Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde 29 | 2002 Syn

Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde 29 | 2002 Syntaxe et enseignement des langues Le français à l’école primaire en Flandre vers 1880 : quelques remarques sur la « nature » des contenus à enseigner Michel Berré Édition électronique URL : https://journals.openedition.org/dhfles/2293 DOI : 10.4000/dhfles.2293 ISSN : 2221-4038 Éditeur Société Internationale pour l’Histoire du Français Langue Étrangère ou Seconde‎ Édition imprimée Date de publication : 1 décembre 2002 ISSN : 0992-7654 Référence électronique Michel Berré, « Le français à l’école primaire en Flandre vers 1880 : quelques remarques sur la « nature » des contenus à enseigner », Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde [En ligne], 29 | 2002, mis en ligne le 01 janvier 2013, consulté le 27 mai 2021. URL : http:// journals.openedition.org/dhfles/2293 ; DOI : https://doi.org/10.4000/dhfles.2293 Ce document a été généré automatiquement le 27 mai 2021. © SIHFLES Le français à l’école primaire en Flandre vers 1880 : quelques remarques sur la « nature » des contenus à enseigner Michel Berré 0. Introduction 1 L’objectif du présent article est de mettre en rapport les conceptions didactiques relatives à l’enseignement du français (langue seconde) telles qu’elles s’expriment dans les circulaires officielles et les préfaces des manuels scolaires et les contenus d’enseignement tels qu’on les retrouve dans les programmes et les manuels scolaires. Trois documents ont plus particulièrement retenu notre attention : le Programme de l’enseignement primaire de 1880, la Circulaire ministérielle qui l’accompagne et les Notions grammaticales de Kirsch, manuel publié en 1896 et se présentant comme une application dudit programme. Pour ce qui est des contenus, nous avons focalisé notre propos sur les aspects syntaxiques : le XIXe siècle étant présenté par Chervel (1977) comme le siècle de la constitution de la syntaxe fonctionnelle dans les grammaires scolaires français langue maternelle, il nous a paru intéressant de voir ce qu’il en était de cette « syntaxe » dans la grammaire destinée à l’enseignement du français aux Flamands dans le dernier quart du XIXe siècle. In fine, nous nous interrogerons sur la nature des contenus d’enseignement, élément qui permet de rendre compte, selon nous, de leur remarquable stabilité. Le français à l’école primaire en Flandre vers 1880 : quelques remarques sur ... Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde, 29 | 2002 1 1. Quelques remarques sur le Programme (1880) et les Notions grammaticales de Kirsch (1896) 1.1. Genèse du Programme : les Circulaires des ministres Rogier (1859) et Pirmez (1868) 2 Le Programme de 1880 est le premier programme pédagogique destiné à l’enseignement primaire publié par l’État belge. Avant cette date, le contenu de l’enseignement était fixé par l’article 6 de la loi de 1842 et par l’article 1er du Règlement de 18461. L’emploi du temps de l’instituteur était réglé par un Tableau des activités. Ce document élaboré par l’instituteur, « visé par l’inspecteur cantonal et arrêté par le collége (sic) des bourgmestre et échevins » devait être affiché dans l’école (Bulletin administratif du ministère de l’Intérieur 1846-1847 : 204)2. L’instituteur avait encore l’obligation de choisir ses manuels dans les listes élaborées par les inspecteurs provinciaux sur base d’une première sélection effectuée par la Commission centrale de l’instruction primaire3. 3 L’idée « d’adopter un plan d’études uniforme pour l’ensemble des matières obligatoires et facultatives [...] à l’instar de ce qui avait été fait pour les écoles normales » (Bulletin administratif du ministère de l’Intérieur 1859 : 480-481) est apparue dans les années cinquante. En 1855, un inspecteur cantonal de Flandre occidentale rédigeait un programme pour son ressort d’inspection, initiative louée par l’administration (cf. RTIP 1855-1857 : CLXXXVII). Dans une circulaire datée du 29 août 1859, le ministre libéral Charles Rogier demandait aux inspecteurs provinciaux de formuler un projet de programme pour les écoles primaires [indiquant] tous les développements que chaque branche comporte, les cours à donner dans les trois divisions de l’école, ainsi que le nombre et la durée des leçons que l’instituteur doit y consacrer (ibid.)4. 4 Au niveau national, il n’a été donné aucune suite à la circulaire de Rogier. Seul, à notre connaissance, l’inspecteur de Flandre orientale Henri Kervyn a pris l’initiative de créer une Commission [Commissie van het 4de Schoolgebied der provincie Oost-Vlaanderen] pour mettre à l’étude la proposition du ministre. Le programme a été achevé en octobre 1864 et publié en 1865 en un fort volume de plus de six cents pages (cf. Omstandig programma... 1865)5. 5 La seconde initiative ministérielle date de décembre 1868. Le ministre libéral Eudore Pirmez entendait faire du nouveau programme des examens d’admission aux écoles normales (octobre 1868) le terminus ad quem de l’enseignement primaire 6. Seules quelques inspections provinciales sont entrées dans les vues du ministre dont l’inspecteur de Flandre occidentale, A.-J. Germain7. Pour rédiger ce programme (cf. Omstandig programma van het onderwijs... 1868-1869), Germain s’est inspiré du plan d’études des écoles du département de la Seine qui date de 1866 et qui est l’œuvre d’Octave Gréard (cf. infra). 1.2. Premier ministère de l’Instruction publique (1878-1884) 6 En Belgique, le premier ministère de l’Instruction publique (1878-1884) a vu le jour en 1878 suite à la victoire libérale aux élections. La direction en a été confiée à Pierre- Édouard Van Humbeéck8. Un an après son entrée en fonction, le ministre a fait approuver, le 1er juillet 1879, par les chambres législatives son projet de loi portant Le français à l’école primaire en Flandre vers 1880 : quelques remarques sur ... Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde, 29 | 2002 2 révision de la loi de 1842. Cette loi – « modérément laïque, profondément pédagogique et nettement centralisatrice » (Lory 1979 : 673) – a déclenché une véritable « guerre scolaire [qui a] sévi durant cinq ans, portant l’intolérance et le fanatisme à un point jamais égalé depuis lors » (Wynants 1998 : 27)9. Si les questions politiques et idéologiques de cette loi ont déjà fait l’objet de nombreux commentaires, ses aspects pédagogiques ont été beaucoup moins observés (cf. Minten et al. 1993 : 39)10. 7 L’article 5 de la loi du 1er juillet 1879 imposait l’enseignement des matières suivantes dans les écoles primaires communales11 : la lecture, l’écriture, les éléments du calcul, le système légal des poids et mesures, les éléments de la langue française, flamande ou allemande, selon les besoins des localités, la géographie, l’histoire de la Belgique, les éléments du dessin, la connaissance des formes géométriques, les notions élémentaires des sciences naturelles, la gymnastique et le chant. Au total, 12 branches, sans compter la morale et les travaux à l’aiguille12. D’après le même article 5, cet enseignement pouvait recevoir des extensions dans les localités où elles étaient reconnues possibles et utiles. Le 25 avril a paru l’arrêté royal énumérant les branches faisant l’objet de ces extensions. Trois mois plus tard, en conformité de l’article 2 de cet arrêté, une Circulaire ministérielle adressée aux gouverneurs des provinces annonçait la publication du Programme de l’enseignement à donner dans les écoles primaires communales (le Programme est joint en annexe de la Circulaire et a paru au Moniteur belge le 23 juillet 1880). 8 Tous les historiens s’accordent pour souligner le rôle majeur joué par le directeur général de l’instruction primaire, A.-J. Germain, dans l’élaboration et la rédaction de ce Programme13. Le projet de Germain a été soumis au Conseil de perfectionnement de l’instruction primaire et « après de longues discussions, et moyennant quelques amendements, [il] a été admis à l’unanimité des membres » (Germain 1882 : 28). Discuté dans la séance du 5 juillet 1880, les aspects relatifs à l’enseignement d’une seconde langue n’ont fait l’objet d’aucune observation (RTIP 1879-1881 : 127). Le Programme était divisé en quatre degrés ; seuls les trois premiers étaient obligatoires pour l’école primaire « et c’est bien là, précise Germain, le programme dont j’ai principalement à m’occuper » (1882 : 29-30)14. 1.3. Le français langue seconde, une « branche facultative » 9 Tout comme sous le régime de la loi de 1842, l’État belge s’en est remis en 1879-1880, pour ce qui est de l’enseignement des langues, aux autorités communales : c’étaient les communes qui déterminaient la langue dans laquelle l’instruction devait être donnée et qui appréciaient l’opportunité d’enseigner ou non une deuxième langue. Dans l’esprit du législateur, la première langue enseignée devait être la langue maternelle comme il apparaît à la lecture du Règlement de 1846 (sans que les textes prennent en considération le fait que la langue « maternelle » de l’institution était rarement similaire à celle des élèves qui ne s’exprimaient qu’en patois) et de façon encore plus nette en 1879-1880 avec le choix des dénominations « langue maternelle » et « langue seconde »15. Durant tout le XIXe siècle, les communes sont restées maîtres du jeu dans le choix des langues à enseigner au grand dam du Mouvement flamand qui souhaitait une législation régionale contraignante16. 10 L’ouverture à la « seconde langue » sous les gouvernements libéraux (cf. la première loi linguistique relative à l’enseignement moyen votée en 1883 et inaugurant des sections Le français à l’école uploads/s1/ dhfles-2293.pdf

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  • Publié le Dec 01, 2022
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