SCIENCE SACRÉE - 182 - Fac-similé de la partie liminaire de l’ « Introduction »
SCIENCE SACRÉE - 182 - Fac-similé de la partie liminaire de l’ « Introduction » aux Symboles fondamentaux de la Science sacrée. - 183 - INTRODUCTION AUX SYMBOLES FONDAMENTAUX DE LA SCIENCE SACRÉE e présent volume réunit tous les articles de René Guénon traitant spécialement de symboles tra- ditionnels et non repris ou du moins non épuisés complètement par des reprises ultérieures, dans ses propres ouvrages. Ces textes, de même que la plupart de ceux qui restent encore à grouper autour de quel- ques autres idées d’ensemble, furent publiés entre 1925 et 1950 1, dans des périodiques, et principalement dans Regnabit et dans Le Voile d’Isis devenu depuis 1936 Etudes traditionnelles. La forme un peu particulière des articles parus dans la première des publications susmentionnées exige quelques explications qui seront utiles en outre pour la bibliographie des écrits de René Guénon. Regnabit était une revue mensuelle catholique fondée en 1921 [2] par le R.P. Félix Anizan, des Oblats de Marie Immaculée ; elle portait initialement en sous-ti- tre la mention : « Revue Universelle du Sacré-Cœur », et avait donné naissance à une « Société du Rayonne- ment intellectuel du Sacré-Cœur » qui était « patron- née par quinze cardinaux, archevêques ou évêques » et dont le secrétaire général était le R.P. Anizan lui- même [3]. Parmi ses collaborateurs réguliers figurait Louis Charbonneau-Lassay, graveur et héraldiste, dont les travaux sur l’iconographie et l’emblématique L 1. Rappelons que René Guénon naquit à Blois le 15 novembre 1886 et mourut au Caire le 7 janvier 1951. 2. [Le premier numéro est publié en juin 1921.] 3. [C’est dans le numéro de novembre 1924 que R.P. Anizan annonce la création de cette Société. Dans la rubrique “But de la Société”, il est rappelé que « Regnabit a souvent attiré l’attention sur l’ as- pect intellectuel de la question du Sacré-Cœur (p. 369). Puis il est précisé que « le but du Sauveur en manifestant aux hommes son Cœur très aimant, c’est, nous le disent les documents ecclésiastiques, d’aviver dans tous les cœurs la flamme de sa charité. Mais, comme notre amour suppose la connais- sance de l’objet auquel il doit tendre, ce Jésus, qui est la Pensée du Père, a voulu, pour atteindre nos cœurs, fixer sur son Amour notre pensée. Tel est bien le premier résultat qu’il veut obte- nir, en nous montrant son Cœur embrasé, puisque le rôle essentiel de tout symbole est de fixer les yeux sur la réalité qu’il figure. Avant même de s’ a- dresser à nos cœurs, la Révélation du Sacré-Cœur vise donc notre intelligence. Et c’est répondre à la pensée du Christ que mettre en relief la valeur intellectuelle de la Révélation de son Cœur. […] Nous aimerons mieux le Sacré-Cœur si nous l’étudions avec plus de soin. L’étudier en lui-même et dans tout son rayonnement […], c’est donc ac- quérir une tournure d’esprit qui, par elle-même, tend à produire l’état d’âme que Jésus-Christ veut en nous. Nouvelle raison d’utiliser parfaitement la valeur intellectuelle de la Révélation du Sacré- Cœur. Cette valeur intellectuelle, il importe, aujour- d’hui surtout, de l’accuser davantage et de l’utiliser complètement. […] Mettre en relief et faire utiliser pleinement la valeur intellectuelle de la Révélation du Sacré- Coeur […] c’est aider au Rayonnement intellectuel SCIENCE SACRÉE - 184 - chrétiennes devaient apparaître bientôt comme une des plus importantes contributions à la revivification contemporaine de l’intellectualité traditionnelle en Occident 4. C’est amené par ce dernier que René Guénon vint y collaborer, en 1925, donc à une date où il avait déjà publié l’Introduction générale à l’étude des doctrines hindoues, Le Théosophisme, L’Erreur spirite, Orient et Occident, L’Homme et son devenir selon le Vêdânta et L’Esotérisme de Dante [5], travaux qui avait développé les thèmes fondamentaux de son œuvre inspirée de l’enseignement oriental et nette- ment situé sa position intellectuelle de caractère ouvertement universel. Néanmoins, dans le cadre assez particulier de Regnabit, René Guénon devait se placer, ainsi qu’il le dira lui-même plus tard, « plus spécialement dans la “perspective” de la tradition chrétienne, avec l’intention d’en montrer le parfait accord avec les autres formes de la tradition univer- selle » 6. Il y débuta dans le numéro d’août-septembre 1925, avec un article intitulé « Le Sacré-Cœur et la d’une Révélation qui doit éclairer pour vivifier » (pp. 369-371). Plus loin, la Société était présentée comme étant aussi « la Société de l’Apostolat intellectuel du Sacré-Cœur » (p. 371). La première réunion des membres de la So- ciété, annoncée dans le numéro de décembre 1924, eut lieu « Le jeudi 22 janvier 1925 », pour reprendre le titre de l’article de Félix Anizan paru dans le numéro de mars 1925. Parmi les membres du patronage, le Cardinal Dubois, Archevêque de Paris, ainsi que deux autres archevêques, un évêque, sept vicaires apostoli- ques… tous intéressés par l’aspect intellectuel de la Société. Plus tard, la Revue parlera du patronage de la Société « par quinze cardinaux, archevêques ou évêques », sur la troisième page de couverture du numéro d’août-septembre 1925, patronage qui sera régulièrement mentionné en quatrième page de couverture, à partir du numéro d’octobre 1925.] 4. L. Charbonneau-Lassay, né en 1871 à Loudun (Vienne) où il mourut également le 26 décembre 1946, put réunir et faire paraître en volume, de son vivant, en 1940, une partie de ses travaux, dans Le Bestiaire du Christ (Desclée de Brouwer) ; ce pre- mier ouvrage devait être suivi d’un Vulnéraire, d’un Floraire et d’un Lapidaire du Christ. On ne sait quand, ni par les soins de qui, tous ces trésors accumulés par un immense labeur et par la plus pure des passions verront le jour. [Le premier article de Charbonneau-Lassay paru dans Regnabit est « Le Sacré-Cœur du donjon de Chinon attribué aux Chevaliers du Temple » (n° de janvier 1922). De lui, et à partir du n° d’octobre 1921, la Revue avait publié plusieurs gravures sur bois. Celle, anonyme, qui est reproduite dans le n° de septembre 1921, p. 270, est probablement de l’héraldiste. Il est précisé, dans un court texte l’ ac- compagnant, « que le procédé de gravure ici em- ployé est celui des premiers moines xylographes : canif et petite gouge ». La recension des publications de Charbonneau-Lassay a été faite dans le n° de février 1922, en 3ème et 4ème pages de couverture.] 5. [Ces six ouvrages sont mentionnés sur la 4ème page de couverture du n° d’août-septembre 1925 de Regnabit, numéro dont il va être question ci-après.] 6. Voir plus loin la note initiale en bas de page au chap. 73 : « Le grain de sénévé ». Du reste, dans un de ses premiers articles de Regnabit (« A propos de quelques symboles hermético-religieux », déc. 1925, p. 27), René Guénon concluait ainsi à propos de certains rapprochements qu’il venait de faire entre symboles chrétiens et symboles d’autres formes traditionnelles : « nous espérons que nous aurons du moins, en signalant tous ces rapprochements, réussi à faire sentir dans une certaine mesure l’identité foncière de toutes les traditions, preuve manifeste de leur unité originelle, et la parfaite conformité du Christianisme avec la Tradition primordiale dont on retrouve ainsi partout les vestiges épars ». INTRODUCTION AUX SYMBOLES FONDAMENTAUX - 185 - Légende du Saint-Graal », et ensuite, à partir du numéro de novembre, il donna régulièrement des études qui concernaient surtout le symbolisme du Cœur et celui du Centre du Monde, c’est-à-dire en somme, les deux aspects micro- et macrocosmique du centre de l’être. Les idées si peu habituelles de l’enseignement de René Guénon trouvèrent cepen- dant une faveur certaine chez le R.P. Anizan 7 et de précieux points d’appuis documentaires dans les recherches de Charbonneau-Lassay : ces deux auteurs se rapportaient volontiers à l’occasion, à l’autorité intellectuelle et au savoir de René Guénon 8. Ainsi, très tôt après ces débuts à Regnabit, on s’aperçoit que la revue tente de s’orienter dans un sens délibérément plus intellectuel, et manifeste même une certaine ouverture à l’idée d’ universalité traditionnelle, tout cela entouré naturellement de beaucoup de précau- tions doctrinales et terminologiques. Au début de 1926, la « Société du Rayonnement intellectuel du Sacré-Cœur » suivit elle-même la nouvelle orientation et se réorganisa pour mieux correspondre à son but qui se précisait comme un travail d’ordre doctrinal, « dans l’ordre de la pensée » [9]. Un Appel adressé aux Ecrivains et aux Artistes, rédigé par le Père Anizan mais signé, entre autres, par L. Charbonneau-Lassay et René Guénon lui-même, déclarait (c’est l’auteur du texte qui soulignera) : « Alors que, dans le monde catholique, par une invraisemblable et trop réelle aberration, tout ce qui est Sacré-Cœur est, par là même, catalogué simple dévotion, nous sommes persuadés, nous, que le Sacré-Cœur apporte à la pensée humaine le mot de salut, le mot que nous devons inlassablement redire, le dernier mot de l’Evangile […]. De la Révélation du Sacré-Cœur – nous ne la 7. En introduisant le premier article de René Guénon, le R.P. Anizan le présentait dans les termes suivants : « C’est une frondaison uploads/Societe et culture/ michel-valsan-introduction-aux-symboles-fondamentaux-de-la-science-sacre-e.pdf
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- Publié le Jui 05, 2021
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