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III/ CULTURE ET ART Si l’art et la technique diffèrent par leurs moyens, ils on

III/ CULTURE ET ART Si l’art et la technique diffèrent par leurs moyens, ils ont cependant le même but : transformer la nature. En effet, lorsque l’artisan transforme un arbre en planches, tout comme lorsque l’artiste transforme un bloc de marbre en statue, ils font l’un et l’autre d’une chose naturelle, une création de l’esprit humain. Ils transforment par conséquent les choses naturelles en objets culturels et témoignent ainsi que l’homme s’approprie la matière en lui imprimant la forme de son esprit : l’esprit imprime sa marque à la matière. Jusqu’au XVIII°s, l’art est intégré à l’artisanat et à la religion. Petit à petit, les œuvres d’art vont se séparer de l’artisanat car elles vont revendiquer une finalité purement esthétique. Elles vont aussi se libérer peu à peu de la tutelle religieuse ( en effet, l’art avait pour fonction de louer Dieu, de raconter l’histoire du peuple juif et de Jésus). Par ailleurs, elles vont aussi se libérer de la tutelle idéologique (l’art visait à glorifier le pouvoir, la royauté, le monarque). L’œuvre d’art suppose à la fois créativité, matérialité et reconnaissance : Créativité autrement dit un artiste/ matérialité autrement dit un objet crée / reconnaissance autrement dit un public susceptible de reconnaître l’œuvre d’art. A) Qu’est- ce qu’une œuvre d’art ? Texte de H.Arendt p 15 (T. Générale manuel p 451) L’auteur distingue parmi les objets de l’artifice humain, ceux qui sont issus de la production et ceux issus de la création. L’homme produit des objets ordinaires qui possèdent un usage précis parce qu’ils répondent à un besoin humain. Ils ont une utilité pratique liée aux exigences de la vie quotidienne. Ces objets sont alors fabriqués en série, ils s’échangent et ont une valeur marchande. Or ce monde d’objets n’offre aucune stabilité, ni durabilité puisque ces objets sont consommés ou utilisés et s’usent avec le temps. De plus, ces objets sont issus d’un processus cognitif , autrement dit ils sont la matérialisation de la connaissance scientifique. Mais l’homme crée aussi des objets d’art, qui eux n’ont aucune utilité pratique et ne répondent à aucun besoin vital. Ces objets sont des œuvres uniques et originales qui n’ont pas de prix et donc ne s’échangent pas ( même s’il existe un marché de l’art, leur prix ne peut qu’ être exorbitant). Ces œuvres ne servent pas , ne s’usent pas et donc perdurent à travers les siècles. Leur source est la pensée car comme elle, elles ne produisent aucun résultat et ne remplissent aucune fonction vitale. C’est la raison pour laquelle ces œuvres d’art sont capables d’assurer la stabilité du monde humain puisqu’elles sont des objets immortels crées par des mains mortelles, témoignant alors de la richesse de la pensée humaine. L’art en ce sens est bien la manifestation et la matérialisation de l’esprit humain, reflétant ainsi ses multiples questionnements. Ces œuvres font partie de la culture et forment le patrimoine culturel de l’humanité. L’art nous offre par conséquent une multitude et une diversité d’interprétations du monde : non seulement il donne à voir mais il donne aussi à penser. Kandinsky affirmait dans Du spirituel dans l’art « L’art dans son ensemble n’est pas une vaine création d’objets qui se perdent dans le vide mais une puissance qui a un but et doit servir à l’évolution et l’affinement de l’âme humaine. Il est le langage qui parle à l’âme dans la forme qui lui est propre, de choses qui sont le pain quotidien de l’âme et qu’elle ne peut recevoir que sous cette forme. » B) Qu’est-ce qu’un artiste ? Texte de Alain p 20 (T .Générale texte photocopié) Picasso affirmait : « Les autres parlent ; moi je travaille » Artiste et artisan sont confrontés à une matière qu’ils doivent travailler et transformer. L’artiste n’est pas un rêveur inspiré : il lui faut s’attaquer à une matière, laquelle résiste et nécessite qu’il la travaille à l’aide d’une technique ou savoir-faire. Et comme le dit si bien l’auteur « On n’invente qu’en travaillant » : l’artiste doit affronter une matière et la plier à sa volonté et plus elle lui résiste, plus il devra faire preuve d’ingéniosité (de savoir-faire) et de talent ou génie afin de la travailler. Par conséquent, il n’y a pas de création sans technique et sans travail. L’artiste invente en même temps qu’il crée son œuvre. C’est une illusion de croire qu’il suffirait de s’en remettre à l’inspiration pour être un génie ! L’inspiration ne produit rien ; elle n’est que rêverie stérile , passivité et attente vaine d’une aide extérieure ( dans l’antiquité les artistes attendaient l’aide des muses pour composer leurs poèmes par exemple et on les considérait comme les médiateurs entre les dieux et les hommes). L’auteur explique que dans l’artisanat, la conscience du but (l’idée) détermine les moyens à utiliser : le projet conscient dirige la fabrication du produit. Cependant, parfois l’artisan agit en artiste lorsqu’une sorte d’intuition le fait produire mieux qu’il n’avait prévu . Mais l’artisanat reste essentiellement la réalisation d’un projet préalable et c’est pourquoi une machine bien programmée pourrait réaliser en série ce produit artisanal. Or le peintre , l’artiste par opposition à l’artisan, n’a pas une entière conscience du but et son œuvre n’est pas le produit d’un projet préalable car l’idée suit la réalisation au lieu de la diriger pas à pas. L’artiste est spectateur de son œuvre en train de naître et s’étonne toujours de ce qu’il a crée. Par conséquent, l’artiste par excellence est génie, c’est-à-dire toujours capable de produire mieux, en créant des œuvres imprévisibles, originales et uniques qui ne sont pas l’application de règles antérieures explicites. Ainsi l’artiste est artisan d’abord mais il n’est pas qu’artisan car ce qui le distingue de l’artisan c’est le désintéressement et le génie. C) Pourquoi l’homme crée-t-il des œuvres d’art ? 1) L’art doit-il imiter la nature ? (T. Générale manuel p 282) L’auteur expose la conception classique de l’art comme imitation (mimésis) de la nature, conception remontant à Platon et à Aristote. L’artiste reproduit fidèlement et habilement des objets ou des êtres qui existent déjà dans la nature. Or plus l’habileté de l’artiste est grande, plus le plaisir engendré chez le spectateur à la contemplation de l’œuvre est important. Cependant, pour Hegel, l’art ainsi conçu n’est qu’une pâle copie de la nature, un simple calque et en tant que tel inutile et superflu. Par ailleurs, ces copies sont nécessairement imparfaites car l’original sera toujours supérieur. Ainsi la copie produit l’illusion de la réalité : elle n’est donc qu’ « une caricature de la vie » et ce sens l’art n’est que tromperie et trahison. Par conséquent, pour l’auteur, la seule issue possible pour l’artiste est de créer à partir de soi, de son propre esprit et non en imitant la nature. Le bonheur sera alors d’autant plus grand que l’homme aura été à l’origine de sa création, en puisant dans les ressources inépuisables de son esprit, qu’il s’agisse d’inventions, de techniques ou encore de créations artistiques. Il s’agit donc par ces œuvres originales de manifester la liberté de l’esprit humain, lequel doit s’émanciper de toute tutelle, y compris celle de la nature : en effet écrit Hegel « l’art quand il se borne à imiter, ne peut rivaliser avec la nature et il ressemble à un vers qui s’efforce en rampant d’imiter un éléphant ». 2) L’art est-il libérateur ? Texte photocopié de Hegel L’artiste exprime ses sentiments et ses passions dans la poésie, le chant, la musique et les figures : il les extériorise et prend ainsi une distance par rapport à lui. C’est ce mouvement d’extériorisation et d’objectivisation dans une œuvre d’art qui provoque un soulagement et une libération. L’œuvre d’art est alors la matérialisation d’une idée ou d’un sentiment : par exemple, une cathédrale est la représentation de Dieu dans la pierre. Le but de l’art consiste à rendre sensible et matériel la vérité que l’homme abrite dans son esprit : l’idée est emprisonnée dans une forme matérielle. C’est pourquoi affirme Hegel « Les peuples ont déposé leurs plus hautes idées dans leurs œuvres d’art ». Ainsi l’art est la matérialisation du spirituel ou (ce qui est la même chose) la spiritualisation de la matière. Les oeuvres d’art déplient et manifestent ce que notre esprit contient ; elles rendent visibles et sensibles nos idées à travers une forme et une matière particulières. En ce sens l’art est libérateur (processus cathartique) car notre âme retrouve sa tranquillité puisqu’il y a eu extériorisation de sentiments humains à travers la matérialisation de l’œuvre d’art. L’art est alors le moyen et le médiateur par lequel la conscience humaine devient conscience de soi , c’est-à-dire le moyen par lequel l’esprit humain s’approprie la nature et l’humanise. C’est donc parce que nous nous y contemplons nous-même que l’art nous touche et nous intéresse . Force est alors de dire que l’art nous met toujours en présence de l’humain, même s’il ne parle pas de l’humain et c’est aussi pourquoi la beauté artistique, puisqu’elle est une création consciente est supérieure uploads/s3/ culture-et-art.pdf