Figures de l'autre. Imaginaires de l'altérité et de l'altération. Colloque inte

Figures de l'autre. Imaginaires de l'altérité et de l'altération. Colloque international à Angers, juillet 2007. CNAM-IFORIS. Supplément au volume paru en 2010 aux éditions Teraédre. Alors que les politiques s’interrogent sur nos identités collectives, alors que le refus de l’Autre, -si ce n’est sa relégation, quand il diffère trop de nous-, s’inscrit dans des programmes technocratiques et singulièrement inhumains faisant écho à des pratiques que l’on croyait d’un autre siècle, les Figures de l’Autre évoluent, se modifient dans les domaines du soin, de la création, de l’urbanisme, du travail social, de l’éducation, du politique… La réflexion première des promoteurs de ce colloque international partait d’une interrogation sur l’émergence des imaginaires sociaux à l’oeuvre dans la “crise des banlieues”, souvent mal perçue, entre 1 1 relégation, stigmatisation et formes vécues comme chaos. Là où le territoire est enfermement et en même temps refuge, quand les espaces du Travail et de l’Urbain apparaissent comme voués à la compétition forcenées vers les cimes de hiérarchies dont la plupart ignoreront toujours les voies d’accès, quand les significations imaginaires sociales ne sont plus partagées, la crise s’invite et les dieux les plus violents font leur ré apparition… L’imaginaire est donc ici interrogé comme vide créateur et instituant, magma, dans des approches croisées entre terrains et universités entre intervention sociale et enseignements, entre engagement et implication, car il est transversalité touchant à la fois à notre animalité et à l’humain interpersonnel, et ses productions ne cessent d’interroger le rationnel. La méthode de partage mise en œuvre ici fait la part belle à l’étude de cas tandis que les conférences de voix autorisées venant de plusieurs disciplines (philosophie, psychologie, anthropologie, médecine, histoire linguistique, économie, sciences de l’Education) ponctuent les travaux pour 2 2 préciser des notions, engager des débats, provoquer des réflexions inédites favorisant des approches inductives et interrogeant la complexité des situations en confrontant des points de vue pluriels, voire discordants. En effet, comme l’avait bien vu Jérôme Burckhardt, « il est, dans le refus de la complexité, le germe de toute tyrannie ». 3 3 Sommaire. Altérités assimilées ; altérités altérées, la définition de soi comme maîtrise/altération de l’autre et du monde. Abdelhak Bellakhdar. p. 4. Les jeunes des banlieues entre imaginaire collectif et valeurs républicaines. Constantin XYPAS. p.31. Les langues comme facilitateurs de la rencontre de l’autre, Richard Lescure. p.41. Les figures de l’autre chez Cornélius Castoriadis. Georges Bertin. p. 61. Figures de l’Autre dans le politique, synthèse de l’atelier. p.74. Figures de l’Autre dans la création artistique, synthèse de l’atelier. p.79. 4 4 5 5 Altérités assimilées ; altérités altérées, la définition de soi comme maîtrise/altération de l’autre et du monde. Quelques écrits de Saint- John Perse.1 Abdelhak Bellakhdar, professeur à l’Université de Rabat, responsable du Groupe de Recherche et d’Action pour la Formation et l’Enseignement (Grafe), Maroc. Saint John Perse. Lors de la table ronde tenue au Centre National des Lettres, à Paris, en avril 1987, dans le cadre du centenaire de la naissance de Saint-John Perse, il y eut une altération du dialogue entre participants. L’événement en soi fut sans ampleur, et je suis à peu près sûr que les antagonistes du moment en ont oublié jusqu’au souvenir. Mais, à mon humble avis, il reste assez significatif, parce que le schéma se répète, au sein même de ce qui est voué au co- 1 T outes les citations de Perse réfèrent à Saint-John Perse :-Œuvres complètes. Paris, Gallimard [Coll. Bibliothèque de La Pléiade], 1982, deuxième édition ; désormais noté OC. 6 6 logos, aux paroles-savoirs mis ensemble. M. Abdewahhab Meddeb, grand poète et traducteur de textes réputés fondamentaux, avait souligné dans son hommage, et avec raison, des aspects de la thématique persienne : héros-barde, mystique orientale liée au désert, puissance du verbe, nomadisme et pérégrination, mouvement de conquête (de soi, de l’autre…) vers l’ouest, etc. ; des thèmes en somme qui reviennent autrement sous la plume des critiques français autour de Perse. Ce qui a pu gêner, c’est que Meddeb aie énuméré tout cela d’un seul coup, et sous caution d’une arabité soutenue et assumée. C’est un choix qui se défend : Il s’agit effectivement là de quelques thèmes fondamentaux de la poésie arabe, dont Perse possédait2, en traductions, un nombre non négligeable de textes. Mais c’est également une option que légitime la seule universalité citationnelle de l’œuvre de Perse : ce sont là aussi des thèmes que l’on peut retrouver sous la plume 2 La bibliothèque de Perse, dont les titres sont d’ailleurs mis en ligne, signale les ouvrages, qui comptent beaucoup pour les connaisseurs de cette aire culturelle, par exemple : • MASSIGNON Louis (publié par) : Quatre textes inédits relatifs à la biographie d'Al Hosayn - Ibn Mansour Al Hallaj. Libraire de l’Orientaliste, Geuthner, 1914, in-4, 37- 86 pp. • LYDIS Mariette LE CORAN, Quarante deux miniatures. Paris, Société du Livre d’Art ancien et moderne, 1927. • GAUTIER E. F. : Les Siècles obscurs du Maghreb ; L'islamisation de l'Afrique du nord. Paris, Payot, 1927 . 432 p., photographies, cartes, annotations. • MASSIGNON Louis : L’influence de l’Islam au Moyen-Âge sur la fondation et l'essor des banques juives. Damas, Bulletin d’Etudes Orientales, [1931]. 12 p. • HALLAJ al-Husayn ibn Mansûr (traduit par MASSIGNON Louis) : Diwan. Paris, Cahiers du Sud, 1955. 159 p. etc. 7 7 de poètes issus de différentes cultures ; les gens du Gobi ou du Gange3, tout comme ceux qui mêlent le cours de leur vie à celui du Nil ou du Mississippi … Il ne faut donc pas se leurrer non plus : une étude très sérieuse doit être menée sur la relation de ces sources, et de bien d’autres, avec son œuvre. Pour le moment, restent l’évidence de la citation transposée et la culture générale. Meddeb n’avait donc raison que par transitivité. Celui, il en faut toujours un pour ce genre de mission lors d’un colloque, en qui s’est focalisé le trouble fut Monsieur Pierre Oster Soussouev. D’un ton très poli, mais assez ferme (et cela est anglais), il a d’emblée considéré, d’un droit pleinement transitif, une partie des dires de Meddeb comme hérétiques et de rétorquer, en substance, que Perse est bien français, usant du génie de la langue française, pour dire l’âme française et que, finalement, il y aurait peu de poètes modernes qui pouvaient se réclamer avec autant de légitimité de Lamartine, ou de Victor Hugo que Perse. Ce sur quoi Edouard Glissant, de la tribune, Hédi Kaddour, 3 Lorand Gaspar consacrant un article intitulé :- De la Poétique de Saint-John Perse, de la conception de l’art en Chine ancienne, ajoute un amusant (rapports imaginés). Pourtant son texte a été reçu comme un vrai travail d’érudit, et ses rapports imaginés sont cités comme autant de preuves réelles de l’Universalité de Perse, déjà cet article a été publié avec une présentation de Henry Colliot : ‘’ Le Dialogue Claudel Saint-John Perse’’. Aix-en-Provence, contribution de la fondation Saint-John Perse aux rencontres de Brangues, 1981 : Claudel, Saint-John Perse, Segalen, Extrême-Orient/Poésie [Coll. ’’Hommages’’ de la Fondation], sd, sl, 16 p. Il est vrai que Perse a vécu en Chine, et qu’il est resté très attaché à sa culture, mais depuis les publications savantes de ses œuvres et de ses correspondances, ses allusions et citations sont autant livresques que vécues, malgré ce qu’il en dit dans la lettre à Larbaud, citée plus bas. 8 8 Henriette Levillain et Jean Bollack4 de l’assistance, ont eu à souligner l’universalité, du moins votive, de Perse et, manière de concilier les propos autant que les hommes, à rappeler que la francité tient de son universalité et réciproquement. Antoine Raybaud rappelait finement que Meddeb n’a jamais prétendu le contraire. « Nos œuvres vivent loin de nous dans leurs vergers d'éclairs.5 » L’événement en soi est si peu important, dans l’optique de la compréhension de l’œuvre de Perse. Mais il peut revêtir quelque portée quant à l’herméneutique d’une œuvre qui, elle, doit tenir compte de l’impact et des modalités de l’institutionnalisation du sens de l’œuvre : à un moment ou à un autre, fatalement, on décidera d’autorité où doit s’arrêter le sens agréé et où commence le sens ‘’hérétique’’ ou, plus simplement, les interprétations exclues ou refoulées et qui, de toutes les manières, inspirent de l’appréhension, au lieu de participer à compréhension… C’est ce moment qui a été négligé par la critique moderne, occupée à affiner ses ‘’approches’’ et oubliant les amas d’altérités sémiologiques collatérales qu’elle favorise allègrement, sous prétexte plausible de pluralité de 4 Voir son :-Empédocle, Les Origines, introduction, édition, traduction, commentaire (4 vol.), Minuit, 1965. Voir aussi : Françoise E.E Henry :-Saint-Leger Leger traducteur de Pindare. Paris : Gallimard [Publications de la Fondation Saint-John Perse], 1986. 236 p. 5 Chronique, IV. 9 9 lectures, que l’on a très vite confondu avec la pluralité des sens. Participer à la compréhension en subissant un interdit ou une incitation a ses conséquences sur la façon dont se construisent les opinions littéraires, en général, et sur la cristallisation d’une doxa admise autour d’un auteur. Les centres de cultures, les rassemblements uploads/s3/ figures-de-l-x27-autre-ec-hors-theme.pdf

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