La Monarchie du Ternaire en union, contre La Monomachie du Binaire en confusion

La Monarchie du Ternaire en union, contre La Monomachie du Binaire en confusion - Gérard Dorn LA MONARCHIE DU TERNAIRE EN UNION, CONTRE LA MONOMACHIE DU BINAIRE EN CONFUSION PAR GÉRARD DORN DOCTEUR PHYSICIEN 1 M. D. LXXVII 2 La Monarchie du Ternaire en union, contre La Monomachie du Binaire en confusion - Gérard Dorn 3 4 La Monarchie du Ternaire en union, contre La Monomachie du Binaire en confusion - Gérard Dorn 5 6 La Monarchie du Ternaire en union, contre La Monomachie du Binaire en confusion - Gérard Dorn 7 8 La Monarchie du Ternaire en union, contre La Monomachie du Binaire en confusion - Gérard Dorn 9 GÉRARD DORN POSTFACE PAR J.P BRACH Personne, et l'auteur de cette simple préface moins que tout autre, n'est disposé à estimer chose facile la tâche d'avoir à présenter un auteur que l'on peut dire totalement inconnu; qui se souvient, en France surtout, d'un alchimiste allemand du XVI° siècle, paracelsiste — ce qui était presque inévitable — dont la biographie est pour ainsi dire inexistante et dont les travaux ont été oubliés ? Un auteur, du moins, s'en est souvenu, et vient il y a quelques mois d'exhumer pour le lecteur français ce qu'il était possible de faire ressurgir de la personnalité et d'une des principales œuvres de l'obscur chercheur. Ceci présente des avantages immédiatement évidents pour tous, mais un sérieux problème pour celui qui vient ensuite, s'il entend ne pas se contenter de compiler. Il est inutile de celer plus longtemps le nom de B. Gorceix, qui, dans son dernier ouvrage publié, fait sur G. Dorn lui-même le point rapide que permet l'état de la documentation actuelle et, plus important, livre la traduction annotée d'un des traités originaux de notre alchimiste, L'aurore des philosophes. S'étendre sur l'érudition et la clairvoyance de ce travail savant, qui concerne d'ailleurs plusieurs auteurs et traités alchimiques du XVI' siècle allemand, tout aussi peu connus, et parfois même à l’état de manuscrits anonymes, ce serait supposer chez nos lecteurs une méconnaissance totale des publications antérieures de B. Gorceix, et nous voulons croire qu'en ces matières, une telle lacune n'est de mise pour personne. On peut d'ailleurs profiter de ce moment pour préciser qu'une des rares allusions à G. Dorn susceptibles d'être rencontrées dans un ouvrage antérieur figure précisément dans l'avant-propos de La bible des rose+croix, traduite et commentée par le même auteur. A la suite de ce que nous venons de dire, on ne peut que se féliciter d'avoir à introduire un texte tout différent, qui est lui aussi une production originale de notre alchimiste: La Monarchie du Ternaire en union, contre la Monomachie du Binaire en confusion (s.l., 1577, in-12). Ce titre, pour le moins peu banal, est fort évocateur à plusieurs égards; il convient avant tout de signaler qu'il s'agit là de la traduction du latin, par l'auteur lui-même, de sa Monarchia Triadis in unitate soli Deo sacra ; la dédicace en est à François de Valois, frère unique du Roy, dont Dorn était devenu le a client », aux titres de « Doctor phisicus » et d’interprète-traducteur allemand. L'intitulé de cet opuscule, dont l'auteur indique dans son envoi qu'il s'agit d'une sorte de livraison préliminaire ayant pour objet de faire prendre patience à son auguste « patron », fait ressortir une apologie — d'ailleurs très classique — du Ternaire, assimilé bien évidemment à la Trinité légitimement omnipotente. On peut, pensons-nous, dire que le premier membre de phrase représente symboliquement l'Unité divine régnant sans partage ni diversion, selon la nature même de l'ordre surnaturel, et considérée sous son aspect « ternaire » ou de « tri-unité » parce qu'elle n'est pas ici envisagée en et pour elle-même, mais au contraire dans la perspective de sa souveraineté unique; tandis que la seconde partie de la phrase évoque la dissension entêtée d'une paire oppositive dépourvue de principe directeur et unificateur (« Monarchique ») qui sème, sans recours immédiat, un désordre impie. 10 La Monarchie du Ternaire en union, contre La Monomachie du Binaire en confusion - Gérard Dorn Si le thème en lui-même est, répétons-le, assez banal, la formulation particulière en est ici originale, explicite et «colorée». Il n'y a aucune difficulté à accorder ce qui précède aux préoccupations constantes des alchimistes chrétiens du XVIe siècle, que relève et éclaircit magistralement B. Gorceix en maints passages de sa « présentation »: le souci, on devrait dire l'appréhension, du mystère cosmogonique qui préexiste et ordonne définitivement la hiérarchie cosmologique, organiquement structurée, des mondes vivants, en une synthèse que l'on dénomme, depuis Platon, « harmonie »; et conséquemment, la relecture constante de l'analogie génésiaque (ce jusque chez d'Espagnet) et de certains vieux mythes (celui d'«harmonie» chez Maïer). En particulier, pour ce qui concerne strictement Dorn et son approche du Ternaire, l'extrait cité par B. Gorceix, op. cit., p. 32, qui préfigure de manière frappante certaines spéculations bœhmiennes. Notre opuscule débute sur un « argument » rimé, en trois strophes de huit vers chacune; il s'agit d'un avertissement d'avoir à se maintenir dans les voies du Seigneur, et de ne pas s'en aller chercher en dehors du cercle de son autorité et de sa protection des «vérités» étranges qui ne seront que le piège fatal de l'Erreur. La mise en garde concernant les «Payens, ennemis de Dieu», chez lesquels on chercherait vainement la sagesse qu’ils n'ont jamais possédée, est là encore assez courante au siècle de l'humanisme, qui ne dédaignait nullement ce type de controverse acerbe, tout en collectionnant les manuscrits orientaux, éditant le Zohar et le Coran avec commentaires souvent favorables et imprimatur, et ayant le spectacle de François Ire recherchant l'alliance avec les Turcs pour faire pièce aux ambitions de Charles Quint ! (Ce pourquoi, reconnaissons-le, il fut par certains violemment attaqué.) Suit alors la dédicace que nous avons déjà citée, où il promet un long et difficile travail de traduction et, si besoin est, d'apologétique paracelsienne. N'oublions pas que L'aurore... est dédiée à Paracelse, et que G. Dorn était déjà, de son vivant, connu pour être un infatigable interprète et éditeur du médecin suisse; F. Secret et B. Gorceix signalent tous deux les rapports, parfois tendus, qu'il eut avec nombre d'éditeurs-libraires qui imprimaient Paracelse en Allemagne, et en Palatinat, ce qui est amplement confirmé, s'il était besoin, par une édition de quatre traités du célèbre thérapeute que signale Dorbon. Vient enfin le texte lui-même, fort bref, de ce minuscule ouvrage, dont la « méthode » ou, si l'on préfère, la présentation, ainsi que les nombreuses figures in-texte, rappellent invinciblement la fameuse Monade Hiéroglyphique de J. Dee, publiée à Anvers en 1564; ce texte, qui fit grand bruit, ne se distingue nettement de celui-ci que par une obscurité encore beaucoup plus considérable, et un objet sensiblement différent, qui lui confère jusqu'à une soixantaine de pages — dont la préface à Maximilien occupe, il est vrai, un bon tiers. Si donc les ambitions sont, semble-t-il, plus restreintes chez Dorn, il fait assez peu de doute que ce dernier ait été influencé par la « traduction » en symboles géométriques des axiomes ou propositions que l'on désire établir ou souligner à l'attention du lecteur, qui avait fait sensation chez John Dee; le procédé sera à certains égards repris par la suite chez C. della Riviera, sous une forme à peine modifiée, et par A. Frankenberg, dans sa fameuse « addition» à son impression de la Clavis de Postels. Il ne peut entrer dans le cadre d'une introduction de se livrer à une analyse détaillée des motifs, fussent-ils symboliques, du texte présenté; où serait, d'ailleurs, la part légitimement abandonnée à la sagacité et à la «faim» du chercheur ou du simple curieux, qui se découvrent en ces matières un si beau champ d'action ? Nous nous contenterons de signaler, çà et là, quelques repères; le premier feuillet décrit en quatre vers et deux figures géométriques élémentaires l'« Unaire » et le « Binaire »; le premier est représenté par un cercle dont le centre est marqué d'un point et de la lettre « a », le tout placé sur un plan horizontal. Il est à peine besoin de noter le symbole solaire, qui convient évidemment, et la notation symbolique du Dénaire, dont B. Gorceix nous signale qu'il a toutes les faveurs de G. Dorn; la lettre « a » sert de point de repère pour se situer dans les « éclatements » successifs de l'Unité originelle que constituent les autres figures, à mesure qu'elles s'en éloignent. Ainsi la 11 retrouve-t-on sur les deux demi-cercles entrelacés qui symbolisent le « Binaire »; ceux-ci font immanquablement penser aux figures, pp. 53-4, de la Monade, et rappellent ici une des représentations courantes de la mise en « proportion continue » simple, héritée des Grecs, et dont les multiples valences symboliques se retrouvent dans le vaste sujet des Médiétés platoniciennes Après une figuration classique du Ternaire alchimique (fig. 2), on rencontre une illustration géométrique, en deux temps, et deux fois quatre vers, de la Tentation et du désordre engendré par l'absorption du fruit uploads/Sante/la-monarchie-du-ternaire.pdf

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  • Publié le Dec 17, 2022
  • Catégorie Health / Santé
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