À LA UNE — L ’ACTUALITÉ DU MUSÉE DE GRENOBLE P 02_03 ÉDITO Il y a six mois, aut

À LA UNE — L ’ACTUALITÉ DU MUSÉE DE GRENOBLE P 02_03 ÉDITO Il y a six mois, autant dire un siècle, un tout petit combat de grandes gueules radiophoniques n'a pas réussi à trancher la question de la légitimité de traiter les électeurs du Front National de « gros cons » - la petite affaire avait surtout accouché d'une bataille de gros egos. Chez nous, la semaine dernière, les marlous idéologiques du Bloc Identitaire ont rebaptisé les rues de Saint-Martin-le-Vinoux de vocables liés à la foi musulmane, en opposition à la future édification d'une mosquée dans cette ville. Comment réagir, en l'absence cruelle de jurisprudence médiatique sur une appellation (d'origine contrôlée, ça va de soi) de ce genre de militant ? On se mouille : passée l'information de leurs agissements, le mieux est encore de ne leur accorder que du mépris, sans cette exaltation émotionnelle qui pousse à proférer des noms d'oiseaux. Ces individus visent justement la réaction, l'irruption de leur espace-temps rétrograde dans des agendas préoccupés par de réelles problématiques. Rappelons-nous tristement qu'ils existent, puis revenons à notre monde multiculturaliste qui leur est tellement insupportable, où les extrémismes de toutes sortes ne sont l'apparat que d'une poignée de sinistres minoritaires repliés sur eux-mêmes. FRANÇOIS CAU  CONTAGION P 04 Steven Soderbergh revient sur son fiévreux dernier film PHILIPPE CAR P 08 Interview du metteur en scène de “L ’Histoire d’amour de Roméo et Juliette“ PETER KERNEL P 09 Le live événement de la semaine Tirer à la ligne David, Marat, XVIIIe siè cle - DR 16 Ò 25 nov. 2011 À Au moins j’aurai laissé un beau cadavre µ <Réservations> 04 76 00 79 00 www.mc2grenoble.fr <de> Vincent Macaigne <d’après> le conte original d’Hamlet Photo : Christophe Raynaud de Lage Festival d’Avignon P02_03 — LE PETIT BULLETIN N°817 — DU 09.11 AU 15.11.11 Tirer à la ligne — RENCONTRE AVEC LE DIRECTEUR DU MUSÉE DE GRENOBLE. — PROPOS RECUEILLIS PAR AURÉLIEN MARTINEZ O ui, c'est la crise, tout le monde est au cou- rant. Et en cette période d'incertitudes prolongée, la culture n'est pas forcément en odeur de sainteté. Le contexte isérois est à ce titre un exemple probant d'un certain malaise, les acteurs culturels du département (principalement dans le domaine du spectacle vivant) étant fortement mobilisés contre des pouvoirs publics jugés démissionnaires – le conseil général en tête (même si la situation s'est récemment décantée, le département ayant en partie rattrapé ses baisses de subventions pour la plupart des structures – sauf pour celles de la MC2, de la Chambre Philharmonique ou encore des Musiciens du Louvre). Le constat est-il le même au Musée de Grenoble, mastodonte local au rayonnement national ? « Les inquiétudes sont là, comme pour tout le monde » explique le directeur Guy Tosatto, qui l'assure : « le monde des musées est aussi touché. Je n'ai encore jamais rencontré de collègue qui ne me dise pas qu'il a des problèmes soit de réduction budgétaire, soit de réduction d'effec- tifs. C'est donc un phé- nomène général, à la fois d'ampleur nationale et internationale. Je rentre des États-Unis, et je vous assure que mes collègues américains dont les éta- blissements sont à 90% – voire 100% – financés par le secteur privé pas- sent de mauvaises heu- res… pour ne pas dire de très mauvaises années ». Sur les problématiques locales, il se veut attentif. « Évidemment, à Grenoble, il y des réductions budgétai- res qui sont en partie dues à la crise économique : le conseil général, c'était jusqu'à il y a quelques années, un quart de notre budget total. Mais ces réductions sont aussi le résultat de choix, ceux de couper dans le budget de la culture. Alors que des chemins différents pourraient être empruntés ». TOUS ENSEMBLE Conséquence, le Musée de Grenoble n'organise plus d'exposition d'été – l'un des trois temps forts de l'an- née – depuis deux ans. Décision suffisante pour retomber sur ses pieds ? Pas sûr… Car on se deman- de aussi si le marasme généralisé n'a pas d'influence sur le mode de fonctionnement du musée à l'année, la saison actuelle pouvant être vue a minima comparée aux fastes de la précédente, boostée par l'effet Chagall. « Je vous invite au printemps à découvrir notre éclairage sur Die Brücke [premier mouvement d'avant-garde allemand, précurseur de l'expression- nisme – NdlR], vous verrez que ce ne sera pas un petit évènement ! » répond Guy Tosatto, en reconnaissant tout de même que cette exposition n'aura sûrement pas la même portée que celle sur Chagall. Cette der- nière n'a d'ailleurs pas été financée par le seul Musée de Grenoble tient-il à préciser, mais fut le fruit de nombreux partenariats nationaux – le Centre Pompidou en première ligne – et internationaux. ANTICIPATION On le questionne sur un autre sujet : la récente acqui- sition par le musée d'une œuvre de Giuseppe Penone pour 160 000 euros. En ces temps de crise, certains se sont émus du prix. La municipalité, qui a donné son accord en octobre der- nier, a publié un commu- niqué pour expliquer sa décision : « ce budget d'acquisition, modeste par rapport à celui d'aut- res musées, est stable depuis plusieurs années mais a pu bénéficier de moyens supplémentaires grâce au mécénat » (un Club des mécènes a vu le jour en 2010). Guy Tosatto justifie quant à lui cet achat par l'absen- ce de l'artiste italien dans les collections du Musée, par le fait que l'œuvre reste abordable (« on a traité directement avec l'artiste, sans commission de la part d'un galeriste, pour une pièce très loin du prix de cel- les des Jeff Koons et autres ») et par le devoir de tou- jours avoir une politique culturelle ambitieuse et éclai- rée, même dans les périodes les plus difficiles. Il prend ainsi l'exemple du fameux Gauguin dévoilé en ce moment même (voir ci-contre), que le Musée de Grenoble a acquis seulement cinq ans après la Première Guerre mondiale, et qui est maintenant l'un de ses joyaux. On peut aussi évoquer les politiques menées par les différents directeurs du musée depuis sa fondation en 1798, qui ont ainsi permis la constitu- tion du fonds de dessins présenté en ce moment. Et même si ce n'est pas forcément très funky à première vue, ce travail est salutaire pour l'histoire de l'art. “Les réductions sont le résultat de choix, ceux de couper dans le budget de la culture. Alors que des chemins différents pourraient être empruntés. ” À L'OCCASION DES TROIS EXPOSITIONS PRÉSENTÉES AU MUSÉE DE GRENOBLE, ON A DÉAMBULÉ DANS TOUTES LES SALLES PUIS ON A RENCONTRÉ GUY TOSATTO, LE MAÎTRE DES LIEUX, POUR ÉVOQUER AVEC LUI PLUSIEURS SUJETS D'ACTUALITÉ TOUCHANT DE PRÈS SON ÉTABLISSEMENT. MAGNÉTO. À LA UNE DR Gagnez 20 places Pour l’avant-première Le mardi 15 novembre à 20h et 22h15 au cinéma Pathé Chavant Appelez le jeudi 10 novembre entre 12h et 12h15 04 76 84 79 30 Nouvelle Emission Cinéma L'œil du PB Le film de la semaine Objet déviant La réaction à chaud en vidéo sur www.petit-bulletin.fr — PLANS DESSINÉS — Dessins, saison 2 APRÈS LES FEUILLES DE L ’ÉCOLE ITALIEN- NE, VOICI LE FONDS GRAPHIQUE FRANÇAIS. LE MUSÉE DE GRENOBLE PRÉSENTE LE DEUXIÈME VOLET DE SON TRIPTYQUE CONSACRÉ AUX COLLECTIONS DE DESSINS ANCIENS, AVEC UNE EXPOSITION TRÈS DENSE ET EXIGEANTE. REINE PARIS Un véritable travail de fourmi est à l'origine de l'ex- position L'idée et la ligne. Pendant près de quatre ans, les mille dessins appartenant au fonds graphique fran- çais du musée et issus en grande partie du legs Mesnard ont été étudiés pour qu'en soient finalement extraites cent vingt-cinq feuilles. Quand on y songe, l'élagage a été sévère. Et pourtant, à la fin de l'expo- sition, le visiteur néophyte se sent légèrement écrasé par le nombre d'œuvres qu'il a vues et il ressortira avec un torticolis s'il a soigneusement lu les textes explicatifs – par ailleurs clairs et synthétiques –, inscrits très haut pour quiconque n'est pas un joueur de basket (ce qui n'est pas le cas de l'auteur de ces lignes). Présentées de manière chronologique, les feuilles s'échelonnent sur trois siècles et offrent l'a- vantage de montrer comment le dessin s'est autono- misé alors qu'il n'était au départ qu'un outil d'étude, le parent pauvre de la peinture en quelque sorte... VOUET, DAVID ET LES AUTRES C'est tout l'ennui avec les dessins : le plus souvent, ils sont riquiquis et faits de mille et un détails minuscu- les qu'il devient difficile d'apprécier en restant debout devant un mur. Cela étant dit, plusieurs œuvres mon- trées ici valent le détour comme Le Christ debout ten- dant le bras droit de Simon Vouet et sa Figure fémini- ne volant dans les nuées. Avec son crayon, l'artiste explore ses sujets jusque dans les moindres détails et reproduit leur expression avec une grande pureté. Dans un tout autre genre – deux siècles les séparent –, le Marat de David captive immédiatement le regard. Représenté de face, il montre ses blessures en écartant sa chemise et uploads/s3/ 2-818 3 .pdf

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