25 Fétigué Coulibaly Ecole Normale Supérieure Abidjan, Côte d’Ivoire Abstract:

25 Fétigué Coulibaly Ecole Normale Supérieure Abidjan, Côte d’Ivoire Abstract: Bottey Bernard Zadi Zaourou is a playwright who revealed himself to the world beyond the boundaries of Côte d’Ivoire and Africa, through a rich and fundamentally revolutionary dramatic production. His work is a systematic break from former dramatic writings. It fulfils two basic principles. It appears not only as a means for Negro-Africans to assert their cultural identity, but also as an expression of their literary freedom. The Ivorian Playwright, Zadi Zaourou broke for himself a new way into dramatic literature. Keywords: break - creativity - drama - freedom - identity. ا ﻟﻤﻠﺨﺺ : ﺑﻮﺗﻲ ﺑﺮﻧﺎر زادي زاورو ھﻮ اﻟﻜﺎﺗﺐ اﻟﻤﺴﺮﺣﻲ اﻟﺬي ﻛﺸﻒ ﻟﻠﻌﺎﻟﻢ ﺧﺎرج ﺣﺪود ﺳﺎﺣﻞ اﻟﻌﺎج وأﻓﺮﯾﻘﯿﺎ ﻋﺒﺮ إﻧﺘﺎج دراﻣ ﻲ ﻏﻨﻲ وﺛﻮري أﺳﺎﺳﺎ . ﺗﻌﺘﺒﺮ ﮫﺑﺘﻛﺘﺎ اﻟﻤﺴﺮﺣﯿﺔ ﻗﻄﯿﻌﺔ ﻣﻊ اﻟﻜﺘﺎﺑﺔ اﻟﻤﺴﺮﺣﯿﺔ اﻟﺴﺎﺑﻘﺔ ﺗﮭﺎﻓﺈﻧ . ﺴﺘﺠﯿﺐ ﻟﻤﺒﺪأﯾﻦ أﺳﺎﺳﯿﯿﻦ : ﻓﮭﻲ ﻣﻦ ﺟﮭﺔ وﺳﯿﻠﺔ ﻟﺘﺄﻛﯿﺪ اﻟﮭﻮﯾﺔ اﻟﺜﻘﺎﻓﯿﺔ ﺔ ﯿﻘﯾﻓﺮﻻ اﻟﺴﻮد و اء ﻣﻦ ﺟﮭﺔ أ يﺧﺮ اﻟﻲ ، ھ ﺘﻌﺒﯿﺮ ﻋﻦ اﻟ ﺤﺮﯾﺔ اﻷ دﺑﯿﺔ ﻟ ﻠﻌﺎﻟﻢ اﻟﺰﻧﺠﻲ اﻷﻓﺮﯾﻘﻲ . وﻛﺎن اﻟﻜﺎﺗﺐ اﻟﻤﺴﺮﺣﻲ اﻟ ﺴﺎﺣﻞ اﻟﻌﺎﺟ ﻲ: ﺑﻮﺗﻲ ﺑﺮﻧﺎر زادي زاورو ﻓﺘﺢ ﻟﻨﻔﺴﮫ طﺮﯾﻘﺎ ﺟﺪﯾﺪا ﻓﻲ ﻣﺠﺎل اﻟﻜﺘﺎﺑﺔ اﻟﻤﺴﺮﺣﯿﺔ . اﻟ ﻜﻠﻤﺎت اﻟﻤﻔﺘﺎﺣﯿﺔ اﻟ : ﻘﻄﯿﻌﺔ ، اﻹﺑﺪاع، اﻟﺪراﻣﯿﺔ ، اﻟﺤﺮﯾﺔ، اﻟﮭﻮﯾﺔ . Synergies Algérie n° 10 - 2010 pp. 25-37 La liberté dramaturgique de Bottey Bernard Zadi Zaourou Résumé : Bernard Zadi Zaourou est un dramaturge qui s’est révélé au monde d’au-delà des frontières ivoiriennes et africaines par une production dramatique riche et fondamentalement révolutionnaire. Son écriture dramatique est en rupture systématique avec l’écriture dramatique antérieure. Elle répond à deux principes essentiels : d’un côté, elle se présente comme un moyen d’affirmation de l’identité culturelle négro-africaine et de l’autre, elle est l’expression de la liberté littéraire du monde négro-africaine. Le dramaturge ivoirien Bottey Zadi Zaourou s’est frayé une voie nouvelle dans l’écriture dramatique. Mots-clés : rupture - créativité - dramaturgie - liberté - identité. 26 Introduction La Littérature négro-africaine écrite et d’expression française est fille de la colonisation française. Cela explique avec évidence la dépendance des écrivains négro-africains à l’égard des modèles de création littéraire importés de l’Occident. Si, depuis toujours, ils se sont contentés de se confiner dans ce conformisme, aujourd’hui, les nouveaux écrivains négro-africains considèrent cet état de fait comme une forme d’aliénation, un enfermement et un conditionnement de leur génie créateur. Il s’agit d’une génération toute neuve d’écrivains négro-africains mus par la volonté de s’affirmer pleinement et donc de s’affranchir des normes et canons intangibles importés de l’Occident. L’une des grandes figures de cette révolution littéraire négro-africaine est Bottey Bernard Zadi Zaourou dont la production dramatique est en rupture avec les normes dramaturgiques préétablies. Son écriture théâtrale, toute neuve et subversive, est la manifestation de sa liberté de dramaturge mais aussi de citoyen. C’est ce que nous avons appelé sa liberté dramaturgique. A cet effet, en quoi consiste la révolution dramatique de Bottey Bernard Zadi Zaourou ? Que constitue sa spécificité ? Notre démarche, pour élucider cette préoccupation fondamentale, s’organisera autour de deux points. Le premier décryptera les conditions de création de l’art dramatique de Zadi Zaourou pendant que le second, quant à lui, révélera le traitement esthétique qu’il donne à la fable dramatique. 1. Une thématique culturelle et politique centrée sur l’Afrique moderne La production dramatique de Bernard Zadi Zaourou, exclusivement adaptée à l’Afrique postcoloniale, est immensément riche et cette richesse est relative aux thèmes abordés. Il se dégage de cette production deux thèmes majeurs : la revalorisation des valeurs culturelles négro-africaines et la dénonciation du pouvoir politique africain post-colonial. D’une part, il explore le patrimoine culturel négro-africain et d’autre part, il assène avec vigueur et rigueur la gestion des nouvelles sociétés issues des indépendances politiques africaines. 1.1. La réhabilitation des valeurs culturelles africaines Le patrimoine culturel négro-africain s’est évaporé dans le temps et dans l’espace sous l’influence de la colonisation. Aujourd’hui, les intellectuels négro- africains entendent revigorer leurs valeurs culturelles, déformées et jetées dans le monde de l’oubli et de l’anonymat. Les peuples africains décolonisés sont des peuples hybrides, déracinés et dépersonnalisés, c’est-à-dire des peuples qui ont rompu les amarres avec leur patrimoine culturel, des peuples en qui leurs ancêtres ne se reconnaissent plus. C’est l’effondrement de civilisations dont les œuvres prestigieuses jalonnent l’antiquité et la préhistoire – des civilisations qui ont produit de grandes fresques conservées aujourd’hui dans les musées européens, de Grands Royaumes et foyers célèbres. Or, elles constituent un ensemble de valeurs spécifiques qui permettent de définir une personnalité culturelle pour l’Afrique noire. Ce sont les racines, le fondement, la référence Synergies Algérie n° 10 - 2010 pp. 25-37 Fétigué Coulibaly 27 des Négro-africains, c’est-à-dire ce à partir de quoi ils signent leur présence au monde qui ont périclité de façon vertigineuse. « Le grand problème, pour l’Afrique moderne, écrivait Amadou Hampaté Bâ, c’est tout d’abord de reconnaître elle-même cette culture traditionnelle afin de s’employer à l’inventorier pour pouvoir la définir dans sa nature et sa valeur essentielle.» (Hampaté Bâ, 1975 : 39). Bernard Zadi Zaourou fait partie de ces intellectuels négro-africains engagés dans la réhabilitation des cultures africaines en vue de les inventorier et de les promouvoir. Il aspire à redonner vigueur à ce patrimoine pour que l’Afrique trouve sa place naturelle dans le concert culturel des nations, comme le souligne Alpha I. Sow : « Il s’agit essentiellement de donner l’occasion aux communautés noires du monde entier de se concerter pour revitaliser leur culture, leur créativité, afin d’assurer l’équilibre et l’épanouissement de la Société internationale parce qu’il revient aussi à nos peuples de partager avec tous les autres peuples du monde la responsabilité de gérer le monde qui est notre bien commun.» (1977 : 19). Les peuples africains doivent rester eux-mêmes et, allant vers l’autre, ils pourront donner et recevoir sinon ils n’auront rien à donner. C’est pourquoi, plus qu’une nécessité, la renaissance culturelle est indispensable. A cet effet, Bernard Zadi Zaourou a pénétré, dans ses profondeurs abyssales, son patrimoine culturel propre, c’est-à-dire celui du peuple dont il est originaire, le peuple Bété dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. De cette investigation, il est revenu avec le Didiga. Eclairant les esprits sur ce qu’il convient d’appeler sa trouvaille, il dit : « Il y a deux niveaux de définitions que je peux proposer. Le premier est un niveau purement linguistique. Sur ce plan, le Didiga apparaît comme la forme achevée, le degré supérieur d’un art quel qu’il soit : l’art de rendre la justice, l’art de chanter, l’art de dire des contes, l’art de maîtriser la parole en général. C’est donc l’idéal le plus élevé possible de l’art en tant que création de l’homme. A partir de ce moment là, on peut dire que pour nous autres qui sommes des créateurs, quand nous disons que nous nous faisons du Didiga, c’est davantage un pari, c’est comme Baudelaire écrivant le poème Beauté pour exprimer à quel point l’artiste s’use dans son effort perpétuel d’atteindre l’art dans sa perfection. Deuxième définition possible de Didiga : le mot admet une dimension qui a un rapport à la vision du monde, pas seulement des Bétés, mais de tous les Africains, noirs en tout cas.» (Koui, 1990 : 24). Il a fait du Didiga un concept moderne qui tire ses origines des traditions orales ivoiriennes. Il ne s’est pas contenté de le sauvegarder en le traitant comme archive mais il l’a soustrait de l’oubli et de l’anonymat en lui assurant une large diffusion par le livre et le théâtre. Réadapté à la scène théâtrale, il s’inscrit dans le nouvel élan de la découverte d’une esthétique dramatique négro- africaine qui part de 1980 avec un certain nombre de créations dramatiques qui révélèrent au public le talent dramatique de Zadi Zaourou et atteint son apogée en 1983. La liberté dramaturgique de Bottey Bernard Zadi Zaourou 28 En effet, à propos de La guerre des Femmes, une de ses pièces, il écrit : « La guerre des Femmes est un «Didiga», c’est-à-dire un théâtre à vocation initiatique. (…) Comme nos contes et comme nos mythes qui lui ont fourni l’essentiel de sa matière et de ses formes, comme nos grands rituels, elle est un mode de questionnement aussi bien pour l’acteur qui l’interprète que pour le public qui la découvre. (…) Mais l’Afrique noire a sa façon qu’il importe de vous faire partager avec Mahié et ses filles. (…) La guerre des femmes est le résultat d’une fusion de mythes et de légendes. Entrent dans sa composition : la légende du Sultan Shariar et de Shéhérazade qui est à l’origine des contes des milles et une nuits, le mythe de Mamie Wata consacré à ce génie océanique africain, le mythe Wê de Gneron Dékan, celui de Mahié du pays Bété et enfin, le mythe Adioukrou des femmes qui, à l’origine des temps, n’avaient qu’un seul amant. » (Zadi, 2001 : 7). C’est grâce à ce travail à faire par les artisans, les artistes, les auteurs, les critiques, les traducteurs et adaptateurs africains que sera effective la renaissance des culturelles négro-africaines. C’est à ce prix que l’affirmation uploads/Societe et culture/ apercu-de-zaourou-sur-hlf-pdf.pdf

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