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Dialogue http://journals.cambridge.org/DIA Additional services for Dialogue: Email alerts: Click here Subscriptions: Click here Commercial reprints: Click here Terms of use : Click here La transcendance de l'Ego et autres textes phénoménologiques Jean-Paul Sartre Textes introduits et annotés par Vincent de Coorebyter Collection «Textes et commentaires» Paris, Vrin, 2003, 224 p., 18 € Christine Daigle Dialogue / Volume 45 / Issue 01 / December 2006, pp 193 - 195 DOI: 10.1017/S0012217300000470, Published online: 27 April 2009 Link to this article: http://journals.cambridge.org/abstract_S0012217300000470 How to cite this article: Christine Daigle (2006). Dialogue, 45, pp 193-195 doi:10.1017/S0012217300000470 Request Permissions : Click here Downloaded from http://journals.cambridge.org/DIA, by Username: cdaigle, IP address: 76.67.127.121 on 18 Nov 2014 Book Reviews/Comptes rendus 193 La transcendance de l’Ego et autres textes phénoménologiques JEAN-PAUL SARTRE Textes introduits et annotés par VINCENT DE COOREBYTER Collection «Textes et commentaires» Paris, Vrin, 2003, 224 p., 18 € Cette nouvelle édition de La transcendance de l’Ego comblera autant ceux qui aborderont cet écrit de Sartre pour la toute première fois que ceux qui sont aguer- ris à son étude. En effet, c’est à une véritable édition savante que nous convie Vin- cent de Coorebyter. Non seulement y retrouve-t-on cet article «pré-Être et le néant» mais aussi, deux autres textes d’un grand intérêt. L’ouvrage débute par une introduction fouillée de Coorebyter qui nous explique entre autres comment ces trois textes appartiennent à une même préoccupation phénoménologique chez Sartre (justifiant ainsi la structure de la présente édition, j’y reviendrai). Suivent ensuite une note sur l’établissement des textes ainsi qu’une note bibliographique. Enfin, suivent les trois écrits de Sartre dans l’ordre de leur rédaction. C’est un court article rédigé en 1934 au moment où Sartre découvre Husserl, «Une idée fondamentale de la phénoménologie de Husserl : L’intentionnalité», qui ouvre cette série de trois textes. Comme l’explique de Coorebyter, le fait que ce texte ait été publié seulement en 1939 a mené à croire qu’il s’agissait d’un «satel- lite de L’Être et le Néant (qui paraîtra en 1943), dont il semble fournir une clé com- mode et frappante...» (p. 9). Or cette lecture permettait mal d’expliquer le passage de l’enthousiasme pratiquement sans réserve que l’on retrouve dans le court article à la critique sévère de Husserl que l’on retrouve dans le traité majeur. Replacer ce texte dans son contexte de rédaction, comme le fait de Coorebyter dans cette édi- tion, permet de mieux apprécier l’évolution de Sartre du point de vue de la phéno- ménologie et son positionnement vis-à-vis Husserl. Cela permet également de bien situer les fondements de la pensée phénoménologique de Sartre. Le texte qui suit est l’article «La transcendance de l’Ego» (ci-après TE), lui aussi rédigé vers la fin du séjour de Sartre à Berlin. De Coorebyter souligne que la rédac- tion des deux textes est conjointe. Or il me semble que l’élan enthousiaste que l’on retrouve dans le court article est plutôt signe que nous y avons affaire à la toute première appréciation que Sartre fait de la pensée de Husserl. L’article plus élaboré que constitue TE révèle le travail de Sartre suite à cette première rencontre. D’ailleurs, de Coorebyter signale que «c’est au court article sur Husserl [«L’inten- tionnalité»] qu’il faut reconnaître un rôle fondateur, La transcendance de l’Ego en constituant une conséquence parmi d’autres» (p. 11). TE fut donc rédigé en 1934 et publié pour la première fois en 1937 dans la revue Recherches philosophiques. Vrin en a fait une première édition en 1965. La présente édition conserve d’ailleurs la pagination de l’édition de 1965 en marge pour faciliter le travail de référence à ceux qui auraient utilisé celle-ci dans leurs travaux (on aurait souhaité la même chose pour l’édition revue et augmentée des Carnets de la drôle de guerre parue chez Gallimard en 1995). TE joue un rôle clé dans l’élaboration de la pensée de Sartre. À partir de son contact avec la phénoménologie de Husserl, il travaille sa propre pensée qui trouvera son entier déploiement dans L’Être et le néant. Mais nous sommes à presque dix ans de l’œuvre majeure et Sartre balbutie encore sur certains points. S’il commence à être critique du maître Husserl, la séparation n’est pas encore effectuée. Malgré tout, il ose pousser à ses extrêmes limites les propo- 194 Dialogue sitions husserliennes. Résultat : expulsion de l’Ego hors de la conscience qui se trouve de ce fait dépersonnalisée. Sartre conclut : Le Monde n’a pas créé le Moi, le Moi n’a pas créé le Monde, ce sont deux objets pour la conscience absolue, impersonnelle, et c’est par elle qu’ils se trouvent reliés. Cette conscience absolue, lorsqu’elle est purifiée du Je, n’a plus rien d’un sujet, ce n’est pas non plus une collection de représentations : elle est tout sim- plement une condition première et une source absolue d’existence. Et le rapport d’interdépendance qu’elle établit entre le Moi et le Monde suffit pour que le Moi apparaisse comme «en danger» devant le Monde, pour que le Moi (indi- rectement et par l’intermédiaire des états) tire du Monde tout son contenu (p. 131). C’est la grande conclusion de l’essai. La topologie de la conscience que l’on y retrouve et qui ne fait de l’Ego qu’un petit acteur de la grande comédie de la cons- cience formera la pierre de touche de l’ouvrage majeur qui suivra en 1943. Le troisième texte, «Conscience de soi et connaissance de soi», fut présenté lors d’une conférence prononcée par Sartre en 1947 à la Société française de philoso- phie. Il s'agit de la première réédition de ce texte. De Coorebyter souligne qu'il «permet de mesurer l’écart entre les articles de 1934 et L’Être et le Néant» (p. 27). En effet, cette conférence est teintée des nouvelles préoccupations de Sartre ainsi que des nouvelles influences qui semblent jouer sur lui. Ainsi, si Hegel est le grand absent des écrits des années 30, et même du traité de 1943, sa présence se fait bien sentir dans cette conférence où Sartre revisite les thèses principales de L’Être et le néant. Sartre y reconnaît aussi sa dette vis-à-vis Heidegger qui exerce son influence dans ses écrits à partir de l’essai sur les émotions paru en 1939. Le lecteur du texte de cette conférence bénéficiera du point de vue de l’auteur sur quelques-unes des thèses centrales de L’Être et le néant. Toutefois, il ne faudrait pas voir dans ce texte un résumé fiable, car, enfin, étant le texte d’une conférence, Sartre y va à l’essentiel et met l’emphase sur le pour-soi. Il laisse donc forcément de côté des pans majeurs de son traité. Le travail de de Coorebyter pour cette édition se doit d’être applaudi. L’intro- duction ainsi que l’appareil de notes impressionnant qui accompagne les textes de Sartre fournit au lecteur une foule de renseignements et d’explications qui per- mettent d’apprécier à leur juste mesure les textes de Sartre. Les travaux précédents de de Coorebyter ont certainement servi de base à cette édition. Et quels travaux! D’abord un livre, paru en 2000 chez Ousia, Sartre face à la phénoménologie. Autour de «L’intentionnalité» et de «La Transcendance de l’Ego», ensuite des articles où il a examiné la pensée phénoménologique de Sartre de même qu’une étude sur les annotations que Sartre a fait dans ses lectures de Husserl («Qu’est-ce qu’un brouil- lon philosophique? Le temps et le préreflexif dans les notes de Sartre en marge de Husserl», Genesis, 2003, no 22, p. 107-124). Tout cela, on peut l’imaginer, fait de de Coorebyter la personne toute désignée pour présenter ces textes. De fait, ses explications sur la nature des textes, leur genèse et leur historique sont limpides, de même l’analyse qu’il fournit de TE dans son introduction et qui retrace l’argu- mentation sartrienne dans tous ses détours. Le choix des textes de Sartre et leur présentation permet à de Coorebyter de retracer l’historique de la relation de Sartre à Husserl. Il explique d’ailleurs très bien cette évolution de la pensée de Sartre; les Book Reviews/Comptes rendus 195 lecteurs se reporteront tout naturellement à son étude mentionnée plus haut pour connaître cette question plus en détails. Quelle conclusion tirer de cette présentation de Sartre en tant que phénoméno- logue et que dire de sa relation à Husserl? Qu’il «ne fut jamais un disciple de Husserl mais d’emblée un phénoménologue original — y compris par ses lacunes —, qui retient de Husserl cela seul qui le convainc et lui convient» (p. 21). Cette attitude cavalière (ce sont les mots de de Coorebyter) de Sartre est d’ailleurs fréquente et Husserl n’est pas le seul à en faire les frais. De Coorebyter explique que jusqu’à la rencontre avec Husserl, Sartre avait «pratiqué une phénoménologie sauvage et inconsciente de soi dans tous les textes où il prétendait voir ou rêvait de montrer la contingence, l’événement, l’individuel ou l’unité...» (ibid.). L’ouvrage présenté par de Coorebyter et les explications qu’il produit dans son introduction et dans les notes permettent de voir comment cette «phénoménologie sauvage» s’appri- voise à mesure que la relation qui suit la rencontre avec Husserl se tisse et se trans- forme, jusqu’à devenir critique. uploads/Philosophie/la-transcendance-de-lego-et-autres-texte.pdf
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- Publié le Jui 01, 2022
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