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Corpus Médical – Faculté de Médecine de Grenoble http://www-sante.ujf-grenoble.fr/SANTE/ 1/10 Hypoglycémie (206) Professeur Serge HALIMI Novembre 2002 (Mise à jour Février 2005) Résumé : L’hypoglycémie correspond à une baisse du glucose sanguin en dessous de 0,5 g/l (2,8 mmol/l). Son diagnostic associe des données cliniques (signes fonctionnel d’appel) nombreuses et peu spécifique, à un signe biologique, la glycémie basse. L’épreuve de jeûne est indispensable pour statuer sur un diagnostic positif, s’il n’y a pas eu de précédents malaises connus. Mots-clés : Hypoglycémie de jeûne, hypoglycémie post-prandiale, hypoglycémie iatrogène, hypoglycémies factices, insulinome, neuroglycopénie, réponse adrénagique, épreuve de jeûne de Conn. Références : • Précis de diabétologie - Editions Pradel Paris 1990 (en français) Exercices : 1. Définitions Si le diagnostic d’hypoglycémie est évoqué sur la clinique, seule la confirmation biologique permet de l’affirmer : signe essentiel glycémie <= à 0.50 g/l (2.8mmol/l). Cette valeur peut être « dépistée » par un lecteur de glycémie capillaire mais seuls les dosages de laboratoires sont en mesure de l’affirmer avec certitude (sur sang contenant un inhibiteur de glycolyse). La triade de Wipple, est la caractéristique indiscutable pour déclencher les examens complémentaires nécessaire à l’enquête étiologique d’hypoglycémie, seulement on se trouve rarement confronté à un cas aussi trivial. Elle se caractérise en effet par : une glycémie inférieure à 0,50 g/l, associée à des symptômes typiques et calmés par la prise de sucre. Chaque signe clinique pris isolément n’est en rien spécifique mais la chronologie, le regroupement des symptômes et la coexistence d’une glycémie basse prouvée sont seuls caractéristiques. Malheureusement, cette exigence médicale est trop souvent ignorée, et le diagnostic évoqué ou porté hâtivement. Les hypoglycémies les plus fréquentes sont celles secondaires au traitement médicamenteux (iatrogènes) chez les sujets diabétiques (certains antidiabétiques oraux ou l’insuline). Hors de ce contexte, on distingue principalement les hypoglycémies de jeûne (ou très éloignés de la dernière prise alimentaire) des hypoglycémies post-prandiales précoces ou tardives. Parmi les causes d’hypoglycémies de jeûne, l’insulinome, tumeur à 90% bénigne du pancréas endocrine sécrétant de l’insuline de façon autonome et inadaptée, quoique rare, doit être bien connu des cliniciens car son diagnostic est souvent retardé de plusieurs mois ou années et parce qu’il repose sur l’épreuve de jeûne qui expertise nombre de situations cliniques ambiguës et constitue un très beau modèle d’exploration fonctionnelle. D’autres causes rares, mais non exceptionnelles, doivent aussi être connues chez l’adulte comme chez l’enfant. Enfin, il convient de préciser que le cadre des hypoglycémies post prandiales ou Corpus Médical – Faculté de Médecine de Grenoble http://www-sante.ujf-grenoble.fr/SANTE/ 2/10 post stimulatives ou réactives recouvre des entités fort discutées quoique réelles mais aux contours suffisamment mal délimités pour que persistent un doute chez quelques sujets. L’interrogatoire (symptômes, circonstances et horaires) occupe donc une place centrale, aidé de quelques examens biologiques antérieurs il permet souvent de clarifier rapidement les choses et de réfuter un diagnostic de « suspicion » d’hypoglycémie handicapant le sujet de longue date. Les symptômes : Sueur, tremblement, yeux brouillés ou double vison, faiblesse, faim, confusion, vertige, anxiété, frisson… 2. Rappels physiologiques • Chez le sujet normal, la glycémie varie entre 0.8 en fin de nuit et 1.2 g/l 1h30 après un repas (4.4 - 6.7 mmol/l). • Il est possible de trouver des glycémies à jeun ou après effort entre 0.6 et 0.8g/l chez des sujets jeunes et/ou très sportif mais généralement sans aucun signe d’appel. • Glucose principal substrat énergétique du cerveau : 600 kcal/J (150g), 70 mg/min ; réserves de glycogène cérébral très faibles • Glucose carburant quasi exclusif sauf si jeûne prolongé (utilisation progressive des corps cétoniques, tolérance de glycémies < 0.50 g/l) • Glucose --> passage barrière hémo-méningée --> Neurones --> Glycolyse --> ATP --> maintien de l'activité de la pompe Na/K dépendant de l'ATPase => glucose = substrat vital pour le cerveau. Passage de la barrière hémo-méningée (Glut 1*) puis à l’intérieur des neurones (Glut 3*) : transporteurs du glucose dont l'activité est facilité par hypoglycémie chronique et réduite par l'hyperglycémie chronique (* dont les Km très bas garantissent un passage de glucose vers le SNC même pour des niveaux glycémiques faibles). 3. Physiopathologie de l'hypoglycémie • Neuroglucopénie : carence en glucose dans le SNC à partir de < 0.6 g/l <=> vitesse de transport < à la vitesse de glycolyse => baisse de l'activité de la pompe Na/K dépendant de l'ATPase => oédème cérébral --> trouble fonctionnel puis lésion irréversible = signes neuropsychiatriques à minima --> à majeurs, séquelles neurologiques irreversibles (profondeur et durée). • Réactions d'adaptation à l'hypoglycémie : réponse neuro-hormonale, hormones • contre-régulatrices (adrénaline => signes adrénergiques = CV, sudation) => dits signes d'alarme. • Les autres hormones participent à la réponse hormonale : glucagon, cortisol et GH (hormone de croissance) leur déficit peut constituer une cause d’hypoglycémie de jeûne 4. Signes cliniques d'hypoglycémie • Aucun signe n'est spécifique --> retard diagnostique fréquent --> importance de l'affirmation biologique (indispensable; sauf si urgence traitement préalable obligatoire). Corpus Médical – Faculté de Médecine de Grenoble http://www-sante.ujf-grenoble.fr/SANTE/ 3/10 • Signes de neuroglucopénie • Riposte sympathico-adrénergique : mais possibles signes équivalents si cataglycémie chute rapide de la glycémie sans atteindre un niveau < normale (diabète traité surtout et hypoglycémies post-prandiales). • A minima : tremblements, éblouissements, diplopie, céphalées, difficulté à se concentrer sur des actes simples, irritabilité, troubles de l'humeur, troubles de l'élocution; accélération du pouls et perception des battements cardiaques, de tremblements internes, sudation, fringale, asthénie. Hypoglycémies plus sévères : 4.1. Manifestations neurologiques et psychiatriques • syndromes moteurs déficitaires (tout peut s'observer) • troubles de conscience avec manifestations psychiatriques durant de quelques heures à quelques jours, confuso-onirique, pseudo ébrieux, actes délictueux parfois. • coma convulsif, crises comitiales (seuil épileptogène abaissé), coma spastique, trismus, Babinsky bilatéral, inefficacité des anti-convulsivants et efficacité de l'apport glucosé. • coma parfois calme, presque toujours humide, pâle (sudation abondante), hypothermie. • EEG : disparition des ondes alpha et apparition d'ondes lentes. Tout syndrome neurologique ou psychiatrique inexpliqué doit faire rechercher une hypoglycémie. 4.2. Manifestations cardio-vasculaires • poussée hypertensive, • angor non lié à l'effort et corrigé par le resucrage, 4.3. Complications et séquelles • œdème cérébral post-hypoglycémique, • OAP • neuropathie périphérique irréversible voire évolutive, • troubles neuro-psychiques durables = démence, Sd extra-pyramidal, choréo-athétose, comitialité séquellaire. • troubles amnésiques graves, comitialités, déficits moteurs, démences. • tassement, fractures vertébrales. 5. Physiopathologie et étiologie des principales causes d'hypoglycémie Corpus Médical – Faculté de Médecine de Grenoble http://www-sante.ujf-grenoble.fr/SANTE/ 4/10 Schéma : régulation physiologique simplifiée de la glycémie (Euglycémie) (S. Halimi) Schéma : situation d'hypoglycémie déséquilibre entrées / sorties grands mécanismes explicatifs (S. Halimi) 6. Diagnostic 6.1. Diagnostic positif Schéma : diagnostic d’une hypoglycémie Corpus Médical – Faculté de Médecine de Grenoble http://www-sante.ujf-grenoble.fr/SANTE/ 5/10 (S. Halimi) • repose sur la clinique : horaire par rapport aux prises alimentaires, hypoglycémies de jeûne ou post-prandiales • voir figure : de jeûne peut aussi signifier post-prandiale très tardif par exemple si associant autonomie adénomateuse de l'insulinosécrétion et effort musculaire => des malaises hypoglycémiques précoces et non après une période de jeûne prolongée (>12 heures). De même si la tumeur sécrétant du matériel hypoglycémiant est très active (insulinome malin, adénome volumineux, autres causes sévères). Ceci définit certaines formes cliniques particulières d'hypoglycémies de jeûne. • place clé du dosage couplé glycémie* (<0.5 g/l) + insulinémie + C.peptide au moment d’un malaise ( *glycémie veineuse laboratoire car les glycémies capillaires sur lecteur peuvent sous estimer le niveau glycémique. *Attention aux tubes ne contenant pas d’inhibiteurs de glycolyse qui après quelques dizaines de minutes contiennent très peu de glucose (pseudo hypoglycémie) par consommation du glucose par les hématies). • épreuve de jeûne de Conn = jeûne hydrique (ni café ni thé, ni tabac) sous surveillance médicale hospitalière rigoureuse, durant 24 à 72 h , glycémies capillaires (GC) pour surveillance rapprochée, glycémies laboratoire (GL) toutes les 4h systématiques + corps cétoniques et AGL + Insulinémie (IRI) et C.peptide (C.p) même en l'absence de malaise. • en cas de malaise GC pour vérifier sa nature si <= 0.5 g/l : coupler une mesure supplémentaire GL + IRI + C.p avant tout resucrage (per-os ou intraveineux). • Le suivi des corps cétoniques urinaires et surtout plasmatiques servira de témoin de jeûne bien observé. 6.2. Diagnostic étiologique 6.2.1. Hypoglycémie de cause exogène 6.2.1.1. Hypoglycémie médicamenteuse De nombreux médicaments peuvent provoquer des hypoglycémies. Les hypoglycémies dues aux médicaments sont très fréquentes, récurrentes chez un patient et peuvent être graves. Certains médicaments sont hypoglycémiants par eux mêmes, d’autres peuvent accroître l’action des ADO. Les ADO demeurent les principales causes d'hypoglycémies iatrogènes avec l'insulinothérapie. Ce sont les insulinosécréteurs et surtout et surtout les sulfamides hypoglycémiants (renvoi corpus diabète type 2) qui sont en cause. La Metformine, les inhibiteurs des alpha-glucosidases (Acarbose, Miglitol), les thiazolidine-diones ne sont jamais responsables d'hypoglycémies s'ils ne sont pas associés aux insulino-sécréteurs ou à insuline. Corpus Médical – Faculté de Médecine de Grenoble http://www-sante.ujf-grenoble.fr/SANTE/ 6/10 Tableau : Médicaments potentiellement hypoglycémiants (S. Halimi) 6.2.1.2. Hypoglycémie factice • Dans le cas d’une hypoglycémie factice par auto-injection d’insuline, les glycémies basses sont contemporaines d’insulinémies très élevées et d’un C-peptide indosable. • Une situation délicate est constituée par l’hypoglycémie uploads/Sante/ leconimprim.pdf
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- Publié le Apv 15, 2021
- Catégorie Health / Santé
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