Collège Pilote Khaznadar Madame Jabouzi Métiers d’hier, métiers d’aujourd’hui P
Collège Pilote Khaznadar Madame Jabouzi Métiers d’hier, métiers d’aujourd’hui Production écrite Mon cousin et moi, nous nous entendions comme chien et chat. En effet, nous n’étions jamais d’accord et nous nous disputions incessamment surtout lorsque nous évoquâmes le sujet des métiers. Comme je suis banquier et qu’il est menuisier, nous ne ratâmes aucune occasion pour nous taquiner mutuellement, et c’était ainsi que notre discussion se transforma en moqueries, railleries allant jusqu’aux accusations cuisantes. Un jour, mon grand frère assista à notre débat qui finissait comme d’habitude par un accrochage comme s’il s’agissait d’une affaire d’Etat nécessitant son intervention afin de la résoudre et de nous réconcilier une fois pour toutes. Ce soir-là, je voulus provoquer ce cher cousin et le faire sortir de ses gonds, alors je lui dis : « Le métier de banquier est un métier de rêve étant donné que cet emploi me permet de gagner de l’argent et d’avoir une sécurité financière. En plus, je travaille dans le confort absolu en été comme en hiver et je trouve que c’est tellement mérité vu que ma tâche demande beaucoup de concentration et que la moindre erreur peut s’avérer fatale dans notre domaine ! -Sincèrement, tu me fais rire ! de quelle concentration parles-tu cousin ? pour moi, et je suis certain que nombreux sont ceux qui adoptent mon avis, l’artisan est le travailleur qui se fatigue le plus. Comme je suis menuisier, je sais très bien ce que signifie le mot « concentration » ! par ailleurs, personne au monde ne peut savourer le plaisir ressenti par un artisan, qui à travers ce qu’il créé, démontre ses connaissances, exprime son talent et développe son potentiel. Personnellement, mon plaisir est inégalé lorsque je m’investis dans quelque chose qui me passionne. D’ailleurs, mon métier m’a permis de forger ma personnalité, d’une part, et m’a appris à devenir autonome, d’autre part. Sache que rien au monde ne peut égaler la jouissance que je ressens en admirant un objet que j’ai réalisé de mes propres mains, qui porte ma touche et une partie de moi-même, rétorqua Sami avec beaucoup de fierté. -Mais tu délires, n’est-ce pas ? passer des journées dans ton atelier, le dos courbé, exposé aux danger des machines tranchantes et des outils aiguisé est un plaisir ? tu m’étonnes continuellement ! ton métier monotone t’éloigne des gens et t’isole dans un univers bruyant au point que tu deviens agressif et peu sociable ! quant à moi, j’entre quotidiennement en contact avec les autres et je crée des liens nouveaux ! ma profession me garantit l’épanouissement et le bonheur dans un milieu sain et surtout propre, expliquai-je furieusement en lui jetant des éclairs. -Arrête tes mensonges Salim ! le vrai bonheur est de travailler dur, de voir naître entre ses mains des œuvres d’art comme les miens, d’esquiver des tâches difficiles, d’inventer, d’exploiter son imagination, d’apprendre à devenir patient et de savourer l’accomplissement du travail commencé ! moi aussi je fais travailler mon cerveau en construisant des chefs-d’œuvre ! ce qui nous différencie est que je rentre, à la fin de la journée, satisfait tel un artiste suite au compliments dont mes clients me couvrent, quant à toi, tu es non seulement exposé à la colère de tes supérieurs mais aussi au mécontentement de ta clientèle, rétorqua-t-il d’un air moqueur, les yeux pétillant d’une lueur de victoire. -Continue, tes hallucinations me font pitié car seul le métier intellectuel permet de répondre aux besoins d’aspiration, de l’estime de soi et de se montrer vraiment utile pour la société ! voilà la vraie satisfaction ! à propos, un stylo est plus léger qu’un rabot, n’est-ce pas ? ajoutai-je en camouflant mon embarras. -Vous vous comportez tels deux gamins immatures et inconscients ! s’écria soudain mon grand frère hors de lui. Sachez tous les deux qu’il n’y a absolument pas de différence entre un métier intellectuel ou manuel. L’essentiel est de travailler, c’est une bénédiction ! n’importe quel métier est important et valeureux parce qu’il forme la personne et améliore sa vie. J’admets que chaque travail a ses avantages et ses inconvénients mais peu importe tant qu’on aime ce qu’on fait de manière à y exceller, qu’on l’exerce avec honnêteté, passionnément, et qu’on ne voit dans nos sacrifices que des moyens menant à la réussite et au bonheur. Personne ne peut nier que le travail implique une part de fatigue et de souffrance mais l’essentiel est d’accomplir un travail comme il se doit. Et pour conclure, je vous informe que rien ne peut égaler le sentiment qu’on ressent ni le repos qu’on savoure après avoir beaucoup et bien travaillé, finit-il par dire pour clore la discussion. » Nous l’avions entendu sans prononcer le moindre mot, il nous observa hocher la tête en signe d’approbation et en souriant. Finalement, il était heureux de nous savoir convaincus par ses paroles puisque, apparemment, nous devenions de nouveaux amis complices. C’était ce qu’il avait cru. Une fois que nous avions changé de sujet, les querelles persistaient. Nos voix montèrent de nouveaux étant donné que nous parlâmes cette fois-ci de football. Mon frère fit la sourde oreille devant notre différend et jura de ne plus intervenir car le sujet ne le tenta guère. Néanmoins, il continua à nous écouter et à rire intérieurement puisqu’il était convaincu que nous étions de grands enfants incorrigibles. uploads/s3/ cousins-metiers-1 1 .pdf
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- Publié le Nov 11, 2022
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