Arxiu d’Etnografia de Catalunya, n.º 21, 2020, 127-151 | DOI: 10.17345/aec21.12
Arxiu d’Etnografia de Catalunya, n.º 21, 2020, 127-151 | DOI: 10.17345/aec21.127-151 ISSN: 0212-0372 – EISSN: 2014-3885 – http://antropologia.urv.cat/revistarxiu Résumé : Le but de cet article est d’analyser les caractéristiques des rites du mariage dans la société Mbochi, en République du Congo. En ce qui concerne le travail anthro- pologique que nous avons effectué dans le sous-groupe ngaé qui se trouve dans la partie septentrionale du pays, et dont les spécificités coutumières du mariage sont l’exigence d’une tradition ancestrale. Cette étude est le fruit d’une enquête orale ré- alisée dans le district d’Allembé. La chaîne d’alliances matrimoniales réalisée grâce à la compensation matrimoniale appelée «dot» parmi les ngaé, qui ne peuvent avoir des relations sexuelles, sans transgression de la société, exige le respect des valeurs morales. C’est ainsi que la coutume a établi le «mariage» parce qu’il n’y a pas de pro- création sans sexualité. Selon cette pratique, il existe différents types de mariage. Mots-clés : typologies des mariages; mbochi-ngaé; allembé; Congo. Abstract: The purpose of this article is to analyse the characteristics of marriage rites in Mbochi society in the Republic of Congo. Regarding the anthropological work that we did in the Ngaé subgroup, whose requirements regarding marriage are part of ancestral tradition. This study is the result of an oral survey carried out in the district of Allembé (Department of Plateaux), on the right bank of the Alima and bordering other subgroups: Téké-limà, Ondinga, Olée, Mbondzi and Ngilima. This Mbochiggae subgroup is found in the northern part of the country. The chain of matrimonial TYPOLOGIE DES MARIAGES CHEZ LES MBOCHIS NGAE DU DISTRICT D’ALLEMBÉ Rock Okiemba Assistant à l’Université Marien Ngouabi rockfeller16@yahoo.fr alliances achieved through a matrimonial compensation called “dowry” among the Ngaé, who cannot have sex without transgressing society, requires respect for moral values. This is how custom established “marriage” because there is no procreation without sexuality. According to this practice, there are different types of marriage. Keywords: Typologies of marriages; Mbochi-Ngaé; Allembé; Congo 129 Arxiu d’Etnografia de Catalunya, n.º 21, 2020 Typologie des mariages chez les Mbochis ngae du district d’Allembé Introduction : Selon Sautter (1962), l’implantation des mbochi en République du Congo n’est pas ancienne par rapport à son voisin Tégué. Ce groupe se trouve au nord, et est à cheval entre deux départements : la Cuvette et les Plateaux. Chaque département est subdivisé en sous-groupes : Koyo, Akwa, Ngaré, pour la Cuvette ; Olée, Odinga, Tongo, Ngilima, Tsambi-tso, Eboyi, Obaa, Ngaka et Ngaé pour les Plateaux. C’est sur ce dernier sous-groupe que porte notre intérêt, pour connaître son domaine de la parenté nécessaire en anthropologie sociale. C’est ce qu’affirme Fox (cité par Géraud, Lezer- voisier et Potier, 2000 : 178) : « la parenté est en anthropologie ce que la logique est en philosophie et l’étude du nu aux arts plastiques : la disci- pline de base ». Cet article repose sur une enquête anthropologique sur les différentes formes de mariages dans la société mbochi ngaé où la multiplicité des lignages qui caractérisent la structure sociale traditionnelle est indé- pendante les uns des autres. On s’en rend compte, de plus en plus par l’existence des omwè. Ceux –ci sont, par rapport aux lignages, asia, des segments de lignages. Ainsi, baré bà omwè ophoo, « membres d’un même lignage ». Les omwè correspondent sans doute à des lignées. Comme tout groupe de parenté, un omwè est bilatéral. C’est ainsi qu’un homme ap- partient d’une part, à son omwè patrilatéral et d’autre part à son omwè matrilatéral. Comme les omwè sont inféodés aux lignages, asia. L’ancêtre demeure le même- les lignages ainsi que les lignées constituent pour le groupe mbochi l’armature de la parenté. On peut noter que la survie d’un groupe ne dépend pas seulement de son importance numérique. L’arma- ture psycho-idéologique en est la preuve, aboro alongo, aboro l’ékoma, « la parenté, c’est le lien du sang ». Le mariage peut être défini comme « l’union d’un homme et d’une femme telle que les enfants nés de la femme sont reconnus légitimes par les parents » (Notes and Queries on Anthropology, 6è édition, 1951 : cité par Bonte et Izard, 2002 : 444). Les relations entre personnes dans le mariage ne concernent pas ainsi seulement les conjoints, mais égale- ment leurs groupes de parenté, et c’est de l’implication de ces groupes dans le mariage que cette institution tire une légitimité qui la distingue, 130 Arxiu d’Etnografia de Catalunya, n.º 21, 2020 Rock Okiemba du concubinage. Tambiah et Goody (1973 : 67) parlent « des transferts qui vont de la famille du fiancé vers celle de la promise », qu’ils désignent en termes de « prix de la fiancée ». Par contre Spiro (1975 : 92), tente de donner « une interprétation purement formaliste des prestations de ma- riage en introduisant l’hypothèse d’une articulation entre « valeur de per- sonnes » et « valeurs de biens ». Pour constituer une famille, il est nécessaire de passer au rite du ma- riage. Or dans la société mbochi existe une variété de mariages : quels sont-ils ? Pour répondre à cette question, nous avons recouru à une méthodolo- gie axée sur une enquête anthropologique, essentiellement orale, réalisée en langue èmbosi C251 avec l’appui d’un linguiste chercheur2, dans un dé- partement précis de la République du Congo. Ainsi, sur les onze districts que compte le département des Plateaux, cette étude s’est focalisée sur le district d’Allembé, où réside la plus grande proportion de la communau- té mbochi-ngaé qui fait l’objet de notre travail. Pour ce faire, nous avons procédé à un échantillonnage aléatoire, par un tirage sans remise de per- sonnes ressources mbochi-ngaé, tirées des 32 villages du district d’Allem- bé, et représentant 4% de la population dudit district (CNSEE, 2009). Ces 32 villages sont subdivisés en deux zones : Yama et Ekassa. Ainsi, en par- tant de la proportion retenue (environ 4% de la population), il en découle un tirage de 4 personnes par village, 128 par zones, soit 256 personnes ressources au total pour tout le district. Ainsi, il nous revient de présenter la typologie des différents mariages tels que observés lors de notre étude dans la communauté mbochi-ngaé. 1. Le mariage par anticipation Ce mariage était une variante du mariage que l’on nomme ebandi ou mbandi. Le vocable ebandi vient du verbe qui, entre autres significations qui sont : « commencer », « débuter », « élire », etc. signifie ici « désigner », « choi- sir » ou jeter son dévolu sur une femme. En effet ce mariage accordait à un homme, suivant la coutume, le droit de mariage avec un enfant à 1 Aire géographique de la langue èmbosi (Embanga Aborobongui, Hamlaoui et Rialland, 2014). 2 Dr Embanga Aborobogui Georges Martial, enseignant chercheur à l’Université Marien Ngouabi. 131 Arxiu d’Etnografia de Catalunya, n.º 21, 2020 Typologie des mariages chez les Mbochis ngae du district d’Allembé naître, surtout dans la perspective d’une fille. Si par exemple une femme était dans un état de grossesse, dzémi, un prétendant s’annonçait pour épouser sa future fille. Au cas où sa candidature était agréée par les pa- rents, celui-ci était tenu, comme à l’accoutumée, de verser à ses futurs beaux-parents les iléli, composés exclusivement en vin de palme. Sui- vant le désir du futur beau-père, le prétendant pouvait y ajouter en mon- naie ancienne, c’est-à-dire les nzi, « monnaie en coquillage », ou encore les ngyèlè, trois barrettes servant de même de monnaie ancienne. Il faut dire que faute de connaissances échographiques, ce type de mariage était soumis au gré du hasard des résultats de l’accouchement. A telle enseigne que si le nouveau-né était de sexe féminin, il n’y avait aucun inconvénient quant à la poursuite des démarches conduisant à la concrétisation de l’union matrimoniale. Si par contre le nouveau-né était de sexe masculin, cela était bien désolant pour le prétendant en attente. Dans ce cas, les objets impérissables étaient remboursés au prétendant déçu, sauf le vin de palme. En revanche, des liens d’amitié très durables devaient se nouer entre les deux hommes. Ces liens allaient aussi bien de l’aide matérielle que de l’aide médicale en passant toutefois par la protection physique. Cette pratique qui du reste paraît étrange avait sans doute ses raisons bien fondées. En premier lieu, elle était révélatrice d’un nombre très in- suffisant de femmes à pourvoir. On suppose que ce déficit en femmes pouvait avoir, entre autres causes, l’interdiction bilatérale maximale des mariages endogamiques chez les Mbochi ngaé. En second lieu, le ma- riage par anticipation avait aussi ce côté qu’on peut qualifier de pédago- gique car, dès l’âge de six ou sept ans, le mari retirait la fillette de ses pa- rents pour l’élever selon sa convenance. L’aspect phallocratique n’est pas non plus à écarter dans cette affaire, pas plus que le désir de la déflorer lui-même. Du fait de son caractère jugé trop rétrograde, du fait également de l’évolution démographique en faveur du sexe féminin, le mariage par an- ticipation n’est plus pratiqué de nos jours dans la société mbochi ngaé. Mais uploads/Societe et culture/ article 2 .pdf
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- Publié le Jul 18, 2022
- Catégorie Society and Cultur...
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