Directeur de la publication : Edwy Plenel www.mediapart.fr 1 1/3 Vlad, 31 ans,

Directeur de la publication : Edwy Plenel www.mediapart.fr 1 1/3 Vlad, 31 ans, certes Belge mais surtout Ukrainien PAR FRANÇOIS BONNET ARTICLE PUBLIÉ LE MARDI 22 MARS 2022 Vlad, 31 ans, dans les caves de son immeuble transformées en abri. © Hervé Lequeux (Hans Lucas) À 31 ans, né en Russie, ayant passé sa jeunesse en Belgique, le jeune homme s’est définitivement installé en Ukraine, pays de sa mère, de ses grands-parents et de ses amis. Le voilà «volontaire» expliquant que l’influence russe a disparu du pays: «Il y a des millions de réfugiés, aucun n’a fui en Russie !» Kyiv (Ukraine).– Le voilà qui déboule dans l’abri de son immeuble de quinze étages, dans une grande cité résidentielle du nord-ouest de Kyiv (Kiev). Vlad, 31ans, ne vient pas se protéger d’éventuels bombardements. Il veut juste croiser ses amis avec qui il a aménagé cet espace dans les caves du bâtiment. Entre les piliers de béton, le sol en terre et d’infinis réseaux de tuyaux et de câbles, il y a d’abord le coin «fête». Une table, quelques chaises, un tapis, la box Internet indispensable, une télé, un réfrigérateur, quelques bouteilles dont un vieux reste de cognac même si l’alcool est officiellement interdit depuis la guerre. Vlad, 31 ans, dans les caves de son immeuble transformées en abri. © Hervé Lequeux (Hans Lucas) Une banderole «Joyeux anniversaire» est tendue entre deux piliers. « Ça, c’était hier», précise son ami Andrey. «Bon, à vrai dire, cet abri dans les caves n’est peut-être pas très protecteur. Mais, pendant les alertes, cela permet aux gens qui y descendent de se retrouver, de parler, de faire des blagues. C’est beaucoup moins stressant que seul dans son appartement.» Vlad inspecte le coin enfants, des jeux, des tapis plus épais, des dessins. Et le coin repos, plus loin, pour ceux qui voudraient y dormir. Un peu de nourriture et des cartons de bouteilles d’eau sont également stockés. «Tout cela va être amélioré au fur et à mesure», dit l’un de ses amis. Blouson comme neuf, sac banane sur le torse, baskets de marque et belle casquette, Vlad soigne sa mise, guerre ou pas guerre. Il pourrait aisément n’être pas là mais à Anvers, où il a vécu de 9 à 27ans. Ou ailleurs en Belgique, pays dont il a la nationalité. Mais voilà, explique-t-il, sa vie est là et c’est bien à Kyiv qu’il entend la poursuivre. « Mon père est russe, ma mère ukrainienne, je suis né en Russie, j’ai passé ma jeunesse en Belgique. Mais, comment dire, c’est un peu ennuyeux, l’Europe est trop normée. Et puis, c’est en Ukraine que j’ai tous mes amis, mes grands-parents, ma langue, ma culture. Directeur de la publication : Edwy Plenel www.mediapart.fr 2 2/3 C’est là que j’ai passé toutes mes vacances depuis tout petit alors, il y a quatre ans, j’ai décidé de m’y installer définitivement», résume-t-il. Le coin « fête » de l'abri, avec des amis de Vlad installés à table. © Hervé Lequeux (Hans Lucas) Le voilà aujourd’hui, comme tant d’autres, «volontaire», participant à la défense civile. Comme il parle cinq langues (ukrainien, russe, flamand, anglais, et un peu de français), le jeune homme se sent utile, explique avoir fait venir de Hollande des bottes et de l’équipement militaire pour les forces armées. Avec ses multiples réseaux et connaissances, il se dit content d’avoir pu faire partir une femme de Donetsk à Barcelone. « Partir, c’est impossible. Imaginez, la guerre est finie, je reviens et mes amis me demandent “Et toi, tu étais où?”. Vous voyez la honte! Alors qu’ici, je peux faire des choses»,dit-il. Il a donc rejoint ces innombrables groupes d’entraide qui quadrillent désormais la société ukrainienne. Des restaurants, qui donnent des centaines de repas. Des bureaux réaménagés en centre d’accueil de familles réfugiées. Des entreprises qui achètent des équipements militaires. D’autres qui se sont en partie reconverties pour produire, même à petite échelle, du matériel militaire (des gilets pare-balles, par exemple). Le quartier de Vlad, au nord-ouest de Kyiv. © Hervé Lequeux (Hans Lucas) Vlad communique à fond sur les réseaux sociaux, fait connaître la guerre à l’étranger, relaie les points de vue ukrainiens. Normal, il est un spécialiste du marketing digital dans une société de 110salariés et vient de créer sa société avec une petite dizaine de personnes. Certains sont en Inde, d’autres en Serbie, d’autres ont quitté Kyiv pour l’ouest de l’Ukraine. « Oui, nous arrivons tout de même à travailler, en ce moment j’essaie même d’embaucher. L’administration nous dit de travailler sinon on perdra la guerre économique. Beaucoup de business sont fermés, artisans, beaucoup d’usines aussi, mais nous, dans le numérique, nous pouvons continuer les projets», assure-t-il. Le secteur paie correctement, selon les standards ukrainiens, «700 à 900dollars par mois, 1200 en Serbie», précise Vlad, et cet argent participe à sa manière au financement de la mobilisation générale. «D’ailleurs, j’essaie de mieux payer les gens en ce moment, tant qu’on pourra travailler», ajoute-t-il. La guerre l’inquiète, bien sûr, mais comme une épreuve qui sera surmontée. «La Russie, c’est fini. Avant 2014, il y avait encore une forte influence russe mais depuis le Donbass et la Crimée, c’est terminé. Trois ou quatre millions de personnes ont fui le pays. Mais aucun n’a fui en Russie! C’est bien la démonstration. Admettons que l’armée russe prenne Kyiv, ce qui me semble impossible. Ils seront harcelés, avec des embuscades partout, ils ne pourront pas tenir», croit-il. Directeur de la publication : Edwy Plenel www.mediapart.fr 3 3/3 Vlad repassera demain à l’abri. Sa journée de marketing digital, puis de réseaux sociaux, de commandes et de livraisons d’aide commence. Directeur de la publication : Edwy Plenel Direction éditoriale : Carine Fouteau et Stéphane Alliès Le journal MEDIAPART est édité par la Société Editrice de Mediapart (SAS). Durée de la société : quatre-vingt-dix-neuf ans à compter du 24 octobre 2007. Capital social : 24 864,88€. Immatriculée sous le numéro 500 631 932 RCS PARIS. Numéro de Commission paritaire des publications et agences de presse : 1214Y90071 et 1219Y90071. Conseil d'administration : François Bonnet, Michel Broué, Laurent Mauduit, Edwy Plenel (Président), Sébastien Sassolas, Marie-Hélène Smiéjan, François Vitrani. Actionnaires directs et indirects : Godefroy Beauvallet, François Bonnet, Laurent Mauduit, Edwy Plenel, Marie- Hélène Smiéjan ; Laurent Chemla, F. Vitrani ; Société Ecofinance, Société Doxa, Société des Amis de Mediapart, Société des salariés de Mediapart. Rédaction et administration : 8 passage Brulon 75012 Paris Courriel : contact@mediapart.fr Téléphone : + 33 (0) 1 44 68 99 08 Télécopie : + 33 (0) 1 44 68 01 90 Propriétaire, éditeur, imprimeur : la Société Editrice de Mediapart, Société par actions simplifiée au capital de 24 864,88€, immatriculée sous le numéro 500 631 932 RCS PARIS, dont le siège social est situé au 8 passage Brulon, 75012 Paris. Abonnement : pour toute information, question ou conseil, le service abonné de Mediapart peut être contacté par courriel à l’adresse : serviceabonnement@mediapart.fr. ou par courrier à l'adresse : Service abonnés Mediapart, 4, rue Saint Hilaire 86000 Poitiers. Vous pouvez également adresser vos courriers à Société Editrice de Mediapart, 8 passage Brulon, 75012 Paris. uploads/Societe et culture/ mediapart 12 .pdf

  • 88
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager