L'Âme du Poète Clair de lune intellectuel Mon âme Le vaisseau d'or Le Jardin de

L'Âme du Poète Clair de lune intellectuel Mon âme Le vaisseau d'or Le Jardin de l'Enfance Clavier d'antan Devant mon berceau Le regret des joujoux Devant le feu Premier remords Ma mère Devant deux portraits de ma mère Le talisman Le jardin d'antan La fuite de l'enfance Ruines Les angéliques Dans l'allée Le berceau de la muse Amours d'élite Rêve d'artiste Caprice blanc Placet Le robin des bois Le mai d'amour La belle morte Thème sentimental Amour immaculé Le missel de la morte Châteaux en Espagne Chapelle de la morte Beauté cruelle Les Pieds sur les Chenets Rêves enclos Soir d'hiver Five O'clock Pour Ignace Paderewski Gretchen la pâle Lied fantasque Le salon Le violon brisé Rondel à ma pipe Chopin Hiver sentimental Violon d'adieu Mazurka Frisson d'hiver Soirs d'octobre Virgiliennes Automne Nuit d'été Rêve de Watteau Tarentelle d'automne Presque berger Jardin sentimental Les petits oiseaux Violon de villannelle Bergère Eaux-Fortes Funéraires Les vieilles rues Soirs d'automne Les corbeaux Le corbillard Le perroquet Banquet macabre Confession nocturne Le tombeau de la négresse Le cercueil Petite Chapelle Chapelle dans les Bois Sainte Cécile Billet Céleste Rêve d'une nuit d'hôpital Le cloître noir Les communiantes Les déicides La mort du moine Diptyque Chapelle ruinée La réponse du crucifix Les carmélites Notre-Dame des Neiges Prières du soir Pastels et Porcelaines Fantaisie créole Les balsamines Le roi du souper Paysage fauve Éventail l'antiquaire Les camélias Le saxe de famille Le soulier de la morte Vieille romanesque Vieille armoire Potiche Vêpres Tragiques Musiques funèbres l'homme aux cercueils Marches funèbres Le puits hanté l'idiote aux cloches Le boeuf spectral Tristia Le lac l'Ultimo angelo del Correggio Noël de vieil artiste La cloche dans la brume Christ en croix Sérénade triste Tristesse blanche Roses d'octobre Mon sabot de Noël La passante Sous les faunes Ténèbres Le romance du vin L'Âme du Poète Clair de lune intellectuel Ma pensée est couleur de lumières lointaines, Du fond de quelque crypte aux vagues profondeurs. Elle a l'éclat parfois des subtiles verdeurs D'un golfe où le soleil abaisse ses antennes. En un jardin sonore, au soupir de fontaines, Elle a vécu dans les soirs doux, dans les odeurs; Ma pensée est couleur de lumières lointaines, Du fond de quelque crypte aux vagues profondeurs. Elle court à jamais les blanches prétentaines, Au pays angélique où montent ses ardeurs, Et, loin de la matière et des brutes laideurs, Elle rêve l'essor aux célestes Athènes. Ma pensée est couleur de lunes d'or lointaines. Mon âme Mon âme a la candeur d'une chose étoilée, D'une neige de février... Ah ! retournons au seuil de l'Enfance en-allée, Viens-t-en prier... Ma chère, joins tes doigts et pleure et rêve et prie, Comme tu faisais autrefois Lorsqu'en ma chambre, aux soirs, vers la Vierge fleurie Montait ta voix. Ah ! la fatalité d'être une âme candide En ce monde menteur, flétri, blasé, pervers, D'avoir une âme ainsi qu'une neige aux hivers Que jamais ne souilla la volupté sordide ! D'avoir l'âme pareille à de la mousseline Que manie une soeur novice de couvent, Ou comme un luth empli des musiques du vent Qui chante et qui frémit le soir sur la colline ! D'avoir une âme douce et mystiquement tendre, Et cependant, toujours, de tous les maux souffrir, Dans le regret de vivre et l'effroi de mourir, Et d'espérer, de croire... et de toujours attendre ! Le vaisseau d'or Ce fut un grand Vaisseau taillé dans l'or massif: Ses mâts touchaient l'azur, sur des mers inconnues; La Cyprine d'amour, cheveux épars, chairs nues, S'étalait à sa proue, au soleil excessif. Mais il vint une nuit frapper le grand écueil Dans l'Océan trompeur où chantait le Sirène, Et le naufrage horrible inclina sa carène Aux profondeurs du Gouffre, immuable cercueil. Ce fut un Vaisseau d'or, dont les flancs diaphanes Révélaient des trésors que les marins profanes, Dégoût, Haine et Névrose, entre eux ont disputés. Que reste-t-il de lui dans la tempête brève ? Qu'est devenu mon coeur, navire déserté ? Hélas ! Il a sombré dans l'abîme du Rêve !... Le Jardin de l'Enfance Clavier d'antan Clavier vibrant de remembrance, J'évoque un peu des jours anciens, Et l'Eden d'or de mon enfance Se dresse avec les printemps siens, Souriant de vierge espérance Et de rêves musiciens... Vous êtes morte tristement, Ma muse des choses dorées, Et c'est de vous qu'est mon tourment; Et c'est pour vous que sont pleurées Au luth âpre de votre amant Tant de musiques éplorées. Devant mon berceau En la grand'chambre ancienne aux rideaux de guipure Où la moire est flétrie et le brocart fané, Parmi le mobilier de deuil où je suis né Et dont se scelle en moi l'ombre nacrée et pure; Avec l'obsession d'un sanglot étouffant, Combien ma souvenance eut d'amertume en elle, Lorsque, remémorant la douceur maternelle, Hier, j'étais penché sur ma couche d'enfant. Quand je n'étais qu'au seuil de ce monde mauvais, Berceau, que n'as-tu fait pour moi tes draps funèbres ? Ma vie est un blason sur des murs de ténèbres, Et mes pas sont fautifs où maintenant je vais. Ah ! que n'a-t-on tiré mon linceul de tes langes Et mon petit cercueil de ton bois frêle et blanc, Alors que se penchait sur ma vie, en tremblant, Ma mère souriante avec l'essaim des anges ! Le regret des joujoux Toujours je garde en moi la tristesse profonde Qu'y grava l'amitié d'un adorabe enfant Pour qui la mort sonna le fatal olifant, Parce qu,elle était belle et gracieuse et blonde. Or, depuis je me sens muré contre le monde, Tel un prince du Nord que son Kremlin défend, Et, navré du regret dont je suis étouffant, L'Amour comme à sept ans ne verse plus son onde. Où donc a fui le jour des joujoux enfantins, Lorsque Lucile et moi jouions aux pantins Et courions tous les deux dans nos robes fripées ? La petite est montée au fond des cieux latents, Et j'ai perdu l'orgueil d'habiller ses poupées... Ah ! de franchir sitôt le portail de vingt ans ! Devant le feu Par les hivers anciens, quand nous portions la robe, Tout petits, frais, rosés, tapageurs et joufflus, Avec nos grands albums, hélas ! Que l'on n'a plus, Comme on croyait déjà posséder tout le globe ! Assis en rond, le soir, au coin de feu, par groupes, Image sur image, ainsi combien joyeux Nous feuilletions, voyant, la gloire dans les yeux, Passer de beaux dragons qui chevauchaient en troupes ! Je fus de ces heureux d'alors, mais aujourd'hui, Les pieds sur les chenets, le front terne d'ennui, Moi qui me sens toujours l'amertume dans l'âme, J'aperçois défiler, dans un album de flamme, Ma jeunesse qui va, comme un soldat passant, Au champ noir de la vie, arme au poing, toute en sang ! Premier remords Au temps où je portais des habits de velours Eparses sur mon col roulaient mes boucles brunes. J'avais de grands yeux purs comme le clair des lunes; Dès l'aube je partais, sac au dos, les pas lourds. Mais en route aussitôt je tramais des détours, Et, narguant les pions de mes jeunes rancunes, Je montais à l'assaut des pommes et des prunes Dans les vergers bordant les murailles des cours. Etant ainsi resté loin des autres élèves, Loin des bancs, tous un mois, à vivre au gré des rêves, Un soir, à la maison craintif comme j'entrais, Devant le crucifix où sa lèvre se colle Ma mère était en pleurs !... O mes ardents regrets ! Depuis, je fus toujours le premier à l'école. Ma mère Quelquefois sur ma tête elle met ses mains pures, Blanches, ainsi que des frissons blancs de guipures. Elle me baise au front, me parle tendrement, D'une voix au son d'or mélancoliquement. Elle a les yeux couleur de ma vague chimère, O toute poésie, ô toute extase, ô Mère ! A l'autel de ses pieds je l'honore en pleurant, Je suis toujours petit pour elle, quoique grand. Devant deux portraits de ma mère Ma mère, que je l'aime en ce portrait ancien, Peint aux jours glorieux qu'elle était jeune fille, Le front couleur de lys et le regard qui brille Comme un éblouissant miroir vénitien ! Ma mère que voici n'est plus du tout la même; Les rides ont creusé le beau marbre frontal; Elle a perdu l'éclat du temps sentimental Où son hymen chanta comme un rose poème. Aujourd'hui je compare, et j'en suis triste aussi, Ce front nimbé de joie et ce front de souci, Soleil d'or, brouillard dense au couchant des années. Mais, mystère de coeur qui ne peut s'éclairer ! Comment puis-je sourire à ces lèvres fanées ? Au portrait qui sourit, comment puis-je pleurer ? Le talisman Pour la lutte qui s'ouvre au seuil des mauvais jours Ma mère m'a fait don d'un petit portrait d'elle, Un gage auquel je suis resté depuis fidèle Et qu'à mon cou suspend un cordon de velours. "Sur l'autel de ton coeur(puisque la mort m'appelle) Enfant je veillerai, m'a-t-elle dit, toujours. Que ceci chasse au loin uploads/s3/ emile-nelligan-et-son-oeuvre-pdf.pdf

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