GRAND LYON VISION CULTURE Place de l’art public : artistes, commanditaires et s
GRAND LYON VISION CULTURE Place de l’art public : artistes, commanditaires et statut des œuvres Document de cadrage pour la 7ème rencontre, 19 novembre 2010 2 - Place de l’art public : artistes, commanditaires et statut des œuvres L a démarche GRAND LYON VISION CULTURE vise à accompagner la Communauté urbaine de Lyon dans sa réfl exion culturelle, à savoir : - construire et partager une approche commune de la culture ; alors que celle-ci est de plus en plus présente dans tous les compartiments de la vie sociale ; - enrichir les projets actuels et futurs du Grand Lyon, notamment en matière d'événements d'agglomération ; - imaginer des modes de relation innovants du Grand Lyon avec les artistes dans le cadre de différentes politiques : urbanisme, participation citoyenne, développement économique, etc. Dans quelle mesure les artistes peuvent-ils contribuer à une société de la connaissance et à la vitalité de la vie urbaine ? Comment les repérer et les solliciter ? Comment les associer à des dispositifs de politiques publiques ? Cette démarche est scandée par des rencontres élus-experts-professionnels. Chaque rencontre est introduite par un document de cadrage semblable à celui-ci ● Partie 1 – L ’art public, media chéri des dirigeants p.4 Les fonctions des objets placés dans l’espace public p.6 La statuomanie du XIXe p.8 Partie 2 – La libéralisation des arts publics p.12 Quand les artistes conquièrent leur autonomie p.14 Quand la puissance publique s’essaie à aider la modernité p.17 Naissance d’une catégorie d’intervention publique p.19 Partie 3 – Renouveaux et reconfi gurations : quelques perspectives p.22 L ’artiste associé à la conception de l’espace public p.24 Un art intégré à l’aménagement urbain p.26 Réalisations non-pérennes et événementielles p.31 L’art public en kit p.33 Conclusion – L ’espace public, lieu de la contrainte retrouvée p.36 Repères bibliographiques p.38 S O M M A I R E Quand on parle d’art public, de quoi parle-t-on ? La proportion d’œuvres qui peuvent être considérées comme de l’art public est loin d’être négligeable. Si l’on envisage toutes les possibilités de mise en public des œuvres, depuis celles destinées à édifi er les croyants, jusqu’à la pratique muséale, le ratio œuvres publiques/œuvres privées fait très clairement penser que la part des œuvres destinées à un cadre strictement privé n’est pas majoritaire. Il est probable que tout le monde passe chaque jour devant une œuvre dans l’espace public, qu’il s’agisse d’un monument commémoratif, de la statue d’un personnage historique ou encore d’un mur peint : toutes ces œuvres relèvent de la catégorie de l’art public. C’est-à-dire d’œuvres créées pour être installées dans un espace public et qui peuvent être vues par tous les passants, les voyageurs, les usagers, les citoyens qui s’y trouvent… Dans ce document, nous bornerons nos investigations aux œuvres mises à la disposition du public, c’est-à-dire qui peuvent être en contact avec le public, sans que ce dernier ne les recherche explicitement. Pour autant, le sujet demeure vaste, car cet art dans l’espace public est extrêmement divers, que l’on regarde les lieux où il se déploie, les conditions dans lesquelles il est rendu possible, les formes esthétiques qu’il prend et les propos qu’il tient. Place de l’art public : artistes, commanditaires et statut des œuvres - 3 Avant l’invention de l’imprimerie, de la radio-TV, les œuvres exposées dans l’espace public étaient un des rares média disponibles pour des instances dirigeantes, qu’elles soient politiques, religieuses ou privées. Elles permettaient notamment de mettre en récit le pouvoir, de l’incarner, de transmettre ses valeurs, etc. Elles ont donc été, et sont encore dans une certaine mesure, un instrument de communication effi cace, permettant de toucher l’ensemble de la population, y compris la moins éduquée. De plus, les œuvres dans l’espace public sont un media durable, qui se perpétue au-delà du pouvoir qui les a commanditées, contribuant à l’inscrire dans l’Histoire. En étant le vecteur d’un pouvoir, l’art dans l’espace public est aussi un art fonctionnalisé, dimension qui va à rebours de la conception de l’art envisagé comme autonome, « libre », etc. Cette dimension fonctionnelle de l’art dans l’espace public a-t-elle été perturbée par les péripéties de l’histoire de l’art moderne ? Le processus qui a conduit l’art à chercher une autonomie sociale – on a pu parler, parfois de manière abusive, d’art pour l’art – n’a pourtant pas défonctionnalisé l’art dans l’espace public, pas plus que cette pratique n’est tombée en désuétude. Mais la fonction de « récit » -d’édifi cation, de personnifi cation, de symbolisation- de l’art public s’est, temporairement déplacée du commanditaire à l’artiste, l’œuvre devenant le vecteur des intentions de l’artiste. L ’artiste au XXe siècle choisit son sujet, les matériaux qu’il va employer, la forme qu’il va leur donner, etc. Il expose un propos qui lui appartient, souvent reconnaissable par un style, une signature visuelle. Il ne sert plus alors directement un pouvoir, qui encadre cependant encore les conditions de son expression dans l’espace public. Au cours des dernières décennies, cette posture s’est à nouveau transformée et le rôle de l’art public a une nouvelle fois muté. La toute puissance de l’artiste s’est pour partie estompée au profi t d’un référent composite. L ’art public se réinvente de plusieurs manières, dans ses modes de commandes, dans ses propos, dans les publics qu’il veut toucher, dans ses modes de réalisation, dans ses formes… Et surtout, il veut contribuer à créer l’espace public, aussi bien « matériellement » que dans la perception que le passant peut en avoir. Ce sont toutes ces reconfi gurations qui nous intéressent ici, car elles offrent des perspectives nouvelles aux opérateurs publics. On fera donc l’hypothèse que l’art public est une discipline en mutations récurrentes – il est en quelque sorte en permanente émergence – et constitue un espace d’exploration pour les artistes comme pour les politiques publiques. Mais avant d’aborder ces points, on fera un retour sur la fonction « traditionnelle » de l’art public ● Pierre-Alain FOUR Place de l’art public : artistes, commanditaires et statut des œuvres Quel est l’enjeu de cette séance ? Il s’agit tout à la fois de rappeler la « généalogie » de l’art public, ses origines, pour mieux exposer les formes nouvelles qu’il peut prendre aujourd’hui : à partir d’un état des lieux reposant sur un rappel historique, quelles sont aujourd’hui les possibilités qui s’offrent à un commanditaire public ? Chaque option de production d’œuvres mises dans l’espace public offre des perspectives, des résultats et des retombées spécifi ques. Par ailleurs, on constate une simultanéité des formes de l’art public, depuis des œuvres strictement inféodées au pouvoir politique, jusqu’à des interventions sauvages et éphémères. Cette situation, peu fréquente, s’avère être une vaste palette d’outils pour soutenir un art public qui, peut-être plus que d’autres disciplines, se réinvente tout en conservant actif ses fondamentaux. 4 - Place de l’art public : artistes, commanditaires et statut des œuvres PARTIE 1 L’art public, media chéri des dirigeants Depuis des temps immémoriaux pourrait-on dire, les hommes réalisent des « objets » ayant pour fonction d’incarner les valeurs du groupe dans lequel ils vivent : ces productions expriment, représentent le pouvoir et la société. Ainsi, l’individu qui réalise ces objets n’est pas dans l’expression de sa seule subjectivité, il est au contraire le vecteur qui permet de concrétiser les attentes du pouvoir en termes de représentations, qu’il s’agisse du pouvoir temporel ou religieux. Ce que l’on a pris l’habitude d’appeler art public, est le lieu par excellence des liens entre art et pouvoir. Cette alliance objective ne cesse de s’affi rmer au cours des siècles. En France, jusqu’au début du XXe, l’art est rigoureusement encadré dans des règles, défi nies par l’Académie, liant l’artiste à son commanditaire. La réalisation d’un projet se fait en suivant un « programme » qui précise le choix du sujet, les matériaux employés, l’emplacement dans l’espace public, etc. Cette situation perdure pratiquement jusqu’à l’entre- deux-guerres, et on trouverait sans peine des exemples d’une sujétion de l’artiste à son commanditaire encore aujourd’hui. Afi n de rappeler ces liens organiques entre commanditaires et artistes, on précisera quelles ont été les fonctions premières de la réalisation d’objets mis dans l’espace public, avant de détailler la place de la statuaire au XIXe siècle en France. ● Les fonctions des objets placés dans l’espace public Jusqu’au XXe siècle, l’espace public et notamment urbain est parsemé d’objets destinés à incarner les instances dirigeantes et notamment les pouvoirs politiques et religieux. Statues, arcs de triomphe, reliquaires, temples… tous ont pour fonction de célébrer un pouvoir, de stimuler la foi des croyants. Les portraits en particulier permettent de représenter les dirigeants à une époque où les mass media n’ont pas encore été inventés. La statuomanie du XIXe En France, la statuaire publique connaît un âge d’or au XIXe. Non seulement le passage à la République n’a pas remisé l’art public aux oubliettes, au contraire. Il se déploie pour célébrer le pouvoir mais aussi les « grands hommes ». Un phénomène amplifi é par la souscription publique qui permet de démultiplier les initiatives. Dans ces uploads/s3/ art-dans-espace-public-02.pdf
Documents similaires
-
17
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mai 26, 2021
- Catégorie Creative Arts / Ar...
- Langue French
- Taille du fichier 1.9030MB