36 Anderlechtensia – décembre – december 2005 Fig. 8 - Cartouche donnant les no

36 Anderlechtensia – décembre – december 2005 Fig. 8 - Cartouche donnant les noms des artistes (Photo Marcel Jacobs) Fig. 7 - Cartouche donnant le nom de l’architecte (Photo Marcel Jacobs) Signatures de l’architecte et des artistes Cartouche du registre inférieur droit (caché par le buste du Bourgmestre Félix Paulsen), en forme de tablette ansée aux extrémités et comportant 8 lignes de texte: ARCHITECTE. J J VAN YSENDYCK AUTEUR DU PLAN DÉSIGNÉ PAR LE JURY LE 6 FÉVRIER 1875, ET APPROUVÉ PAR LE CONSEIL COMMUNAL LE 15 DU MÊME MOIS Cartouche du registre inférieur gauche (caché par le buste du Bourgmestre Fernand Demets), en forme de tablette ansée aux extrémités et comportant 7 lignes de texte : TRAVAUX ARTISTIQUES MENUISERIE - L, EVRARD FERRONNERIE - P, SCHRYVERS & PIÉRET SCULPTURE - G, HOUTSTONT DECORATION - CHARLE.ALBERT VITRAUX - H, DOBBELAERE S'il est en principe commun pour un peintre de signer sa toile, c'est un fait moins évident pour d'autres catégories d'artistes ou d'artisans qui souvent restent anonymes. Aussi, ces deux inscriptions sont-elles exceptionnelles puisqu'elles livrent les noms des principaux maîtres qui oeuvrèrent à la construction et à la décoration de la Maison communale (figg. 7 et 8). Le grand vitrail leur sert en quelque sorte à signer leur œuvre de manière collective. Notons cependant que seul Van Ysendyck a véritablement signé son œuvre en faisant graver son nom au bas de la façade. Jules Jacques Van Ysendyck (Paris, 1836 - Uccle, 1901), par ailleurs auteur des maisons communales de Schaerbeek et de Jette, était une des figures de proue du mouvement historiciste qui prônait en architecture un style national propre à la Belgique et reflétant son Anderlechtensia– décembre – december 2005 37 glorieux passé artistique, ce qu’on a appelé le « style néo-renaissance flamande ». C'est ainsi qu'il publia de 1880 à 1890 un vaste recueil de planches en 5 volumes intitulé Documents classés de l'art dans les Pays-Bas du Xe au XVIIIe siècle, « livre destiné, écrit-il, à mettre en lumière les gloires architecturales de notre passé ». Après la construction de la Maison communale, Van Ysendyck construisit encore à Anderlecht l'école de la rue Wayez (1879) et mena à bien la restauration de la collégiale Saints-Pierre-et-Guidon (1898), dont il suréleva la tour d'une flèche néo-gothique. Les archives lacunaires ne nous expliquent pas vraiment comment s’est fait le choix de l'architecte. Dans les comptes-rendus des réunions du Conseil communal, on apprend seulement qu’en date du 25 janvier 1875, la section des Travaux publics, sans doute présidée par l’Echevin Rauter, a examiné les plans et les devis de la future Maison communale (sans que le nom de leur auteur soit le moins du monde mentionné !) et qu’elle souhaite les soumettre à deux éminents architectes belges, deux sommités de l'époque, Alphonse Balat (Gochenée, 1818 – Ixelles, 1895) et Henri Beyaert (Courtrai, 1823 – Bruxelles, 1894). Le Conseil approuve cette sage décision et le 15 février suivant examine le rapport qu’ils lui ont envoyé. Les plans semblent avoir reçu leur approbation, moyennant quelques modifications minimes, et sont adoptés à l’unanimité par le Conseil. Le nom de Van Ysendyck, oublié jusqu’alors, apparaît enfin, ajouté dans la marge du registre ! Parmi les autres noms mentionnés dans la deuxième inscription, le mieux connu est bien sûr celui de Charle Albert (Bruxelles, 1821 - 1889), autre grand promoteur du style néo- renaissance flamande, et qui apparaît ici comme décorateur, terme peu précis qui ne permet pas d’évaluer l’étendue de son intervention dans la décoration de l’édifice, tant intérieur qu’extérieur. Mais il est sans aucun doute l’auteur des peintures qui ornent les salles du Conseil et du Collège, peintures qui ne sont pas mentionnées en tant que telles dans l’inscription, bien qu’elles soient un élément important de la décoration. Il apparaît comme « dessinateur et décorateur » dans l’Almanach de Commerce et d'Industrie de H. TARLIER, son atelier se trouvant 41 rue du Marteau. Henri Dobbelaere, (Bruges, 1822 – 1885) a débuté comme peintre d’histoire avant de se faire une réputation comme peintre sur verre et créateur de vitraux. C’est dans son atelier, sis place de la Digue à Bruges, qu’a été réalisé « notre » vitrail, tout comme d’autres œuvres qui ornent les verrières de nombreuses édifices religieux, tels que la cathédrale Saint-Sauveur à Bruges, l’église de la Chapelle à Bruxelles ou la grande synagogue de la rue de la Régence, mais aussi des bâtiments publics comme l’hôtel de ville de Courtrai. A sa mort, son fils Jules (Bruges, 1859 – 1916) lui succéda. De son atelier proviennent encore plusieurs vitraux de la collégiale Saints-Pierre-et-Guidon, placés dans le chœur et dans la chapelle du Saint-Sacrement, devenue la chapelle de Notre-Dame-de-Grâce en 1940. Les autres artistes mentionnés sont tous bruxellois. Les travaux de menuiserie (portes sculptées en chêne, lambris, important mobilier) sont dus à un certain L. J. Everard, menuisier établi 141 rue de la Source à Saint-Gilles, toujours selon l'Almanach de Commerce et d'Industrie. G. A. M. Houtstont, est renseigné comme sculpteur-ornemaniste pour la décoration extérieure et intérieure, établi 66 chaussée de Charleroi, à Saint-Gilles également. Les travaux de ferronnerie, nombreux tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du bâtiment (grilles, ancres, girouettes, décrottoirs, heurtoir, etc. mais aussi lanternes et appliques lumineuses) ont pour auteurs P. Schryvers, domicilié 233 rue Jourdan mais dont les ateliers se trouvent 28 rue du Métal, et L. Piéret, installé 8 rue Thérésienne, tous deux désignés comme « serruriers » dans l’Almanach. 38 Anderlechtensia – décembre – december 2005 Les bourgmestres d’Anderlecht A gauche, de haut en bas, dans 4 cartouches rectangulaires : VAN SOUST MICHEL 1801 CLAESSENS EMMANUEL 1825 Un cartouche en forme d’écu contenant le blason de la famille de Fiennes CHEVALIER DE FORMANOIR DE LA CAZERIE 1836 HOORICKX GUILLAUME 1842 A droite, de haut en bas, dans 4 cartouches rectangulaires : CLAESSENS MORIS 1812 VAN WINGHEN PIERRE 1830 Un cartouche en forme d’écu contenant le blason de la famille de Formanoir DE TIENNES (sic) DESIRE 1862 VAN LINT JEROME 1872 Cette liste énumère 8 bourgmestres d’Anderlecht avec l’année de leur entrée en fonction. On remarquera ici l’usage de placer le prénom après le nom. Pour des raisons d’équilibre de la composition, cette liste des bourgmestres ne respecte pas l’ordre chronologique. Celui-ci a été volontairement bouleversé pour permettre de placer symétriquement à gauche et à droite les blasons des deux bourgmestres qui en possédaient un, le chevalier Charles de Formanoir de la Cazerie et Jean Désiré de Fiennes. La lecture doit donc se faire de gauche à droite pour les quatre premiers noms puis de haut en bas pour les quatre suivants. Mais une anomalie plus grave s’est glissée dans la composition ! En effet, du côté gauche, le cartouche contenant le nom du bourgmestre de Formanoir est accroché au cartouche portant le blason de la famille de Fiennes « d’argent au lion de sable armé et lampassé de gueules (c’est à dire de couleur rouge) » (voir G. DANSAERT, Nouvel Armorial belge ancien et moderne, Bruxelles, 1949, p. 215). Du côté droit, le cartouche Anderlechtensia– décembre – december 2005 39 contenant le nom du bourgmestre de Fiennes figure sous les armes des Formanoir « d’or fretté de sable (c’est à dire de couleur noire) », « fretté » signifiant, dans le vocabulaire héraldique: « couvert de bâtons croisés en sautoir laissant des vides en losange » (voir Jules BOSMANS, Armorial ancien et moderne de la Belgique, Bruxelles, 1889). Les blasons sont donc inversés et le bourgmestre de Formanoir se voit attribuer les armes des Fiennes et vice versa (figg. 9 et 10). Fig. 9 - Cartouche du bourgmestre de Formanoir accroché au blason des Fiennes (Photo Marcel Jacobs) Fig. 10 - Cartouche du bourgmestre de Fiennes accroché au blason des Formanoir (Photo Marcel Jacobs) Comment expliquer cette erreur grossière? S'agit-il d'une erreur de montage à l’origine ? Ou, moins probablement, faudrait-il supposer l’interversion des blasons lors d’une réparation postérieure du vitrail qui porte les marques évidentes d’une restauration (de nombreuses fractures du verre ont été masquées par des plombs de casse) ? Leur rétablissement serait à souhaiter si un jour le vitrail faisait l’objet d’une nouvelle restauration. Dans le cas de la première hypothèse, avoir conservé une telle erreur de composition reste incompréhensible, surtout qu’à l’époque de la réalisation du vitrail, l’ancien bourgmestre de Fiennes était encore membre du Conseil et qu'il est dit présent à l’inauguration le 21 septembre 1879 ! D’autre part, rappelons que le vitrail présente à 3 reprises son patronyme fautivement orthographié. Ces deux erreurs auraient-elles pu passer aux yeux de M. de Fiennes? Mais surgit immédiatement une autre question : M. de Fiennes a-t-il effectivement vu le vitrail ? En effet, son décès survient le 11 novembre 1879 (Etat civil de la Commune d’Anderlecht. Actes de décès, registre de 1879, acte n° 516), moins de deux mois après l'inauguration royale. Etant en toute fin de vie, on peut légitimement s'interroger s'il fut 40 Anderlechtensia – décembre – december 2005 effectivement présent lui aussi le 21 septembre 1879. En effet, la denière séance du uploads/s3/ le-grand-vitrail-de-l-x27-escalier-d-x27-honneur-pp-36-40-2.pdf

  • 16
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager