EXEMPLE DE COMMENTAIRE DE TEXTE Discours d’Adalbéron, évêque de Laon (début du

EXEMPLE DE COMMENTAIRE DE TEXTE Discours d’Adalbéron, évêque de Laon (début du XIe siècle). Titre original : Adalberonis carmen ad Rotbertum regem (= Chant pour le roi Robert). Source : Edition et traduction de Claude Carozzi, Paris, 1979, p. 20-22. « Dieu a établi l’Eglise […] et ses ministres dont il a réglé la hiérarchie […]. Il leur a soumis par ses commandements le genre humain tout entier ; quand on dit tout entier, il faut entendre qu’aucun grand n’en est exclu […]. La loi humaine impose deux conditions : le noble et le serf ne sont pas soumis au même régime. [Les nobles] sont les guerriers protecteurs des églises. Ils défendent les grands et les petits du peuple, ils protègent tout le monde et leur personne également. Les serfs ont d’autres conditions en partage. Cette race accablée ne peut rien acquérir sans douleur. Qui pourrait reconstituer, en comptant sur les signes de l’abaque, l’effort des serfs, le cours de leur vie et leurs travaux innombrables ? Fournir à tous la richesse, le vêtement : voilà la pâture du serf. Car aucun homme libre ne peut vivre sans serf […]. Le seigneur est nourri par le serf qu’il suppose nourrir. La maison de Dieu est triple, elle qui semble une. Ici-bas, les uns prient, d’autres combattent et d’autres travaillent. Ces trois sont ensemble et ne se séparent pas : aussi l’ouvrage de deux repose-t-il sur l’office d’un seul, car chacun à son tour apporte à tous le soulagement. Tant que cette loi prévalut, le monde jouit de la paix. » Correction du commentaire Cette correction vous présente l’intégralité du travail à effectuer pour réaliser un commentaire, étape après étape, en suivant l’ordre adopté par la méthode qui vous a été donné dans la fiche de travaux dirigés. Pour chaque étape, les encadrés reprennent les conseils de cette méthode. Ils sont suivis du corrigé de chaque étape. Voici le rappel des étapes à suivre pour réaliser un bon commentaire : Préparation du commentaire Première phase : Analyse du texte * Etape 1 : Lecture * Etape 2 : Analyse des éléments entourant le texte * Etape 3 : Analyse linéaire du texte Seconde phase : Elaboration du plan Rédaction du commentaire Première phase : Rédaction de l’introduction Deuxième phase : Rédaction du corps du commentaire Troisième phase : Rédaction de la conclusion LA PREPARATION DU COMMENTAIRE 1ère phase : Analyse du texte Etape 1 : Lire le texte en soulignant les mots importants (qui devront être définis ou expliqués au cours des développements). Voici, soulignés dans le texte, tous les termes qui nécessitent d’être expliqués dans votre commentaire : « Dieu a établi l’Eglise […] et ses ministres dont il a réglé la hiérarchie […]. Il leur a soumis par ses commandements le genre humain tout entier ; quand on dit tout entier, il faut entendre qu’aucun grand n’en est exclu […]. La loi humaine impose deux conditions : le noble et le serf ne sont pas soumis au même régime. [Les nobles] sont les guerriers protecteurs des églises. Ils défendent les grands et les petits du peuple, ils protègent tout le monde et leur personne également. Les serfs ont d’autres conditions en partage. Cette race accablée ne peut rien acquérir sans douleur. Qui pourrait reconstituer, en comptant sur les signes de l’abaque, l’effort des serfs, le cours de leur vie et leurs travaux innombrables ? Fournir à tous la richesse, le vêtement : voilà la pâture du serf. Car aucun homme libre ne peut vivre sans serf […]. Le seigneur est nourri par le serf qu’il suppose nourrir. La maison de Dieu est triple, elle qui semble une. Ici-bas, les uns prient, d’autres combattent et d’autres travaillent. Ces trois sont ensemble et ne se séparent pas : aussi l’ouvrage de deux repose-t-il sur l’office d’un seul, car chacun à son tour apporte à tous le soulagement. Tant que cette loi prévalut, le monde jouit de la paix ». Etape 2 : Lire ce qui entoure le texte (titre, indications sur l'ouvrage, sa rédaction, dates et nom de l'auteur…). Il faut toujours se poser les questions : qui ? que ? où ? comment ? quand ?. S’interroger sur l'auteur : s'il est connu, précise sa fonction (politique, philosophe…), sa nationalité, son origine sociale, son appartenance politique éventuelle. S’interroger également sur la date de rédaction du texte si elle est connue et sur le contexte historique qu'elle évoque. S’intéresser à la nature du document : texte normatif, législatif (loi, acte royal, ordonnance, édit et dans ce cas, définir ce qu'est une ordonnance ou un édit), décision de jurisprudence, texte administratif, source narrative (récit, chronique…) ou doctrinale (extrait d'un ancien traité de droit). Que savons-nous de la nature du texte ? L’œuvre dont est extrait le texte est un poème, qui s’intitule « Charme (carmen) pour le roi Robert ». Un « charme » est un chant, un poème politique, destiné à être diffusé et lu par tous. Il s’agit donc d’un poème politique adressé au roi capétien Robert le Pieux (996-1031) vers 1025. Quels éléments connaissons-nous sur l’auteur ? L’auteur en est Adalbéron, évêque de Laon. Il appartient à un très puissant lignage, puisqu’il est lié toute à la fois à l’ancienne dynastie royale, celle des carolingiens (il est un descendant des ancêtres de Charlemagne), à la nouvelle dynastie des capétiens (il est cousin des ducs de Lorraine), ainsi qu’à la tradition des grands de l’Eglise soutenant le trône (il est le neveu d’Adalbéron, archevêque de Reims, qui a porté Hugues Capet sur le trône). Il est évêque, c’est à dire placé à un rang particulièrement important de la hiérarchie ecclésiastique. C’est donc un homme qui est proche du pouvoir, qui a été le témoin d’une époque où le pouvoir royal était fort et soutenu par les ecclésiastiques. C’est à la fin de sa vie qu’il compose ce poème, vers 1025. Dans quel contexte est rédigé ce texte ? Ce texte est rédigé au début du XIe siècle. Dans les années 1020, la toute nouvelle royauté est en crise. Le pouvoir royal est affaibli et a perdu toute autorité. 1) En premier lieu, le roi doit son pouvoir aux puissants : le propre père de Robert, Hugues Capet, est arrivé sur le trône parce qu’il y a été élu par les puissants du royaume. Au début du XIe siècle, le principe électif fait le roi, alors que du côté des Grands, tout repose sur l’hérédité. Il y a donc un décalage : le principe héréditaire joue pour les puissants, alors que le principe électif joue pour le roi. L’hérédité de la dynastie capétienne n’est qu’une hérédité de fait, qui repose sur le sacre du fils du vivant du père. Or, au moment où ce poème est écrit, les fils de Robert se disputent le droit d’être sacré. La nouvelle dynastie s’effrite. 2) Surtout, l’autorité royale perd de la maîtrise du territoire royal : il y a un rétrécissement du territoire où l’autorité royale pouvait encore s’exercer, dû au regroupement géographique des grands seigneurs par le biais d’alliances. Face à cette faiblesse du pouvoir royal, l’Eglise (et en particulier les évêques) ne soutient pas le roi. De plus, les années 1020 voient le début du phénomène d’enchâtellement, c'est-à-dire de la construction de châteaux privés, «adultérins» par des cadets de famille ou des aventuriers soutenus par des bandes armées. Ainsi, même les grands seigneurs ne contrôlent pas l’espace, et ne contrôlent donc pas l’exercice de l’autorité publique sur cet espace. Dans le même temps, l’Eglise séculière connaît elle aussi une crise : il y a un effet corrosif de la féodalité sur le système hiérarchique mis en place par les Carolingiens. Cette crise se traduit de plusieurs façons : prise en main des églises par les laïcs (pour en capter les profits), crise morale (nicolaïsme, simonie, bas niveau culturel), régionalisation des églises. Etape 3 : Noter sur une feuille toutes les idées que suscite le texte. Ces idées sont bien sûr le fruit de réflexions personnelles qu'inspire le thème général abordé dans le document. Cette étape est primordiale. Ne la négligez pas. Prenons le texte dans l’ordre, pour le commenter ligne à ligne, en nous posant des questions sur ce que nous dit l’auteur : « Dieu a établit l’Eglise et ses ministres dont il a réglé la hiérarchie ». Adalbéron parle ici des clercs, des oratores, ceux qui prient. Pourquoi les appelle-t-il « ministres » ? Le sens premier de ce mot est le serviteur, l’agent, l’instrument : les ministres de l’Eglise ce sont ceux qui sont voués, littéralement, au service divin. Ce sont les clercs. Qu’est ce qu’un clerc ? Plusieurs conditions sont requises pour devenir clerc : être libre (naissance ou affranchissement), être né de parents unis par un mariage légitime, posséder une instruction religieuse. Donc des conditions relativement simples. Traditionnellement, le clergé est divisé en clergé séculier (dont les clercs qui vivent dans le siècle au milieu des fidèles) et clergé régulier (dont les clercs qui mènent une vie uploads/s1/ exemple-de-commentaire-de-texte.pdf

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  • Publié le Aoû 21, 2021
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