K’eskon attend Le journal des impatients gratuit Décembre 2020, n°69 Tenues ves
K’eskon attend Le journal des impatients gratuit Décembre 2020, n°69 Tenues vestimentaires des filles Samuel Paty Chevaux mutilés Troubles alimentaires... Ton choix, Ton style Nous sommes des filles et nous avons voulu tenter de com- prendre pourquoi les adultes étaient aussi stricts sur nos te- nues vestimentaires. C ’est naturellement vers le jeune public que nous nous sommes tournées en premier pour con- naître leur réaction. « Nous avons le droit de nous habiller comme nous le souhaitons, le prin- cipal est de rester nous-mêmes, » nous disent Fara- nelle et Arseline élèves de quatrième. L’une de leurs camarades déclare que c’est aux garçons de s’éduquer et non pas aux filles de ne plus porter de vêtement « court ». Côté surveillant l’avis est un peu nuancé : « on a le droit de s’habiller comme on veut, mais nous ne de- vons pas confondre vêtement de cours et de maison » nous confie une surveillante. Un autre surveillant par- tage son avis et ajoute que certaines filles abusent parfois sur les vêtements courts. Mais ni l’un ni l’autre ne sont pour rendre l’uniforme obligatoire au collège. Nous avons ensuite demandé l’avis de professeurs du collège Descartes : ‘’ Je ne saurai pas vous dire ce qu’est une tenue correcte, mais les vêtements courts ne me dérangent pas » nous dit monsieur Bodin, pro- fesseur de physique. « Ce que je re- garde le plus chez les personnes, ce sont leurs chaussures ! » . « Une tenue qui sent bon et qui est propre reste l’essentiel ! » déclare monsieur Moreau, professeur d’his- toire-géographie. Comme les surveil- lants les deux profes- seurs sont tous les deux opposés au retour de l’uni- forme. Les parents sont plus divisés sur la question. Il y a ceux que ça ne dé- range pas : « Ma fille peut porter ce qu’elle veut mais elle doit faire attention dans la rue, » nous dit une mère. Et il y a ceux chez qui ça coince : « Je ne laisserai pas ma fille aller en cours avec des vêtements courts ! » nous répond une mère contre. Un père, plus détendu, déclare en rigolant : « les filles doivent quand même avoir froid habillées comme ça ! » « Chacun est libre de s’habiller comme il le sou- haite. » Monsieur Pluchart, nouveau Principal du collège Des- cartes, nous reçoit dans son bureau. Son opinion est claire : « chacun est libre de s’habiller comme il le sou- haite. » Il ajoute que tant qu’une tenue ne le choque pas, il laissera les élèves s’habiller comme ils le veu- lent, précisant qu’un jean’s troué ou un haut court n’est pas forcément une tenue choquante. Pour le chef d’établissement, s’habiller permet aux personnes de s’exprimer et de montrer leur personnalité. « Pourquoi ache- tez-vous vos vêtements ? Pour la marque, la cou- leur, la forme, le prix ? La plupart du temps nous sommes influencés par des amis, des influen- ceurs, » conclut-il avant de nous confier qu’il n’est pas spécialement pour l’uni- forme. Le style vestimentaire varie selon les pays et selon les situations (cadre du travail, des vacances, du milieu social). Mais il est aussi le reflet de notre personnalité, de ce qu’on aime porter. A ce titre, il fait partie de notre liberté d’expression. Ton choix, ton style ! ©k’eskon_attend 18 Pour vous, qu’est-ce qu’une tenue correcte ? L’uni- forme ne serait-t-il pas mieux ? Je ne me pose pas cette question de manière genrée mais je me dis plutôt : « qu’est-ce qu’une tenue cor- recte ? » L’uniforme ne change rien, les agresseurs ne se souviennent pas de la tenue de leur victime, on va du jogging large au jeans puis à la robe. Que pensez-vous de la journée du 14 septembre ? La journée du 14 septembre est une excellente initia- tive. Les jeunes filles se réapproprient leurs tenues et leurs corps. Ne les libérez pas, elles s’en chargent ! Les crocs-top devraient-ils être interdits ? Je ne suis pas favorable à l’interdiction du croc-top. Si on estime qu’il y aurait une sexualisation à montrer un nombril alors il faut interdire les slips masculins qui dépassent, les tailles basses, les joggings des garçons qui moulent leur anatomie. On ne s’en sort pas, on ne peut pas demander d’un coté aux filles d’être moins féminines et donc de porter des jupes et en même temps leur interdire tel autre vêtement. En fait ce n’est jamais bien : trop long, trop masculin, trop court, trop féminin … Pourquoi les filles n’auraient-elles pas le droit de por- ter ce qu’elles veulent ? Un poids social pèse sur les filles et leur corps. Elles doivent prendre en charge le désir des garçons et elles sont responsables. Elles doivent susciter un peu, mais pas trop. L’idée c’est qu’en plus, si elles vont trop loin, elles prendraient un risque et seraient responsables des agressions subies. C’est le fameux : « elle l’a bien cherché. » C’est insupportable. C’est le regard mascu- lin qui doit être éduqué, et surtout celui des adultes hommes. Qu’ils arrêtent de voir les jeunes filles en construction en jeune femme mûres ! Mais bien sûr nous ne devons pas oublier que les garçons ont également une pression masculine sur eux : être brutal, être fort, ne pas être sensible ou empathique. C’est pareil pour une fille : être gen- tille, joyeuse ou empathique sont des qualités tradition- nelles féminines. Eva Bachelier et Sohane Verdier Dessins Eva Bachelier Notre curiosité nous a amenées ensuite à entendre l’opinion d’une personne engagée, ayant réfléchi sur le sujet, avec un re- gard un peu différent. Professeur de français et féministe, Sophie Le Mô a bien voulu répondre à nos questions : ©k’eskoon_attend 19 Mon éducation est plus importante que mon décolleté Mon éducation est plus importante que la longueur de ma jupe Je fais ce que je veux de mon corps Ton corps t’appartient Dessins Eva Bachelier uploads/s3/ keskon-69-zero-cliche.pdf
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- Publié le Jui 05, 2022
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