Dossier 3 Les phénomènes propres à la chaîne parlée (phonétique combinatoire) A

Dossier 3 Les phénomènes propres à la chaîne parlée (phonétique combinatoire) Après avoir étudié ce dossier vous saurez : énumérer et spécifier les phénomènes propres à la chaîne parlée analyser les modifications des phonèmes ; distinguer les modifications quantitatives et qualitatives répartir les liaisons en liaisons obligatoires, interdites et facultatives répartir les unités de la langue en syllabes phoniques Plan 1. Syllabe phonique. 2. Modifications quantitatives : a) durée des voyelles ; b) durée des consonnes. 3. Modifications qualitatives : a) assimilation (vocalique et consonantique) ; b) accommodation. 3.Alternances des phonèmes. 4.Liaison vocalique, enchaînement, liaison. Problèmes théoriques En quittant le domaine des phonèmes, unités discrètes, pour celui de la chaîne parlée, on passe de l’ordre du discontinu à celui du continu, où les représentations formelles perdent en netteté. La chaîne parlée se présente comme un continuum à l’intérieur duquel les sons agissent les uns sur les autres. La syllabe phonique C’est le plus petit segment de la chaîne parlée que l’on émet au cours de la prononciation. On peut décrire la syllabe comme une unité d’effort musculaire, une réalité purement articulatoire, sans réelle pertinence linguistique. Cependant l’importance de la syllabe est grande dans toute langue. C’est que toutes les modifications du langage telles l’accommodation, l’assimilation, alternances vivantes s’opèrent tout d’abord à l’intérieur de la syllabe. La versification du français est basée sur le nombre des syllabes. La syllabe dans une langue se définit par trois caractéristiques essentielles : le son qui forme le sommet syllabique, la finale de la syllabe, et les combinaisons de consonnes et de voyelles qui constituent la syllabe-type. La syllabe française est vocalique : il y a autant de syllabes que de voyelles ([paR – tiR], [sók – t{R]). La répartition peut varier légèrement selon les registres, selon le degré de maintien des [E] muets. La syllabe orale est donc loin de toujours reproduire la syllabe graphique. On distingue deux types de structures syllabiques : les syllabes ouvertes, terminées par une voyelle prononcée ([e – le – fÔ$], trois syllabes ouvertes), et les syllabes fermées terminées par une ou plusieurs consonne(s) prononcée(s) ([sók – tœR], deux syllabes fermées). La syllabe-type du français est la syllabe ouverte. Par exemple, dans la phrase : [i – la – bjó$ – vu – ly – Ô$ – paR – le], on constate qu’il y a sept syllabes ouvertes pour une seule syllabe fermée. La fréquence de l’enchaînement consonantique augmente le nombre de syllabes ouvertes (ainsi, les deux premières syllabes de notre phrase sont [i – la], et non [il – a] comme le ferait attendre la graphie) : la syllabation ne s’arrête pas à la frontière du mot. La syllabation se fait selon les principes suivants : — toute consonne intervocalique forme syllabe avec la voyelle qui la suit, aussi bien à l’intérieur du mot qu’à l’intérieur du groupe ; — un groupe de deux consonnes se sépare en deux syllabes ([sek – t{R]), sauf si la seconde est un [R] ou un [l] ([a – plik], [a – pRÔ$dR]) ou une semi-voyelle ([pO$ – pje]) ; — un groupe de trois consonnes avec un [s] au milieu subit une coupe syllabique après le [s] : [Ops – takl] (obstacle). Deux facteurs contribuent à augmenter le nombre des syllabes fermées : la fréquence des emprunts (speaker, spoutnik...) et l’augmentation des chutes des [E] muets. Le français se caractérise par son aspect très lié (surtout au niveau soigné) : les jonctures (ou jointures) sont faiblement marquées, et la différence est mince, du point de vue de la syllabation, entre les petits trous et les petites roues. Le schéma canonique. La forme syllabique du français est très variée : on trouve des syllabes en V – CV – CCV – CCCV ([stRa – bism]), VC – VCC – CVC – CCVC – CVCC – CCVCC – CCCVCC ([stRikt], strict). Cependant, la fréquence du type CV est nettement supérieure à celle de tous les autres. Un certain nombre de phénomènes contribuent à généraliser l’alternance CVCV, au détriment des autres types de syllabes : — la liaison, l’élision et l’enchaînement (voir ces mots) ; — l’apparition de la forme masculine des déterminants possessifs devant un nom féminin commençant par une voyelle (mon amie) ; — l’emploi d’une forme masculine spécifique pour certains déterminants et adjectifs devant un nom commençant par une voyelle (cet individu, un nouvel ami, le vieil homme) ; — la double forme de certains préfixes, dont l’une est réservée à l’occurrence devant voyelle (me- ou mes- : mésaventure, dé- ou dés- : désillusion) ; — la prononciation [ij] de [j] après deux consonnes ([kRij], [plijÔ$]) ; — l’apparition d’un [t] « euphonique » dans des formes comme a-t-il, va-t-il... ; — la tendance du français de conversation courante à simplifier les groupes consonantiques complexes ([izO$] pour ils ont, [ûesjO$] pour gestion), tendance encore accentuée en français populaire. Néanmoins, les syllabes de type V ne sont pas totalement éliminées ([aeRe], [bay], [ReysiR], [aleosinema]), et l’hiatus n’est pas insupportable : Papa a à aller à Arles. Les modifications des phonèmes Les phonèmes, dans la phrase, exercent les uns sur les autres une influence plus ou moins grandes et subissent diverses modifications. Le caractère du son varie suivant qu’il est accentué ou non. Ces modifications peuvent avoir un caractère quantitatif (la durée des voyelles et des consonnes) et qualitatif (l’assimilation et l’accommodation). Les modifications quantitatives La durée des voyelles. En plus de sa caractéristique qualitative, toute voyelle possède une caractéristique quantitative. Il s’agit de la durée relative du son : 1. de la durée d’une voyelle par rapport à une autre dans la même position ; 2. de la durée de la même voyelle dans différentes positions ; 3. de la durée qui distingue à elle seule deux voyelles de même timbre. 1. Dans le premier cas, il s’agit de la durée qui accompagne la différence de timbre (les deux caractéristiques constituent alors les traits pertinents du phonème) telles, par exemple, les voyelles françaises [o], [õ], [Ô] et toutes les nasales qui possède la longueur dite historique. La longueur historique n’a-t-elle pas quelque valeur phonologique puisqu’elle constitue un trait pertinent qui va de pair avec le timbre d’une voyelle ? Examinons les faits. La longueur historique complète n’apparaît qu’en syllabe fermée à la fin du mot, elle diminue dans la syllabe inaccentuée (syllabe prétonique) précédant immédiatement la syllabe accentuée pour disparaître dans la troisième syllabe à partir de la fin du mot : longue [‘lO$:g], allonger [alO$‘ûe], longitude [lO$ûi‘tyd]. Comme la durée vocalique est déterminée en français par les conditions combinatoires, c’est-à-dire par la position du son dans la chaîne parlée (l’accent, le caractère de la syllabe), elle n’a plus de valeur phonologique à elle seule. Se combinant avec le timbre de la voyelle, elle constitue une des caractéristiques du son en question. 2.Le deuxième cas traite des voyelles qui peuvent recevoir en certaines positions, d’ailleurs bien déterminées, une marque quantitative supplémentaire, telles les voyelles françaises en syllabe fermée accentuée devant les consonnes allongeantes [r,v,û,z] à la fin absolue du mot en fin de syntagme : frère, cave, loge, grise. La longueur rythmique est une durée phonétique et non phonologique parce qu’elle se réalise dans une position déterminée et notamment, en syllabe accentuée fermée devant une des quatre consonnes allongeantes se trouvant à la fin absolue du mot en fin de syntagme : rouge-gorge [ruû‘gOrû] ® un cahier rouge [{$kaje‘ru:û]. 3.En troisième lieu, il s’agit d’une longueur à valeur phonologique puisqu’il n’y a qu’elle seule qui oppose deux sons dont les timbres sont identiques. Tel est, par exemple, le cas des voyelles de l’allemand [a – Ô] : die Stadt (avec un [Ô] bref) — der Staat (avec un [Ô] long). Mais il n’existe pas de longueur phonologique en français contemporain. Les oppositions [ó–ó:] et [{–{$] n’existent plus. La durée des consonnes. La durée (la longueur) des consonnes (un trait quantitatif) ne présente pas de valeur phonématique en style non affecté en français, d’ailleurs beaucoup de langues n’utilisent pas de consonnes longues. En général, on peut dire que la consonne sourde est plus longue que la sonore. Mais, dans certaines conditions, la consonne est susceptible de devenir 2 ou 3 fois plus longue qu’elle ne l’est d’ordinaire. C’est le cas des consonnes frappées de l’accent d’insistance, dit accent emphatique : m:isérable ! m:agnifique ! Il importe de ne pas confondre une consonne longue avec une consonne double ou géminée. Celle-ci est la combinaison de deux consonnes identiques (à cet endroit se réalise la coupe syllabique ou, parfois, morphologique). À la différence du russe, le français utilise fort peu de géminée. À part la gémination du [r] au futur et au conditionnel des verbes mourir et courir, la géminées sont dues à la chute d’un e instable à l’intérieur d’un mot (nett(e)té, désir(e)rait, extrêm(e)ment, etc.) ou bien à la rencontre de deux mots dans la chaîne parlée (il l’a vu, grande dette, etc.). Les modifications qualitatives L’Accommodation. On appelle accommodation le changement que subissent des sons de nature différente (des consonnes et des voyelles) uploads/s3/ dossier-3-les-phenomenes-propres-a-la-chaine-parlee-phonetique-combinatoire.pdf

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