MBDA PHOTONONSTOP MISHA JAPARIDZE . AP Législatives: Essonne fratricide à gauch
MBDA PHOTONONSTOP MISHA JAPARIDZE . AP Législatives: Essonne fratricide à gauche Entre Malek Boutih (PS) et François Delapierre (Front de gauche), planent les ombres de Julien Dray et Jean-Luc Mélenchon… PAGES 1011 À PARIS, POUTINE PEUT IL LÂCHER LA SYRIE? PAGES 67 A Dieppe, du bateau à l’assiette Pour le carelet au cidre, la première étape mène au cul des chalutiers normands… TU MITONNES, PAGES 3031 Rwanda DETRÈS ÉTRANGES MISSILES FRANÇAIS PAGES 24 EXCLUSIF Undocumentdel’ONU révèlelaprésence,àla veilledugénocide, de15Mistralausein del’arsenalde l’arméerwandaise. Desarmes alorsinterdites àlavente. •1,50 EURO. PREMIÈRE ÉDITION NO9659 VENDREDI 1ER JUIN 2012 WWW.LIBERATION.FR IMPRIMÉ EN FRANCE / PRINTED IN FRANCE Allemagne 2,20 €, Andorre 1,50 €, Autriche 2,80 €, Belgique 1,60 €, Canada 4,50 $, Danemark 26 Kr, DOM 2,30 €, Espagne 2,20 €, EtatsUnis 5 $, Finlande 2,60 €, GrandeBretagne 1,70 £, Grèce 2,60 €, Irlande 2,35 €, Israël 19 ILS, Italie 2,20 €, Luxembourg 1,60 €, Maroc 16 Dh, Norvège 26 Kr, PaysBas 2,20 €, Portugal (cont.) 2,30 €, Slovénie 2,60 €, Suède 23 Kr, Suisse 3 FS, TOM 410 CFP, Tunisie 2,20 DT, Zone CFA 1 900 CFA. ParSYL V AINBOURMEAU Inventaire Depuis longtemps, des responsables politiques, de gauche comme de droite, tentent d’occulter la responsabilité de la France dans le génocide rwandais. Contrastant singulièrement avec la qualité des travaux de la commission sénatoriale belge, la mission d’information parlementaire française n’a, in fine, produit qu’un vaste écran de fumée. Plus grave encore, un magistrat en charge de l’enquête, le fameux juge Bruguière, semble avoir tout mis en œuvre pour brouiller les pistes et organiser la désinformation la plus totale, ouvrant la voie au pire négationnisme. Reprenant l’instruction, le juge Trévidic a commencé à apporter de précieux éléments, un rapport balistique établissant le rôle déclencheur de l’attentat contre l’avion du président Habyarimana. Un nouveau document de l’ONU, dont Libération révèle aujourd’hui l’existence, vient d’être versé à son dossier. Il révèle que le régime rwandais était, au jour de l’attentat, en possession de quinze missiles français Mistral, pourtant strictement interdits d’exportation. Pourquoi la France aurait-elle fourni ces armes sol-air alors que les rebelles rwandais ne disposaient pas d’avions? Des instructeurs français se trouvaient-ils sur place pour former à leur maniement? Quel rôle Paris a-t-il réellement joué à Kigali dans les années et les mois qui ont précédé le génocide? La justice doit poursuivre son travail. Mais nous attendons désormais avec impatience du nouveau président de la République, François Hollande, qu’il exerce un véritable droit d’inventaire. Afin que nous prenions toute la mesure de la responsabilité de son prédécesseur socialiste, François Mitterrand, et donc de notre pays, dans ce génocide qui, en cent jours, coûta la vie à 800000 personnes. ÉDITORIAL Un document, daté de 1994 et dont «Libération» publie la teneur, révèle la présence d’armes françaises dans l’arsenal rwandais et relance le débat sur les auteurs de l’attentat du 6 avril. Rwanda:desmissiles quipointentParis U ne fois de plus, elle ressurgit: l’une des plus grandes énig- mes de l’histoire récente n’en finit pas de se rappeler régulièrement à notre mémoire à coups de nouveaux éléments, indices oubliés, pistes négligées. Qui a tué le président rwandais Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994, lors d’un attentat spec- taculaire resté non revendiqué? Depuis dix-huit ans, cette question suscite des débats passionnés. Car même si l’atten- tat est le déclencheur et non la cause du génocide de la minorité tutsie, pro- grammé de longue date, l’identité des commanditaires pèse forcément sur la lecture des événements. LYNCHAGE. Longtemps, c’est la thèse d’un attentat fomenté par les rebelles tutsis du FPR qui a dominé. Elle s’im- pose même dans les minutes qui suivent l’explosion de l’avion de Habyarimana dans le ciel de Kigali. Dès l’annonce de l’attentat, les proches du chef de l’Etat assassiné, sa famille et les barons du ré- ParMARIAMALAGARDIS L’ESSENTIEL LE CONTEXTE Un document de l’ONU, daté du jour de l’attentat contre Juvénal Habyarimana, révèle la présence sur place de 15 missiles français. L’ENJEU Ces armes relancent les interrogations sur le rôle de Paris. LIBÉRATION VENDREDI1ER JUIN2012 2 •EVENEMENT Portrait du président Habyarimana dans les décombres d’une maison tutsie, en 1996. PHOTO CHALASANI. SIPA gime vont mettre en cause les rebelles et «leurs alliés naturels» au sein de la population, ainsi que les Belges, qui constituaient alors le principal contin- gent de Casques bleus occidentaux pré- sents dans le pays. Résultat: après le lynchage de dix d’entre eux, les Cas- ques bleus belges quittent le pays, livré du coup aux ultras du régime rwandais qui déciment systématiquement les Tutsis du pays. 80000 morts en trois mois: c’est le plus fulgurant massacre jamais recensé. On comprend dès lors que l’attentat «déclencheur» suscite autant de curiosités. Et de blocages. HASARD. C’est presque par hasard, dans le cadre d’une recherche historique, que Linda Melvern, journaliste britan- nique, tombe sur la fameuse liste évo- quant la présence de missiles Mistral, dans les archives de l’ONU. Le docu- ment avait été adjoint et noyé au milieu d’un autre rapport. Pourquoi est-ce si important? Parce que, depuis 1994, les anciens officiers rwandais inculpés par le Tribunal pénal international pour le Rwanda n’ont cessé d’affirmer qu’aucun des leurs ne pouvait être mêlé à cet attentat, car ils ne possédaient pas de missiles. Les autorités françaises, qui les ont trop longtemps soutenus, formés et équipés, ont suivi le même raisonne- ment: sans arme, pas de crime possible. Mais alors, que viennent faire ces Mis- tral dans les stocks de l’armée rwan- daise? Et qui savait?• La liste des armes de l’armée rwandaise, dans laquelle apparaissent les missiles français, a été établie avant le génocide, puis a été oubliée durant deux décennies. Un document compromettant enterré dans les archives de l’ONU C’ est une simple liste qui énumère des stocks d’ar- mes, sans aucun com- mentaire. Depuis près de vingt ans, elle se trouvait dans les ar- chives des Nations unies, à New York. Aujourd’hui, soudain exhumé de l’oubli, ce document relance quelques questions trou- blantes sur le rôle de la France dans l’attentat qui a coûté la vie au président rwandais Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994. Ce soir-là, l’avion présidentiel amorce sa descente sur Kigali, lorsqu’il est abattu par deux tirs de missiles sol-air. L ’attentat ne sera jamais revendiqué mais, dans les heures qui suivent, une ma- chine de mort se met en marche: le génocide des Tutsis vient de commencer, il va durer trois mois et faire près d’un million de victi- mes. Le président assassiné était hutu, et c’est au nom d’une pré- tendue «vengeance spontanée», que les ultras du camp présiden- tiel vont justifier le massacre sys- tématique de la minorité tutsie, collectivement accusée du meur- tre du chef de l’Etat. En réalité, depuis cette époque, deux camps s’opposent: ceux qui croient que Habyarimana a été assassiné par certains de ses pro- ches, inquiets de le voir accepter de partager le pouvoir, et ceux qui pensent qu’il a été tué par les rebelles du Front patriotique rwandais (FPR), un mouvement de guérilla tutsi avec lequel Ha- byarimana était justement pressé de faire la paix. Or, depuis vingt ans, ceux qui accusent le FPR as- sènent de manière répétée que l’armée rwandaise ne disposait pas de missiles avant le génocide et ne savait pas s’en servir. Con- trairement aux rebelles du FPR. Démentis. C’est cet argument qui risque d’être mis à mal par le document exhumé des archives de l’ONU. Car la liste qui détaille les stocks d’armement à la veille du génocide révèle que l’armée rwandaise était alors en posses- sion d’une quantité «indétermi- née» de «missiles sol-air de type SA-7» et de «15 missiles sol- air Mistral». Des armes d’origine française. Même si rien ne permet à ce jour d’attester que ce sont ces missiles-là qui ont servi à l’atten- tat, l’information est en contra- diction flagrante avec les nom- breux démentis et déclarations officielles qui se sont succédé de- puis plusieurs années, affirmant que «le camp hutu n’avait pas de missiles», ainsi que l’a encore ré- pété en janvier le socialiste Hu- bert Védrine, secrétaire général de la présidence de la République au moment du génocide. François Léotard, lui, était ministre de la Défense. Le 7 juillet 1998, lors de son audition par une mission d’information parlementaire sur le rôle joué par la France au Rwanda entre 1990 et 1994, il certifie lui aussi qu’«aucune infor- mation n’atteste la présence de lan- ceurs sol-air dans l’équipement des FAR [Forces armées rwandaises] entre 1991 et 1994». La présence de missiles Mistral dans l’arsenal de l’armée gouver- nementale avait pourtant déjà été mentionnée. Mais jamais attestée de source officielle onusienne avant que soit lancé le massacre des Tutsis. Ce sont des observa- teurs militaires de la Minuar, la mission d’observation de l’ONU envoyée au Rwanda quelques mois avant le génocide, qui ont compulsé la liste des stocks d’ar- mes dans le cadre des inspections qu’ils effectuaient en attendant l’application des accords de paix. Début mai, le général Roméo Dal- laire, à l’époque commandant en chef de la Minuar, a confirmé l’authenticité de cette liste qui, après uploads/s1/ de-tres-etranges-missiles-francais-liberation-1-juin-2012.pdf
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- Publié le Nov 07, 2021
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