MA. Mme Kazi-Tani Lynda Es-Saoura 271 N°3 : Juin 2016 "L’approche psychologique

MA. Mme Kazi-Tani Lynda Es-Saoura 271 N°3 : Juin 2016 "L’approche psychologique dans l’œuvre d’Avicenne" MA. Mme KAZI-TANI Lynda Mustapha Stambouli - Mascara Email : lynda.kazitani@gmail.com Résumé: Ce travail se veut une modeste contribution au vaste chantier de reconsidération des illustres savants qu’à connu la civilisation arabo- musulmane à travers les siècles de son passé scientifique glorieux, en mettant la lumière sur le plus célèbre d’entre eux « Avicenne », qui a brillé par son génie et qui a illuminé, durant des siècles entiers la scène du savoir et de la recherche dès le moyen âge. La qualité de ses travaux et autres découvertes lui ont valu la reconnaissance de ses pères, tant sur les terres arabes qu’en Occident, où ses œuvres philosophiques et surtout médicales ont été enseignées durant plusieurs siècles à des générations d’étudiants en médecine dans les plus grandes universités européennes. Le présent article tentera de mettre en évidence l’apport scientifique d’Avicenne dans un domaine un peu oublié par les recherches actuelles, qui est celui de la psychologie, notamment celui des maladies mentales et psychiques selon la conception de l’époque, et qu’Avicenne a longuement abordé et traité dans son Canon de la médecine. Mots clés : Civilisation arabo-musulmane, Avicenne, Canon de la Médecine, psychologie, maladies mentales et psychiques. L’approche psychologique dans l’œuvre d’Avicenne Es-Saoura 272 N°3 : Juin 2016            !" #$%$&  '()* + ,-#./0 1* (  23 "4#56#7   (89:* ( 6* ;<= ,/>/ 1( (? )@A5B  @ C/D>E  .)9F GH ; I  JKL M  N?O)>!# O="P #<Q<$& 3 : RS =  N?,T U VW ,X< 1)9F -< /? YK Z [\ F '#.,#<]^ GH E /1'()* +   N 2%4./F#'9<:   _ L Z [)9F <?)9F = ` F, M` Q <: ^? /!F#ab&>7@Q)9B(#c de fB f g @>/=: F M   Introduction: De tout temps, ce prodige de la médecine a attiré l’attention des chercheurs et autres historiens des sciences, de toutes origines et de tous bords, ils se sont intéressés à ce savant unique qui s’est distingué par sa culture encyclopédique et son intelligence hors pair, en effet il excella dans nombre de domaines scientifiques, artistiques et littéraires, parmi lesquels la physique, les mathématiques, la botanique, la philosophie, la grammaire, la géométrie, la géologie, la médecine, la gynéco-obstétrique, l'ophtalmologie, la pharmacologie, l’astronomie, la poésie, la psychologie, la musicologie, sans oublier la politique et le vizirat qu’il a dû exercer bien malgré lui, afin de subvenir à ses besoins et garantir sa sécurité et celle de ses proches. MA. Mme Kazi-Tani Lynda Es-Saoura 273 N°3 : Juin 2016 La vie d’Avicenne: Abou Ali Hocein Abdullah Ibn Sina, dit Avicenne est né à Afchana (ville dans l’actuel Ouzbekistan) près de Boukhara, en l’an 370 de l’hégire (980 ap. J. C.), et mort à Hamadan (ville au nord de la Perse) où son tombeau s’y trouve toujours. Il décède un vendredi du mois de Ramadan en 428 de l’hégire (1036 ap. J.C), d’une affection gastrique alors qu’il n’avait que cinquante-huit ans. L’essentiel des informations que nous avons sur la vie privée d'Avicenne nous est parvenu par le biais d’un manuscrit authentique, une sorte de livre de bord qui fut rédigé en langue arabe par son fidèle ami et disciple Abou Obeïd el-Jozjani (B %U<h /#<.) qui vécut à ses côtés vingt-cinq années duranti et grâce à qui un grand nombre de manuscrits d’Avicenne ont été recueilli et donc sauvé de l’oubli. On y apprend notamment que son père était administrateur d’une petite ville à côté de Boukhara, puis devint préfet de Khamaithan, aux environs d’Afchana (ou Afshana), d’où est originaire la mère d’Avicenne. Par la suite, toute la famille alla s’installer à Boukhara, où débuta l’éducation d’Avicenne qui disait lui-même qu’à l’âge de dix ans il apprit les 114 sourates du Saint Coran, et qu'à l’âge de seize ans il assimila toutes les connaissances scientifiques médicales connues à son époque. Il répétait, à ce sujet, que la médecine n’était assurément pas une science difficileii. A l’âge de dix huit ans il réussi à guérir le prince samanide de Bokhara Nouh Ibn-Mansour qui le choisit par la suite comme vizir, et qui pour le récompenser, lui permit d’accéder à la très riche bibliothèque de son palais royal qui renfermait de précieux ouvrages et beaucoup de traductions des savants grecs qu’Avicenne voyait pour la première fois. C’est ainsi qu’il fit la rencontre d'illustres médecins et philosophes grecs tels qu’Hippocrate, Galien et surtout Aristote, qui sans aucune contestation reste son maître-penseur, un témoin (indirect) des commentateurs (Alexandre d'Aphrodise – Thémistus - Jean Philon)4. L’approche psychologique dans l’œuvre d’Avicenne Es-Saoura 274 N°3 : Juin 2016 Avicenne vécut donc au IVe siècle de l’hégire, la période du règne abbasside la plus florissante du point de vue des sciences et de la connaissance, même s’il n’en allait pas de même sur le plan politique et sécuritaire. Le marché du savoir était en plein essor, les savants abondaient et les bibliothèques étaient emplies de la production du génie des savants musulmans et des traductions des œuvres des savants des autres nations établies sur ordre des califes et des vizirs5. Ce personnage remarquable de la civilisation arabo-musulmane ne s’est pas contenté de son intelligence innée et de sa mémoire hors norme pour bâtir ses connaissances encyclopédiques et se former dans tant de disciplines, en effet il étudia les écrits de grands médecins et philosophes de toutes origines, tels qu’Al-Farabi (surnommé « le Second Maître » faisant référence à Aristote qui, quant à lui, était surnommé le « Premier Maître »), Al-Rhazi, Abulcassis, et aussi étonnant que cela puisse paraître, le prophète Mahomet par l’intermédiaire du Coran6. Il assistait aussi aux réunions organisées par les grands maîtres de l’époque, tels qu’Al-Masihi en médecine, et Al-Natili en philosophie, afin de parfaire ses connaissances. Ce boulimique du savoir et de la lecture consacrait la nuit à ses grands ouvrages, le jour aux affaires de l’État, où il acquiert une solide réputation. Plusieurs fois ministre, il jouit d’une telle influence qu’il devient l’objet de pressions, sollicitations, jalousies, tantôt poursuivi par ses ennemis, tantôt convoité par des princes adversaires de ceux auxquels il veut rester fidèle7. La convoitise des princes qui le voulaient comme vizir et médecin personnel de leurs cours a fait augmenter sa côte auprès des palais princiers qui se battaient pour l’avoir en leur sein. On rapporte à ce sujet ces paroles attribuées à Avicenne qui dit : idb* 5/#jkl * mn65(o# *   « Quand j’étais important, nulle terre n’était assez vaste pour m’accueillir Et quand mon poids s’est affirmé, je n’ai plus trouvé d’acheteur. MA. Mme Kazi-Tani Lynda Es-Saoura 275 N°3 : Juin 2016 Ibn-Sina a eu une vie intense, prise par les charges successives (vizir et médecin), la recherche (traduction et compilation) et la confection de son œuvre capitale8 : le Canon de la médecine. Les compétences médicales, philosophiques et autres de cette grande figure de la médecine arabe lui valurent plusieurs surnoms parmi lesquels : Le prince des savants, le prince des médecins ou encore Cheikh el-Raïs. "Son nom illustre figure au fronton de grands centres hospitalo-universitaires dans divers pays du monde : à Rabat, à Tunis, au Koweït et en France9. Il est probablement le médecin le plus cité, dans le monde médical moderne10 et certainement un des meilleurs symboles de l’universalité des connaissances et du savoir. L’œuvre d’Avicenne : Longue est la liste des ouvrages rédigés par Avicenne tant ses centres d'intérêts étaient nombreux, sa bibliographie établie par Abdurrahman Badaoui11 lui rapporte deux cent quarante deux titres, quant à celle faite par le père Georges Chehata Anawati12, elle comporte deux cent soixante seize livres. La majeure partie de ses ouvrages ont été rédigés en langue arabe, mais les historiens ont recensé vingt trois livres écrits en perse, sa langue maternelle, parmi lesquels : Danesh-Nâma (Le Livre de science) qui est un ouvrage philosophique.Quant aux œuvres rédigées en langue arabe on peut citer : kitab el-Shifa’( Livre de la guérison de l’âme), kitab el-Nadjat (Le Salut ou Livre de la délivrance), kitab el-Icharat wal Tanbihat (Livre des signes et des avertissement), mais l’œuvre maitresse qui a fait la célébrité éternelle d’Avicenne et qui a écrit son nom en lettre d’or sur les frontons des universités et autres hôpitaux et institutions, partout dans le monde, est sans nul doutes « Al-Qanoun fi’l tibb » ou Canon Medicinæ (Lois de la médecine). Quant à son style, qu’il soit en prose ou en poésie, Avicenne employait un langage limpide où se révèle une profonde connaissance de la syntaxe et de la logique interne du langage. De plus, ses ouvrages, en prose ou en vers, dénotent également une connaissance certaine de la langue arabe13. Son souci de la transmission du savoir L’approche psychologique dans l’œuvre d’Avicenne Es-Saoura 276 N°3 : Juin 2016 l’amena à mettre en vers des abrégés destinés aux étudiants en médecine afin de donner au sérieux de ces études une uploads/Sante/l-x27-approche-psychologique-dans-l-x27-oeuvre-d-x27-avicenne.pdf

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  • Publié le Jan 21, 2021
  • Catégorie Health / Santé
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