1 Georges Blein, Pernes-les-Fontaines, le 29 oct. - 4 nov. 2009 Pour une anthro

1 Georges Blein, Pernes-les-Fontaines, le 29 oct. - 4 nov. 2009 Pour une anthropologie du soin Auteurs : BLOND, Carmen, Directrice coordinatrice des instituts de formation du G.I.P.E.S. d'Avignon et du Pays de Vaucluse. BLEIN, Georges, Docteur en Psychologie, Intervenant vacataire à L' I.F.S.I , psychologue en E.H.P.A.D. Résumé Depuis plusieurs années un groupe constitué de cadres de santé permanents de L'I.F.S.I., de la directrice, de psychologues, anthropologue et philosophe réfléchissent et débattent sur l'enseignement des soins infirmiers. Tant leur lecture que les travaux qu'ils mènent avec les étudiants les ont conduits à souligner la nécessité d'envisager le soin d'être ce que l'on fait plutôt que ce que l'on dit qu'on fait, et qui à ce titre engage une éthique. C'est ainsi que s'est constituée cette réflexion sur l'anthropologie du soin, ici présentée, pour fonder une analyse des pratiques (qui en aucun cas ne peut passer pour une évaluation des pratiques) clé de voûte de l'enseignement des soins infirmiers. Mots clés Soins infirmiers Enseignements Analyse des pratiques Anthropologie du soin Maladie(s) - malade Individu – personne - sujet A l'heure où la formation des infirmiers « s'universitarise », au risque d'échapper à la profession et à la responsabilité de ses engagements, la question de la spécificité du soin infirmier et de l'enseignement qui permet d'accéder à l'exercice de cet art devient un véritable enjeu. Le propos qui suit s'est enraciné d'une part dans des travaux d'observation menés par les étudiants en soins infirmiers de notre institut, et d'autre part dans la réflexion qui leur est associée, lors de séminaires mensuels réunissant des cadres de santé autour de ces questions du soin et son enseignement. 2 Georges Blein, Pernes-les-Fontaines, le 29 oct. - 4 nov. 2009 LES SOINS INFIRMIERS ET LEUR(S) OBJET(S)? L'enseignement des soins infirmiers, à l'image sans doute de la pratique des soins infirmiers, n'est pas sans chercher son objet ; flou, incertain, mire d'une multitude de discours, il pâtit à prendre forme et consistance, tout comme la profession censée le porter. C'est de questions autour de cette incertitude que nous sont venues les observations et remarques que nous proposons ; et contenues déjà, pour autant que nous précisions la façon dont nous l'entendons, dans l'intitulé de l'unité d'enseignement Psychologie – Sociologie – Anthropologie destinée aux étudiants de première année, qui commande, pour y ajuster notre enseignement, les réflexions et travaux que nous présentons. Pour le dire en peu de mots, ou nous pensons que chacune des disciplines désignées dans l'intitulé ressortit à un espace épistémique susceptible de contribuer à la définition du soin, et nous nous engageons sur la voie de l'exposé de ces contenus psychologiques, sociologiques, anthropologiques, en leur positivité. En ce premier cas alors apparaissent dans le champ du soin toute sorte de nouvelles disciplines, ou sous-disciplines, des sciences humaines au gré des spécialités médicales qui naissent dans les affinements – à défaut de raffinements – technologiques ; ainsi par exemple de la psycho-oncologie, voire de la psycho-onco- gériatrie, ou autres : soins palliatifs, « alzheimer » (comme on ose dire aujourd'hui), sclérose latérale amyotrophique (SLA), sida, etc., pendant des « différentes techniques, le coaching, la programmation neurolinguistique (PNL), l'analyse transactionnelle (AT), et de multiples procédés attachés à une « école » ou à un « gourou » [qui] visent à une meilleure « maîtrise de soi », de ses émotions, [...] Tous ont pour objectif un renforcement du moi, [...] Tous ont leur histoire propre, leurs théories, leurs institutions correspondantes. Des points communs les réunissent [...] Leur premier aspect est de se présenter comme des savoirs psychologiques, possédant un lexique spécial, des auteurs de référence, des méthodologies particulières, des modes d'argumentation d'allure empirique et rationnelle. Leur second est de se présenter comme des techniques de transformation des individus utilisables en entreprise comme en dehors de l'entreprise, à partir d'un ensemble de principes de base »1. Ou alors – seconde possibilité – nous considérons que psychologie, sociologie d'une part, anthropologie d'autre part ne sont pas du même ordre ou sur le même plan, et qu'en conséquence, les enseignements des contenus en leur positivité ne présentent pas une garantie suffisante pour soutenir et en dégager le soin. Dans le contexte de cette distinction, et différenciation – ne pouvant 1 DARDOT, P., LAVAL, C., 2009. La nouvelle raison du monde. Essai sur la société néolibérale. Éditions de La Découverte, 498 p. 3 Georges Blein, Pernes-les-Fontaines, le 29 oct. - 4 nov. 2009 considérer le malade comme le résultat non plus que le produit de sa maladie – l'anthropologie devient un champ épistémique englobant qui participe à une compréhension sans nulle possibilité de dédoublement, et qui engage sa pratique dans la lecture des pratiques, soignantes, avec ce qu'il en va de la maladie, du soin, du corps, etc., qui structurent ou ponctuent la vie des hommes. Dans cette perspective, faisant le choix de l'anthropologie, nous nous inscrivons dans des orientations où le recours à des champs épistémiques psychologique et sociologique, et aux problématiques qui s'y rencontrent, devant les questions que suscite le soin et tout particulièrement le soin infirmier déchiré entre un rôle prescrit et un rôle propre, le diagnostic médical, et un diagnostic infirmier qui singe le premier, confrontent à « l'exigence d'avoir à considérer le sens des phénomènes qu'étudient ces sciences, [et] de ne pas considérer les faits sociaux comme des choses »2 (1998, p.16), non plus que les faits psychiques, voulons nous ajouter. D'autant que nous ne voyons pas que jamais aucune discipline ne parviendra à s'affranchir de son point aveugle ; ce qui au demeurant nous garantit et contre la clôture du savoir et contre la totalisation qu'il pourrait opérer. Plus loin D. Lecourt précise « si techniques et sophistiquées que soient les procédures scientifiques, ne supposent-elles pas l'élan d'une pensée qui risque ces certitudes pour déterminer à partir du déjà connu la part de l'inconnu qu'elle juge connaissable »3 (1998, p.17) ; en tout cas il nous semble que le soin, lui, en son effort thérapeutique ne cesse de soumettre le soignant à cette incertitude. Bien plus même, c'est cette incertitude qui l'organise ; au-delà le l'expertise médicale nécessaire de la maladie, ne peut manquer de surgir le malade en ces questions qui débordent la maladie, et qu'aucune expertise ne suffit à saisir, pour cette raison même que le tout de la maladie, pour autant que ce tout soit saisissable, ne peut être le tout du malade. En conséquence de quoi le soin est cette temporalité qui partant de la maladie mène vers le malade, sans être toujours sûr, hélas, de le rencontrer, et plus loin à l'individu en ces deux dimensions d'individuation et d'individualisation4, et après, vers la personne en ces identifications, et, mais là de plus en plus aléatoirement, au sujet en sa subjectivité – mais alors ailleurs, toujours ailleurs d'être visé comme tel – par définition irréductible du fait des assujettissements constitutifs de son histoire. Rappelons Canguilhem, G.5 pour qui « le singulier est seul parce que différent de tout autre, le singulier est seul parce que séparé. C'est le concept d'un être sans concept, qui n'étant que lui-même interdit toute autre attribution à lui que de lui-même. » Le soin, c'est sans doute aucun cette incertitude croissante dans son déroulement, à la mesure de ce 2 LECOURT, D.,1998. Après Foucault... In Forum Diderot. Les sciences humaines sont-elles des sciences de l'homme. P.U.F., p. 11-18. 3 Ibid 4 LEFÈVE, C., 2006. La philosophie du soin. In La matière et l'esprit, n°4 Médecine et philosophie p.25-34 5 CANGUILHEM, G., 1962. Du singulier et de la singularité en épistémologie biologique. In, 1975 (3e édition) Études d'histoire et de philosophie des sciences. Librairie Philosophique J. Vrin, p. 213-225 4 Georges Blein, Pernes-les-Fontaines, le 29 oct. - 4 nov. 2009 qu'il restaure et rend de liberté, de puissance d'agir et de capacité à normaliser – re-normaliser une existence aux allures contrariées jusqu'aux confins « des drames de son histoire »6, ou non. Le soin est ce possible cheminement, et qui à tout instant peut s'interrompre : maladie ‣ malade ‣ individu ‣ personne ‣ sujet durant lequel chacun des termes qui sert pour le dire tire sa valeur de celui qui le suit, et qui se faisant, voit croître l'incertitude de son assise devant un patient de plus en plus complexe (on comprend le malaise des soignants, et les médecins qui retournent à la maladie). Sauf de savoir cela, aucun autre savoir n'y changera rien ; et certainement pas celui d'une psychologie qui oublierait ou pire omettrait que « la nécessité de la catégorie de sujet suppose donc sa disjonction d'avec les notions de conscience, de présence à soi, et de cause libre de l'agir »7. La maladie n'est pas dans une éprouvette sur une paillasse. POURQUOI UNE ANTHROPOLOGIE DU SOIN ? Par quoi, donc, ou comment définir ou préciser ce que pourrait être une anthropologie du soin ; autre chose qu'une anthropologie de la maladie8 mettant à jour ce qui s'engage de savoirs, pratiques, croyances, représentations à propos de la maladie et à ses uploads/Sante/anthropo-du-soin.pdf

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  • Publié le Jui 08, 2021
  • Catégorie Health / Santé
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