Auschwitz et hiroshima poru traverso pdf

ENZO TRAVERSO AUSCHWITZ ET HIROSHIMA Notes pour un intellectuel de Günther Anders Juifs et hommes sans monde ? Dans une longue interview autobiographique réalisée en Günther Anders Stern indiquait les quatre tournants majeurs qui avaient orienté sa vie et marqué son itinéraire intellectuel la Première Guerre mondiale qu'il vécut en adolescent mais qui lui permit d'avoir une première perception des massacres de masse lorsqu'il vit en Alsace les soldats mutilés ? et les humiliations in igées aux civils la montée au pouvoir du national-socialisme en qui l'obligea à s'exiler le génocide des Juifs d'Europe pendant la Deuxième Guerre mondiale en ?n la bombe atomique sur Hiroshima en ' Si les trois premiers événements avaient fait de lui un écrivain le quatrième à ses yeux profondément imbriqué aux précédents ?xait le début d'une ère nouvelle une sorte de Tag Nul pour l'humanité tout entière qui découvrait pour la première fois la possibi- lité concrète de son anéantissement A partir de ce moment Günther Anders consacrera le reste de sa vie à dénoncer cette terrible menace dans la plupart des cas isolé comme une Interview de G Anders par Mathias Gre ?rath Wenn ich verzweifelt bin was geht's rnich an ? in Das Günther Anders Lesebuch Diogenes Zürich pp - Si je suis désespéré qu'est-ce que cela peut bien faire ? Austriaca nO pp - CCassandre prêchant dans le désert Il ne menait sa bataille de prophète du désespoir ni en tant que représentant d'une communauté ni en tant que porte- parole d'un mouvement politique mais simplement en tant qu'intellectuel engagé ou plutôt en sa qualité de citoyen du monde vivant dans une condition d'exil permanent à New York à Los Angeles ou encore à Vienne autant de villes et de pays qui ne furent jamais sa véritable patrie Citoyen du monde ? n'est peut-être pas une dé ?nition tout à fait appropriée il faudrait sans doute parler de homme sans monde ? Mensch ohne Welt selon la tradition qu'il attribuait à Kafka Brecht Dûblin et Grosz et dans laquelle il s'inscrivait implicitement' La judéité demeurait néanmoins la source ultime de son Heimatlosigkeit consciente et assumée Il n'essaya jamais de la cacher et il y revint à plusieurs reprises tout au long de sa vie Il est bien vrai qu'il ne renonça pas à son pseudonyme - imposé à l'époque de Weimar par l'éditeur du Borsen-Courier le journal auquel il collaborait avec ses critiques littéraires - à la sonorité moins juive que son vrai nom Stern mais au fond ce nom emprunté - Anders autre - résumait assez bien son statut d'étranger et de sans-patrie voire son acosinie ? Le traumatisme de l'exil et la rupture de civilisation consommée à Auschwitz l'avaient préparé à reconna? tre la césure historique symbolisée par Hiroshima C'est donc en tant que Juif qu'il interpréta le xx' siècle sous le signe de la catastrophe une catastrophe désormais presque sans retour En il consacra au thème de sa judéité un essai passionnant o? par le biais d'une simple

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