NB : Ce document est une synthèse issue de nombreuses recherches. Son objectif

NB : Ce document est une synthèse issue de nombreuses recherches. Son objectif est de comprendre la situation des amérindiens de Guyane et les problèmes rencontrés de manière synthétique. A cet effet, les impacts des mécanismes de francisation sur les modes de vie communautaires ont été évalués. Notre objectif est de comprendre les causes et les effets de la déstabilisation des structures traditionnelles, l’érosion identitaire et la perte des savoirs, dans le but d’orienter le projet. Toutes les informations cités dans ce rapport proviennent d’un ensemble de documents référencés en annexe. 1 Guyane Arbre des Problèmes Populations autochtones de l’intérieur guyanais Exposition d’amérindiens Kali’na au Jardin d’Acclimatation in 1892 2 2 Arbre des problemes Document de travail interne Ne pas diffuser. Synthèse 4 I. Mécanismes de francisation et conséquences 7 A. Administration et politiques publiques 7 · Des tribus semi nomades à la sédentarisation 7 · Pression sur les ressources naturelles 7 · Réorganisation & pression sociale 7 · Bouleversement des chefferies traditionnelles 8 B. Economie 9 · Des valeurs « hors sol » 9 · Émergence de classes sociale 9 · Monétisation des rapports 10 · L’imposition des prestations sociales 10 · Assistanat 11 C. Education 11 · Les jeunes éloignés de leurs familles 12 · Perte des savoirs chez les jeunes 12 · Des méthodes d’apprentissages opposés 13 · Qualification des professeurs 13 · Contenus inadaptés 14 · Déconstruction identitaire 14 · Des résultats explicites 15 II. Une Fracture entre les mondes 15 A. Une double dynamique a l’œuvre 15 · Démantèlement des structures traditionnelles 16 · Une volonté d’intégration au modèle dominant 16 · Autodénigrement des savoirs traditionnels et du milieu naturel 16 · Echec et frustration 17 · Inertie et désœuvrement 17 3 3 · Suicides 18 B. Fragilité identitaire et dérives 18 · Schizophrénie identitaire 18 · Perte de la spiritualité 18 · Intrusion des sectes 19 III. La France, « une et indivisible » 20 A. Le principe de « République une et indivisible » 20 · Assimilation Vs Intégration, le cas du brésil 20 · OIT 169 21 · Une revendication majeure 21 B. Géographie et disparités territoriales 22 · Des terres appartenant à l’Etat 22 · Dichotomie Littoral /intérieur 23 C. Carence d’accès aux droits fondamentaux 23 · Le manque de perspectives 24 · L’état tenu pour responsable : un ressenti très présent 24 · Des failles structurelles créant une grande frustration 24 · Corruption 24 · Pouvoir créole 25 D. Des freins au développement 25 · Difficulté d’accès au foncier 25 · Des normes inadaptées 26 4 4 Synthèse Couverte à 90% de forêt, la Guyane est une parcelle d’Amazonie à forte diversité culturelle, intégrée politiquement dans l’espace français et européen. Elle est, de ce fait, soumise à la même législation que le reste de la République. Or, localement, la diversité des cultures et des savoirs induit des modes de vie et des perceptions très spécifiques aux communautés amazoniennes, fondées il y a peu de temps encore sur un équilibre entre l’homme et la nature. L’application de règles décidées à Paris ne tient que fort peu compte des spécificités de ce territoire d’Outre-mer. Dans une volonté d’homogénéisation aux valeurs de la république, l’attribution de la citoyenneté française obligatoire, et ses processus de francisation, furent appliqués sans grande réflexion, et dans le déni des réalités culturelles et naturelles. Sans nuance ni examen des spécificités, ce système est venu se greffer sans douceur dans les petites communautés sur lesquelles il a aujourd’hui encore des conséquences néfastes. Dans un souci d’alignement aux normes de l’hexagone et aux valeurs républicaines, les applications administratives provoquent des ajustements incongrus à une réalité « exogène » aboutissant à la déstabilisation des communautés, allant jusque leur déstructuration et le délitement des identités culturelles traditionnelles. L’influence extérieure du modèle de société français (école, organisation sociale, consommation, …) crée un nouveau système de valeurs qui détériore les rapports intracommunautaires créant une fracture entre les nouvelles générations et les anciennes. Ainsi, les instances coutumières sont-elles en crise de légitimité face aux jeunes, partagés entre tradition et modernité. De la même manière, les structures hiérarchiques familiales et communautaires sont affaiblies face aux influences extérieures. S’ensuit la création d’un imaginaire collectif qui dévalorise le milieu naturel et culturel et promeut un modèle exogène, hors sol. Ces mécanismes combinés ont provoqué le bouleversement des modes de vie traditionnels ayant des impacts sur l’ensemble des aspects sociaux, culturels et identitaires des populations autochtones. Ce mal être a des effets mortifères sur ces communautés, comme en témoigne l’indice de suicide des jeunes. Quelques extraits pour illustrer les propos qui suivent. CNCDH (Conseil National Consultatif des Droits de l’Homme – Rapport 2017) : « Les changements trop radicaux et unilatéraux issus de la “francisation “ des années 1960-1970 ont déstabilisé ces peuples amérindiens et ont fait naître chez les plus jeunes générations des interrogations sur leurs racines culturelles, ouvrant la voie au développement du mouvement amérindien. » 5 5 “Les Aluku de Guyane à un tournant : de l'économie de subsistance a la société́ de consommation” par Bernard DELPECH - Sociologue, Université de Paris X -Nanterre : « Les Aluku, société coutumière de l'intérieur guyanais sont secoués par les effets de Economie marchande et de la modernité : déstabilisation de la base matérielle traditionnelle, transformation des mentalités, altération des règles de vie collective. Les villages vident alors que dans les chefs-lieux la pression sur le milieu naturel brise un équilibre fragile. Sur le littoral, où ils émigrent nombreux, les formes précaires de filiation résidentielles se multiplient, révélatrices du processus de paupérisation induit par la perte d'autonomie. Le déclin de l'agriculture vivrière, l'épuisement des ressources, la dépendance par rapport au secteur monétaire, ont conduit à une dégradation des conditions de vie, responsable d'une forte augmentation des maladies de carence dont les enfants sont les premières victimes. La progression des troubles nutritionnels aigus est l'indicateur le plus négatif des transformations massives et rapides affectant ce petit peuple. Dans la transition vers la société de consommation, les Aluku s'insèrent au plus bas de l'échelle sociale et sacrifient leur génération montante handicapée par le manque de qualification professionnelle. Eu égard à leur rôle jadis dans la vie économique locale, ils méritent d'être associés au développement régional par une insertion préservant leur identité socio-culturelle et satisfaisant leurs aspirations à la promotion… » « Modes de vie traditionnels et modernisme dans l’habitat en Guyane » Par Jeanne Bianchi - Direction générale de l’urbanisme, de l’habitat et de la construction « Ces populations amérindiennes et noires-marronnes, qu’elles soient parties pour la ville ou restées dans la forêt, sont les plus vulnérables. Leurs modes de vie traditionnels sont en pleine évolution vers une modernisation et une occidentalisation de plus en plus poussées. (…) Dans ce phénomène, le bâti occupe une place de choix. Il est tout à la fois cause et conséquence de la transformation du mode de vie. Conséquence, par exemple, d’une monétarisation trop rapide de sociétés qui n’y étaient pas du tout préparées et qui n’avaient jusqu’à il y a peu quasiment aucun contact avec l’économie de marché, conséquence aussi du fort désir de « calquer » le mode de vie occidentale. Et en même temps cause, parce que partiellement responsable du bouleversement de l’organisation spatiale, de la disparition des cadres sociaux traditionnels, du changement du rapport à autrui. (…) Les Amérindiens et les Noirs-Marrons présentent le plus de problèmes au glissement de la tradition au modernisme dans l’habitat. (…) Le fondement de ces problèmes réside dans la brutalité de cette évolution. Il y a quelques décennies ces communautés vivaient encore en autarcie presque totale. 6 6 La confrontation avec le mode de vie et en particulier le mode d’habiter occidentale (avec pour intermédiaire principal la culture créole, elle-même très occidentalisée comme nous l’avons vu précédemment) a été brutale dans le sens où ces populations n’ont pas eu assez de recul par rapport à ces influences nouvelles. Ils se sont ainsi construit une idée très occidentale du confort et de la modernité, et qui n’est, en général, pas du tout adapté au climat et aux modes de vie. Les Amérindiens et les Noirs-Marrons essayent donc spontanément de transformer leur habitat à l’image des constructions du littoral : toit en tôle, espace fermé, cuisine intérieure (…)» “La francisation des Indiens de Guyane” par Jean Marcel Hurault, Le Fait public, n°16, 1970 « Cette entreprise d’assimilation mené par tous les moyens de pression d‘un État moderne à l’égard de petits groupements sans défense est une atteinte à la dignité humaine (…) La création de communes dans l’intérieur guyanais ne peut conduire qu’à l‘effondrement de leur économie, à leur désorganisation et finalement leur concentration dans des bidonvilles autour de Cayenne et de Saint- Laurent» *** Dans l’illustration à suivre, seuls quelques exemples seront développés, notamment ceux qui s’avèrent être les plus révélateurs quant à l’objet de recherche du projet d’école des savoirs de la forêt : le maintien des activités traditionnelles des populations forestières, la valorisation de leurs savoirs et savoir-faire, la transmission des savoirs, le développement uploads/Societe et culture/ arbre-des-proble-mes-guyane.pdf

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