Théophile Gautier EUGÈNE DELACROIX VU PAR THÉOPHILE GAUTIER. Un document génére
Théophile Gautier EUGÈNE DELACROIX VU PAR THÉOPHILE GAUTIER. Un document généreusement offert par la société Théophile Gautier http://www.llsh.univ-savoie.fr/gautier/ Textes critiques des Salons et autres écrits esthétiques de Gautier transcrits par Carine Dreuille, dans le cadre d'un mémoire de maîtrise préparé à l'Université Paul Valéry de Montpellier en 1999 sous la direction de François Brunet. Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Courriel: jmt_sociologue@videotron.ca Site web: http://pages.infinit.net/sociojmt Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales" Site web: http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm Eugène Delacroix Vu par Théophile Gautier 2 Cette édition électronique a été réalisée par la Société Théophile Gautier (http://www.llsh.univ-savoie.fr/gautier/) mis en page par Frederick Diot, sous la direction de JeanMarie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi à partir de : Théophile Gautier EUGÈNE DELACROIX VU PAR THÉOPHILE GAUTIER. Une édition électronique réalisée à partir du livre de Théophile Gauthier (1836), la morte amoureuse. Polices de caractères utilisée : Pour le texte: Times, 12 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes libre OpenOffice.org 1.1 sous Linux Debian. Édition complétée le 10 Fevrier 2004 à Bordeaux , France Eugène Delacroix Vu par Théophile Gautier 3 Nous indiquons d'abord le titre du journal d'où provient le fragment, le titre de l'article, la date. Textes revus par François Brunet: l'orthographe et la ponctuation d'époque sont conservées, notamment dans les pluriels en -ans et -ens. Les bizarreries sont confirmées par la mention : sic. Cabinet de lecture," Le Musée Colbert ", 29 mai 1832 Ces trois ouvrages sont là pour représenter l’empire et faire acte de présence ; rien de plus. Passons aux modernes. Eugène Delacroix a exposé quatre petites toiles, deux d’entre elles représentent une femme couchée : le coloris en est admirable, et le ton de la femme dans l’ombre d’une vérité et d’une finesse exquise, transparent sans faire jaspe, solide sans être noir. La France Littéraire, " Salon de 1833 ", mars 1833 M. Delacroix a exposé quelques portraits que, dans son intérêt, nous voudrions bien qu'il eût gardés chez lui ; nous ne reconnaissons le Delacroix que vous savez que dans le Charles-Quint jouant de l'épinette devant un jeune religieux, quoiqu'il y ait de la mollesse dans l'exécution, et un certain affadissement dans la couleur : il règne dans cette toile une mélancolie admirable. La tête du Charles-Quint est d'une philosophie et d'une satiété étonnamment exprimée et sentie. Le jeune religieux est tout un poème. Nous ne doutons pas un instant de M. Delacroix, en dépit du peu de succès qu'il a eu à ce Salon-ci. La France Industrielle, " Salon de 1834 ", avril 1834 Quelle différence entre M. Eugène Delacroix et M. Delaroche ! Le premier est un peintre, un artiste dans la plus grande étendue du mot, l'autre ne sera jamais, quoiqu'on fasse, qu'un ouvrier de talent, qu'un arrangeur assez adroit et rien de plus. Pourtant l'on voit que personne ne parle de M. Delacroix ! qui est, de tous les peintres, celui dont le talent est le plus riche et le plus varié. Les femmes d'Alger ne le cèdent, pour la finesse et le clair obscur, à aucune production des maîtres vénitiens. Il y a dans cette toile plus d'air et de profondeur que dans toutes les peintures que nous ayons vues jusqu'ici. L'harmonie du ton est admirable, et cependant rien n'était plus difficile à obtenir avec des murs recouverts de faïences bariolées, de meubles incrustés, d'étoffes et de broderies des couleurs les plus discordantes du monde ; et cependant aucune de ces perles, aucune de ces dorures n'attirent l'œil plus qu'il Eugène Delacroix Vu par Théophile Gautier 4 ne faut, tout extraordinaire que soit leur éclat. Les femmes sont charmantes et d'une beauté tout orientale ; c'est bien là le coloris frais et mat, la chair fine et grasse de femmes qui ne sortent pas de chez elles. Quelques laissez-aller de dessin déparent malheureusement cette production remarquable à tant d'égards, et qu'une retouche de quelques heures pourrait mettre au-dessus de tout reproche. — Tel qu'il est, ce tableau est un tableau de maître ; car on y trouve une des principales qualités de la peinture poussée jusqu'à la dernière conséquence, je veux dire le coloris. La Bataille de Nancy est un tableau d'un genre tellement différent qu'on pourrait le croire d'un autre peintre. Si grand toutefois que soit son mérite, il n'est pas si totalement arrivé que les femmes d'Alger. Beaucoup de choses sont moins réussies ; mais la figure de Charles-le-Téméraire, sortant du bourbier et se rencontrant avec le chevalier lorrain, qu'il attaque de sa lance absente, n'a pu être conçue et exécutée que par un homme de génie ; et M. Delacroix est un homme de génie parmi tant de peintres qui ne sont que spirituels ; mais l'aspect morne et triste de cette bataille, dans la neige et le brouillard, est admirablement rendu ; mais Géricault seul eût fait des chevaux supérieurs à ceux-là. Le couvent de Dominicains à Madrid nous introduit dans un intérieur d'une telle beauté, que nous le mettons au-dessus de tout ce qu'a fait M. Granet, pour la gravité et la mélancolie de la couleur ; puis ces figures sont autrement vivantes, autrement animées que les maquettes d'ébène et d'ivoire que M. Granet plante au milieu des murs, couleur d'encre, de ses souterrains et de ses églises. La rue de Mékinez nous révèle sous leur côté élégant et poétique, ces Orientaux dont Decamps nous a si étonnamment mis en relief le côté excentrique ; le groupe du coin est d'une grâce toute raphaëlesque. Le portrait de Rabelais est un type retrouvé ; — c'est bien le maître Alcofribas Nasier que nous avions rêvé, — triste sous sa joie comme Molière, comme Cervantes. Et si l'on songe que c'est le même peintre à qui nous devons déjà la barque du Dante, le Tasse dans la prisons des fous, Sardanapale, le massacre de Scio, la liberté de Juillet, le Rodrigue après la bataille (fresque admirable, exécutée en quelques heures chez M. Alexandre Dumas, pour la décoration de son bal) ; le Christ aux Olives, la mort de l'évêque de Liège, le Charles-Quint touchant de l'épinette à Saint-Just, l'on est en droit de s'étonner que sa réputation ne soit pas plus grande ; mais c'est que le génie est moins facile à comprendre que le talent ; pour comprendre le génie, il faut presque du génie ; pour comprendre le talent, une intelligence même médiocre est suffisante. Voilà pourquoi M. Delaroche a plus d'admirateurs que M. Delacroix, bien qu'à nos yeux il lui soit Eugène Delacroix Vu par Théophile Gautier 5 très inférieur en mérite. Nous osons à peine dire qu'un tableau a été refusé à M. Delacroix par le jury. Ariel, " Salon de 1836 ", mercredi 13 avril 1836 Le Saint Sébastien de M. Delacroix est la plus belle page du Salon. C'est de la vraie et grande peinture. — M. Delacroix comprend parfaitement la portée de son art, car c'est un poète en même temps qu'un homme d'exécution. Il ne fait retourner la peinture ni aux puérilités gothiques ni aux radoteries pseudo- grecques. Son style est moderne et répond à celui de Victor Hugo dans les Orientales: c'est la même fougue et le même tempérament. — Le Sardanapale ressemble singulièrement au Feu du ciel, le Massacre de Scio à la Bataille de Navarin ; les deux odes sont peintes comme les deux toiles. Une crudité fauve et splendide fait ressortir tous les tons, la touche a l'ardeur furieuse de la phrase. Il semble voir défiler à travers les strophes, des troupeaux de cavales balayant le sol de leurs crinières rousses ; la peinture m'a fait l'effet de piaffer et de hennir. — M. Delacroix dessine la vie et le mouvement comme personne ne l'a fait avant lui : aussi ses chevaux sont-ils aussi beaux que ceux de Géricault et ses tigres supérieurs à ceux de Barye. — Il n'est pas de genre où M. Delacroix n'ait laissé son empreinte : la facilité et l'universalité banale de M. Horace Vernet, dont on fait tant de bruit, ne sont rien en comparaison. M. Delacroix a fait des batailles, des tableaux de sainteté, des scènes populaires, des sujets orientaux, des costumes, des animaux, des grandes machines, des toiles de chevalet, des illustrations pour des poètes, et il a toujours égalé, sinon dépassé, les plus illustres maîtres dans chaque spécialité. Le Saint Sébastien est à la hauteur de tout ce que M. Eugène Delacroix a exposé de mieux ; lui seul sait imprimer à un sujet religieux cette austérité et cette mélancolie qui distingue les anciens peintres. — Son Christ au Jardin des Oliviers est peut-être le plus beau tableau de sainteté moderne, et rien n'égale l'ineffable douleur que respire le groupe des anges qui occupent le coin supérieur du tableau. Le corps du saint où tremblent encore les flèches barbelées des uploads/s3/ eugene-delacroix-theophile-gautier 1 .pdf
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- Publié le Fev 19, 2022
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