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Utpictura18 - Les Salons Accueil Salons Pratique Problématique Grands textes Exemples Le reste du site 1. Salon et Salon 2. L héritage de l ekphrasis 3. Genèse du modèle journalistique 4. Le compromis scénique 5. Dimension déceptive du Salon ~ Les Salons de Diderot ~ Stéphane Lojkine ~ De l ekphrasis au journal : genèse de la critique d art ~ Origines et histoire des Salons L institution des Salons date du dix- septième siècle. Dans les statuts de l Académie royale de peinture, rédigés en 1663, le Roi ordonne à chaque académicien d exposer, à l occasion de l assemblée générale annuelle de l Académie en juillet, un tableau. La première exposition a lieu en 1665, mais c est une exposition privée, à usage interne de l Académie. La première exposition publique ouvre ses portes en 1667. Colbert la visite et décide qu elle se tiendra désormais tous les deux ans. Mais la périodicité des premières expositions, jusqu au milieu du dix-huitième siècle, demeure irrégulière. À partir de 1725, l exposition se tient au Salon carré du Louvre, donc dans une pièce unique, qui avait l avantage de se trouver non loin des locaux de l Académie. À cause du lieu de l exposition, le Salon carré, elle prend peu à peu le nom de Salon. À partir de 1751, le Salon se tient tous les deux ans, les années impaires. Il commence toujours à la fin de l été, à partir du 25 août, jour de la Saint-Louis, et dure quelques semaines. Essayez le nouveau système de recherche dans la base, ultra Page 1 of 5 Les Salons de Diderot, de l ekphrasis au journal 10-01-2008 http://galatea.univ-tlse2.fr/pictura/UtpicturaServeur/Salons/SalonsEkphrasis.php L exposition est gratuite et attire un public de plus en plus nombreux, que l on peut évaluer à partir du chiffre des ventes du Livret imprimé par l Académie, sorte de catalogue sans images qui donne l « explication des peintures » : sur les murs où elles sont accrochées il n y a en effet pas d autre indication qu un numéro renvoyant au Livret. Entre 1759 et 1781, l Académie vend d abord un peu plus de 7000 et enfin plus de 17000 livrets. Dans les années 1770, le nombre de visiteurs serait de plus de 20000, ce qui est énorme si l on considère que Paris ne comptait alors que 600000 habitants. L institution du Salon s impose progressivement en France ; elle est unique en Europe. On observe certes des expositions provinciales à Toulouse, Marseille, Bordeaux, Lille, Montpellier. L ancienne confrérie des peintres et sculpteurs de Paris, l Académie de Saint-Luc, tente de rivaliser avec les Salons de l Académie royale. Mais aucune de ces expositions n a l ampleur ni le retentissement des Salons bisannuels de l Académie royale de peinture. À quoi servent les Salons ? Il s agit d abord, dans la tradition de la munificence des princes, d uvrer à la gloire de la France en faisant publiquement étalage de la puissance artistique et donc politique du royaume. Ensuite, par les uvres qu il expose, le Salon constitue en quelque sorte l identité d une École française, encadrée et cautionnée par l Académie. C est pourquoi, au sein du Salon, l exposition des uvres des peintres nouvellement agréés, puis reçus, revêt une importance toute particulière. Enfin, le Salon crée une sorte de marché public de l art : certes, les peintres en vogue y exposent parfois des commandes pré-payées ; mais beaucoup d uvres sont à la recherche d acquéreurs et bénéficient ainsi d une publicité exceptionnelle, que relayent et amplifient les comptes rendus des Salons qui fleurissent, soit dans la presse naissante, soit sous forme de fascicules ou de libelles plus ou moins anonymes. Unique en Europe, cette institution participe de ce qu on appelle l exception culturelle française, une politique ambitieuse et volontaire initiée par Louis XIV, au départ essentiellement pour contrer l hégémonie culturelle de l Italie. L institution des Académies royales est une pièce essentielle de ce système mixte où l État joue un rÙle essentiel, mais auquel le marché économique privé est associé. L Académie d autre part conserve une certaine indépendance vis-à-vis du pouvoir grâce à son mode de recrutement, le concours, autre spécialité française, qui entend favoriser l indépendance des artistes et l émulation des créateurs. En quoi ce concours consiste-t-il ? En principe il se déroule en deux temps. L artiste présente d abord un morceau d agrément qui, s il est accepté par l Académie, fait de lui un académicien, mais une sorte de membre extérieur, qui n a pas le droit de prendre part aux votes et décisions. Deux ans plus tard, il est censé présenter un Page 2 of 5 Les Salons de Diderot, de l ekphrasis au journal 10-01-2008 http://galatea.univ-tlse2.fr/pictura/UtpicturaServeur/Salons/SalonsEkphrasis.php Le Salon se trouve de la sorte jouer un rÙle fondamental dans la politique artistique de l Académie et, de là, dans les orientations esthétiques que prend l école française de peinture : même s il ne le fait qu après coup, et sans incidence directe sur ses choix, le public commente les décisions de l Académie et exerce en quelque sorte un contrÙle de qualité. L institution connaît cependant une première crise au milieu des années 1770, les peintres accusant de tyrannie le jury qui accepte ou refuse les tableaux. La hiérarchie officielle des genres instituée par l Académie depuis la fin du dix-septième siècle place au sommet la peinture d histoire, aristocratique et religieuse, n accorde au mieux que le second rang à la peinture de genre, bourgeoise, et place tout en bas de l échelle la peinture décorative (paysages, natures-mortes) et les portraits. Or la réalité économique du marché de l art est tout autre : alors que les commandes princières se font rares, que l Église même ralentit ses programmes, la demande des bourgeois enrichis explose, pour décorer des espaces privés, intimes, sans ostentation ni apparat. Pastorales légères, peintures de genre, paysages et portraits occupent bientÙt l essentiel du marché. Le glissement de l apparat à la décoration est général, quel que soit d ailleurs le statut social du commanditaire. Le divorce est donc croissant entre les exigences esthétiques de l Académie et tant la production réelle des peintres, que le goût et la consommation des commanditaires et des amateurs d art. Diderot, dans cette révolution esthétique, adopte une position moyenne, non sans ambiguÔtés : « Il me semble que la division de la peinture en peinture de genre et peinture d histoire est sensée, mais je voudrais qu on eût un peu plus consulté la nature des choses dans cette division. On appelle du nom de peintres de genre indistinctement et ceux qui ne s occupent que des fleurs, des fruits, des animaux, des bois, des forêts, des montagnes, et ceux qui empruntent leurs scènes de la vie commune et domestique ; Tesniere, Wowermans, Greuze, Chardin, Loutherbourg, Vernet même sont des peintres de genre. Cependant je proteste que Le Père qui fait la lecture à sa famille, Le Fils ingrat et Les Fiançailles de Greuze, que les Marines de Vernet qui m offrent toutes sortes scènes de la vie commune et domestique , sont autant pour moi des tableaux d histoire que Les Sept Sacrements de Poussin, La Famille de Darius de Le Brun, ou la Susanne de Vanloo. » (Essais sur la peinture, « Paragraphe sur la composition » ; VERS 506 ; DPV XIV 398-399.) [1] Diderot ne remet pas fondamentalement en question la hiérarchie des genres et fustigera les peintres qui font commerce, fort lucrativement à vrai dire, d une peinture décorative et légère très éloignée des exigences classiques de grandeur et de sublime. Le philosophe plaide plutÙt pour un aménagement de cette hiérarchie, pour l élargissement de la peinture d histoire aux scènes paysannes d un Greuze, aux bords de mer grouillants de vie d un Vernet. Le critère discriminant pour parler de peinture d histoire devient pour Diderot non la référence externe de la peinture à un texte, à une « histoire » consacrée, mais la composition interne de la peinture comme « scène » : « scènes de la vie commune et domestique », « incidents et scènes » d un paysage constituent des peintures d histoire parce qu ils sont constitués comme scènes et théâtralement modélisés. Mais déjà l heure n est plus aux aménagements et aux compromis : une première révolte des peintres se traduit par la présentation d un mémoire au secrétaire de l Académie en 1771 ; en 1775, Restout revient à la charge ; en 1789, la contestation reprend ; en 1793, l Académie est supprimée. Aspect matériel d un Salon À quoi un Salon ressemble-t-il ? Dans le Salon carré du Louvre, qui est exigu pour abriter toute une exposition et contenir autant de visiteurs, les tableaux sont accrochés du sol au plafond. Les gravures sont placées aux embrasures des fenêtres. Les sculptures sont posées au centre de la pièce, sur des tables. uploads/s3/ de-l-ekphrasis-au-journal.pdf
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- Publié le Sep 29, 2022
- Catégorie Creative Arts / Ar...
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