Jeunesses des sociétés arabes L’âge n’est qu’un numéro Il y a une nécessité
Jeunesses des sociétés arabes L’âge n’est qu’un numéro Il y a une nécessité d’entrer dans le marché de travail « Jeunesse a une définition vague » La jeunesse et la vieillesse ne sont pas des données mais sont construites socialement, dans la lutte entre les jeunes et les vieux o C’est une donnée biologique socialement manipulée et manipulable; et que le fait de parler des jeunes comme d’une unité sociale, d’un groupe constitué, doté d’intérêts communs, et de rapporter ces intérêts à un âge défini biologiquement, constitue déjà une manipulation évidente. Il faudrait au moins analyser les différences entre les jeunesses, ou, pour aller vite, entre les deux jeunesses 1. Analyser les jeunesses arabes, derrière le mot Sociétés arabes sont « jeunes » i. Conditions sociales, économiques, culturelles, politiques extrêmement hétérogènes (d’autant plus à l’échelle d’une région de 350 millions d’habitants) 2. Ni espoir, ni menace Imposition de sens (jeunesse serait selon les « chapelles » : démocrate, libérale, ouverte au marché, à l’innovation, entreprenante, révolutionnaire Menace du nombre (éducation, santé, logement, emploi/chômeur, terroriste, migrant clandestin) Pas de prédictions à partir de généralisations hâtives (avenir radieux) Proximités des expériences, refus de l’universalisme de surplomb (M. Waltzer) Sur les réseaux sociaux (arabizy), vie amoureuse, études, recherche d’emploi (l’une complique l’autre : 25% en moyenne de chômeurs) Foulards, barbes et keffieh : les jeunes de Tahrir ou de Taghyir, de Manama ou de Gafsa ont aussi des horizons d’attentes, des mémoires et des espoirs qui leurs sont propres (Islam, Palestine) Facteurs de différenciation Nationaux (18 à 22 pays) Genre Socio-économiques (distance plus ou moins grande à la nécessité). Villes (Le Caire, Casablanca, Bagdad) -campagnes Religieux (sunnites, chiites, chrétiens, juifs) Diplôme Ethnique 2) Portraits et figures A) L’invention de l’adolescence (Ouneine, Maroc) B) Rappeurs C) Loisirs des jeunes urbains Une société rurale en transformations rapides Catégorisations des âges de la vie varient de société à société, et à l’intérieur d’une même société (cf. 7). Comment peut-on être adolescent dans une société rurale, enclavée et à faibles ressources, caractérisée par le stress sur l’eau et les terres arables ? Communautés qui se transforment rapidement (eau, électricité, téléphone) Jusque-là, on est enfant ou « jeune » ou adulte. Mais pas adolescent A) L’invention de l’adolescence (Ouneine, Maroc) Catégorisations des âges de la vie varient de société à société, et à l’intérieur d’une même société (cf. 7). Comment peut-on être adolescent dans une société rurale, enclavée et à faibles ressources, caractérisée par le stress sur l’eau et les terres arables ? Jusque-là, on est enfant puis adulte, mais pas adolescent. Ce qui permet l’enracinement de la catégorie et des pratiques, c’est la construction du Collège de l’Ouneine, 2009 Un collège (école secondaire) en milieu rural Le collège, forme sociale et institution étatique, produit une catégorie sociale nouvelle. 290 élèves (84 filles), 12 à 17 ans (en fonction des scolarités) Alimenté par 3 « écoles-mères » et 16 écoles primaires dans la vallée Pensionnat 5j/semaine (w-e à la maison) : donne corps au groupe social Bourses de l’Etat qui soutient la scolarisation éloignée des foyers (120 dhs par mois, par enfant, programme Tayssir TMC) Faible rétention : le lycée (équiv. CEGEP) est à 36 km. Un temps particulier Temps suspendu : plus enfant, pas encore adulte Rapport au temps, adaptation : période des devoirs dans les maisons ; Au loisir, À la mixité (nouvelle mentalité) et aux relations avec l’autre sexe (« intrigues amoureuses » et amitiés filles-garçons), Système de la mode (vivre dans le regard de l’autre, choisir ses vêtements et non seulement se vêtir), Intimité (pas dans les dortoirs très peuplés mais avec le téléphone à recharges…) Codes urbains pénètrent l’espace rural. B) Rappeurs Forme d’expression musicale en circulation à l’échelle de la planète Catégories populaires Ancrage générationnel Dimension urbaine Porteuse de critique sociale (dénonciation du quotidien)/dimension politique Emergence de sujets individués Rapper à Bab El Oued (Algérie) Quartier populeux et déshérité d’Alger, marqué par l’histoire (émeutes de 1988, mobilisation islamiste et guerre civile, inondations en 2001) Hittistes: jeunes hommes tiennent le mur (l-hitt), sans diplôme, sans travail, sans avenir. Musique mal perçue (rock, rap : « sataniste »). Premier groupe : Micro Brise le Silence (MBS, 1988) Dans une association culturelle (SOS- Bab el Oued), trouvent du soutien (« safe space »), du matériel adéquat et des objectifs (enregistrer des titres et produire un album pour continuer à être bénéficiaire) Une association comme les autres ? Créée en 1997, par des acteurs issus de l’extrême-gauche (Parti de l’avant-garde socialiste) Financements internationaux (Caritas, Programme concerté pluri acteurs Algérie- MAE, AFD, Comité français solidarité internationale, Fondation de France, Maison diocésaine, Comité international pour le dev. des peuples) Multiples activités (soutien scolaire, activités culturelles et ludiques, cinéma, photo, théâtre…) Cette « brochure de présentation » https:// www.cfsi.asso.fr/thematique/association-sos-culture-bab-el-oued- engagement-associatif-et-citoyen https://fr-fr.facebook.com/Sosbabeloued.97 / Ne dit pas les liens affectifs tissés entre les membres et participants aux activités (cf. Leïla Baamara, « A SOS Bab El Oued. Rappeurs et rockeurs entre intégration et transgression à Alger dans Laurent Bonnefoy et Myriam Catusse (dirs.), Jeunesses arabes, Paris, La Découverte, 2013, p. 220-239), Soutien moral, matériel, rencontre conjoint… Distinction et transgression (« satanistes ») produisent de l’intégration et du lien Exemples de groupes : N3distan (Maroc), Katibe 5 (Lebanese Palestinians), Afrokaine (Algérie), EveresT (Algérie), Hawiya Zarqa (Palestiniens du Liban) Le rap des camps (Liban, Palestine) : une esthétique en rupture avec les codes établis Chanteur-danseur, à la chorégraphie personnelle, en t-shirt (syncrétisme des figures) Remplace l’orchestre national ou d’un groupe militant/militaire (organisations politiques : OLP, Hamas) et sa chorale (corps droits, alignés, habits traditionnels Boucles et impros. (Freestyle) vs/marches militaires orientalisées ou chant patrimonial Destin de la nation/vie quotidienne des camps Autonomie individuelle/ institutions culturelles nationale De la cause à la musique/ de la recherche esthétique à la critique sociale Arabe littéral/ langue de la rue Camp militaire/ ghetto marginalisé Un produit d’importation ? Au Liban : par la diaspora de retour (Ayn al-Héloué et Burj al-Barajné) A Gaza et Cisjordanie : ateliers d’écriture rap Dans les deux cas : chaînes satellitaires transnationales Expression sur internet en l’absence d’espaces dédiés Entre condamnations et frottement avec le local En dépit de la dénonciation de l’occupation et de l’oppression, rappeurs sont l’objet de vives critiques (occidentalisation, morale: « espace public dominé par la référence à la religion » Ferrié; « concours permanent d’islamité » Hermassi : refus de la dimension festive) Rappeurs intègrent des motifs de dabkeh (danse traditionnelle palestinienne), des poésies palestiniennes, boucles mixent des motifs locaux et étrangers Dire l’exil (au Liban) et la patrie perdue mais sur le mode de la chronique, sans romantisme Nicolas Puig, « “Bienvenue dans les camps !” », La pensée de midi, 2009/2 (n° 28), p. 166-177. Les associations « Les associations ! Ils disposent de l’argent de l’État – Les associations ! Ils reprennent ce qu’ils donnent – Les associations ! Proxénètes des temps modernes (×?2) – Les associations ! Mais les gens sont en train de crever » […], Katibé Khamsé (Bataillon 5). C) Loisirs des jeunes urbains Tafhit (crissement des pneus) https://www.youtube.com/watch?v=EDn_EJ3NnLQ https://www.youtube.com/watch?v=WV1kUf2eQ3o Rodéo urbain à Riyad Un enjeu public: 8500/an soient 23/ jour (min Int. saoudien), éditoriaux dans la presse, prêches, contraventions (44000 en 1997-1998) Tafhit (rodéo urbain) dans les rue de Riyad et grandes villes (Djeddah, Dammam) Cadre: larges avenues désertes d’une métropole livrée aux promoteurs immobiliers et aux concessionnaires automobiles (« un produit dérivé du marché immobilier ») Jeunes hommes volent voitures Les plus expérimentés réalisent des acrobaties: usage et abus d’un symbole de la modernisation saoudienne Désœuvrement et malaise (Tufush), absence d’opportunités, ennui profond, impuissance devant les riches et les grands du royaume de jeunes entre 15 et 30 ans, le plus souvent d’origine rurale (néo-urbains: bédouins), souvent au chômage, à revenus faibles, mal logés, en échec car sans « piston ». Tafhit: expression de leur rage impuissante Pour conjurer ce sentiment: jeunes hommes prennent en défaut la mainmise de l’Etat sur l’espace public (planification et police) et sa protection de la propriété privée, refus du familialisme d’Etat (amitiés et relations homosocialité), transgression des interdits religieux (alcool, haschich). Rebelles sans cause: le « mal conduire » Rodéos interdits à Riyad depuis 1982 et dans tout le pays depuis 2001 (danger de convois roulant à vive allure, spectateurs, + acrobaties) Mis au ban de la société, déploient une contreculture: « masculinité agressive » et « culture homosociale » (amitiés ou relations avec les jeunes suiveurs) visible dans poèmes, chansons, prose et graffitis, vidéos (youtube), consommation d’alcool et haschich. Rodéos organisés devant lycées (recrutement vs Frères musulmans) uploads/Societe et culture/ lecture-14.pdf
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- Publié le Mai 19, 2021
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