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Antoine Hennion La Passion musicale Une sociologie de la médiation Copyright ©

Antoine Hennion La Passion musicale Une sociologie de la médiation Copyright © Editions Métailié, Paris, 2007 ISBN papier : 9782864246329 ISBN numérique : 9791022606462 Composition numérique : 2017 http://editions-metailie.com/ Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. Présentation L'objet de ce livre est instable, comme celui de la musique. Il vise à faire une sociologie de la passion musicale qui en respecte les médiations propres, qui n'écrase pas sous les instruments de l'analyse la réalité analysée. Il tente aussi l'inverse, une théorie de la médiation formulée depuis la leçon que donne la musique. Cet art de la présence déconcerte en effet l'analyse sociologique. La musique n'a pas d’objet à montrer, elle n'est qu'accumulation de médiateurs (instruments, langages, partitions, interprètes, scènes, médias…). Pour comprendre comment les musiciens installent la musique au milieu d'eux, A. Hennion part du mouvement de réinterprétation de la musique baroque, qui, en mêlant médias modernes et traités anciens, a créé un objet inouï, l'écoute moderne d'une musique ancienne. Restituant ainsi la diversité des intermédiaires, humains ou matériels, par lesquels passe la relation entre musiques et publics, l'auteur analyse des dispositifs musicaux concrets, de la classe de solfège à la grande scène rock ou au concert classique. La musique est un bon modèle pour un tel repeuplement du monde de l'art : on y parle moins d'objet que de performance, d'œuvres que de versions, d'"être" que de jeu. Non pas la musique d'un côté, le public de l'autre, et entre eux des moyens asservis : tout se joue chaque fois au milieu, dans la réussite d'un passage. En montrant une réalité collective remplie d'instruments, de corps, d'objets, la musique introduit à une sociologie de la médiation comme double dépassement, d'une pensée critique qui réduit les objets au social et d'une pensée naturelle qui n'accepte d'objets que si elle les arrache au social. Né en 1952 à Nancy, Antoine Hennion est un sociologue français. Il est actuellement professeur et directeur de recherches au Centre de sociologie de l'innovation (CSI) de l'école Mines ParisTech. Il a dirigé le CSI de 1994 à 2002. Table des matières Remerciements Préface à la nouvelle édition de 2007 Introduction Le fuyant objet de la musique La musique allergique au discours critique La musique est une théorie de médiations L’œuvre, le collectif et les médiateurs La passion musicale : au-delà de l’alternative du dévoilement ou de la naturalisation I La médiation, ou comment s’en débarrasser… L’objet, la médiation, le social : deux modèles opposés Pourquoi ce terme de médiation ? 1. Des choses qui durent… Le « délire fondé » Cercles et miroirs : une voie tracée pour la sociologie critique Un modèle binaire, instrumental et passif de la médiation Une médiation plus active ? L’efficacité symbolique L’anthropologie, de la cause à la médiation Le statut des objets Entre la structure et les acteurs… D’une erreur de théorie à une théorie de l’erreur : la sociologie critique Il est interdit de généraliser : les sociologies de l’acteur Prolifération ou réduction : des objets toujours hors de cause La restitution des médiateurs : une méthode pour deux programmes Une belle unanimité Des médiateurs indociles 2. Avant la médiation : les lectures sociales de l’art Système des goûts et vie des formes : les prémices de la sociologie de l’art L’art comme révélateur de l’imaginaire des sociétés Art, idéologie, lutte des classes La solution-miracle : l’économie politique des signes L’esthétique négative, ou la médiation impossible 3. La sociologie et l’objet d’art : croyance, illusion, artefact La théorie de la croyance La leçon de Bourdieu Art ou culture De l’illusion à la construction collective La sociologie de la musique : le métier et l’orchestre « Des réseaux de personnes qui agissent ensemble » La construction du champ musical : le cas de la musique contemporaine Le fondement « naturel et social » de la musique Le leurre et le biais L’objet, ou le fruit défendu de la sociologie 4. L’histoire sociale de l’art, ou les œuvres dans la société Un vaste repeuplement L’histoire sociale, ou comment rapporter l’art au social ? Le premier joker de l’histoire sociale : le recours au public Le second joker de l’histoire sociale : le commanditaire L’institution de la musique : l’histoire sociale happée par le politique L’histoire sociale prête à accepter des acteurs enfin actifs ? 5. La nouvelle histoire de l’art : le social dans l’œuvre Mécènes et conseillers La récurrence infinie des intermédiaires M. Baxandall : les éléments intégrés d’une culture visuelle C. Ginzburg : de l’interprétation à l’enquête Au-delà du relativisme : peut-on généraliser ? F. Haskell : un réseau de causes partielles et hétérogènes Le « Rembrandt » de S. Alpers : portrait de l’artiste en médiateur L’heureux interdit de l’histoire de l’art Causes linéaires, ou causalités circulaires ? Deux modalités de l’explication : principe circulaire ou causes rectilignes Des principes à la pratique… Des œuvres plus entêtées que leurs interprètes… Le retour de la médiation II 1. Une musique dans tous ses états Une querelle sur la vérité de la musique Deux musiques au lieu d’une Quand la musique ne colle pas à ses objets Une leçon de goût Des médiations en concurrence Une tradition moderne, une innovation ancienne… De l’égalité des noires Les arguments d’un goût L’encerclement et la défaite Une résistance active Temps social, temps musical A moderne, moderne et demi… La procession des moyens de la musique « Infortunée musique, qui périt aussitôt créée… » Peinture-objet, musique-société ? La pierre et le vent En quête d’un fondement universel Une musique bien notée La lettre ou l’esprit Une analyse qui s’arrête sur les moyens, les mixtes, les intermédiaires… 2. « Qu’entends-tu ? » Ethnographie d’une classe de solfège C’est quoi une classe ?… Des enfants mis à table Le piano-barre… Un professeur pivotant La petite foule Intéresser l’indifférence Aux débutants la psychologie ? Un changement de structure : de la foule à la classe Des perspectives inégales Faire de la musique sa propre cause La musique comme théorie de médiations 3. Éloge des artifices de la musique : instrument, partition, enregistrement Instrument, partition, enregistrement : trois facteurs de la musique Obstacles, intermédiaires, médiateurs Les musiques d’aujourd’hui Vérité musicale de l’objet ou vérité sociale de la pratique Les compromis inégaux des musiques réelles Programmes : de la scène aux médias Un sociologue au Zénith… La scène primitive Rock/rap : de la scène au trottoir, un aller puis un retour… De l’ascendant du collectif à l’empire de la musique L’installation d’un espace commun La représentation musicale Les axes de la représentation musicale Techniques sociales, techniques objectives Petit retour sur le baroque L’enregistrement, ou la musique enfin faite objet Les axes de la représentation musicale De l’accusation à la médiation La musique est une sociologie « Vor deinen Thron »… Réhabiliter l’auditeur Et l’œuvre ?… « Devant ton trône… » Bibliographie J Remerciements e remercie mes collègues et amis du Centre de Sociologie de l’Innovation, en particulier M. Callon, B. Latour, M. Akrich et C. Méadel, L. Karpik, ainsi que J.-P. Vignolle, qui m’a formé à la sociologie : le texte présent doit tout au cadre de travail qui m’a accueilli. J’associe à cette reconnaissance A. Girard, ancien directeur du Département des Etudes et de la Prospective au ministère de la Culture, et R. Moulin, le meilleur introducteur à la sociologie de l’art que j’aurais pu trouver. Je remercie ceux qui m’ont lu en cours de route, en particulier S. Alpers, H. S. Becker, L. Boltanski, G. Born, J. Bourdon, F. Chateauraynaud, J. Cheyronnaud, P. Ennis, K. P. Etzkorn, F. Escal, D. Gamboni, N. Heinich, J. Kamerman, F. Lesure, P.-M. Menger, C. Mukerji, V. L. Zolberg, enfin J.-C. Klein [1] et mes amis de Vibrations, joyeux collectif qui a donné une arène aux débats sur la musique populaire, et J.-M. Fauquet et les musicologues et sociologues participant au séminaire « Aimer la musique », sensibles aux approches sociales de la musique. Je dédie ce livre à Marie, née en même temps que lui, et à sa mère. Notes du chapitre [1] ↑ Jean-Claude Klein nous a quittés l’année suivante, suite à une maladie foudroyante. Je lui dédie cette réédition. L Préface à la nouvelle édition de 2007 [1] e présent ouvrage est l’édition abondamment revue, complétée et abrégée de La Passion musicale, paru en 1993. Lui-même issu d’une thèse soutenue en 1991 à l’EHESS, intitulée « La Médiation musicale », le livre a été traduit en espagnol en 2003. Se repencher sur un texte dont la première mouture date de vingt ans est à la fois plaisant et frustrant. A côté de passages rassurants – heureusement nombreux – uploads/s3/ la-passion-musicale-by-antoine-hennion.pdf