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S5"3 * jt À*.- « '•^#1 A" '" ^ LES GRANDS ARTISTES Eugène Delacroix LES GRANDS ARTISTES COLLECTION D ' EN S E I GN EM EN T ET DE VULGARISATION Placée sous le Haut Patronage DE L'ADMINISTRATION DES BEAUX-ARTS Volumes parus Raphaël, par Eugène Muntz. Albert Durer, par Auguste Marguillier. Watteau, par Gabriel Séailles. Titien, par Maurice Hamel. Rubens, par Gustave Geffroy. Volumes à paraître Léonard de Vinci, par Gabriel Séailles. Poussin, par Paul Desjardins. J.-F. Millet, par Henry Marcel. Ingres, par Momméja. 2312-02. — Corbeil. Imprimerie Éd. Crété. LES GRANDS ARTISTES LEUR VIE —LEUR ŒUVRE Eugène Delacroix PAR MAURICE TOURNEUX BIOGRAPHIE CRITIQUE ILLUSTRÉE LE VINGT-QUATRE REPRODUCTIONS HORS TEXTE V PARIS LIBRAIRIE RENOUARD HENRI LAURENS, ÉDITEUR 6, RUE DE TOURNON (VI e ) EUGÈNE DELACROIX 1 Si modeste que soit ce petit livre par ses proportions et plus encore par le nom dont il est signé, il offre cependant une particularité que je crois devoir signaler au lecteur : c'est la première fois, sauf erreur, qu'on essaie de tirer, en grande partie, des propres écrits de Delacroix les éléments d'une 'biographie qui, jusqu'à ce jour, malgré les nom- breuses études dont il a été l'objet, n'avait pas encore été tentée et qui, pendant longtemps, n'aurait pu l'être. « L'heure n'est pas venue, disait avec raison Paul de Saint- Victor au mois de septembre 1863, d'écrire la vie d'Eugène Delacroix; il l'a si bien cachée dans la solitude qu'il faudra du temps pour l'en retirer. Il convient d'attendre que les souvenirs aient parlé, que les corres- pondances se divulguent, que les témoignages se confron- tent. » Grâce aux lettres recueillies par Ph. Burty, au Journal intime édité par MM. Fiat et Piot, au catalogue de M. Alfred Robaut, on peut aujourd'hui reconstituer à peu près sans lacunes le cours de la vie et la production incessante de Delacroix, depuis les bruyants débuis du 139658 6 EUGÈNE DELACROIX. jeune homme jusqu'aux derniers triomphes, presque aussi contestés, du vieillard. J'ai plus d'une fois enfin puisé dans les riches dossiers formés par Burty et que la générosité de ses héritiers a fait passer entre mes mains. Aussi bien, puisque le plan de la présente collection ne comporte pas de notes, je crois devoir déclarer ici qu'il n'est pas un détail dont je ne puisse alléguer la source. Je ne me dissimule pas que ce souci de l'exactitude pourra paraître puéril à ceux qui célébreraient volontiers sur un tout autre mode le peintre le plus dramatique de l'Ecole fran- çaise, ou bien à ceux qui saluent en lui le précurseur des novateurs du jour, mais j'estime que Delacroix est entré dans « ce Panthéon de l'histoire » qu'entrevoyait Danton et qu'il plane au-dessus de nos engouements actuels et de nos querelles éphémères. C'est donc de lui seul, de son œuvre et de son temps qu'il sera question ici. Le 8 floréal an VI (27 avril 1798), les citoyens Jean- Henri Riesener, Ferdinand-Pierre-Marie-Dorothée Guille- mardet« législateur » (membre d a Conseil des Cinq-Cents), etla citoyenne Adélaïde-Denise OEben, femme Pascot, pré- sentaient à l'officier de Fétat civil de Charenton (district de Sceaux-1' Unité) un enfant mâle, né la veille du légitime mariage de Charles Delacroix, ministre de la République française « près celle Batave » et de Victoire OEben, son épouse. En l'absence du père, les trois témoins déclarèrent donner à l'enfant les prénoms de Ferdinand-Victor-Eugène EUGENE DELACROIX. 7 et signèrent l'acte encore existant à la mairie de Saint- Maurice. Charles Delacroix de Gontault (et non de Constant, comme on l'a maintes fois imprimé), né à Givry (Marne), le 14 avril 1741, était l'aîné des huit enfants de Claude Delacroix, régisseur des biens des comtes de Belval. Après avoir fait de bonnes études, particulièrement en grec, au collège des Grassins à Paris et professé « l'éloquence » au collège de Rodez, il fut, sur la recommandation de l'évcque de cette ville, J.-M. Champion de Cicé, choisi pour secrétaire par Turgot, alors intendant de la géné- ralité de Limoges, et le suivit avec le titre de premier commis à la Marine et au Contrôle général. Retraité en 1779, avec une pension de 6 000 livres, il remplit les fonctions de maire en la justice royale de Contault, puis d'administrateur du département de la Marne, qui l'élut, le 3 septembre 1792, membre de la Convention nationale. 11 vota la mort du Roi, sans appel ni sursis, et remplit diverses missions, notamment à Versailles où ses services ont laissé an bon souvenir. Député de la Marne au Conseil des Anciens, il tint, dans des circonstances difficiles aux- quelles il se montra inférieur, le portefeuille des Relations extérieures, du 14 brumaire an IV (5 décembre 1795) au 28 thermidor an V (15 août 1797) et se vit remplacer par Talleyrand qui lui fit accepter le poste diplomatique dont il fut rappelé le 6 prairial an VI (25 mai 1798). Il allait passer à Vienne avec le titre d'ambassadeur lorsque l'attentat de Rastadt vint rompre les négociations 8 EUGÈNE DELACROIX. entamées entre la France et l'Autriche. Nommé préfet des Bouches-du-Rhône, le 20 germinal an VIII (10 avril 1800), Charles Delacroix signala son passage à Marseille par de nombreuses améliorations et fut unanimement regretté de ses anciens administrés lorsqu'il vint remplir les mômes fonctions dans la Gironde (3 floréal an XI — 23 avril 1803). Il mourut à Bordeaux, le 26 août 1805. Quatre enfants étaient issus de son mariage avec la fille de Jean-François OEben, ébéniste du Roi, demeu- rant à Paris, dans l'enclos de l'Arsenal, et belle-fille de Jean-Henri Riesener exerçant, au même lieu, la même profession, qui tous deux ont laissé un nom illustre dans l'art du meuble. Le premier de ces enfants, Charles-Henri, né à Paris en 1779, fut tour à tour novice de marine, aspirant de l re classe, sous-lieutenant au 9 e régiment de chasseurs à cheval, nommé lieutenant sur le champ de bataille de Novi et appelé à faire partie de la garde des Consuls (1800), chef d'escadron, aide de camp du prince Eugène (1805), colonel en 1808, baron de l'Empire le 17 mai 1810, blessé au passage de la Dwina (1812) et fait prisonnier de guerre à Wilna, enfin maréchal de camp honoraire le 10 mars 1815. Raymond de Verninac de Saint-Maur avait dix-huit ans de plus qu'Henriette Delacroix dont il demanda la main en 1798, après avoir échoué auprès d'Eugénie de Beau- marchais. Originaire de Gourdon (Lot) et inscrit au bar- reau de Paris, il dut à l'amitié de Duport-Dutertre' la EUGÈNE DELACROIX, PAU LUI-MÊME (1829). (Musée du Louvre.) EUGÈNE DELACROIX. 11 périlleuse mission de rétablir, en 1791, la tranquillité dans le Comtat-Venaissin et ne put, pas plus que ses collègues Mulot et Lescène-Desmaisons, empocher les massacres de la Glacière. Envoyé, l'année suivante, comme chargé d'affaires en Suède, il n'y demeura que quelques mois et en 1795 remplaça Descorches de Sainte- Croix comme ambassadeur près de la Porte. Rappelé sur sa demande en 1797, il fut nommé préfet du Rhône par Bonaparte et, dans une période de dix-huit mois seulement, contribua pour une large part au relèvement matériel et moral de la grande cité lyonnaise ravagée par la guerre civile. Il fut aidé dans cette tâche d'apaisement par sa jeune femme dont la beauté et la bonne grâce eurent pour interprètes David et Chinard. Le premier peignit d'après elle un superbe portrait resté dans la famille ; le second envoya au Salon de Tan VIII une Diane préparant ses traits, buste ressemblant à Mme Veminac, épouse dupréfet du département du Rhône. Nommé, en 1802, ministre plé- nipotentiaire près de la République helvétique, Verninac encourut peu après la disgrâce du maître et fut tenu à l'écart jusqu'à sa chute. Né à Paris en 1784, Henri Delacroix, engagé volontaire, fut, le soir de la bataille de Friedland (14 juin 1807), frappé par un boulet perdu au moment où il venait d'em- brasser son frère rencontré par hasard : telle était du moins la tradition de la famille qu'aucun document offi- ciel n'est de nature à confirmer. C'est en l'honneur d'Henri Delacroix qu'Eugène, âgé de six ans, griffon- 12 EUGENE DELACROIX. liait quelques croquis informes et un gentil envoi sur un agenda pour l'an XII que conserve précieusement M. Etienne Moreau-Nélaton. Par ses ascendances paternelles Eugène Delacroix se trouvait à la fois cousin des Berryer et des La Vallette. Le père du grand orateur a raconté dans ses Souvenirs comment, très menacé sous la Terreur, il lit appel à Charles Delacroix et comment celui-ci le tira de danger, comment aussi il ne dépendit pas du conventionnel d'ar- racher au couperet la tete d'un de leurs parents com- muns, Varoquier, qui fit partie d'une fournée d'habitants <le Sedan envoyés à Féchafaud. Les circonstances et pro- bablement aussi les divergences politiques séparèrent longtemps les deux familles ; mais en 1846, après la mort du général Delacroix, quelques lignes de condoléances amenèrent entre Berryer et le peintre un rapprochement qui fut jusqu'à la fin de celui-ci l'un de ses meilleurs réconforts. Dans l'acte sublime par lequel M me de uploads/s1/ eugene-delacroix-tourneux-maurice-1849-1917-pdf.pdf
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- Publié le Fev 02, 2022
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