Le transfert du culturel dans la traduction de Poisson d’or de Le Clézio Camill

Le transfert du culturel dans la traduction de Poisson d’or de Le Clézio Camilla Skilbred Masteroppgave i fransk språk Institutt for litteratur, områdestudier og europeiske språk Universitetet i Oslo Høsten 2005 Le transfert du culturel dans la traduction de Poisson d’or de Le Clézio Camilla Skilbred Veiledet av Antin Fougner Rydning Masteroppgave i fransk språk Institutt for litteratur, områdestudier og europeiske språk Universitetet i Oslo Høsten 2005 2 Remerciements Je tiens à remercier Mme Antin Fougner Rydning, ma directrice de mémoire, pour ses remarques et ses corrections minutieuses. Merci également à mes collègues étudiants pour leur aide et encouragement au cours du travail. Oslo, novembre 2005 3 TABLE DES MATIÈRES TABLE DES MATIÈRES ....................................................................................................... 4 I INTRODUCTION ................................................................................................................. 6 II J.M.G. LE CLÉZIO – L’ÉCRIVAIN MYSTÉRIEUX................................................... 11 1 Repères biographiques........................................................................................................ 11 2 Le style.................................................................................................................................. 13 2.1 L’art romanesque ou le refus de celui-ci........................................................................ 14 2.2 Le temps actuel et le monde imaginaire......................................................................... 16 3 Poisson d’or.......................................................................................................................... 18 4 Le traducteur....................................................................................................................... 21 III THÉORIE.......................................................................................................................... 22 1 L’École de Paris................................................................................................................... 25 1.1 La compréhension .......................................................................................................... 26 1.2 La déverbalisation .......................................................................................................... 27 1.3 La réexpression .............................................................................................................. 30 1.4 La vérification ................................................................................................................ 34 2 La théorie du Skopos........................................................................................................... 35 3 Nida et l’étude des aspects culturels en traduction.......................................................... 36 3.1 Equivalence formelle et équivalence dynamique........................................................... 36 4 Le transfert du culturel chez Lederer ............................................................................... 39 4.1 Les éléments extra-linguistiques .................................................................................... 39 4.2 Les éléments indissociables à la langue ......................................................................... 40 4.3 Les allusions culturelles ................................................................................................. 40 4.4 L’adaptation ................................................................................................................... 41 4.5 La conversion................................................................................................................. 41 4.6 L’explicitation................................................................................................................ 41 4.7 L’ethnocentrisme............................................................................................................ 42 IV ANALYSE ......................................................................................................................... 44 1 Les éléments ancrés dans la culture française.................................................................. 47 2 Les éléments ancrés dans la culture africaine .................................................................. 57 4 3 Les éléments ancrés dans la culture américaine............................................................... 70 V CONCLUSION................................................................................................................... 76 1 Le skopos.............................................................................................................................. 76 2 Les procédés employés par le traducteur.......................................................................... 77 2.1 Les emprunts .................................................................................................................. 77 2.2 Les explicitations............................................................................................................ 78 2.3 Les correspondances et les équivalences ....................................................................... 79 3 La forme et le sens............................................................................................................... 81 4 Remarques conclusives ....................................................................................................... 82 BIBLIOGRAPHIE................................................................................................................. 84 5 I INTRODUCTION La traduction est avant tout une activité, un savoir-faire qui se développe par la pratique. La traductologie, la science de la traduction, est une science relativement nouvelle, ce qui explique que de nombreux phénomènes n’ont pas encore été suffisamment approfondis. Ce mémoire propose de traiter des obstacles culturels que rencontre le traducteur et de l’importance de la compréhension des textes dans leur totalité avant de commencer à traduire. Comment résoudre les problèmes de transfert culturel dans un texte littéraire ? Quels procédés sont disponibles au traducteur pour transmettre les éléments culturels ? Est-il possible de conserver aussi bien la forme que le sens au sein d’une même solution ? En traduction littéraire, la forme fait corps avec le sens, et il s’agit de garder la couleur locale et ne pas familiariser tous les éléments étrangers. La traduction par correspondances plutôt que par équivalences est-elle le résultat d’une telle approche ? Telles sont les questions auxquelles je tâcherai de répondre dans mon mémoire. Dans toute traduction il existe toujours une alternance entre correspondances et équivalences, mais je tiens à mettre à l’épreuve le postulat selon lequel les équivalences sont la règle et les correspondances plutôt l’exception (voir le chapitre III pour une définition de ces termes). Même si je trouve qu’il est important pour un traducteur d’avoir quelques repères théoriques et d’avoir réfléchi aux obstacles potentiels à la communication avant que ceux-ci se présentent, j’écris ce mémoire avec la pratique en tête. Contrairement aux traductologues qui ont écrit les ouvrages sur lesquels je me base tout au long du mémoire, et qui ont pratiqué la traduction pendant des années, j’entreprends cette étude avant de démarrer une carrière professionnelle. Cette étude se fonde en une sorte sur une synthèse des connaissances que j’ai acquises au cours de mes études, à savoir des connaissances en traductologie, en linguistique, en littérature, en civilisation et en psychologie. On distingue entre la traduction pédagogique, pratiquée par les étudiants comme moyen pour apprendre une nouvelle langue, et la traduction professionnelle qui consiste essentiellement à restituer un message dans une autre langue pour faire comprendre le sens de celui-ci à quelqu'un. Cette étude est consacrée à la pratique et aux problèmes liés à la traduction professionnelle. 6 La théorie interprétative de l’Ecole de Paris a élaboré un modèle des étapes du processus de la traduction, et selon ses fondateurs toute idée peut être exprimée dans une autre langue parce que l’on traduit non pas les mots de la langue, mais le sens du message. Le traducteur se doit de trouver une solution équivalente même s’il n’existe pas de correspondances pertinentes dans la langue d’arrivée. Chaque langue et chaque culture a sa propre manière d’exprimer les idées, d’où l’importance d’aller derrière les mots pour saisir le message. Cette théorie s’oppose aux conceptions de certains linguistes qui ont proclamé que la traduction réussie était impossible. Selon l’hypothèse Sapir-Whorf, développée par les linguistes américains Edward Sapir et Benjamin Lee Whorf, toutes les langues ont leur propre façon de décrire, et donc concevoir le monde, ce qui implique que certaines pensées d'un individu dans une langue ne peuvent être comprises par celui qui utilise une autre langue. Je choisis de fonder l’essentiel de mon étude sur la théorie interprétative de la traduction. La théorie du Skopos telle qu’elle a été développée par Katharina Reiss et Hans J. Vermeer, ainsi que les points de vue d’Eugene Nida sur la traduction du culturel servent de fondement théorique supplémentaire. Les théories sont présentées dans le troisième chapitre de ce mémoire où les concepts clés de la traduction sont également introduits. Je propose de regarder de plus près les étapes du processus de la traduction, ainsi que les différents niveaux d’interprétation. Comme les théoriciens de l’Ecole de Paris ont essentiellement fondé leur théorie à partir de données issues de textes pragmatiques, je me pose la question de savoir si leur théorie est applicable aussi aux textes littéraires. Dans mon analyse, j’ai choisi de prendre appui sur un roman parce qu’il contient des éléments qui sont aptes à illustrer le sujet traité. Les textes littéraires cherchent à raconter des histoires pour faire comprendre. On y trouve des rencontres avec l’inconnu. La littérature est strictement liée à la culture de l’auteur, et la langue utilisée comporte de nombreux implicites culturels. Dans l’analyse, je prends comme point de départ le roman Poisson d’or de J.M.G. Le Clézio, paru en 1997, et sa traduction norvégienne, Gullfisken, faite par Ragnar Hovland. L’écrivain Le Clézio est né à Nice en 1940. Souvent dans ses récits, il voit le monde avec les yeux des enfants et des adolescents qui n’appartiennent pas tout à fait à la société dans laquelle ils vivent, et qui cherchent une identité. La littérature et la traduction ont un but commun : faire passer un message d’une manière compréhensive. Les romans lecléziens sont souvent des 7 rencontres avec l’Autre, une multitude de cultures qui se croisent et qui s’enrichissent. Selon la théorie interprétative de la traduction on ne traduit pas les mots mais le sens ; le sens composé d’explicite (ce qui est dit) et d’implicite (le non dit). Pour reconnaître ce dernier, et ainsi comprendre la totalité du texte, les connaissances culturelles propres à chaque langue sont primordiales. Dans mon analyse j’essayerai de dévoiler les procédés employé par le traducteur pour voir si ceux-ci ont résulté en équivalences. Il est difficile, voire impossible, de créer des traductions acceptables en langue d’arrivée sans connaître la culture qu’on décrit. La théorie interprétative insiste sur la phase de déverbalisation, mais afin de déverbaliser il faut comprendre. Je compte mettre en exergue la phase de compréhension ainsi que l’importance d’avoir des connaissances culturelles. Comme le fait Le Clézio, le traducteur se doit de voir le monde avec les yeux de Laïla, la jeune Maghrébine vendue à l’âge de six ans dans son village au Maroc, qui doit se battre pour trouver sa place dans le monde. Je veux également souligner l’importance de voir le texte dans un contexte plus grand, et non pas comme un texte isolé. Lorsque j’étais à Nice pour le dernier semestre de ma licence (mellomfagstillegg), j’ai suivi des cours de littératures d’expression française et de littérature comparée, et c’est là que j’ai fait connaissance avec l’œuvre de J.M.G. Le Clézio et ceux d’auteurs francophones de l’Afrique, du Canada, du Maghreb et des Antilles. J’ai appris que la langue française est beaucoup plus que le français standard ; c’est une langue qui vit dans tous les recoins du monde, dans des cultures qui sont très différentes les unes aux autres, et où les gens ont différentes manières de s’exprimer. Je trouve qu’il est important de reconnaître le fait qu’une partie importante de la littérature francophone vient d’endroits hors des frontières de l’hexagone, ou est écrite par des personnes qui ont un bagage culturel autre que celui de la plupart des Français. La langue française contient donc des « couleurs » supplémentaires, qui sont peut être difficiles à transmettre dans une traduction. uploads/Societe et culture/ transfert-du-culturel-dans-la-traduction-de-poisson-d-x27-or-de-le-clezio.pdf

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