, ressent à chaque instant de sa vie. Fonction d'étayage: soutenir, étayer sont des fonctions propres à l'exercice infirmier. Il pourra s'agir d'un accompagnement pour aider un patient dans son face-à-face à la réalité, lui donnant des points d'ancrage constructifs. Fonction d'attention: Winnicott réapparaît pour nous mettre en garde contre notre besoin de maîtrise (accès au dossier "Winnicott"). Il nous rappelle que la mère suffisamment bonne est présente, laissant l'enfant investir l'espace ou le protégeant mais sans lui éviter les risques d'une confrontation à la réalité. Les patients sont présents, et les infirmiers aussi: cela suffit souvent à ménager entre eux une aire de jeux. Chacun y fait l'expérience de sa capacité à être seul en présence de l'autre. Etre seul ne signifie pas être solitaire mais plutôt être sur le seuil de la relation à l'autre, sans imposer sa présence à l'autre. L'infirmier porte aussi son attention à la vie de l'unité, une attention vigilante pour que tout se passe bien dans cette vie communautaire. Il fera attention aux risques de feu, à ce qu'il n'y ait pas de courrant d'air, ni trop de bruit... Il s'agit là d'une régulation du groupe et d'une protection de chacun. Fonction d'information: chacun informe l'équipe et l'équipe informe chacun. La parole s'inscrit dans une relation de réciprocité. C'est ce vers quoi nous tendons en considérant la parole du sujet, la parole de l'équipe et la parole de l'institution. Parole donnée qui fait sujet, le "ça parle" devient un "ça me parle" et débouche sur un "ça nous parle"; du sujet à l'équipe et de l'équipe au sujet, chacun se saisit de la parole et du même coup réinterroge sa parole de sujet. L'infirmier devra se saisir de l'information pour mieux la saisir. Il devra la rechercher auprès du médecin trop occupé, auprès de l'assistante sociale, des autres soignants, de l'institution... Rassembler l'information relève d'un parcours audacieux, de même que la transmettre. Fonction réponse: que répondre? C'est une question trop fréquemment posée par les étudiants infirmiers et à laquelle il est difficile de répondre. Aussi doivent-ils réfléchir sur les niveaux suivants: la réponse pré- établie comprend l'énoncé du cadre de soin et le rappel du cadre institutionnel, tandis que la réponse non établie traduit notre singularité, se souligne par l'importance de dire "je", de se positionner en tant que sujet dans l'énoncé de la réponse. C'est à ce niveau que se fait le soin. Fonction d'écoute: écouter, c'est donner existence à l'autre. C'est la fonction la plus difficile, s'élaborant avec l'expérience du soignant. Ecouter le sujet psychotique c'est faire l'expérience de la rencontre avec l'altérité et la souffrance. Il n'y a pas que l'oreille qui écoute, et l'écoute ne suppose aucune réponse. Ecouter n'est pas répondre à une question! Nous pouvons repérer deux niveaux d'écoute: le premier est de l'ordre de l'entendre/entente, d'une mise en scène du moment où l'on est interpellé dans une action. Le second consistera à essayer de comprendre ce que le patient tente de nous communiquer, par exemple à travers son symptôme (accès au dossier "communication"). Retour haut de page Soins infirmiers et travail en équipe L'équipe est une machine à mettre en route l'imaginaire autant que le résultat d'un imaginaire partagé. Du singulier à l'équipe, la fonction singulière de chacun ne peut exister qu'avec le concours du reste de l'équipe. Le collectif ne peut exister qu'avec la participation des infirmiers qui le composent. C'est la réunification de ces interactions qui donne sa dimension à l'équipe en permettant à celle-ci de se doter de capacités qui lui sont propres. 1/ L'ambiance relationnelle La qualité d'ambiance relationnelle se définit comme un espace d'interactions soignant/soigné qui ouvre le champ des identifications. Ce phénomène relationnel actif fait exister et pré-exister l'infirmier dans la perception du soigné. Quatre éléments favorisent la construction de cette capacité: La dimension empathique de base: il faut entendre par là une attention particulière portée à l'égard du patient tendant à prendre en compte l'exception de sa situation, attention qui se différencie des simples bons sentiments, ou de la compassion. Il faut à l'infirmier une volonté thérapeutique active, et décider qu'il peut se passer quelque chose pour ce patient ici et maintenant, plutôt que rien. Il ne s'agit pas d'une attitude volontariste visant à "gommer les blancs" de la vie institutionnelle, mais plutôt le courage de se saisir d'un rien et de s'y confronter. La création d'un espace métaphorique: c'est la uploads/Sante/ travail-infirmiere-psychiatrie-et-specificite-soin-infirmier-hopital-psychiatrique.pdf
Documents similaires
-
28
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Sep 18, 2022
- Catégorie Health / Santé
- Langue French
- Taille du fichier 0.0910MB