L e cinéma polonais a, dès ses débuts, engagé un dialogue avec la société, mais

L e cinéma polonais a, dès ses débuts, engagé un dialogue avec la société, mais il a égale- ment suscité des questions, souvent peu commodes. Krzysztof Kieślowski dont les inoubliables films documentaires comme «De la ville de Łódź» ou «Premier Amour» et les fictions comme «L’Amateur», «Le Hasard» ou «Tu ne tueras point» révélaient le vrai visage, souvent inhumain, de la réalité polonaise des années soixante-dix et qua- tre-vingts, faisait sans aucun doute partie des réa- lisateurs pour qui poser des questions était plus important que de donner des réponses simples au public. Il entendait le film comme une tentative de décrire le monde dans lequel l’individu doit quasiment tous les jours choisir entre le Bien et le Mal, entre la Vérité et le Mensonge, entre l’Amour et la Haine. Il défendait l’indépendance de l’artiste dans l’art et son droit inaliénable d’articuler aussi des vérités incommodes. Il apportait dans ses films des valeurs citoyennes telles que l’é- galité, la liberté ou la fraternité, et des valeurs chrétiennes issues des Dix Commandements. A travers son activité de pédagogue cinématographique, il enseignait l’humilité à l’égard du métier, du spectateur, du sujet, mais aussi le courage face aux mes- sages incommodes. A l’occasion du dixième anniversaire de la mort de Krzysztof Kieślowski, le Ministère de la Culture et du Patrimoine National tient à rappeler l’œuvre de l’artiste, son comportement et ses questions simples seulement en apparence, qui portent sur les valeurs inaliénables dans la vie de l’individu et de la société. Je suis convaincu que l’Institut polonais d’Art Cinématographique, créé pour soutenir le développement de la cinématographie, et dont je vous recommande chaleureusement la présente publica- tion, portera souvent encore attention aux belles et inoubliables pages de l’histoire du cinéma polonais et à ses liens vivants avec la culture européenne. T he Polish cinema, from the very beginning of its existence, not only has been under- taking a dialog with the society, but also provoking to ask, frequently inconvenient, ques- tions. Krzysztof Kieślowski, whose unforgotten doc- umentary films, such as „From the City of Lodz“ or „The First Love“ and the feature films such as at least „Camera Buff“, „Blind Chance“, or „The Short Film About Killing“ revealed the true, often inhuman face of Polish reality of seventies and eighties, was one of those directors, for whom asking questions was more important than providing the audi- ence with simple answers to them. He understood the film as an attempt to describe the world, in which almost every day an indi- vidual has to choose between Good and Evil, Truth and Lie, Love and Hatred. He defended artist’s independence in art and his/her inalien- able right to articulate also inconvenient truths. He brought in his films the world of citizen’s values such as equality, freedom, or brotherhood, as well as the world of Christian values originating from the Ten Commandments. In his activity as a film educa- tionalist he taught the attitude of humbleness towards the pro- fession, a viewer, the subject, but also the courage to convey inconvenient messages. On the tenth anniversary of Artist’s death, the Ministry of Culture and National Heritage wishes to recall the works and atti- tude of Krzysztof Kieślowski, and his seemingly simple questions concerning basic, inalienable values in the life of an individual and the society. I am convinced that the Polish Film Institute, called into being to support development of Polish cinematogra- phy, of which the hereby publication I warmly recommend to You, still many times will turn its attention to the beautiful, unfor- gotten cards of history of Polish film and its vivid connections with the European culture. MESDAMES ET MESSIEURS / LADIES AND GENTLEMEN LE MINISTRE DE LA CULTURE ET DU PATRIMOINE NATIONAL Kazimierz Michał Ujazdowski THE MINISTER OF CULTURE AND NATIONAL HERITAGE Kazimierz Michał Ujazdowski L Institut polonais d’Art Cinématographique coordonne les événements liés à l’Année Kieślowski. Pour le dixième anniversaire de la disparition de l’artiste, des rétrospectives de ses films auront lieu dans le monde entier: à New York, Paris, Berlin, Vienne, Vilnius, Zürich. Il est rare que les metteurs en scène avouent qu’ils sont directement influencés par un autre artiste, qu’ils se mettent à réaliser les scénarios d’un autre metteur en scène, qu’ils citent dans leurs œuvres des films déjà connus. Pourtant c’est ce qui arrive avec Kieślowski ! On peut trou- ver des références à son oeuvre dans nombre de films, ainsi dans « Le Grand animal» de Jerzy Stuhr, « L'Enfer» de Denis Tanovic, « L'Espoir» de Stanisław Mucha, « Heaven» de Tom Tykwer, ou encore dans « Amorres Perros » d’Alexandro Gonzales Inarritu. Les étudiants des séminaires et des écoles de cinéma parlent volontiers et avec fierté, de l’influence qu’exerce sur eux l’œuvre de Kieślowski. Ils partagent l’opinion contestataire du metteur en scène : il faut faire des films sur des problèmes importants, trai- ter les sujets essentiels, poser des questions même si on ne connaît pas toujours la réponse, être sincère dans ses énoncés. De même dans le monde entier, le public revient souvent aux films de ce célèbre metteur en scène. P olish Film Institute coordinates the celebra- tion of Kieślowski’s Year. A number of film retrospectives are going to be organised around the world: in New York, Paris, Berlin, Vienna, Vilnius, Zurich, to commemorate the 10th anniversary of the artist’s death. Seldom do film directors openly admit to being influenced by the works of another artist, to being interested in making a film based on somebody else’s screenplay, they do not often make allusions to other well-known films in their own productions either. It is completely different, however, in case of Kieślowski! References to the artist’s works can be found in a number of films, such as: “The Big Animal” directed by Jerzy Stuhr, “Hell” directed by Denis Tanovic, “Hope” directed by Stanisław Mucha, “Heaven” directed by Tom Tykwer, or “Amorres perros” directed by Alexandro Gonzales Inarritu. A lot of film school students proudly and openly admit to being influenced by Kieślowski and his works. They share the opinion expressed by the artist who used to emphasise that: it is necessary to make films about important things, films dealing with the most significant issues, it is vital to ask questions even if the answer is unknown, and to be honest in what we do. Audiences around the world also seem to demonstrate their great interest in Kieślowski’s films which can be watched over and over again. CHERS AMIS DU CINÉMA POLONAIS / DEAR FRIENDS OF POLISH FILM L’INSTITUT POLONAIS D’ART CINÉMATOGRAPHIQUE DIRECTRICE GÉNÉRALE Agnieszka Odorowicz POLISH FILM INSTITUTE GENERAL DIRECTOR Agnieszka Odorowicz ’ 6 E n parcourant les salles ou plutôt la succession de pièces et de petits salons de l’exposition «Krzysztof Kieślowski: Signs and Memory», présentée récemment au Musée du Cinéma à Łódź, exposition d’ailleurs toujours en cours, j’ai remarqué combien, fortuitement ou intentionnelle- ment, elle rendait le caractère de l’homme auquel elle est dédiée. Il y a quelque chose d’émouvant dans ces simples photographies réalisées par Krzysztof Kieślowski, dans le cadre de ses activités à l’Ecole de Cinéma et que l’on a intitulées «Z miasta Łodzi» [«De la ville de Łódź»]. Les lettres chaleureuses qu’il adres- sait à ses amis sont également touchantes par leur simplicité. L’exposition nous captive de par sa modestie, car elle oscille de manière convaincante entre le monde dont Krzysztof était issu et celui auquel il parvint et que les Polonais appellent conventionnel- lement «l’Occident». Le fait que l’exposition parte de ce qui est provincial ou polonais pour atteindre l’universel, c’est-à-dire ce qui est commun aux gens quelles que soient leurs origines, la couleur de leur peau, leur langue, peut étonner, mais c’est cohérent avec le chemin de vie de Kieślowski. Elevé, ayant grandi au sein d’un systè- me qui était loin de respecter la dignité, la vérité et l’ouverture au monde, le Citoyen K. commença, dès ses premiers films, à défendre le droit de l’homme à choisir son propre chemin, sa propre vérité, sa propre vie. Il devint citoyen du monde. Qu’est ce que l’amour, la mort, l’égalité, le destin? Il y a une certaine ironie dans le fait que jus- tement cet homme, peu bavard, qui ne cherchait jamais à épater l’entourage de par son importance, qui ne parlait aucune langue étrangère, allait devenir, à la fin de sa vie, un réalisateur de films difficiles, compris mais aussi aimés par le public du monde entier. Son provincialisme, assumé dans le sens où le réalisateur se limitait au petit fragment du monde familier parce que le plus proche, allait devenir paradoxalement la clé de l’expression universelle. «Une dent fait autant mal à l’Africain qu’à l’Européen. Et c’est en fait ce dont je parle. De la douleur qui nous est commune», dira-t-il un jour lors d’une rencontre avec des journalistes. *** L e Musée du Cinéma à Łódź est, il faut le dire carrément ici, merveilleu- sement démodé. Son siège est un petit palais de style, protégé comme monument historique; il est plein de recoins, il possède un vieil uploads/Societe et culture/ kieslowski-10-rocznica-smierci.pdf

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