Yaël Hassan, Rachel Hausfater De S@cha à M@cha © Flammarion, 2001 © Flammarion
Yaël Hassan, Rachel Hausfater De S@cha à M@cha © Flammarion, 2001 © Flammarion pour la présente édition, 2019 ISBN numérique : 978-2-0814-9206-6 ISBN du pdf web : 978-2-0814-9208-0 Le livre a été imprimé sous les références : ISBN : 978-2-0814-7981-4 Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. Présentation de l’éditeur : // C’est drôle, Sacha, comme en si peu de temps, tu as pris de la place dans ma tête. Parfois je me demande si tu existes vraiment, si tu n’es pas seulement dans mon imagination. // Derrière son ordinateur, Sacha envoie des mails à des destinataires imaginaires, comme autant de bouteilles à la mer. Jusqu’au jour où Macha répond. Un échange commence petit à petit, timide au début, puis les secrets se dévoilent. L’amitié qui naît entre eux va donner la force à Sacha de percer le mystère qui entoure sa famille… De S@cha à M@cha Pour Rachel, mon amie de cœur et de plume Y. H. Pour Yaël, mon amie de plume et de cœur R. H. De : Sacha <sacha@intercom.fr> À : natacha@intercom.fr Date : 17 mars Message : Il y a quelqu’un ? De : Mail Delivery Subsystem À : sacha@intercom.fr Date : 18 mars Message : Mail revenu en erreur. L’adresse suivante présente des erreurs fatales. Service unavailable. De : Sacha <sacha@intercom.fr> À : anouchka@intercom.fr Date : 19 mars Message : Il y a quelqu’un ? De : Mail Delivery System À : sacha@intercom.fr Date : 20 mars Message : Mail revenu en erreur. L’adresse suivante présente des erreurs fatales <anouchka@intercom.fr> Service unavailable. De : Sacha <sacha@intercom.fr> À : macha@intercom.fr Date : 21 mars Message : Il y a quelqu’un ? De : Macha <macha@intercom.fr> À : sacha@intercom.fr Date : 21 mars Message : Bien sûr qu’il y a quelqu’un, puisque je suis là, moi ! Quelqu’un ou plutôt quelqu’une. Ou même ni quelqu’un ni quelqu’une mais moi, Macha. Car n’est-ce pas à Macha que tu t’adresses ? N’est-ce pas elle que tu cherches ? Alors pourquoi demander s’il y a quelqu’un et non pas directement : « Tu es là, Macha ? » J’avoue avoir hésité avant de lire ton message. C’est à cause de mon frère qui m’a interdit de lire des messages provenant d’inconnus. C’est comme ça qu’on choppe des saletés de microbes qui te foutent ton système en l’air. Je ne suis pas bien sûre qu’il ait utilisé le mot microbe, d’ailleurs. C’était autre chose qui ressemble… Virus ! Voilà, c’est le mot exact. Enfin, virus ou microbe, une chose est sûre, d’après lui, c’est que ça se guérit difficilement car il n’y a pas de vaccin contre ce genre de bestioles. Alors j’ai un peu hésité, avant de te lire. Mais pas trop parce que depuis que mon frère a enfin accepté de me créer ma propre boîte aux lettres sur son ordinateur, ça fait quinze jours environ, après des mois de tractations et l’intervention finale et décisive de mon père, depuis, donc, je n’ai pas reçu le moindre courrier, le moindre tout petit message. Qui m’aurait écrit ? Mes copines ? Pour quoi faire ? On se voit tous les jours au collège. Des inconnus, donc ? Mais comment un inconnu m’écrirait puisque tout inconnu est censé ne pas me connaître, justement ? Tu me diras que tu l’as bien fait toi. Mais si tu m’as écrit c’est que je ne te suis pas inconnue. Et si je ne te suis pas inconnue, c’est que tu ne l’es pas pour moi. Donc, il n’y avait aucune raison que je ne te lise pas. Et puis, il y avait ton prénom. As-tu remarqué que nous n’avons qu’une lettre de différence ? Et n’avoir qu’une lettre de différence, n’est-ce pas un signe ? Je veux dire que si ce qui nous rapproche est une lettre, n’est-ce pas évident que notre rencontre sera placée sous le signe de la correspondance ? Tu me suis, Sacha ? Je sais que je ne suis pas toujours très claire dans mes rapprochements d’idées, mais si tu veux qu’on corresponde il faudra t’y faire. Tu as dû remarquer aussi que, contrairement à toi, je suis plutôt du style bavard. Très bavard. Mais je suis si contente d’avoir reçu ton message que je n’ai pas du tout envie de m’arrêter de papoter avec toi. Enfin, si on peut appeler ça papoter. Pour l’instant il n’y a que moi qui parle. Autant écrire des lettres, des vraies, m’a toujours ennuyée, autant je trouve ça chouette sur l’ordinateur. Aussi j’espère que tu me liras et me répondras et que cette première lettre à un presque inconnu ne restera pas lettre morte. Macha De : Sacha <sacha@intercom.fr> À : macha@intercom.fr Date : 22 mars Message : Je demande s’il y a quelqu’un parce que souvent il n’y a personne. En fait, il n’y a jamais personne. Mais là, il y a eu quelqu’un. Macha. Toi. Qui es-tu ? Sacha De : Macha <macha@intercom.fr> À : sacha@intercom.fr Date : 23 mars Message : Salut Sacha, Dis donc, je sais que je suis extrêmement bavarde, une vraie pipelette même comme me dit ma mère, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que toi tu ne l’es pas du tout, bavard. Tu ne fais que me poser des questions : il y a quelqu’un, qui es-tu ?… Attends, t’es de la police ou quoi ? Moi je croyais qu’on allait papoter, échanger, discuter… Mais il n’y a que moi qui parle. J’étais super contente en voyant que tu m’avais répondu aussi vite, mais quelle déception ! Alors comme je suis plutôt bonne fille, je vais encore te répondre en long et en large. Mais c’est la dernière fois. Fini, ensuite, le monologue. Voilà. Je m’appelle Macha, ainsi que tu le sais déjà. J’ai… Mince ! Désolée, je dois arrêter là, mon frère vient de rentrer et il veut que je lui laisse tout de suite l’ordinateur. Sorry !!! À PLUS… De : Sacha <sacha@intercom.fr> À : macha@intercom.fr Date : 25 mars Message : Macha Tous mes profs disent comme toi, que je ne parle pas assez. Tu n’es pas prof, j’espère ! Mais tu te trompes. Je ne suis peut-être pas bavard, mais je te parle, je te parle vraiment. Ne comprends-tu donc pas ? Toi, tu parles beaucoup, pourtant tu ne dis pas grand-chose. Après tes deux longs messages, je ne sais toujours rien de toi, à part que tu as un frère et que tu te sers de son ordinateur. Alors je vais te donner les mêmes renseignements sur moi, comme ça on sera à égalité. Je t’écris sur mon propre ordinateur que je ne partage avec personne, hélas ! car je n’ai pas de frère. Ni de sœur. Ni… Non, rien. Si tu veux en savoir plus, dis-m’en plus ! Mais tu sais, Macha, on n’est pas pressés. Sacha De : Macha <macha@intercom.fr> À : sacha@intercom.fr Date : 26 mars Message : Je suis désolée de ne pas t’avoir répondu plus vite mais aujourd’hui c’est dimanche et le dimanche mon frère est toujours à la maison, scotché à son ordinateur. J’ai tourné toute la journée comme un ours en cage, espérant qu’il allait s’arrêter un moment, un tout petit moment. Mais il a compris mon manège et je suis sûre qu’il l’a fait exprès pour m’embêter. Et quand enfin il a eu envie d’aller aux toilettes, il a bloqué quelque chose sur l’ordi et je n’ai pas pu l’utiliser. J’aurais bien été me plaindre à papa, mais, dans ce cas, j’aurais été obligée de lui expliquer pourquoi je voulais juste me connecter pour quelques secondes et je n’ai pas envie de leur parler de toi. Je pense qu’il ne comprendrait pas que j’écris à quelqu’un que je ne connais pas. Alors, j’ai pris mon mal en patience comme on dit. Surtout que j’avais envie de te laisser mariner un peu vu que j’ai trouvé que ton message n’était pas trop gentil. Mais je ne suis pas rancunière et puis je commence à apprécier ton côté secret. Veux-tu vraiment que je te décline là mon identité, mon physique, la couleur de mes yeux, de mes cheveux, mes goûts ? Et ensuite, une fois que tu sauras tout ça, que se passera-t-il ? Seras-tu plus avancé ? Est-ce en fonction de ce que je suis ou de ce que je ne suis pas que tu décideras de continuer ou non à m’écrire ? Ne préfères-tu pas plutôt me deviner et me laisser te deviner ? Surtout que tu sembles particulièrement doué pour lire entre les lignes. Ne serait-ce pas amusant de ne pas se présenter, justement ? De ne rien savoir l’un de l’autre et de se découvrir mutuellement comme ça, par hasard, au détour d’une phrase, d’un bavardage ? Tu vois, je ne sais encore rien de toi et pourtant j’éprouve déjà un très grand plaisir à correspondre, à attendre tes messages, à te répondre… Alors, on continue ainsi ? Macha De : Sacha <sacha@intercom.fr> À : macha@intercom.fr uploads/s1/5-lecture-rachel-hausfater-yael-hassan-de-sacha-a-macha.pdf
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- Publié le Mar 21, 2022
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