Herve bazin l x27 huile sur le feu

HERVE BAZIN ?? L ? HUILE SUR LE FEU C La nuit et la pluie se mélangent et je suis là qui frisonne à la fenêtre Voici déjà trois fois qu ? on est venu poser une main sur mon épaule et me dire Voyons Céline Va te coucher Tu vas prendre froid ? Comme si l ? on pouvait prendre froid dans ce pays o? je dois guérir dans ce pays sans glaises et sans mares sans brouillards et sans noro? ts o? les nuits et les pluies n ? ont pas l ? épaisseur des nôtres ne sont pas capables de teindre de mouiller à c ?ur les êtres et les choses Laissez-moi ? Pour un anniversaire c ? est tout de même une évocation su ?sante de ce que tout le bocage appelle et pendant cinquante ans au moins continuera d ? appeler avec un trémolo dans la voix la nuit de la Saint-Maurille ? Laissez-moi Je ne frissonne pas Je cherche mon frisson Il y a deux ans ce soir ? Il y a deux ans oui qu ? est passée cette ombre ?? qui n ? est vraiment plus maintenant qu ? une ombre ?? et je la revois qui s ? avance Je la revois sans l ? avoir jamais vue avec cet ?il de derrière la tête ? dont on prétend que sont a igées les ?lles qui n ? ont pas les deux yeux de la même couleur J ? imagine sans rien imaginer je sais tout j ? ai été sevrée de con ?dences Je sais tout depuis ce jour o? il m ? a fallu tout entendre jusqu ? à l ? étourdissement De la nuit de la Saint-Maurille comme les autres plus un geste que j ? ignore plus un détail dont il m ? ait été fait gr? ce Ah si la seule vengeance qui reste à ceux dont nous avons forcé la con ?ance est de nous satisfaire au-delà de notre espérance de nous empoisonner la mémoire comme on s ? est bien vengé de moi Je revois cette ombre qui s ? avance ? Elle avance invisible dissoute dans cette nuit dans cette pluie aussi denses l ? une que l ? autre Ni forme ni contour C ? est seulement noir sur noir quelque chose de plus sombre qui bouge qui masque au passage la tache plus grise d ? un nuage ou l ? un de ces rares l ? un de ces minces clignotements du village enfoui dans le sommeil et dans le vent Elle avance défendue par l ? averse par l ? immense clapotement complice de sa marche Ce frottement rêche et régulier est-ce vraiment celui d ? un imperméable contre une cuisse ou le fait des gouttes acharnées attaquant de biais les feuilles et les troncs Est-ce un fruit qui tombe est-ce une botte qui s ? enfonce dans une tou ?e saturée d ? eau et rend ce bruit

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