Contrôle, surveillance et répression de la population tibétaine Avertissement C
Contrôle, surveillance et répression de la population tibétaine Avertissement Ce document a été élaboré par la Division de l’Information, de la Documentation et des Recherches de l’Ofpra en vue de fournir des informations utiles à l’examen des demandes de protection internationale. Il ne prétend pas faire le traitement exhaustif de la problématique, ni apporter de preuves concluantes quant au fondement d’une demande de protection internationale particulière. Il ne doit pas être considéré comme une position officielle de l’Ofpra ou des autorités françaises. Ce document, rédigé conformément aux lignes directrices communes à l’Union européenne pour le traitement de l’information sur le pays d’origine (avril 2008) [cf. https://www.ofpra.gouv.fr/sites/default/files/atoms/files/lignes_directrices_europeennes.pdf ], se veut impartial et se fonde principalement sur des renseignements puisés dans des sources qui sont à la disposition du public. Toutes les sources utilisées sont référencées. Elles ont été sélectionnées avec un souci constant de recouper les informations. Le fait qu’un événement, une personne ou une organisation déterminée ne soit pas mentionné(e) dans la présente production ne préjuge pas de son inexistence. La reproduction ou diffusion du document n’est pas autorisée, à l’exception d’un usage personnel, sauf accord de l’Ofpra en vertu de l’article L. 335-3 du code de la propriété intellectuelle. REPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE 30 janvier 2020 Chine : Contrôle, surveillance et répression de la population tibétaine DIDR – OFPRA 30/01/2020 2 Table des matières 1. Les sources d’informations ............................................................................... 4 1.1. Les sources d’informations chinoises ........................................................... 4 1.2. Les sources d’informations engagées pour la cause tibétaine .......................... 4 1.3. La presse internationale ............................................................................ 5 2. La surveillance généralisée de la population tibétaine .......................................... 5 2.1. Le système de surveillance dans les localités ................................................ 5 2.2. Les procédés technologiques de contrôle ..................................................... 6 2.3. La destruction de bâtiments et la dispersion des religieux .............................. 8 2.4. Surveillance des études chinoises aux Etats-Unis .......................................... 9 3. Les restrictions de déplacement et de voyage ..................................................... 9 3.1. Conditions de circulation des Tibétains en Chine ........................................... 9 3.2. Restriction aux sorties de Chine ................................................................ 10 3.3. Retour de Tibétains de l’étranger .............................................................. 11 3.4. Entrée d’étrangers au Tibet ..................................................................... 12 4. La répression des dissidents .......................................................................... 12 4.1. La campagne contre les « forces maléfiques » ............................................ 12 4.2. Campagne contre le Dalaï Lama ............................................................... 13 4.3. Expropriations, déplacements forcés et conflits environnementaux ................ 14 4.4. Actions de protestation ........................................................................... 15 4.5. Conditions de détention ........................................................................... 16 5. Enseignement et crise des débouchés professionnels ......................................... 17 5.1. Eviction des enfants des lieux de culte traditionnels .................................... 17 5.2. L’enseignement de la langue tibétaine ....................................................... 17 5.3. Crise des débouchés professionnels .......................................................... 18 Bibliographie ..................................................................................................... 19 Chine : Contrôle, surveillance et répression de la population tibétaine DIDR – OFPRA 30/01/2020 3 Résumé : La population des territoires de peuplement majoritairement tibétain (région autonome du Tibet, RAT, et préfectures autonomes tibétaines, PAT) est soumise à une surveillance étroite de la part des autorités par des moyens sophistiqués électroniques, tant au plan individuel (bases de données, crédit social, moyens de communication, etc.) qu’au plan familial (délation entre familles voisines) et dans les quartiers et villages (postes de police, patrouilles de militants communistes, activités communautaires, etc.). Les déplacements non officiellement encadrés vers et hors de la RAT sont compliqués pour les Tibétains et interdits pour les étrangers. Très peu d’habitants de la RAT peuvent obtenir de passeport pour se rendre à l’étranger, et la délivrance est longue et difficile pour ceux des PAT. Les campagnes de propagande et de rééducation des nonnes et moines s’accompagnent d’incitation à la délation des « forces maléfiques », en particulier les individus faisant référence au Dalaï Lama et à l’indépendance passée et revendiquée du Tibet. Les actions de protestation, individuelles pour la plupart en raison de la répression massive, ou d’envoi d’informations à l’étranger sont punies de lourdes peines d’emprisonnement dans des centres de rééducation politique, où la torture est couramment pratiquée. Une grande partie de la population a fait l’objet de déplacements et de réinstallations forcés dans des quartiers urbanisés, où les nomades peinent à survivre en raison de leur inadaptation à de nouvelles conditions de vie, de la perte de leurs ressources et de leur manque de moyens financiers. L’enseignement du tibétain est de plus en plus restreint faute d’enseignants compétents, et les étudiants tibétains font face à la concurrence aigüe des Han pour leur insertion professionnelle. Abstract : The population of predominantly Tibetan settlements (Tibet Autonomous Region, TAR, and Tibetan Autonomous Prefectures, TAP) is subject to close surveillance by the authorities by sophisticated electronic means, both individually (databases, social credit, means of communication, etc.) than at the family level (denouncement between neighboring families) and in neighborhoods and villages (police stations, patrols of communist militants, community activities, etc.). Unofficially supervised travel to and from TAR is complicated for Tibetans, and prohibited for foreigners. Very few residents of TAR can obtain a passport to travel abroad, and issuance of a passport is long and difficult for those of TAP. The propaganda and re-education campaigns of nuns and monks goes hand in hand with incitement to denounce "evil forces", in particular those referring to the Dalai Lama and to the past and claimed independence of Tibet. Protests, mostly individual because of massive repression, or the sending of information abroad, are punishable by heavy prison terms in political re-education centers, where torture is widely practiced. A large part of the population has been the subject of forced displacement and resettlement in urbanized areas, where nomads struggle to survive due to their inadequacy to new living conditions, the loss of their resources and their lack of financial means. The teaching of Tibetan is more and more limited due to the lack of qualified teachers, and Tibetan students face intense competition from the Han for their professional integration. Nota 1 : La traduction des sources en anglais est assurée par la DIDR. Nota 2 : La prononciation des noms de localités tant en chinois qu’en tibétain correspond rarement à celle que suggère la transcription latine (par exemple : Gardzê se prononce Gän-Tseu). Chine : Contrôle, surveillance et répression de la population tibétaine DIDR – OFPRA 30/01/2020 4 1. Les sources d’informations 1.1. Les sources d’informations chinoises Les médias chinois sont strictement contrôlés par les autorités. Certains journalistes chinois ont été licenciés ou emprisonnés pour avoir rédigé des articles s’écartant de la ligne officielle.1 Les différents médias gouvernementaux chinois en français ou en anglais consultés ne donnent aucune information sur la surveillance et la répression de la population tibétaine. La question tibétaine y est abordée exclusivement sous l’angle du développement des infrastructures et de la lutte contre la pauvreté, qui consiste essentiellement à sédentariser sous la contrainte des populations nomades ou isolées, dans des agglomérations ou quartiers d’habitations nouvelles, mesure présentée comme extrêmement positive.2 L’information sur la situation réelle de la population au Tibet est donc quasiment nulle en Chine. Le média South Morning Morning Post (SMMP), publié à Hong Kong, laisse filtrer quelques informations sur le Tibet, mais est sous l’influence du gouvernement chinois, comme en a témoigné Paul Mooney, ancien journaliste de ce média, qui a refusé de publier plusieurs de ses reportages.3 1.2. Les sources d’informations engagées pour la cause tibétaine L’essentiel des informations de terrain provient de témoignages donnés par des Tibétains de l’intérieur ou exilés à des organisations ou médias d’opposition tibétains, basés pour la plupart en Inde. S’ils sont identifiés, les informateurs risquent de subir des mesures de répression très lourdes, ainsi que les membres de leur famille. La sophistication des moyens techniques des services de sécurité chinois et le niveau de la répression dissuadent les informateurs éventuels. En outre, les mesures drastiques entravant les voyages des Tibétains à l’étranger tarissent les sources d’information (voir infra). Cependant, selon Tenzin Dalha, chercheur au Tibet Policy Institute (TPI, qui dépend de l’Administration centrale tibétaine, CTA, sis à Dharamsala en Inde), WeChat, application de messagerie opérée par le groupe chinois Tencent, reste le principal moyen pour communiquer des informations sur le Tibet, en dépit de la censure et des risques de représailles.4 Concernant ces représailles, voici le témoignage de Tsanyang Gyatso, président de la Jonang Welfare Association, réfugié en Inde, accusé lors d’une émission de la chaine de télévision Qinghai TV en 2014 d’avoir organisé des auto-immolations : « Après la diffusion de l’émission, mon frère a été détenu pour être interrogé pendant trois mois et ma sœur, une professeure d’école, a été convoquée pour interrogatoire à cinq ou six reprises. Tous les deux ont été soumis à de longues heures d’interrogatoire pour donner des informations sur mes antécédents et sur ce que je faisais en Inde. Les membres de ma famille ont été placés sous surveillance constante. Les autorités locales ont tenu de nombreuses réunions dans mon village de 200 maisonnées, et les villageois tibétains ont reçu des ordres stricts sur le fait qu’il était illégal de conserver tout contact avec moi, voire même de discuter à mon sujet. Depuis lors, ma famille, mes proches et d’autres connaissances m’ont littéralement bloqué sur WeChat. Dans la période précédant le 19e congrès du uploads/s1/2001-chn-tibet-repression.pdf
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- Publié le Mai 26, 2022
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