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Tlléitre tle 1;1 t~l·tti~W- ttIIS~~e BUll - 1 OCTOBRE 1965 SOMMAIRE 4 - Théâlre politique - Théâtre poétique Jean ASïER ~ - Lettre d'Arrabal 6 - Ou ..• Comment s'en débarasser ? .. . Bernard LESFARGUES 7 - Requiem pour une SIrène Jean BEURTON 10 - Jo Claraiel ou l'enfant-rat malgré lui Claude SPI ELMAN 12 - Programme 14 _ Arrabal : ouvrages publiés . 15 - Notes de mise en scène Gisèle TAVET 16 - Modest Cuixart, peintre espagnol J .-J. LERRANT 22 - Page des Amis du Théâtre Jacques TOUYON 23 - Gérard Reyne, René Metras Sa i son 1964-1965 JE ME SOUVIENS DE DEUX LUNDIS de ARTHUR MILLER (Création européenne). LES AMANTS DE LA CROIX-ROUSSE de BERNARD FRANGIN et JEAN ASTER (Création). ROSAURA d'après LA VEUVE RUSEE de GOLDONI, adaptation de ROLAND CHALOSSE. ANTIGONE de SOPHOCLE. Traduction et adaptation d'ANDRE BONNARD. L'OURS de TCHEKOV. FEU LA MERE DE MADAME de FEYDEAU. FAIR SHOW IN THE PLAY : (LA PIERRE PHILOSOPHALE d'ANTONIN ARTAUD. LE REMPAILLEUR DE CHAISES DE SAINT SULPICE de CAMI, LA MORT DE SOCRATE de JEAN-NOEL VUARNET, et des extraits de BENJAMIN FRANKLIN KING, AMBROSE BIERCE, HANZ HEINZ EWERS, FLORIAN, ANATOLE FRANCE, NICOLAS GOGOL, EUGENE IONESCO, CHARLES SWINBURNE, JEAN TARDIEU, BORIS VIAN). Spectacles reçus O.R.T.F. : TREIZE A TABLE (Association régionale culturelle). MAISON DE LA CULTURE DE BOURGES : LE CHEVAL CAILLOU de PIERRE HALET. O.A.T F. : DAUDET L'ENCHANTEUR avec l'orchestre de la Station. SEMAINE SEGHERS : POESIE ET CHANSON avec Luc BERIMOND. THEATRE DE LA CITE CONTES DE MAUPASSANT par GERARD GUILLAUMAT. Saison 1965-1966 FANDO ET LIS de FERNANDO ARRABAL. METTEURS EN SCENE JEAN ASTER, CHRISTIAN BOURGEOIS, RENE CHABERT, ROGER CORNILLAC, DENISE DENUZIERE, MAURICE DESCHAMPS, MONIQUE FRANGIN, MICHEL OLIVIER, FRANCELINE ET CLAUDE SPIELMAN, GISELE TAVET. PEINTRES ET DECORATEURS IEAN ASTER, ALAIN BATIFOULlER, MARIE-THERESE BOURRAT, MODEST CUIXART, DENISE DENUZIERE, AIME DEVIEGUE, EVARISTO, MAURICE FERREOL, RAYMOND GRANDJEAN, JEAN JANOIR, JlM LEON, MAX SCHOENDORFF, UGHETIO. MUSICIENS . RAYMOND CHEVREUX (et l'orchestre de l'O.R.T.F.), LUIGI CILlO, CLAUDE LOCHY, COLETIE MAGNY, HELENE MARTIN, MARC OGERET, GERARD REYNE, GEORGES VALERY COMEDIENS JACQUES ANGENIOL, JEAN ASTER, BEATRIX AUDRY, RAYMOND BARNYS, CLAUDE BLANCPAIN, CHRISTIAN BOURGEOIS, PIERRE CASARI , RENE CHABERT, ROLAND CHALOSSE, ROBERT CHAZOT, JEAN-PAUL CLAUZADE, ROGER ET MARIE-CLAUDE CORNILLAC, JULIA DANCOURT, DOMINIQUE DEMANGEAT, DENISE DENUZIERE, MALJRICE DESCHAMPS, MARC DUDI- COURT, MARIE-LOUISE EBELI, CLAUDE FEZOUI, MONIQUE FRANGIN, PAULETIE FRANK, PIERRE GATINEAU, GENEVIEVE HELMER, PAUL JANIN, CHRISTIANE LAURENT, CHARLES MALET, JULIEN MA.LLIER, JEAN MARIGNY, JEAN-LOUIS MARTIN- BARBAZ, ANDRE MORTAMAIS, JEAN MOSSAT, MAURICE MUSY, MICHEL OLIVIER, EDDY ROOS, EVELYNE SAYAG, FRANCELINE et CLAUDE SPIELMAN, GISELE TAVET. 3 .. THEATRE POLITIQUE Cette question t(!)Ujours posée par ceux qUI ont pris la responsabilité de réduire les distances qui écartent des faveurs dif- férentes - faveur qu'un destin collectif réduit souvent à l'injustice - cette ques- tion posée l'est, et l'est bien, aux oreilles sensibles des animateurs dont les rêves, bien qu'empruntant des routes planétaires n'ont, comme fusée, qu'un ticket d'auto- bus. Croyez, amis du théâtre, amis de la culture , amis de l'homme qu'à un certain moment de l'histoire, l'histoire change en- core et que, la plus grande force révolu- tionnaire contre l'injustice c'est la force poétique. C est elle qui invente les formes avant le contenu ; c'est par elle que les révoltes se suivent et ne se ressemblent plus ; c'est par elle aUSSI, que l'hommê, finalement, se fait un homme à l'image de l'Homme. Jean Aster. THEATRE POETIQUE FERNANDO ARRABAL LETTRE DU 16 SEPTEMBRE 1965 Je ne suis en forme pour rien. Je bois de l'encre c'est fou ce que celle de mon encrier peut être bonne, et il sort de mes yeux uné fumée bleutée dont je ne sais d'où elle vient. Ne faites ni thélître, ni art, ni littérature, ni peinture. Ne faites rien. Donnons-nous rendez- vous au centre de n'importe quel cerVeau. Je sens palpiter le mien : pas le vôtre. (Et toi, tu es un peintre, Cuixart.) ]' ai la tête qui Va éclater. La mienne. ]' aimerais être millionnaire. Je Vous aime et je vous embrasse tous. 5 ou ... «COMMENT S'EN DEBARASSER?» Il en va d'Arrabal comme de BUrjuel rarement leurs admirateurs - ou leurs contempteurs - ont une conscience claire de ce qui les unit à l'Espagne, à sa littérature, à son art, à sa pensée (y a-t-il une pensée espagnole ?), à sa façon de vivre, et tout simplement à ce qu'on pourrait désigner par son épiderme ... L'héroïne de « Fando et lis » , promenée dans une voiture d'enfant, évoque d'emblée ce gnome hydrocéphale qu'on traine de foire en foire, dans les « Divines Paroles » de Valle-Inclan. Mais le rapprochement doit être rejeté comme fortuit, si l'on songe à ce que représente lis, beauté profanée, beauté bafouée, fleuri piétinée. Rien à voir avec le cadavre pourrissant de l'idiot. Par contre, son dérisoire chevalier servant, par l'exactitude absurde de son langage, avec sa bêtise, sa cruauté et son allure de fantoche, fait penser à ces ridicules personnages que Valle-Inclan portait à la scène dans son « Tablado de mario- netas '. De Valle-Incl an à Arrabal la langue s'est faite plus concise, les marionnettes ont une maigreur plus métaphysique, et les problèmes que leur dialogue soulève concernent plus direc tement chaque homme de ce temps. Arrabal s'est dépouillé de l'anecdote espagnole. Mais il ne s'est pas dépouillé de l'Espagne. Surtout pas de cette « Espagne noire • qui court de l'Inquisition à la Guerre civile, et de Valdès Leal à Solana : entre ces deux derniers noms, le massif goyesque, d'où tout semble descendre et où tout semble aboutir. Par son nom même, Fando (on pense à « nefando " abominable, au « pecado nefando " et cet adjectif doit éclabousser de sang la conscience d'un Espagnol cultivé) est lié au sadisme des bourreaux ; d'ai lleurs, ne le voyons-nous pas enchainer lis à sa petite voiture, lui passer les menottes, la frapper, la tuer. Il n'est pas besoin, dira-t-on, de remonter jusqu'à l'Inquisition quand on parle de torture : il suffit de regarder autour de soi. Mais si plongé soit-il dans le monde contemporain, Arrabal ne peut pas se défaire de ce qui colle à lui comme une peau lis exposée nue sur la route est une lointaine et sans doute inconsciente descendante des filles du Cid, attachées nues à des arbres par leurs maris et recevant les étrivières de leurs mains. Le sadisme de cette scène autour de laquelle pivote tout le poème du Cid est stupéfiant, si nous le considérons avec d'autres yeux que ceux de l'érudit. Or nous nous trouvons aux origines mêmes de la littérature espagnole. Heureusement, pour les filles du Cid, que de preux chevaliers les délivrent d'une aussi inconfortable posture. Et les vengent. Dans la pièce d'Arrabal, Namur, Mitaro et Toso ne vont pas au-delà d'un constat : « Elle est morte puisqu'on n'entend plus son cœur '. Et ils accompagnent Fando, portant fleur et trainant chien , sur le chemin du cimètière. Complices par indifférence, bourreaux eux aussi par personne interposée. D'autre part, lis pourrait bien incarner tout le drame de la femme espagnole que le fiancé bafoue ou que le mari met allègrement à mort : du Romancero à Bardem, en passant par la cÇ)media, on reconnaitra la femme dans cette condition toute théorique de reine, mais une reine aux pieds et poings liés. Les maris de Calderon ont un aiguillon : l'honneur ; les jeunes gens de « Calle Mayor » des excuses: l'ennui, les conditions économiques, etc ... Fando, lui, veut être bon. Mais c'est à Tar seulement qu'on pourra l'être. Et Tar est un lieu où l'on n'arrive jamais. A moins que, par la mort, on y accède? Et qu'en tuant Lis, Fando lui ait par là même prouvé sa bonté? Ces interrogations nous renvoient à ce qu'il est convenu d'appeler le théâtre de l'absurde . C'est constater que ce qu'on peut déceler d'hispanisme dans « Fando et lis • ne nous fournit pas les réponses. Mais en s'intégrant dans un théâtre apparem- ment dépourvu de références de temps et de lieu, Arrabal lui confère un ton et soulève des questions qu'on apprécierait malaisément sans ses références concrètes que j'ai essayé brièvement d'indiquer Avec les Catalans Joan Brossa et Manuel de Pedrolo, Arrabal écrit un théâtre actuel auquel la voix traditionnelle de l'Espagne est plus aisément accordée qu'on ne pourrait, de prime abord, le supposer. Bernard Lesfargues. 6 REQUIEM POUR Par un exercice de douceur, la guitare fait oraison. Sur un air à rêver, sur un air à s'emerveiller, elle vibre d'une légende naive : beaux enfants de miel et de lait amoureusement égayés SOUSI de hautes palmes - vert, Que j'aime vert - dans la majeste d'un profond paysage végétal. Les ombres, bien sûr, dans la moiteur de cette fin d'après-midi, tombent plus longues des montagnes, tandis qu'au loin presque toutes les chaumières fument. Puisque le pipeau pastoral dialogue avec le lent ga- loubet du bord de l'eau, le jasmin devrait aimer la rose et l'enlacer, guirlande douce tiédie sur uploads/s3/ arrabal-fernando-fando-et-lis-theatre-de-la-croix-rousse-lyon-bulletin-1-octobre-1965.pdf

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