UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES Faculté de philosophie et lettres Langues et litt

UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES Faculté de philosophie et lettres Langues et littératures françaises et romanes ANNÉE ACADÉMIQUE 2007-2008 LA FÉMINISATION Les féminins qui posent problème DHAINAUT Emilie MOENS Nolwenn Travail réalisé dans le cadre du cours : Grammaire descriptive II (Roma-B-304) 2 Introduction Accord du participe passé, concordance des temps,… La réputation du français n’est plus à faire : c’est une langue complexe et difficile. La féminisation n’échappe pas à la règle. Inconstante, variable, voire illogique, elle fut l’objet de nombreux débats, suivis de diverses tentatives de réformes. Cependant, malgré décret, arrêté et autres recommandations, certains féminins résistent toujours. Quels sont ces féminins qui posent problèmes ? En quoi sont-ils problématiques ? Le sont-ils réellement ? Autant de questions auxquelles ce travail tentera d’apporter une réponse, au travers d’exemples choisis bien évidemment pour leur forme féminine à problème mais également pour leur caractère actuel. Ils seront, dans la mesure du possible, des termes courants qui confrontent le locuteur de tous les jours à des situations d’énonciation gênantes. Tirés, pour une grande majorité1, de la liste mise à disposition des internautes par la Communauté française de Belgique, ils seront parfois vieillis, parfois plus « jeunes », mais tous, pour une raison ou l’autre, fuient les règles ou la logique. 1 Une infime partie des exemples ne figurent pas dans cette liste et ont été retenus à partir d’expressions entendues au quotidien. 3 1. Les féminins et leur formation grammaticale En tout premier lieu, il est important de rappeler les règles de féminisation des noms, ce qui pourra nous aider à fournir des explications plus tard dans notre travail sans devoir rappeler systématiquement les règles grammaticales de féminisation. Différents cas de figure s'offrent à nous. Tout d'abord, abordons les masculins qui se terminent par une voyelle. Si le masculin se termine par un –e, la forme féminine est identique à la forme masculine. Si le masculin se termine par la lettre –a ou –o, alors le féminin garde cette forme. Ensuite, abordons les masculins qui se terminent par une consonne. En règle générale, au masculin est adjoint un –e pour former le féminin de celui-ci. Il arrive que des changements orthographiques aient lieu, comme l'apparition d'un – è ou encore un redoublement consonantique. Par exemple : ouvrier – ouvrière / pharmacien – pharmacienne. Lorsque le masculin se termine par –eur, trois cas de figure sont envisageables:  -euse pour les noms ayant un rapport sémantique avec le verbe correspondant ex. : vendeur – vendeuse  forme identique s'il n'y a aucun rapport sémantique avec un verbe ex. : professeur – professeur  des cas particuliers peuvent apparaître comme pour ambassadrice 4 Lorsque le masculin se termine par –teur, deux cas de figure peuvent apparaître:  –teuse pour les noms ayant un lien sémantique avec le verbe correspondant, à condition que celui-ci comprenne un –t ex. : acheteur – acheteuse  des cas particuliers existent comme éditeur – éditrice. Cette forme apparaît lorsqu'il n'existe pas de verbe correspondant ou lorsque celui-ci ne contient pas de –t, comme pour directeur – directrice. Enfin, abordons la féminisation des noms d'origine étrangère. De manière générale, le mot est francisé et suit les règles de féminisation classique de la langue française. Pour des termes comme tennisman, le français préfère la formule joueuse de … à tenniswoman2. 2 Toutes ces règles sont tirées du site officiel de la Communauté Française de Belgique, accessible à l'url suivant : http://www2.cfwb.be/franca/femini/feminin.htm, consulté le 30 novembre 2007 5 2. L’acceptabilité socioculturelle 2.1. Les féminins Le premier point sur lequel nous allons nous pencher dans ce travail est l'acceptabilité socioculturelle que peuvent rencontrer des mots féminisés. Si certains masculins sont tout à fait acceptés dans nos contrées, il n'en est pas de même pour leur forme féminine. Pour illustrer plus en profondeur notre propos, nous nous servirons d'exemples éloquents. Partons tout de suite d'un premier exemple : assassin. D'après la règle générale énumérée précédemment, s'agissant d'un masculin se terminant par une consonne, seul un –e devrait être ajouté. La forme obtenue, selon la règle, est donc assassine. Un double problème apparaît immédiatement : le féminin assassine a pour homographe la forme de l'indicatif présent 3e personne du singulier, ainsi que l'adjectif féminin formé sur assassin. Quant au degré d'acceptabilité du nom assassine en tant que féminin, il est peu élevé, comme nous le démontrent les trois exemples suivants : Cette femme est une assassine. *** Cette femme est une assassin. Cette femme est un assassin. Les 2e et 3e propositions sont celles qui ont le degré d'acceptabilité le plus élevé à nos yeux, privilégiant de la sorte l'épicène assassin. Assassin n'est pas le seul mot à poser un problème quant à sa féminisation. Le terme barbier est difficilement féminisable. Un barbier est « celui dont le 6 métier était de faire la barbe au rasoir à main3 ». Dans le Nouveau Petit Robert 1996, aucune forme féminine n'est attestée pour barbier. D'un point de vue socioculturel, ce mot, souvent utilisé dans des temps antérieurs au nôtre (le démontre d'ailleurs le Robert qui spécifie bien que le terme barbier est un terme ancien), est essentiellement réservé à la gente masculine, une des raisons pour laquelle l'attestation féminine n'existe pas, même si le féminin barbière, d'un point de vue formel, est tout à fait acceptable. Dans la même veine, nous pouvons nous intéresser au terme cocher. En toute logique, le féminin de cocher devrait être cochère. C'est en tout cas ce que le site de la Communauté française de Belgique atteste. Le problème rencontré par ce féminin est double. D'une part, le féminin cochère est peu courant. Un cocher est « celui qui conduit une voiture à cheval4 », pratique très rare au XXIe siècle, où tout le monde se déplace en voiture ou en transports en commun. Notons que, comme pour le métier de barbier, il nous parait plus logique d'attribué ce métier à la gente masculine. Verriez-vous une femme conduire une voiture à cheval ? Si de nos jours, cette situation ne nous étonnerait guère, cela paraissait surréaliste au xixe siècle, à l'heure où l'émancipation féminine n'existait pas telle que nous la connaissons aujourd'hui. D'autre part, le terme cochère est davantage connu dans l'expression porte cochère pour désigner une porte dont les dimensions permettent l’entrée d’une voiture dans la cour d'un bâtiment5. D'ailleurs, le Robert n'explique le terme cochère que dans ce sens. Un autre féminin qui pose problème, et dans un registre différent des exemples précédents, est le féminin de dictateur. Nous trouvons, comme féminin, dictatrice, suivant la règle de la féminisation des masculins en –teur, énumérée dans le point 1. Le problème posé ici est lié à l'acceptabilité socioculturelle du 3 Le Nouveau Petit Robert, sous la direction de Josette Rey-Debove et Alain Rey, Paris, 1996, s.v. barbier 4 Le Nouveau Petit Robert, sous la direction de Josette Rey-Debove et Alain Rey, Paris, 1996, s.v. cocher 5 Ibid. s.v. cochère 7 mot. De nouveau, comme pour les exemples précédents, ce terme est davantage utilisé pour la gente masculine, surtout dans le sens de « dictateur d'un pays », en référence aux grands dictateurs du XXe siècle comme Hitler, Pinochet, Mao Zedong, Mussolini ou encore Franco. Le féminin dictatrice est plus communément utilisé dans des formules comme cette femme est une véritable dictatrice lorsque nous parlons d'une femme très autoritaire au sein d'un couple. Dans la même catégorie, prenons l'exemple d'officier. Le féminin officière est tout à fait correct. D'un premier abord, le terme officière peut nous paraître difficile à entendre. Pourtant, il n'est pas rare de voir une femme exercer la fonction de militaire et donc pourquoi pas celle d'officière. Pour soldat, même si le terme soldate est attesté, son emploi reste incertain. En effet, l'épicène nous semble plus approprié : Le soldat Marie La soldat Marie * La soldate Marie *** Passons à un autre registre. Le féminin de valet n'existe pas. À nos oreilles, le terme *valette, créé selon la règle, semble plutôt étrange. La non-féminisation du terme pourrait s'expliquer par le fait que valet, au sens de « domestique de grande maison », est une fonction réservée aux hommes, en tout cas sous cette forme. Le terme féminin employé pour désigner une domestique de grande maison est servante, avec l'idée qu'il s'agit d'une personne à gages. Les cas de maître d'hôtel et de majordome sont aussi problématiques. En théorie, maître devrait se féminiser en maîtresse, ce qui donnerait une maîtresse d'hôtel. Cette forme n'est en aucun cas attestée. Si nous nous référons au site de la Communauté française de Belgique, nous remarquons que maître peut avoir comme féminin maître, dans le cas des formes composées comme il en est 8 question ici. Une maître d'hôtel semble plus acceptable que une maîtresse d'hôtel. Quant à majordome, aucun féminin n'est attesté. Aussi, pour ces deux fonctions, faudrait-il encore voir si beaucoup de femmes l'exercent ou non. Il en est de même pour sommelier. Ce terme n'existe qu'au masculin, et sur le site de la Communauté francophone de Belgique, nous ne uploads/s3/ feminisation-les-feminins-qui-posent-probleme.pdf

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