Université Paris IX Dauphine Présentation pour le cours d’épistémologie Profess
Université Paris IX Dauphine Présentation pour le cours d’épistémologie Professeur : M. Wacheux Le 07.11.2003 Le postmodernisme Aline Murcia DEA 128 FC « e-management : méthodes et concepts » 2003, promotion 3 Le postmodernisme, Aline Murcia, DEA 128 FC 2003 1 Table des matières Introduction p.3 I- Quelques définitions p.4 A- La modernité ou la prééminence de l’Individu sur les sociétés p.4 - Égalitarisme moderne versus hiérarchie des sociétés traditionnelles p.5 - L’aliénation du travail traduit les inégalités et les rapports de domination p.6 B- La postmodernité p.6 - Une période véritablement qualifiée à partir des années 80 p.6 - La perte de confiance p.7 II- Les principales caractéristiques de la postmodernité p.9 A- La perte des croyances p.9 B- La consommation, nouvelle frontière p.10 C- Culture et sociostyles p.12 III- Les ressorts et les implications du postmodernisme p.14 A- Fin de l’Individualisme ? Ou nouvelle forme d’Individualisme ? p.14 B- Eclectisme et hédonisme comme nouvelles valeurs sociétales p.16 IV- Effets de mode ou nouveau paradigme ? p.19 V- Bibliographie p.22 Le postmodernisme, Aline Murcia, DEA 128 FC 2003 2 Selon Yvonne Giordano1, le postmodernisme est une « sensibilité contemporaine, développée depuis la Seconde Guerre mondiale qui ne privilégie aucune autorité, méthode, paradigme. ». Il nous paraît nécessaire, et afin d’aborder de façon plus précise ce « concept difficile à cerner »2, de donner quelques définitions, qui nous permettrons ensuite de poser les principales questions et apporter les éléments de compréhension théoriques et pratiques. Ceci avant d’approfondir de façon plus personnel la notion de postmodernisme. 1 Yvonne Giordano, in Conduire un projet de recherche, une perspective qualitative, Editions EMS, Management et société, 2003, p.296 2 Nicolas Riou, in Pub Fiction, Editions d’organisation, 1999, p. 183 Le postmodernisme, Aline Murcia, DEA 128 FC 2003 3 I- Quelques définitions : Il est impossible d’expliquer la période postmoderne sans aborder tout d’abord les principaux éléments du modernisme. En effet, la tradition sociologique découpe l’histoire de l’Europe selon un schéma simple : périodes prémodernes ou « holistiques »3 ; période « moderne » et pour certains période postmoderne. L’idée de modernité est partagée en fait par toutes les sciences sociales (histoire, économie, sociologie…) et désigne fondamentalement l’avènement de la société moderne, industrielle, à partir du XVIIIè siècle, puis postindustrielle / postmoderne depuis les années 60. Il convient donc tout d’abord de définir la modernité avant d’aborder le concept de postmodernité. A- La modernité ou la prééminence de l’Individu sur les sociétés : « Les penseurs classiques de la sociologie : Tocqueville, Marx, Weber, Durkheim, Simmel, ont décrit à leur manière la modernité : individualisme, rationalisation, spécialisation des activités, déshumanisation, désocialisation, instabilité, etc… »4. Les pères fondateurs de la sociologie ont décrit la modernité comme le produit d’un effort constant pour s’arracher aux traditions, aux hiérarchies arbitraires, aux croyances obscures, en maintenant un idéal de progrès des connaissances, des techniques et des rapports sociaux. Pour Max Weber, les sociétés européennes du 17è et 18è siècle se sont fondées sur la rationalisation de toutes activités sociales et économiques et sur l’avènement de l’Etat. « La modernité est caractérisée par l’alliance d’une philosophie du droit individuel, d’un débat politique régulé, non - violent, permettant l’accès au pouvoir, et par la perte d’emprise progressive de la religion »5. La modernité se déploie donc sur tous les registres de l’activité sociale, politique, économique, culturel, religieux. L’histoire politique de l’Europe peut alors se voir comme l’approfondissement difficile de cette modernité, durant laquelle les forces 3 Relatif à l’holisme. En épistémologie ou en Sciences Humaines, doctrine qui ramène la connaissance du particulier, de l’individuel à celle de l’ensemble, du tout dans lequel il s’inscrit. In Le Petit Larousse, 2000 4 In Sciences Humaines, N° 73, juin 1997, p.14 5 opt cit, p. 15 Le postmodernisme, Aline Murcia, DEA 128 FC 2003 4 conservatrices et despotiques fondées sur la communauté se sont opposées aux forces démocratiques fondées sur le droit individuel. L’histoire économique est celle de « la croissance industrielle, fondée sur le capitalisme (alliance de l’entrepreneuriat individuel et du salariat) et sur un droit du commerce et du travail de plus en plus élaboré. L’histoire culturelle est celle de l’avènement de sociétés sécularisées, où l’école et la société jouent un rôle capital »6. Égalitarisme moderne versus hiérarchie des sociétés traditionnelles La tradition s’oppose à la rationalité ; de même, la religion à la science ; la contrainte à la liberté ; et au « holisme » des sociétés traditionnelles, l’individualisme de la modernité. « Le culte de l’individu » qui s’incarne dans le respect des droits de l’homme devient le seul ciment social de la modernité. »7. Ce qui génère une fragilisation du lien social, parallèlement à l’étiolement des valeurs traditionnelles (famille, corporations, Eglise…). Pour Durkheim et Tocqueville, la dissolution du lien social ne peut être évitée qu’en préservant le rôle des groupes intermédiaires. (Weber parle de « polythéisme des valeurs » pour désigner la multiplication des valeurs et finalités.) Selon Durkheim, l’on assiste alors à l’anomie8 de la société. On peut rapprocher la formule de Tocqueville de celles de Durkheim dans Le Suicide : « Ainsi, plus on aura et plus on voudra avoir, les satisfactions reçues ne faisant que stimuler les besoins au lieu de les apaiser » ; « moins on se sent limité, plus toute limitation paraît insupportable. » La modernité se caractérise ainsi par un flux permanent d’évènements qui se désagrègent et se dissolvent au moment même où ils émergent. Les individus s’agitent de toute part, s’affairent à de multiples activités, sans en achever aucune. L’aliénation du travail traduit les inégalités et les rapports de domination 6 In Sciences Humaines N° 143, novembre 2003, p. 22 7 opt cit, p.15 8 Dans le vocabulaire sociologique, le terme renvoie à l’idée d’un affaiblissement des mécanismes d’intégration sociale. On parlera d’anomie, par exemple, pour désigner le fait qu’une fraction de la population ne partage plus les valeurs et ne respecte plus les normes dominantes d’une société. Durkheim parle de « suicide anomiste » pour caractériser les suicides qui s’expliquent par un déclin de la famille ou de la communauté de travail. Le déclin des valeurs morales d’une société sont également pour Durkheim une cause d’anomie. In Sciences Humaines N°73, Mots Clés, juin 1997, p.19 Le postmodernisme, Aline Murcia, DEA 128 FC 2003 5 C’est Marx qui a le mieux analysé l’aliénation de l’ouvrier dans l’industrie moderne : il perd toute maîtrise du processus de production et en conséquence ne perçoit plus ni le sens, ni l’utilité de ce qu’il fait. Loin de se réaliser dans le travail comme il le devrait, « il y mortifie son corps et y ruine son esprit ». L’objet même de son activité lui devient étranger.Les rapports entre les choses se substituent aux rapports entre les hommes, et « le monde des objets finit par dominer le monde des hommes ». Derrière l’égalité proclamée se cachent les inégalités réelles ; derrière le contrat de travail entre individus libres, la réalité des rapports d’exploitation ; derrière la neutralité de l’Etat, les rapports de domination qui transforment l’Etat en un appareil au service des intérêts économiques de la classe dominante. Weber également, met en exergue les rapports de domination occultés par le droit positif. Quant à Simmel, il met en lumière l’allongement des chaînes d’interaction et la multiplication des groupes d’appartenance librement choisis, annonçant ainsi le retour du « néo-tribalisme » cher à Maffesoli. Weber a montré le premier qu’il n’existe pas dans les sociétés modernes de point de vue suprême capable d’unifier l’ensemble des points de vue. Autant de thèmes qui restent au centre des préoccupations des sociologues contemporains, pour ne pas parler des théoriciens de la société postmoderne qui ne manquent pas d’y puiser de nombreuses idées. B – La postmodernité : C’est Charles Jencks, critique d’art, qui donne le premier un véritable sens à l’adjectif postmoderne. Il l’emploie à propos d’architecture dès 1975. Les années 80 marqueront la naissance de l’école postmoderne, mouvement réellement engagé en Angleterre. Une période véritablement qualifiée à partir des années 80 C’est au cours des années 80 que l’école « postmoderne » s’est développée parmi les sociologues anglais. Des revues (Sociological Review, Praxis international, Theory and Society, et Sociology- Theory- Culture & Society, fondée par Mike Featherstone), des collections académiques (celle de Sage Publication mais aussi celle fondée par Mannheim et maintenant dirigée par John Urry, chez Routledge) ont pris la notion pour drapeau. Les textes Le postmodernisme, Aline Murcia, DEA 128 FC 2003 6 écrits par Barry Smart, Scott Lash, Bryan Turner, David Harvey, Stephen Crook, Jan Pakulski et Malcolm Waters, Colin Campbell et Zygmunt Bauman font dialoguer les philosophes « post-structuralistes » français (Foucault, Derrida, Baudrillard et Lyotard) avec l’école de Francfort (Benjamin, Adorno et Habermas). Mais Weber et surtout Marx restent également très présents. L’historien britannique Colin Campbell publie en 1987 un ouvrage intitulé L’éthique romantique et l’esprit du consumérisme moderne, qui devient une référence importante pour les postmodernes. Campbell, ainsi que Max Weber, puise dans l’histoire religieuse le complément indispensable uploads/Societe et culture/ le-postmodernisme 1 .pdf
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- Publié le Nov 16, 2021
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