Texte 1 : 1 Comment les parents français tentent de 2 contrôler l’usage des écr
Texte 1 : 1 Comment les parents français tentent de 2 contrôler l’usage des écrans par leurs enfants 3 Une étude révèle les outils et techniques, parfois radicales, pour surveiller les enfants 4 et les adolescents. 5 Par Michaël Szadkowski 6 Publié le 10 février 2020 à 17h00 - Mis à jour le 11 février 2020 à 07h33 - Temps de Lecture 6 min. 7 8 9 21 % des enfants des foyers interrogés disposent de leur propre appareil. CHARLY TRIBALLEAU / AFP 10 11 Les enfants et adolescents français sont de plus en plus tôt équipés en smartphones 12 et écrans connectés. C’est ce qui ressort des chiffres d’une étude Médiamétrie menée 13 entre septembre et octobre 2019, et rendue publique lundi 10 février, pour le compte 14 de l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (OPEN) et de l’Union 15 nationale des associations familiales (UNAF), avec le soutien de Google. 16 Réalisée à partir d’entretiens menés dans plus de deux mille foyers français où vivent 17 des enfants et adolescents âgés de 0 à 14 ans, elle établit que 49 % de ces 18 derniers « possèdent au moins un équipement » numérique. En tête du classement 19 figurent les smartphones, les consoles et les tablettes. 20 Pour les smartphones, l’étude indique que 21 % des enfants des foyers interrogés 21 disposent de leur propre terminal, et que l’âge moyen d’accès à cet objet est de 22 9,9 ans. « C’est une grosse nouveauté, réagit Thomas Rohmer, président de 23 l’OPEN. On avait tendance à considérer que le saut se faisait en moyenne avec 24 l’entrée au collège. Mais l’accès au smartphone se décale, on est maintenant vers le 25 CM1 ou le CM2. » 26 Des sujets « très discutés dans les familles » 27 Cette étude est publiée en amont de la Journée mondiale pour un Internet plus sûr 28 (Safer Internet Day), mardi 11 février, qui vise à rendre « l’Internet plus sûr » à 29 travers des campagnes de sensibilisation menées par des acteurs institutionnels, des 30 associations et entreprises. Elle se concentre cette année sur « la place des écrans 31 dans la famille », et les outils accessibles aux parents français en matière d’éducation 32 et d’accompagnement. 33 « On peut croire que les parents sont désintéressés, mais, la plupart du temps, ce 34 sont des sujets très discutés dans les familles », détaille M. Rohmer. L’étude 35 Médiamétrie le confirme : « 95 % des parents interrogés mettent en place au moins 36 une règle pour contrôler les usages numériques de leurs enfants. Et les règles liées 37 à la limitation d’usage des écrans (en temps, lieu, etc.) sont les plus sollicitées », 38 indiquent les résultats. 39 « Pour tous, pas d’écran dans les chambres », explique, par exemple, Pierre, 39 ans, 40 informaticien dans un « petit village », qui a répondu à un appel à témoignage lancé 41 par Le Monde. 42 « Pour les enfants (6 ans et 11 ans), pas d’écran les jours d’école (matin et soir), et 43 les mercredis, samedis et dimanches c’est deux heures trente maximum par jour. 44 (…) Les enfants mesurent leur temps, parfois on contrôle (rarement), et s’il y a 45 dépassement, le jour suivant les écrans sont interdits. » 46 Contrôler ou vérifier ce « dépassement » lorsqu’un enfant dispose de son propre 47 smartphone peut cependant s’avérer délicat – ce d’autant plus qu’un tel appareil, 48 nomade, peut facilement se cacher et se consulter à l’abri des regards, par exemple 49 dans sa chambre ou tout autre endroit sans adulte. Par exemple, selon Médiamétrie, 50 70 % des enfants de moins de 14 ans qui utilisent un écran pour « se rendre sur les 51 réseaux sociaux » le font « seul(e) ». 52 Confiscations, applications… 53 Pour garder le contrôle, certains parents évoquent des solutions radicales. Paola, 54 41 ans, dit avoir changé d’avis et procédé à une « confiscation totale » après avoir 55 essayé de confier des « iPhone à ses deux garçons, de 11 et 13 ans ». Ils étaient 56 notamment trop « à l’affût de leurs copains sur les réseaux sociaux », déplore-t-elle. 57 D’autres parents disent recourir à des applications de contrôle parental. Ces services 58 permettent de vérifier combien de temps un smartphone ou une tablette est utilisé 59 chaque jour, et quelles sont les applications qui y sont les plus utilisées. Certains 60 proposent de les verrouiller automatiquement après dépassement de la limite d’un 61 temps quotidien. 62 Si de tels outils peuvent être gratuits (Apple les a intégrés dans ses réglages iOS, 63 tandis que Google a sorti Family Link pour superviser les enfants utilisant des 64 appareils Android), des éditeurs fournissent aussi des solutions payantes (Kaspersky 65 Safekids, Norton Family, Parents dans les parages, Xooloo, etc.). « Pour notre fils 66 de 12 ans, nous utilisons l’application Family Link de Google pour limiter le temps 67 global d’écran et de jeux de son smartphone », raconte Jean-Bernard, habitant à 68 Fontenay-le-Fleury (Yvelines). 69 Pour Thomas Rohmer, de l’OPEN, ces applications ne sont pas « la solution 70 magique à tous les problèmes. Ce sont des outils, parmi d’autres, pour suivre, ou 71 encadrer un enfant dans ses pratiques numériques ». De plus, il existe des moyens 72 de contournement, dans lesquels les enfants s’engouffrent. « L’aîné a trouvé 73 comment changer les paramètres depuis son téléphone, sans avoir accès au mien », 74 explique au Monde Etienne, de Jullouville (Manche), en parlant de l’application 75 Family Link. « Mon enfant m’a dit que ce sont des potes de collège qui lui ont donné 76 l’astuce pour se libérer du joug paternel ! GAFA = 0, ados = 1… » 77 Ces méthodes sont souvent accessibles dans des tutoriels YouTube ou ailleurs sur le 78 Web, trouvées par des petits malins qui exploitent des défauts de conception (comme 79 ceux qui ont été trouvés sur les contrôles parentaux d’Apple sur iOS peu de temps 80 après leur déploiement, ou sur Family Link avec l’assistant vocal de Google). « Les 81 enfants sont doués technologiquement, et aucune application n’est parfaite », 82 souligne M. Rohmer. 83 Mesures « difficiles » 84 De tels services sont, du reste, souvent impopulaires chez les premiers 85 concernés. « Mon fils de 12 ans adore les jeux sur écran » fonctionnant sous 86 Android et Windows, témoigne Jérôme, ingénieur de 47 ans vivant à Grenoble : 87 « Difficile de savoir ce qui est raisonnable. Je me contente donc d’un rapport 88 hebdomadaire. Et je l’évoque régulièrement avec mon fils pour qu’il ait conscience 89 du temps passé. Il n’aime pas du tout que je lui annonce qu’il a passé douze heures 90 devant son ordinateur la semaine précédente… » 91 Selon Médiamétrie, restreindre le temps d’usage quotidien ou hebdomadaire des 92 écrans chez les enfants de moins de 14 ans est, de fait, la mesure la plus « difficile » à 93 appliquer actuellement dans les foyers français ; 35 % des parents interrogés jugent 94 de telles limitations « difficiles » ou « très difficiles » à faire respecter. 95 « Cela a été conflictuel le temps de la mise en place », témoigne Jean-Bernard après 96 l’installation de Family Link sur le smartphone de son fils de 12 ans. « Nous fixons 97 des limites, c’est notre choix, et c’est toujours plus difficile à expliquer et justifier 98 par rapport à tous les copains dont les parents n’en fixent aucune », détaille-t-il. 99 Après avoir toutefois « passé du temps pour chercher, trouver et mettre en œuvre 100 ces solutions », le résultat est positif, selon lui : « Finalement, notre fils apprécie de 101 pouvoir garder son téléphone en permanence avec lui. Avant il devait nous le rendre 102 pour limiter l’utilisation, ce qui était encore plus générateur de conflits. » 103 Des applications d’espionnage aussi utilisées 104 Pour le président de l’OPEN, ces contrôles, quand ils ont lieu, se font forcément en 105 lien étroit avec les enfants : ils permettent de « poser un dialogue entre le parent et 106 son enfant », qui ensuite « conduit à une responsabilisation de l’utilisation d’un 107 smartphone ou d’une application, mais aussi à un accompagnement », apprécie-t-il. 108 D’autres pratiques s’avèrent bien plus opaques. L’étude Médiamétrie dévoile par 109 exemple que 24 % des parents français interrogés disent avoir, à un moment donné, 110 utilisé des « logiciels d’espionnage », sans forcément l’avoir dit à leurs enfants. 111 « Ce sont des logiciels espions, trouvables pour quelques centaines d’euros, qui 112 permettent, une fois installés à l’insu du possesseur de smartphone, de surveiller 113 tout ce qu’il fait : écouter les conversations téléphoniques, voir les textos échangés, 114 son activité sur les réseaux sociaux… Les parents qui utilisent cela sont avant tout 115 dans le flicage », précise Thomas Rohmer. « Ils espionnent leurs enfants dans leur 116 uploads/s1/ g3-textes-vocab-exercices.pdf
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