René Guénon SYMBOLES DE LA SCIENCE SACRÉE TABLE DES MATIÈRES LE SYMBOLISME TRAD
René Guénon SYMBOLES DE LA SCIENCE SACRÉE TABLE DES MATIÈRES LE SYMBOLISME TRADITIONNEL ET QUELQUES-UNES DE SES APPLICATIONS GÉNÉRALES I La réforme de la mentalité moderne II Le Verbe et le Symbole III Le Sacré-Cœuret la légende du Saint-Graal IV Le Saint Graal V Tradition et « inconscient » VI La Science des lettres (Ilmul-hurûf) VII La Langue des Oiseaux SYMBOLES DU CENTRE ET DU MONDE VIII L’idée du Centre dans les traditions antiques IX Les fleurs symboliques X La triple enceinte druidique XI Les Gardiens de la Terre sainte XII La Terre du Soleil XIII Le Zodiaque et les points cardinaux XIV La Tétraktys et le carré de quatre XV Un hiéroglyphe du Pôle XVI Les « têtes noires » XVII La lettre G et le swastika SYMBOLES DE LA MANIFESTATION CYCLIQUE XVIII Quelques aspects du symbolisme de Janus XIX L’hiéroglyphe du Cancer XX Sheth XXI Sur la signification des fêtes « carnavalesques » XXII Quelques aspects du symbolisme du poisson XXIII Les mystères de la lettre Nûn XXIV Le Sanglier et l’Ourse QUELQUES ARMES SYMBOLIQUES XXV Les pierres de foudre XXVI Les armes symboliques XXVII Sayful-Islam XXVIII Le symbolisme des cornes SYMBOLISME DE LA FORME COSMIQUE XXIX La Caverne et le Labyrinthe XXX Le Cœur et la Caverne XXXI La Montagne et la Caverne XXXII Le Cœur et l’Œuf du Monde XXXIII La Caverne et l’Œuf du Monde XXXIV La sortie de la caverne XXXV Les Portes solsticiales XXXVI Le symbolisme du zodiaque chez les pythagoriciens XXXVII Le symbolisme solsticial de Janus SYMBOLISME CONSTRUCTIF XXXVIII À propos des deux saints Jean XXXIX Le symbolisme du dôme XL Le Dôme et la Roue XLI La Porte étroite XLII L’Octogone XLIII La « pierre angulaire » XLIV « Lapsit exillis » XLV El-Arkân XLVI « Rassembler ce qui est épars » XLVII Le blanc et le noir XLVIII Pierre noire et pierre cubique XLIX Pierre brute et pierre taillée SYMBOLISME AXIAL ET SYMBOLISME DU PASSAGE L Les symboles de l’analogie LI L’Arbre du Monde LII L’Arbre et le Vajra LIII L’Arbre de Vie et le breuvage d’immortalité LIV Le symbolisme de l’échelle LV Le « trou de l’aiguille » LVI Le passage des eaux LVII Les sept rayons et l’arc-en-ciel LVIII Janua Cœli LIX Kâla-mukha LX La lumière et la pluie LXI La Chaîne des mondes LXII Les « racines des plantes » LXIII Le symbolisme du pont LXIV Le pont et l’arc-en-ciel LXV La chaîne d’union XVI Encadrements et labyrinthes LXVII Le « quatre de chiffre » LXVIII Liens et nœuds SYMBOLISME DU CŒUR LXIX Le cœur rayonnantet le cœur enflammé LXX Cœur et cerveau LXXI L’emblème du Sacré-Cœur dans une société secrète américaine LXXII L’Œil qui voit tout LXXIII Le grain de sénevé LXXIV L’Éther dans le cœur LXXV La Cité divine LE SYMBOLISME TRADITIONNEL ET QUELQUES-UNES DE SES APPLICATIONS GÉNÉRALES I – La réforme de la mentalité moderne1 Publié dans Regnabit, juin 1926. La civilisation moderne apparaît dans l’histoire comme une véritable anomalie : de toutes celles que nous connaissons, elle est la seule qui se soit développée dans un sens purement matériel, la seule aussi qui ne s’appuie sur aucun principe d’ordre supérieur. Ce développement matériel qui se poursuit depuis plusieurs siècles déjà, et qui va en s’accélérant de plus en plus, a été accompagné d’une régression intellectuelle qu’il est fort incapable de compenser. Il s’agit en cela, bien entendu, de la véritable et pure intellectualité, que l’on pourrait aussi appeler spiritualité, et nous nous refusons à donner ce nom à ce à quoi les modernes se sont surtout appliqués : la culture des sciences expérimentales, en vue des applications pratiques auxquelles elles sont susceptibles de donner lieu. Un seul exemple pourrait permettre de mesurer l’étendue de cette régression : la Somme théologique de saint Thomas d’Aquin était, dans son temps, un manuel à l’usage des étudiants ; où sont aujourd’hui les étudiants qui seraient capables de l’approfondir et de se l’assimiler ? La déchéance ne s’est pas produite d’un seul coup ; on pourrait en suivre les étapes à travers toute la philosophie moderne. C’est la perte ou l’oubli de la véritable intellectualité qui a rendu possibles ces deux erreurs qui ne s’opposent qu’en apparence, qui sont en réalité corrélatives et complémentaires : rationalisme et sentimentalisme. Dès lors qu’on niait ou qu’on ignorait toute connaissance purement intellectuelle, comme on l’a fait depuis Descartes, on devait logiquement aboutir, d’une part, au positivisme, à l’agnosticisme et à toutes les aberrations « scientistes », et, d’autre part, à toutes les théories contemporaines qui, ne se contentant pas de ce que la raison peu donner, cherchent autre chose, mais le cherchent du côté du sentiment et de l’instinct, c’est-à-dire au-dessous de la raison et non au-dessus, et en arrivent, avec William James par exemple, à voir dans la subconscience le moyen par lequel l’homme peut entrer en communication avec le Divin. La notion de la vérité, après avoir été rabaissée à n’être plus qu’une simple représentation de la réalité sensible, est finalement identifiée par le pragmatisme à l’utilité, ce qui revient à la supprimer purement et simplement ; en effet, qu’importe la vérité dans un monde dont les aspirations sont uniquement matérielles et sentimentales ? Il n’est pas possible de développer ici toutes les conséquences d’un semblable état de choses ; bornons-nous à en indiquer quelques-unes, parmi celles qui se rapportent plus particulièrement au point de vue religieux. Et, tout d’abord, il est à noter que le mépris et la répulsion que les autres peuples, les Orientaux surtout, éprouvent à l’égard des Occidentaux, viennent en grande partie de ce que ceux-ci leur apparaissent en général comme des hommes sans tradition, sans religion, ce qui est à leurs yeux une véritable monstruosité. Un Oriental ne peut admettre une organisation sociale qui ne repose pas sur des principes traditionnels ; pour un musulman, par exemple, la législation tout entière n’est qu’une simple dépendance de la religion. Autrefois, il en a été ainsi en Occident également ; que l’on songe à ce que fut la Chrétienté au moyen âge ; mais, aujourd’hui, les rapports sont renversés. En effet, on envisage maintenant la religion comme un simple fait social ; au lieu que l’ordre social tout entier soit rattaché à la religion, celle-ci au contraire, quand on consent encore à lui faire une place, n’est plus regardée que comme l’un quelconque des éléments qui constituent l’ordre social ; et combien de catholiques, hélas ! acceptent cette façon de voir sans la moindre difficulté ! Il est grand temps de réagir contre cette tendance, et, à cet égard, l’affirmation du Règne social du Christ est une manifestation particulièrement opportune ; mais, pour en faire une réalité, c’est toute la mentalité actuelle qu’il faut réformer. Il ne faut pas se le dissimuler, ceux mêmes qui se croient être sincèrement religieux n’ont, pour la plupart, de la religion qu’une idée fort amoindrie ; elle n’a guère d’influence effective sur leur pensée ni sur leur façon d’agir ; elle est comme séparée de tout le reste de leur existence. Pratiquement, croyants et incroyants se comportent à peu près de la même façon ; pour beaucoup de catholiques, l’affirmation du surnaturel n’a qu’une valeur toute théorique, et ils seraient fort gênés d’avoir à constater un fait miraculeux. C’est là ce qu’on pourrait appeler un matérialisme pratique, un matérialisme du fait ; n’est-il pas plus dangereux encore que le matérialisme avéré, précisément parce que ceux qu’il atteint n’en ont même pas conscience ? D’autre part, pour le plus grand nombre, la religion n’est qu’affaire de sentiment, sans aucune portée intellectuelle ; on confond la religion avec une vague religiosité, on la réduit à une morale ; on diminue le plus possible la place de la doctrine, qui est pourtant tout l’essentiel, ce dont tout le reste ne doit être logiquement qu’une conséquence. Sous ce rapport, le protestantisme, qui aboutit à n’être plus qu’un « moralisme » pur et simple, est très représentatif des tendances de l’esprit moderne ; mais on aurait grand tort de croire que le catholicisme lui-même n’est pas affecté par ces mêmes tendances, non dans son principe, certes, mais dans la façon dont il est présenté d’ordinaire : sous prétexte de le rendre acceptable à la mentalité actuelle, on fait les concessions les plus fâcheuses, et on encourage ainsi ce qu’il faudrait au contraire combattre énergiquement. N’insistons pas sur l’aveuglement de ceux qui, sous prétexte de « tolérance », se font les complices inconscients de véritables contrefaçons de la religion, dont ils sont loin de soupçonner l’intention cachée. Signalons seulement en passant, à ce propos, l’abus déplorable qui est fait trop fréquemment du mot même de « religion » : n’emploie-t-on pas à tout instant des expressions comme celles de « religion de la patrie », de « religion de la science », de « religion du devoir » ? Ce ne sont pas là de simples négligences de langage, ce sont des symptômes de la confusion qui est partout dans le monde moderne, car le uploads/Societe et culture/ symboles-de-la-science-sacree-rene-guenon.pdf
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